La réalité historique d'Abraham à Ur, en Chaldée

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Vincichristi
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Terah ou Abram

Message non lu par Vincichristi » sam. 14 juil. 2012, 19:50

Voici Gn 11,31-32 _ 12,1-4

31 Térah prit son fils Abram, son petit-fils Lot, fils de Harân et sa belle-fille Saraï, femme d’Abram. Il les fit sortir d’Our des Kaldéens pour gagner le pays de Canaan, mais, arrivés à Harrân, ils s’y installèrent. 32 Le total des années que vécut Térah fut de 205 ans, après quoi il mourut à Harrân.

II — LES PREMIERS PÈRES DU PEUPLE DE DIEU

Dieu appelle Abram


12

1 Yahvé dit à Abram :

— “Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai. Je ferai que ton nom soit grand, et tu seras une source de bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai celui qui te maudira : en toi seront bénies toutes les familles de la terre.”

4 Abram partit donc comme Yahvé le lui avait ordonné, et Lot partit avec lui.




On peut lire que Terah, le père d'Abram et de ces deux frères, a un rôle actif dans leur départ de la ville de Ur.
Ce n'est qu'aux versets suivants que Dieu parle à Abram et lui demande de partir.

Qui donc a pris la décision de quitter la Mésopotamie ? Térah ? sous la demande de son fils, Abram ?

Que dit la Tradition sur Térah et sur son rôle dans ce départ ?
merci

gerardh
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Re: Terah ou Abram

Message non lu par gerardh » lun. 16 juil. 2012, 15:39

________

Bonjour,

La première migration a été dirigée par le père d'Abram. mais ce n'était pas encore le chemin de la foi pour Abram, qui différa pour un temps son entrée en Canaan, avant qu'il ne gagne sous sa propre responsabilité, et en obéissant complétement de ce fait à Dieu, le pays qui lui avait été promis.



__________

Vincichristi
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Re: Terah ou Abram

Message non lu par Vincichristi » lun. 13 août 2012, 12:15

gerardh a écrit :________

Bonjour,

La première migration a été dirigée par le père d'Abram. mais ce n'était pas encore le chemin de la foi pour Abram, qui différa pour un temps son entrée en Canaan, avant qu'il ne gagne sous sa propre responsabilité, et en obéissant complétement de ce fait à Dieu, le pays qui lui avait été promis.



__________


certes mais il est étonnant que le premeir départ de la ville d'Our se fasse à l'initiative de Térah
Quand Dieu demande à Abram de quitter son pays, il semble que se soit déjà fait puisqu'il est à Haram

Dieu aurait-il inspiré à Terah de s'en aller sans que la Tradition ait retenu ce fait envisageable ? et Terah déjà vieux n'aurait-il pas passer le flambeau à son fils Abram ?

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Re: Terah ou Abram

Message non lu par gerardh » lun. 13 août 2012, 12:39

_______

Bonjour,

Je ne sais pas ce que retient la tradition catholique.

Pour moi Terah n'était pas un homme de foi, contrairement à Abram, que l'on appelle couramment le père des croyants. L'appel de Dieu était adressé à Abram : s'il avait été adressé à Terah, cela aurait certainement été écrit.

En Hébreux 11, 8, nous lisons : "Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour héritage ; et il s’en alla, ne sachant où il allait".



_______

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Re: Terah ou Abram

Message non lu par Epsilon » lun. 13 août 2012, 13:44

LA question est pourquoi une telle "migration" ???

Au Sud d’Edesse nous avons Harran, qui se trouve dans une plaine fertile, c’était le centre principal du dieu-Lune objet de culte et de pèlerinages, dieu Babylonien Sin qui initialement était implanté à la ville d’Ur … il y a ici un lien très ancien entre Ur et Harran dont l’auteur de Genèse en fait référence par le déplacement d’Abraham et de sa famille … c’est aussi à Harran que Nabonide est né, sa mère était une grande prêtresse du dieu-Lune, il ferra d’ailleurs reconstruire le temple de Sin vers 553 av JC … ce qui ne va pas sans lui poser de problème puisque l’empire Chaldéen était passé au dieu suprême Marduk … ce qui lui vaudra le titre de « roi fou de Babylone ».

En fait la Genèse "utilise" Ur et donc cette migration que pour mieux s'approprier les mythe Mésopotamien (Déluge notamment et d'autres) ... s'assurant ainsi une qcqconque "paternité".


Cordialement, Epsilon

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Re: La côte d'Adam

Message non lu par Suliko » lun. 14 mai 2018, 11:22

Abraham était lui-même un Sumérien, provenant de « Ur, en Chaldée », la capitale du pays de Sumer (dans le sud est actuel de l'Irak).
D'où tirez-vous donc cette information ? Ce n'est pas parce qu'Abraham venait d'Ur qu'il était Sumérien et ce d'autant plus qu'à son époque, le sumérien était déjà une langue morte (sans compter qu'il y avait depuis très longtemps des Sémites dans cette région et que je ne vois pas pourquoi Abraham n'en aurait pas pu être un...).
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: La côte d'Adam

Message non lu par Xavi » lun. 14 mai 2018, 18:06

Ur en Chaldée est la capitale du pays de Sumer.

