Il y a plusieurs affirmations qui sont vagues ou inexactes :
Archidiacre dit
Qu'est-ce qui s'oppose à ce qu'un Etat Catholique désire que seul l'orthodoxie catholique soit enseignée en son sein?
Il faudrait préciser le terme "Etat" et "Etat Catholique" : est-ce que vous pensiez au Pape, au roi de France ou au Comte de Toulouse quand vous employez le mot "Etat Catholique" ? Les trois personnes Innocent IX, Philippe Auguste et Raymond VI de Toulouse se pensaient et étaient de fait chef d'état.
A ce moment de l'histoire, les relations entre la papauté et les chefs d'état étaient tendues : les rois et empereurs désiraient diminuer le rôle de la papauté dans les affaires temporelles. Certains souhaitaient même nommer les papes qui leur convenaient : d'où coexistence de plusieurs papes.
Innocent IX avait certainement des objectifs politiques de reprendre la main sur les affaires temporelles et faire peur aux chefs d'état en lançant une croisade et des excommunications sur un seigneur si puissant et central que le comte de Toulouse.
Le Comte de Toulouse, chef d'état et catholique, désirait que dans son état les juifs continuent à exercer la profession qu'ils voulaient; et que des hommes et des femmes qui avaient une vision exagérée de la religion catholique, mais restaient d'honnêtes citoyens, continuent à vivre tranquille avec les autres. Il voulait aussi que les cisterciens paient les péages comme tout le monde. Qu'est-ce qui s'oppose à ça ?
Sator dit :
Comme vous le notez fort justement, les Inquisitions ne s'adonnaient pas à la chasse aux boucs émissaires cathares, vaudois ou crypto-juifs mais cherchaient à extirper des idées dangereuses pour la Chrétienté : le dualisme et le messianisme juif.
Je ne pense pas avoir noté cela, par contre :
- pendant la guerre albigeoise (1209-1229) : il n'y a pas de tribunal d'inquisition. Les légats envoyés par le pape ont une mission d'enquête (inquisitio en latin). C'est une guerre, les protagonistes ont des visées territoriales et économiques (enrichissement personnel et ambition), on peut en cela parler de "bouc émissaire" au sujet des cathares, des vaudois et des juifs. Mais ils sont cruellement pourchassés avec dans certaines places des visées exterminatrices. La peur des idées dangereuses ne justifie rien : l'Eglise de l'époque, en la personne d'Innocent IX a lancée une guerre injuste et injustifiée et une chasse à l'hérétique.
- à partir de 1229 : le concile de Toulouse établit un tribunal permanent d'inquisition dans le pays.
Fée Violine dit :
s'il n'y avait pas de preuve, l'accusé était acquitté. S'il était avéré qu'il soit cathare, le plus souvent il était condamné à aller à la messe, à manger de la viande au moins une fois par an (puisque les cathares étaient végétariens), au pire il faisait un peu de prison. Les condamnations à mort étaient extrêmement rares
- Suite au concile de Toulouse (1229) : recherche des hérétiques, confiscation de leurs biens, après abjuration : obligation de porter sur le vêtement un signe de deux croix , interdiction de certaines professions, confession obligatoire 3 fois par an , serment de "bonne catholicité", défense de posséder des livres de l'AT et NT, excepté psautiers (livre de messe) en latin.
- Guillaume "pape des albigeois" est brulé
- pénitences pour les suspects.
1232 : Grégoire IX commet aux frères prêcheurs (dominicains) l'inquisition. Saint Dominique n'est plus : clairement, ce n'est pas lui le responsable. Les tribunaux (surtout Toulouse et Carcassonne) vont durer plusieurs siècles : hérétiques, suspects, sortilèges, magie, maléfices et judaïsme. Condamnations : bûchers, prison, pénitences laborieuses (? pas de détail).
1232 : à Toulouse, Vigorosus de Baconia, considéré chef d'hérétiques est brûlé.
1233 : à Albi : 2 brûlés, 12 pénitences puis début des exhumations : les inquisiteurs veulent bruler les morts = > troubles.
à Toulouse : le peuple empêche un bûcher (exécution différée). A Cahors : exhumations puis bûchers. A Moissac : on brûle 200 hérétiques (pas de précisions, morts exhumés ?)
1234 : Troubles à Narbonne (Les gens associés en confréries refusent de livrer les hérétiques). Ailleurs : fuite des hérétiques vers l'Espagne.
1235 : Exhumations à Toulouse. Sur intervention du comte (Raymond 7 fils de Raymond 6) les légats acceptent d'envoyer l'inquisiteur le plus acharné dans le Quercy. Mais les autres continuent les exhumations. En l'absence du comte (Raymond 7 guerroie pour le compte du Pape, une des conditions du traité de "paix") les consuls (capitouls = conseil de ville) interdisent aux frères de continuer leurs enquêtes puis les chassent de la ville => les consuls sont excommuniés.
J'ai pas lu après.
Cela n'est pas anodin. Six ans après la signature du traité de paix, le pays est en trouble, les inquisiteurs se sont fait haïr avec leur zèle déplacé contre les morts.
Détails et citations dans : "Histoire Générale du Languedoc" par Dom Vaissette et Dom Devic; livre 24; p 373 à 395; livre 25; p 3 à 7. édition du 19ème siècle disponible dans Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... f333.image
NB : l'édition du 19è porte en haut des pages le n° de page et l'année, ce qui facilite les recherches. Ce livre est vieillot mais pas possible de le suspecter de mauvaises intentions envers les catholiques : les auteurs sont deux bénédictins.