Le principe de responsabilité

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Cinci
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Le principe de responsabilité

Message non lu par Cinci » lun. 31 janv. 2022, 5:25

Bonjour,

Pour attirer votre attention sur un possible nouveau docteur Diafoirus. Un philosophe et ses idées douteuses planqué derrière l'inspiration de nos gestionnaires d'aujourd'hui désireux de gérer une nouvelle société de leur rêve. Rien ne serait coulé dans le ciment par-ici attention. C'est un fil d'exploration,



Connaissez ?

https://www.youtube.com/watch?v=psL6OwruylA

Hans Jonas


Quelques bribes chez Bruckner (audio)
https://www.youtube.com/watch?v=KdoGJbT4FoA


Onfray l'évoque également ...
https://ca.video.search.yahoo.com/searc ... tion=click


Un peu inquiétant quand même. Le bonhomme serait à la racine d'un courant gauchiste (un de plus) très séduisant pour le mouvement vert et de là jusqu'à nos politiciens mondialistes adorés que nous connaissons bien. Tout lien avec la crise de la pandémie covid de mars 2020 et cette façon nouvelle de gérer la catastrophe appréhendée ne serait bien sûr que le fruit du hasard. Jonas est un vertueux et son système pourrait fleurer très bon l'autoritarisme assez drastique. Inutile de dire qu'il n'est pas un iota de christianisme non plus dans cette affaire. Il vaudrait la peine de se pencher un peu là-dessus un moment donné.

Une certaine inquiétude devrait-elle être fondée ? ou très minime ? Ce serait à voir.

:?:

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Re: Le principe de responsabilité

Message non lu par Cinci » lun. 31 janv. 2022, 7:34

Pour vous aider à mieux comprendre le souci chez moi, c'est que je lisais également, la semaine dernière, un grand article du journal Le Monde Diplomatique.

Le titre de l'article :
Succès d'une notion moins innocente qu'il n'y paraît
La tyrannie de la bienveillance

On trouvait ceci dans le corps de l'article :
Une «règle de vie» pour M. Macron

Cela n'aura échappé à personne : la bienveillance est furieusement à la mode - ce fut d'ailleurs le mot de l'année 2018 pour le dictionnaire Le Robert. Elle est partout : dans le management - en 2011, 228 entreprises françaises, dont France Télécom et HSBC, signaient un appel à plus de bienveillance au travail à l'initiative du mensuel Psychologie Magazine; dans la pédagogie; dans les tweets d'Edgar Morin; dans les festivals de musique et dans le discours politique. M. Macron s'en revendique sans frémir : «J'ai une règle de vie, pour les femmes comme pour les hommes, comme pour les structures : la bienveillance» (France 2, 10 avril 2016) Plus largement la notion rayonne dans les déclarations de tous bords. Même le président du Conseil européen, M. Charles Michel, s'en empare, dans son message pour la conférence sur l'état de l'Union (8 mai 2020), ou il appelle de ses voeux une «société de la dignité et de la bienveillance».

Mais, pour sympathique qu'elle soit, la notion n'est pas aussi limpide qu'elle en a l'air. Selon le dictionnaire Larousse, il s'agit d'un «disposition d'esprit inclinant à la compréhension , à l'indulence envers autrui». Ce qui place le bienveillant en surplomb par rapport à l'objet de son aimable indulgence. L'intention est bonne. Il n'empêche que sa valorisation et son rôle soulèvent quelques questions. Car la bienveillance, qui forme avec le Care et la vulnérabilité une trilogie conceptuelle, est un étonnant outil idéologique.

Ce que note, a contrario, avec pertinence, l'une des philosophes de cette trilogie, Fabienne Brugère : « [...] ce qui implique qu'il faut construire de la bienveillance non seulement dans la morale, mais aussi en politique». Oui «c'est bien là une question politique cruciale», comme l'avait finement remarqué M. Véran. Car la nécessité revendiquée de la bienveillance est l'agent discret d'un désir d'infléchir le contrat social.
et
Parrain spirituel du Care, le philosophe allemand Hans Jonas, ancien élève notamment de Martin Heidegger, en définit le champ dans son ouvrage majeur, Le principe responsabilité (1979) [...] cet essai, animé par la nécessité de lutter contre la capacité que l'humanité a désormais de s'autodétruire, affirme «qu'il faut davantage prêter l'oreille à la prophétie de malheur qu'à la prophétie de bonheur» et «que la peur devient la première obligation».

Mais il importe que cette peur, indispensable perception de la vulnérabilité du vivant, devienne un outil de préservation de la vie. Elle doit donc s'accompagner de l'intériorisation par chacun de sa responsabilité dans le maintien de la vie. «Être responsable signifie accepter d'être pris en otage par ce qu'il y a de plus fragile et de plus menacé», explicite le traducteur.

Pour Jonas «la responsabilité est la sollicitude, reconnue comme un devoir, d'un autre être qui, lorsque sa vulnérabilité est menacée, devient un se faire du souci». Il est impératif de faire respecter ce devoir. Ce n'est pas simple, comme l'indiquait Worms. Et c'est pourquoi «la démocratie telle qu'elle fonctionne actuellement - et orientée comme elle est sur le court terme - n'est effectivement pas la forme de gouvernement qui convient à long terme». Mieux vaut «une tyrannie bienveillante» pour, de façon responsable, imposer à tous de se montrer responsable.
La source : Evelyne Pieiller, «Succès d'un notion moins innocente qu'il n'y paraît. La tyrannie de la bienveillance» dans Le Monde Diplomatique, numéro 801, décembre 2020, p. 3

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