Ses habitants sont donc des Sumériens.

Rien dans la Bible n'indique qu'Abraham ou ses ancêtres proviendraient d'une autre région. Même Babylone (Babel) est situé dans cette région.

Certes, on ne peut affirmer que le sumérien était la langue usuelle d'Abraham, mais, même après la chute de la dernière dynastie de Ur en 2004 avant Jésus-Christ, le Sumérien est resté la langue religieuse dominante (un peu comme le latin, après la chute de l'Empire Romain) jusque durant le premier millénaire avant Jésus-Christ.

Dans ce contexte, le récit de la création à l'époque d'Abraham a dû, dans sa forme écrite, être transmis en sumérien. et être retraduit au fil de l'évolution de cette langue.

Il y avait de nombreuses particularités religieuses variées dans les cités indépendantes du pays de Sumer. Les quelques récits de la création et des origines qui ont été retrouvés indiquent qu'il existait déjà divers récits écrits à l'époque d'Abraham.

Objectivement, le récit contenu actuellement dans la Genèse devait vraisemblablement exister du temps d'Abraham parmi plusieurs autres récits.

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Re: La côte d'Adam

Message non lu par Suliko » mar. 15 mai 2018, 22:36

Ur en Chaldée est la capitale du pays de Sumer.

Ses habitants sont donc des Sumériens.
Non. Etre Sumérien, c'est parler cette langue. Or, il est très peu probable que ce fut le cas d'Abraham, étant donné que c'était déjà une langue morte à son époque.
De plus, vous faites comme si c'était des récits païens (sumériens ou akkadiens) qui auraient influencé la Genèse, alors que cette dernière est la Parole divine et que de toute façon, d'un point de vue catholique, les divers mythes païens sont tout au plus des déformations de la seule vraie religion. Autrement dit, ce n'est certainement pas le corpus de mythes mésopotamiens qui a influencé la vision biblique de la Création, mais l'inverse : la vérité transmise aux hommes depuis Adam a été préservée intacte par une minorité d'hommes, dont plus tard les Hébreux, mais a été corrompue par les divers peuples païens. Il n'est ainsi pas étonnant que tant de religions parlent de la nécessité de sacrifier une victime pure : c'est une déformation de la foi au Messie à venir (et aujourd'hui déjà venu, évidemment) et à son sacrifice.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: La côte d'Adam

Message non lu par AdoramusTe » mar. 15 mai 2018, 22:52

Suliko a écrit :
mar. 15 mai 2018, 22:36
De plus, vous faites comme si c'était des récits païens (sumériens ou akkadiens) qui auraient influencé la Genèse, alors que cette dernière est la Parole divine et que de toute façon, d'un point de vue catholique, les divers mythes païens sont tout au plus des déformations de la seule vraie religion.
Je ne comprends pas ce que vous dites. Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu. Elles ne sont pas la Parole de Dieu.
Il y a une part humaine et une part d'inspiration divine. Le fait que des mythes païens puissent être utilisés et modifiés par les écrivains sacrés sous l'inspiration du l'Esprit Saint est une possibilité qui n'est pas contradictoire. Sinon vous limitez l'action de l'Esprit Saint selon votre point de vue.
Par exemple, dans certains mythes il y a l'arbre de la Vie mais pas l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Ce dernier est un apport unique dans la Révélation.
Ignoratio enim Scripturarum ignoratio Christi est

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Re: La côte d'Adam

Message non lu par Xavi » mer. 16 mai 2018, 10:12

Bonjour à tous.,

Merci à chacun de partager ses réflexions.

Suliko écrit : « Etre Sumérien, c'est parler cette langue. Or, il est très peu probable que ce fut le cas d'Abraham, étant donné que c'était déjà une langue morte à son époque. ».

Mais, de quelle époque parlez-vous ? La langue sumérienne a été parlée jusqu’à la chute de la dernière dynastie d’Ur en 2004 avant Jésus-Christ. Même si la question est ouverte, je pense qu’il est probable que c’est à cette époque que la famille d’Abraham a quitté Ur. Cette question a été détaillée, en novembre 2017, dans un autre sujet : « L’histoire sainte d’Abraham à Salomon » :
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 2&start=30

Mais, même si vous pensez qu’Abraham n’a vécu que deux ou trois siècles plus tard, la langue sumérienne restait, à cette époque, la langue des textes religieux dans la région de Ur. Abraham, qui était un riche notable, devait la connaître. Pourquoi en douter ?

Quand on connaît les extraordinaires développements de l’écriture dans le pays de Sumer où on a retrouvé des centaines de milliers de tablettes qui restent, pour la plupart, à déchiffrer, il est invraisemblable qu’Abraham n’ait pas eu connaissance d’un récit écrit de la création.

