Bonjour Christophe !
Christophe a écrit :MB a écrit :Peut-être faudrait-il appliquer un mode de scrutin à l'allemande, avec double vote : le premier vote consiste à choisir un candidat personnellement choisi ; le deuxième vote va vers une liste, qui peut être issue d'un parti différent de celui du candidat. Et on fait ensuite une peréquation entre les deux résultats. Comme ça, on pourrait imaginer (je dis n'importe quoi, mais c'est pour l'exemple) : je vote, mettons, pour un candidat indépendant qui me plaît bien ; et je vote aussi , mettons, pour la liste UDF (on peut bien sûr changer les étiquettes). Ce qui permet de mettre ensemble "vote utile" et choix personnel.
Bonsoir MB,
Pourriez-vous nous expliquer un peu plus en détail ce mode de scrutin ? Comment s'accompli la péréquation ?
Merci d'avance.
Christophe
Je vais essayer de décrire ce mécanisme clairement, ce qui n'est pas toujours facile...
D'abord, une précision, que toute le monde sait, mais "ça va mieux en le disant" : les choses se font dans un cadre fédéral, dans les limites des Länder.
Deux techniques de scrutin sont utilisées conjointement. L'une utilise les règles de la représentation proportionnelle ; l'autre personnalise l'élection avec utilisation de scrutin uninominal à un tour (c'est donc encore plus direct que chez nous).
Concrètement, l'électeur dispose de deux voix. La première voix correspond au choix d'un candidat (il y a alors 248 circonscriptions, et autant de sièges de députés). La deuxième correspond à une liste.
1° L'électeur coche le cercle correspondant à cette liste (c'est la "deuxième voix"). En fonction des résultats obtenus, en suivant un mode de calcul un peu compliqué, on calcule l'équivalent du nombre de sièges attribués à chaque parti, à chaque liste, dans un Land. Précision : pour qu'une liste ait des sièges, elle doit avoir passé la barre des 5 %. C'est donc une proportionnelle avec filtre à l'entrée. Donc après ce vote, chaque parti a l'équivalent d'un certain nombre de sièges à la proportionnelle.
2° Dans le même temps, l'électeur coche le nom du candidat de son choix. Chaque parti obtient donc un certain nombre de sièges suivant les résultats de ce scrutin uninominal. (= 1re voix) Ici, classique.
3° Pour les résultats :
le nombre de sièges directs (1re voix) est déduit dans chaque Land du nombre de sièges obtenus à la proportionnelle (2me voix).
Exemple : le FDP, en 1980, n'obtient aucun siège direct (1re voix) en Basse-Saxe. Il en a 7 à la proportionnelle. Donc, en tout, cela lui fait 7-0 = 7 sièges provenant de Basse-Saxe.
Aux mêmes élections, au même endroit, la SPD obtient l'équivalent de 30 sièges à la proportionnelle ; et 23 au scrutin majoritaire ; cela lui fait donc 23 sièges, plus (30 - 23) = 7 sièges. Donc en tout, 30 sièges.
Comme vous le voyez, lorsqu'un parti obtient plusieurs sièges de 1re voix, et d'autres en 2ème voix, l'addition des deux s'équilibre (cas du SPD cité ci-dessus). Il arrive, dans certains cas, qu'il en obtienne un peu plus, on parle alors de surreprésentation, mais ça ne porte pas sur beaucoup de sièges (13 sièges en trop en 1998). Donc là, le mode de scrutin ne change pas grand-chose. Disons qu'il permet de "personnaliser" le vote.
En revanche, lorsqu'un parti n'a pas d'assise locale, mais qu'il obtient un certain nombre de voix à la proportionnelle, il peut être représenté. C'est le cas typique du FDP et aussi, je crois, des Verts. Toute la question, alors, est bien sûr de savoir à quel niveau on situe la barre d'entrée, 5%, plus, moins, c'est à voir.
J'espère que j'ai été clair !
A bientôt
PS : bien évidemment, un critère important d'efficacité, dans ce système, est la capacité des partis à nouer des alliances, capacité bien plus élevée que chez nous. Il y a déjà eu un gouvernement de "grande coalition" gauche-droite (Kiesinger, 1966-1969), actuellement SPD (socio-démocrates)-Verts ; il y a eu CDU-CSU (droite) -FDP (libéraux) ; il y a eu SPD-FDP (Schmidt, 1974-1982). Théoriquement, il pourrait même y avoir alliance CDU-CSU avec les Verts (la sensibilité écologiste en Allemagne est plus diffuse que chez nous, et on trouve beaucoup d'écolos de droite). Cela suppose que les programmes et les attitudes politiques soient moins polarisées, moins idéologisées que chez nous (verrait-on une union nationale Verts - PS- UMP ?). Quoiqu'il en soit, l'assemblée élue est de toute façon plus représentative ; et les majorités, même lorsqu'on tient compte des nécessités d'alliances, ne sont pas difficiles à trouver (la situation actuelle est un peu particulière).
Autre précision : les informations que je donne sont tirées du Document d'Etude n° 1.11 de la Doc française, qui date de 1999 (titre :
Les institutions de la RFA). Donc il faut réactualiser.