Vous écrivez « vous faites comme si c'était des récits païens (sumériens ou akkadiens) qui auraient influencé la Genèse, alors que cette dernière est la Parole divine et que de toute façon, d'un point de vue catholique, les divers mythes païens sont tout au plus des déformations de la seule vraie religion. Autrement dit, ce n'est certainement pas le corpus de mythes mésopotamiens qui a influencé la vision biblique de la Création, mais l'inverse : la vérité transmise aux hommes depuis Adam a été préservée intacte par une minorité d'hommes »

Vous avez raison et je partage tout à fait votre opinion. Les quelques rares textes sumériens qui ont été retrouvés me semblent aussi des déformations légendaires, comparables aux évangiles apocryphes. A toute époque, les récits authentiques ont inspiré d’autres récits dans lesquelles le récit original se retrouve modifié, déformé et romancé de diverses manières.

Les textes sumériens retrouvés sont, par contre, des indices de l’authenticité et de l’ancienneté du récit de la Genèse ainsi que de son écriture dans un texte primitif sumérien. Depuis Adam et Ève, tous les ancêtres d’Abraham sont situés dans le pays de Sumer. Il est donc normal de considérer que le récit authentique de la création était connu et écrit à cette époque dans la langue sumérienne en usage.

Certes, comme l’écrit AdoramusTe, il est possible a priori que des récits bibliques se soient inspirés de mythes païens, de la même manière que St Paul s’est inspiré d’une statue à un dieu inconnu pour leur parler du Christ, mais rien ici ne paraît indiquer qu’il en serait ainsi. Ce n’est qu’une hypothèse.

Dans ce sujet particulier sur la côte d’Adam, l’important est d’observer que jusqu’au départ d’Ur en Chaldée, les ancêtres d’Abraham vivaient dans le pays de Sumer et que la première écriture sumérienne était faite d’images et non de mots comme aujourd’hui qui n'ont été écrits que plus récemment.

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La réalité historique d'Abraham à Ur, en Chaldée

Message non lu par Cinci » mar. 01 janv. 2019, 13:51

[un petit aparté]
Alexandre :
D'ailleurs, si nous avons des preuves incontestables de la réalité de l'écriture sumérienne et de ses récits, nous n'avons en revanche aucune preuve de l'existence historique d'Abraham. Si vous en disposez de votre côté, je suis preneur.
De toute façon, une "absence de preuves" ne constituera jamais une preuve de l'absence. Le feu cardinal Daniélou avait pu faire remarquer, déjà, dans un de ses écrits :

"... que Lot a été chez les chrétiens objet d'un culte. On a retrouvé à Madaba une église [ancienne] qui lui est consacrée, avec des inscriptions adressées à Saint Lot*. Ce culte est justifié par l'Écriture et la Tradition. Déjà, le Livre de la Sagesse parle du "juste" Lot (X,6). Jésus le présente comme un modèle de foi (Luc XVII, 32-33) et la Seconde Épitre de Pierre le célèbre (II, 7). Clément de Rome exalte son hospitalité, sa piété, sa confiance en Dieu (XI). Irénée va même jusqu'à voir en lui une figure du Christ (IV, 31, 1-3) Et si Origène trouve cela excessif, il n'en rend pas moins hommage au vieux patriarche (Homélie, Génèse,V, 1-5) L'Église inscrira saint Lot au martyrologue et sa fête est célébrée le 10 octobre."

* M. Simon, "Les saints d'Israël dans la dévotion de l'Église ancienne", Rev. Hist. Phil. Rel., 1954, p. 118 in J. Daniélou, Les saints païens de l'Ancien Testament, p. 140


-----------------
Pour un chrétien, ça ferait un peu "désordre" que de vouloir nier vigoureusement la réalité même de l'existence d'un personnage que tout le monde célèbre. Il nous en ferait de Jésus lui-même un bonimenteur ou un recycleur de pieuses légendes, pendant que les pères apostoliques auraient cru au Père Noël.

Lot c'est le neveu d'Abraham.

;)

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Re: Adam et Eve : une existence vraiment historique

Message non lu par Trinité » mer. 02 janv. 2019, 1:02

Blog de Philippe Fabry.

Historicité d'Abraham et mythification des faits réels

En complément à l'extrait de tantôt (publié ici, et là, et encore là) sur l'historicité des mythes grecs, j'ajoute ici un bref extrait, toujours tiré d'Histoire du Siècle à venir, concernant l'historicité du personnage biblique d'Abraham et portant une brève réflexion sur la manière dont les mythes essayent souvent de raconter l'histoire réelle.

Comme nous l’avons déjà dit, les hautes origines du judaïsme sont difficiles à discerner avec certitude faute de preuves archéologiques. La Bible elle-même montre des exagérations par rapport à ce qui a pu être confirmé par l’archéologie, et la figure de Moïse telle qu’elle est décrite n’a pas de preuve historique en dehors de la Bible ; par conséquent, ce qui relève d’une époque plus éloignée encore est, au point de vue scientifique, fort incertain.

Cependant, nous avons aussi dit plus haut que l’on pouvait penser que nombre de faits relatés par la bible ont un fondement historique, et que le récit, même si on le considère fortement enjolivé, peut donner des indications globales sur des évènements anciens. Outre l’identification du patriarche Joseph, devenu vice-roi d’Egypte, avec le personnage historique, vizir d’Amenhotep III, nommé Amenophis fils de Hapou, on peut évoquer la probable historicité d’Abraham. En effet, fait méconnu du grand public, il semble apparaître dans un texte d’exécration égyptien, sorte de pratique vaudou égyptienne par laquelle on tentait d’attirer le malheur sur un ennemi. Ce texte date de la XIIe dynastie, soit entre le XXe et le XVIIIe siècles avant notre ère, et mentionne un certain Abourahan (‘Ibwrhni), prince de « Snw’nw » qui pourrait être Samhuna, dans la moitié nord de Canaan, ou correspondre au territoire attribué par la Bible à la tribu de Shiméon, dans la moitié sud[1]. En tous les cas, la date et la localisation correspondent à ce qui est généralement attribué à Abraham. En outre, dans le récit biblique, Abraham est chassé d’Egypte vertement par Pharaon après que celui-ci ait dû subir plusieurs malheurs pour avoir couché avec l’épouse d’Abraham, que le patriarche avait fait passer pour sa sœur ; cette hostilité pharaonique dans la Bible correspond à la volonté de malédiction dans le texte d’exécration mentionnant cet Abourahan. Cela fait beaucoup d’éléments justifiant une identification, pourtant elle n’est pas retenu par l’archéologie. Thomas Römer, du Collège de France, semble estimer que le fait que la Bible localise surtout Abraham près d’Hébron suffirait à disqualifier cette identification, le texte égyptien plaçant cet Abourahan plus au nord ; mais dans la Bible Abraham voyage beaucoup, et s’établit même un temps à Harran, plus encore au nord[2]. Cette réticence nous paraît d’autant plus curieuse que la communauté des archéologues et égyptologues s’est rapidement mise d’accord sur le fait que l’Israr de la stèle de Merneptah prouvait l’existence en Canaan du peuple israélite autour de 1200 avant notre ère et que la « Maison de David » de la stèle de Tel Dan confirmerait, pour la plupart d’entre eux, l’historicité du roi David. Ce texte d’exécration égyptien, qui montre quatre points de concordance avec la tradition biblique (époque, lieu, nom et nature du texte) devrait donc être communément admis comme preuve de l’historicité d’Abraham (sans préjuger, encore une fois, de la réalité de sa mission prophétique au plan historique).

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Re: Adam et Eve : une existence vraiment historique

Message non lu par Alexandre. » mer. 02 janv. 2019, 9:10

Bonjour Trinité,
Trinité a écrit :
mer. 02 janv. 2019, 1:02
Blog de Philippe Fabry.

Cet homme se décrit comme historien-théoricien (!) et n'a aucune aucune spécialisation en études bibliques.
Trinité a écrit :
mer. 02 janv. 2019, 1:02
Outre l’identification du patriarche Joseph, devenu vice-roi d’Egypte, avec le personnage historique, vizir d’Amenhotep III, nommé Amenophis fils de Hapou
Mis à part quelques blogs d'illustres inconnus, aucun site sérieux ne reprend cette théorie qui présente un anachronisme évident : Amenhotep III est mort aux alentours de 1354 avant JC. Comment Moïse dont l'existence supposée est antérieure à cette époque de plusieurs siècles aurait-il pu vivre avant Joseph dont la Bible situe la naissance environ 400 ans plus tôt ?
A noter que sur d'autres blogs tout aussi douteux fleurit l'hypothèse inverse selon laquelle Moïse aurait pu être lui-même vizir d'Amenhotep III. Tout cela n'est pas sérieux.
Trinité a écrit :
mer. 02 janv. 2019, 1:02
on peut évoquer la probable historicité d’Abraham. En effet, fait méconnu du grand public, il semble apparaître dans un texte d’exécration égyptien, sorte de pratique vaudou égyptienne par laquelle on tentait d’attirer le malheur sur un ennemi. Ce texte date de la XIIe dynastie, soit entre le XXe et le XVIIIe siècles avant notre ère, et mentionne un certain Abourahan (‘Ibwrhni), prince de « Snw’nw » qui pourrait être Samhuna, dans la moitié nord de Canaan, ou correspondre au territoire attribué par la Bible à la tribu de Shiméon, dans la moitié sud.
Quelle imprécision géographique pour un historien ! En situant sa théorie dans la moitié nord ou dans la moitié sud, il a au moins réussi à la placer dans le pays de Canaan.

Ce prince de « Snw’nw » ne peut être Abraham que le récit biblique présente comme un nomade qui, avec son vaste troupeau, vit en immigré à travers le pays de Canaan où il va de campement en campement.
Trinité a écrit :
mer. 02 janv. 2019, 1:02
Cette réticence nous paraît d’autant plus curieuse que la communauté des archéologues et égyptologues s’est rapidement mise d’accord sur le fait que l’Israr de la stèle de Merneptah prouvait l’existence en Canaan du peuple israélite autour de 1200 avant notre ère et que la « Maison de David » de la stèle de Tel Dan confirmerait, pour la plupart d’entre eux, l’historicité du roi David.
Ce n'est pas parce que deux stèles attestent de l'existence du peuple israélite en 1200 avant JC et de la maison de David ensuite que cela démontre pour autant l'historicité d'Abraham des siècles plus tôt. Avec un raisonnement pareil, autant remonter jusqu'à Adam et Eve !

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L’enfance sumérienne d’Abram à Ur, en Chaldée

Message non lu par Xavi » sam. 02 févr. 2019, 20:22

Peut-on imaginer aujourd’hui, à la lumière des découvertes archéologiques récentes, ce qu’a pu être l’enfance d’Abram, à Ur, dans le pays de Sumer ?

Ur, c’est l’un des deux sanctuaires du dieu-lune. Cette divinité (Nanna, en sumérien, ou Sin, en akkadien) avait deux sanctuaires en Mésopotamie, l’un au sud, à Ur, et l’autre, au nord, à Harran.

C’est là, à Harran, que se rendra la famille d’Abram lorsqu’elle quittera Ur. Les deux villes partageaient la même religion.

Il ne faut pas en déduire trop vite cependant que tous les habitants de Ur étaient des astrolâtres adorant la lune ou caricaturer sans nuances leur polythéisme. La ville du dieu-lune, cela ne signifie pas nécessairement que tous ses habitants adoraient la planète lune.

Abram, comme tous les gens normalement cultivés de son époque, devait connaître la différence entre un symbole et ce qu’il symbolise. Il n’adorait pas le symbole lui-même par une compréhension littérale fondamentaliste de l’objet matériel utilisé comme symbole, mais devait savoir comprendre le sens d’un symbole et considérer à travers ce symbole ce qui était symbolisé.

La lune, c’était simplement un luminaire qui éclairait certaines nuits et qui, en Mésopotamie, apparaissait sous la forme d’un croissant de lune puis d’un disque à chaque nouvelle lune sans nuages.

Et, à Ur, ce luminaire symbolisait la divinité créatrice, celle du premier jour de la création lorsque la lumière brille dans les ténèbres, distingue le jour de la nuit. Cette lumière dans la nuit représentait Dieu, sa présence et son action dans le monde, et elle était symbolisée par un croissant de lune, selon la forme que la lune présentait le plus souvent dans le ciel mésopotamien.

Le récit de la création dont Abram a dû avoir connaissance durant son enfance à Ur, dans un contexte religieux où la lune était le symbole principal de la divinité, pouvait déjà correspondre à celui du début du livre de la Genèse qui établit clairement la distinction entre la lumière du premier jour qui sépare le jour des ténèbres (ce dont la lune peut être le symbole) et l’astre qui éclaire la terre pendant la nuit (la lune matérielle) considéré comme un accessoire de la création de la terre créée seulement le quatrième jour, comme un simple luminaire.

Abram ne confondait pas Dieu, symbolisé à Ur par un croissant de lune, avec la lune elle-même. Il ne faut pas, à cet égard, caricaturer et généraliser les conceptions religieuses des Sumériens. Face à la transcendance, leurs pensées pouvaient faire l’objet d’autant de variations nuancées que les nôtres.

Le croissant de lune évoquait aussi, par sa ressemblance avec un bateau, le récit d’un déluge où Dieu sauve l’humanité, et un bovin par sa ressemblance avec une paire de cornes.

Ce n’est pas pour autant qu’Abram a divinisé les bovins, comme le peuple hébreu le fera en se construisant un veau d’or dans le désert, se mettant ainsi à adorer le symbole matériel au lieu de ce qu’il pouvait symboliser dans certaines religions antiques.

Selon le récit de la Genèse, lorsqu'Abram est âgé de 8 ans, Noé semble encore vivant et a 900 ans. Abram voit bien qu’il ne s’agit pas d’un individu. Son nom demeure vivant dans la communauté qu’il a établie à Ur. Abram ne confond pas le nom qui demeure des centaines d'années et le lointain patriarche qui a porté ce nom et a survécu à un déluge plusieurs siècles plus tôt, dont il est séparé par neuf générations.

Le langage sumérien, dans lequel les mêmes mots désignent de multiples réalités différentes, a appris à Abram, dès l’enfance, à ne pas confondre un mot ou un symbole avec ce qu’il représente qu’il faut comprendre selon le contexte et l’intention de l’utilisateur.

Selon les pratiques scolaires en vigueur à l’époque dans le pays de Sumer, Abram a dû apprendre l’essentiel du patrimoine culturel de sa communauté à Ur dans une maison des tablettes où l’apprentissage des écoliers consistait principalement à copier et recopier encore des écritures sur des tablettes d’argile. Grâce à ce type d’apprentissage, on a pu reconstituer des textes à partir des fragments retrouvés de nombreuses copies, malgré les dégradations et le caractère incomplet de ces fragments, du fait que ce qui était illisible sur les fragments de certaines copies pouvait être lisibles sur des fragments d’autres copies.

A Nippur, à 150 kms au nord-ouest de Ur, le sumerologue Miguel Civil a retrouvé des fragments relatant ainsi la formation d’un jeune sumérien à l’époque d’Abram (l’époque paléo-babylonienne) :
« Si tu es un écolier, connais-tu le sumérien ?
Oui, je peux parler le sumérien.
Tu es si jeune, comment peux-tu t’exprimer si bien ?
J’ai écouté maintes fois les explications du maître. […] J’ai récité et écrit les mots sumériens et akkadien, depuis a-a me-me jusqu’à […]
J’ai écrit les lignes (de la liste de noms propres) […], même les formes désuètes.
Je peux montrer les signes […]
Je peux donner 600 lignes avec […]
Le bilan des jours que je passe à l’école est le suivant : mes jours de vacance sont 3 par mois ; les différentes fêtes sont 3 jours par mois ; avec ça, ce sont 24 jours par mois que je passe à l’école. Le temps n’est pas long. […]
Désormais, je peux m’appliquer aux tablettes, aux multiplications et aux bilans, à l’art de l’écriture, au placement des lignes, à éviter les coupures. […]
… Après avoir été à l’école aussi longtemps que prévu, je suis à la hauteur du sumérien, de l’art de l’écriture, de la lecture des tablettes, du calcul des bilans.
»
http://culturemath.ens.fr/print.php?nid=2590&print=yes

Dans son livre « L’histoire commence à Sumer », Samuel Kramer relève que d’autres fragments de la même époque retrouvés à Nippur ont fourni le récit d’un écolier qui montre que l’éducation scolaire était déjà assez rigoureuse.
« Écolier, où es-tu allé depuis ta plus tendre enfance ? [...]
Je suis allé à la maison des tablettes [...]
Qu’as-tu fait à la maison des tablettes ? [...]
J’ai récité ma tablette, j’ai pris mon déjeuner, j’ai préparé ma nouvelle tablette, je l’ai remplie d’écriture, je l’ai terminée ; puis on m’a indiqué ma récitation et dans l’après-midi on m’a indiqué mon exercice d’écriture. Après le renvoi de l’école, je suis rentré chez moi. Je suis entré dans la maison où j’ai trouvé mon père assis. J’ai parlé à mon père de mon exercice d’écriture, puis je lui ai lu ma tablette, et mon père a été ravi [...]
[Je lui ai dit :] "J'ai soif, donne-moi à boire, J'ai faim, donne-moi du pain. Je veux laver mes pieds, mettre en place le lit, aller dormir. Réveille moi tôt le matin, je ne dois pas être en retard, sinon mon maître me battra. ”
Quand je me suis réveillé tôt le matin, je me suis tourné vers ma mère et je lui ai dit : "donne-moi mon déjeuner, je dois aller à la maison des tablettes ". Ma mère m’a donné deux "petits pains" et je suis allé à l’école. A la maison des tablettes, le surveillant [...] m’a dit : " Pourquoi es-tu en retard ? " Effrayé et le cœur battant, je suis allé au devant de mon maître et je lui ai fait une respectueuse révérence [...]
…Mon maître m’a dit : “ Ton écriture n’est pas satisfaisante ”, il m’a battu.
J’ai négligé l’art du scribe, j’ai abandonné l’art du scribe. […]

Le père a prêté une grande attention à ce qu’a dit l’écolier.
On fit venir le maître de la maison des tablettes, et quand il fut entré dans la maison, on le fit asseoir à la place d’honneur. L’élève le servit et l’entoura de soins, et tout ce qu’il avait appris de l’art d’écrire sur les tablettes, il en fit étalage auprès de son père [...]
Son père, avec un coeur joyeux dit joyeusement à son "père-école": "Tu 'ouvres la main' de mon jeune, tu fais de lui un expert, tu lui montres tous les beaux points de l'art scribal. Tu lui as montré tous les détails les plus évidents de la maîtrise de la tablette, du calcul et de la comptabilité, Tu as clarifié pour lui les détails les plus secrets…
"
http://chnm.gmu.edu/cyh/primary-sources/408

Autant d’indices qui permettent de penser que les origines de l’humanité relatées par les onze premiers chapitres de la Genèse pouvaient déjà être relatées par écrit du temps d’Abraham.

Les Sumériens utilisaient, notamment, dans leurs écoles dites « Maisons des tablettes », des poèmes et des listes généalogiques.

Or, le livre de la Genèse se compose, dans sa première partie avant Abraham, de plusieurs textes de ces genres littéraires qui correspondent à des tablettes sumériennes reliées entre elles, à la manière sumérienne, par des colophons.

La première partie du livre de la Genèse forme ainsi un recueil de six textes qui se compose successivement d’un poème sur la création du monde (l’histoire de l’origine des cieux et de la terre), puis d’un poème sur les débuts de l’humanité (l’histoire de l’origine d’Adam), d’une liste généalogique avec de multiples chiffres, nombres et calculs précis (l’histoire de l’origine de Noé), d’un poème sur le déluge (l’histoire vécue des fils de Noé), d’une liste généalogique générale avec des précisions historiques et géographiques (l’histoire de l’origine des familles des fils de Noé), puis d’une liste généalogique familiale (l’histoire de l’origine de Terach, le père d’Abraham).

Chacune de ces histoires se termine par un colophon (« towledah » en hébreu) qui note successivement la conclusion de l’histoire qui vient d’être racontée (la fin d’une tablette) et l’introduction de l’histoire qui va être racontée (le début de la tablette suivante).

Pourquoi constituer un tel livre à l’époque d'Ur ? À cet égard, rien n’indique que des lectures étaient effectuées lors des cultes ou d’autres rassemblements. Mais, les Sumériens, inventeurs géniaux de l’écriture et, en particulier, de l’écriture cunéiforme phonétique, pouvaient être soucieux de la transmission de cette écriture tout autant que de leurs traditions et de leurs récits principaux.

À cet égard, la tradition orale informelle ne pouvait guère présenter de garantie suffisante pour assurer la transmission de récits comme ceux formant le début de la Genèse, compte tenu de leur longueur et des multiples détails qu’ils contiennent.

Dans ces conditions, comme ailleurs, de tels textes faits de listes généalogiques et de poèmes étaient utilisés dans les maisons des tablettes pour y apprendre simultanément l’écriture et la lecture, mais aussi les mathématiques, l’histoire, les fondements du monde, du pays, voire de la famille.

C’est à tous ces objectifs cumulés que répond le recueil des textes qui forment la première partie de la Genèse.

En lisant et en recopiant le début de la Genèse (ou certains de ses textes), Abram pouvait acquérir des connaissances essentielles, à commencer par une compréhension correcte du symbole de la lune représentant la divinité, comme la lumière du premier jour qui jaillit dans les ténèbres.

En fait, rien n’indique que les textes primitifs du début de la Genèse aient été nécessairement écrits dans une but théologique ou pour des motifs religieux. Au contraire, ils paraissent avoir pu être écrits, dans la communauté sumérienne, avec une finalité principalement scolaire et éducative. La première partie de la Genèse paraît, à l’origine, avoir pu être d’abord écrite à des fins éducatives, comme un manuel scolaire enseignant les fondements de l’écriture et de la lecture, mais aussi des mathématiques, de l’histoire et de la religion.

La généalogie des premiers patriarches, ce n’est pas seulement une liste de noms, mais des chiffres (tous les chiffres de 1 à 9 à plusieurs reprises), des nombres (une trentaine quasi tous différents composés d’unités, de dizaines et de centaines) et des additions à recopier et à apprendre à utiliser. Cette liste généalogique du cinquième chapitre de la Genèse, n’est-ce pas d’abord surtout une tablette d’apprentissage des mathématiques.

C’est comprendre, compter et écrire de nombreux nombres. C’est même, ce qui n’ajoute rien au contenu objectif de la généalogie, une dizaine d’additions à partir desquelles l’élève pouvait aussi apprendre les soustractions et les comprendre.

Adam a 130 ans lorsqu'il a engendré Seth. Cela permettait de comprendre comment on arrive de l’unité à un nombre multiple. 130, c’est une centaine, trois dizaines sans unité distincte, c’est aussi une multiplication par 10 de 10 + 3. Après avoir engendré Seth, Adam vit encore 800 ans. C’est 8 x une double multiplication (10 x 10) ou une centaine. Au total, il vit 930 ans ce qui apprend l’addition mais aussi la soustraction car 930 – 800 = 130 et 930 – 130 = 800.

Dix patriarches sont présentés de manière similaire avec des nombres toujours différents (sauf pour 800 qui revient deux fois). La plupart des nombres permettaient d’apprendre la multiplication car, par exemple, 800 c’est 8 x 100 ou 8 x 10 x 10. C’est, inversement, un apprentissage simultané de la division.

Pour apprendre à écrire, Abraham a fréquenté la maison des tablettes de sa communauté ou une maison des tablettes de la ville d’Ur.

Quel tablettes ou quel recueil de tablettes a-t-il utilisé ?

N’était-ce pas déjà des textes primitifs de la future première partie de la Genèse qui constituaient, objectivement, un manuel scolaire d’apprentissage particulièrement adapté tant pour apprendre l’écriture et la lecture que pour l’apprentissage des mathématiques, des principales connaissances et des traditions, y compris religieuses ?

C’est non seulement possible, mais même vraisemblable, voire probable dans l’ensemble du contexte biblique et historique.

Car, en effet, où et quand un tel récit sumérien aurait-il été composé s’il n’existait pas déjà à l’époque où Abram a été engendré à Ur ?

Beaucoup pensent qu’il aurait été rédigé lors de l’exil à Babylone au VIème siècle avant Jésus-Christ.

C’est une opinion aussi répandue que répétée, mais est-elle fondée ?

Bien sûr qu’on peut retrouver dans le texte hébreu actuel des indices d’une rédaction au VIème siècle, mais aucun de ces indices ne peut permettre de savoir s’il s’agit de la trace d’une invention d’un texte nouveau ou s’il s’agit seulement d’indices d’une réécriture ou d’une interprétation lors d’une traduction d’un texte écrit auparavant en hébreu plus ancien et, voire plus anciennement encore en cananéen, en égyptien, en éblaïte, en akkadien, au départ de textes primitifs sumériens.

Rien ne permet de penser qu’entre l’époque de Moïse, vers 1400 avant Jésus-Christ, et l’exil à Babylone en 586 avant Jésus-Christ, le peuple hébreu ait cessé d’écrire et d’assurer une transmission de l’écriture et de ses textes principaux, au moins dans ses classes les plus aisées ou par ses scribes.

Comment penser que ce peuple aurait cessé de pratiquer l’écriture alors qu’il vit en Canaan au milieu du Croissant fertile, près de la Phénicie, sur une route marchande qui relie l’Égypte à l’Assyrie, au cœur d’une région où le dynamisme de l’écriture est tel qu’on y passe, à cette époque, des signes proto-sinaïtiques aux signes du premier alphabet phénicien, ce phénicien d’où dérive l’hébreu ?

Pour quelle raison obscure, le peuple hébreu exilé à Babylone aurait-il inventé une histoire fondatrice le rattachant au pays de son ennemi païen et idolâtre ?

Pourquoi aurait-il inventé un texte avec des traces sumériennes précises, près de 1.500 ans après la disparition de Sumer ?

Même s’il est déjà fort ancien, il n’y a pas de raison, en fait, de mettre en doute l’enseignement officiel de l’Eglise sur le livre de la Genèse qui est publié actuellement sur le site officiel du Vatican.

Il s’agit d’un avis du 27 juin 1906 de la Commission biblique pontificale approuvé par le Pape Pie X et confirmé dans une lettre du 16 janvier 1948 de cette même commission approuvée par le Pie XII.
Avis du 27 juin 1906 sur l’authenticité mosaïque du Pentateuque

Question 1 : Les arguments accumulés par les critiques pour attaquer l’authenticité mosaïque des livres saints désignés sous le nom de Pentateuque sont-ils d’un tel poids que - en dépit des très nombreux témoignages, pris dans leur ensemble, des deux Testaments, de la persuasion constante du peuple juif et de la tradition ininterrompue de l’Église, et malgré les preuves internes tirées du texte même - on ait le droit d’affirmer que ces livres n’ont pas Moïse pour auteur, mais ont été composés d’éléments pour la plus grande partie postérieurs au temps de Moïse ?
Réponse : Non.

Question 2 (première partie) : L’authenticité mosaïque du Pentateuque réclame-t-elle nécessairement que tout l’ouvrage ait été rédigé de telle sorte que l’on doive tenir pour certain que Moïse a écrit de sa propre main ou dicté à des secrétaires tout l’ouvrage et chacune de ses parties ?
Réponse : Non, pour la première partie

Question 2 (deuxième partie) : Ou encore peut-on admettre l’hypothèse de ceux qui estiment que Moïse, après avoir conçu lui-même son œuvre sous l’inspiration divine, en aurait confié la rédaction à un ou plusieurs secrétaires qui, toutefois, auraient fidèlement rendu sa pensée et n’auraient rien écrit contre sa volonté, ni rien omis ; et qu’enfin cet ouvrage ainsi composé et approuvé par le même Moïse, auteur principal et inspiré, aurait été publié sous son nom ?
Réponse : oui, pour la seconde (partie)

Question 3 : Peut-on admettre, sans porter atteinte à l’authenticité mosaïque du Pentateuque, que Moïse, pour composer son ouvrage, s’est servi de sources, documents écrits ou traditions orales, auxquels, suivant le but particulier qu’il se proposait et sous l’inspiration divine, il a fait quelques emprunts, prenant tantôt les mots eux-mêmes, et tantôt le sens, résumant ou amplifiant, et les insérant dans son ouvrage ?
Réponse : Oui.

Question 4 : Peut-on admettre – l’authenticité mosaïque et l’intégrité du Pentateuque étant sauvegardées quant à la substance – que cet ouvrage, à travers de si longs siècles, a subi quelques modifications, par exemple : des additions faites après la mort de Moïse par un auteur inspiré, des gloses des explications intercalées dans le texte ; des mots et des tournures vieillis, traduits en un langage plus moderne ; enfin des leçons fautives imputables à des erreurs de copistes, et qu’il appartient à la critique d’examiner et d’apprécier conformément à ses principes ?
Réponse : Oui, le jugement de l’Église étant réservé.
Aujourd’hui, les connaissances de l’époque d’Abraham et du pays de Sumer permettent de considérer que Moïse a pu disposer de documents écrits remontant à l’époque sumérienne d’Abraham et que, compte tenu du rang social d’un homme riche, il est vraisemblable que la famille d’Abraham a bénéficié à Ur, dans le pays de Sumer, d’une éducation scolaire et religieuse impliquant un apprentissage de l’écriture dans une « maison des tablettes » comme c’était l’usage.

La première partie de la Genèse a pu être un recueil scolaire de référence pour l’apprentissage des principaux savoirs. Pourquoi la famille d’Abraham aurait-elle négligé en quittant Ur d’emmener avec elle ce condensé de leurs savoirs principaux puis d’en assurer la transmission ?

gerardh
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Re: L’enfance sumérienne d’Abram à Ur, en Chaldée

Message non lu par gerardh » sam. 02 févr. 2019, 21:34

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Bonjour,

Tout cela est fort intéressant mais en certains points hautement spéculatif, notamment quant à l'appétence qu'aurait eue Abraham pour le culte de la lune.

Je pense qu'Abram à Ur était dans une foi orthodoxe, quand bien même elle put être simple.

[...]
[Hors sujet déplacé dans le fil « L’histoire sainte d’Abraham à Salomon »] :

viewtopic.php?f=91&t=43272&hilit=Abraham&start=45

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