Bonjour à tous,
Voici encore un petit exposé que je me suis amusé à faire (lui aussi n'est certainement pas parfait) à propos du suaire de Turin. Son but est de montrer qu'il n'est pas si improbable que cela que le suaire de Turin soit authentique. Qu'en pensez-vous ? Que faudrait-il modifier ?
Le suaire de Turin est-il un faux ?
Beaucoup affirment que le saint suaire est un faux, qui aurait été fabriqué par un faussaire au Moyen-âge. D’autres affirment encore qu’il est authentique et qu’il a vraiment enveloppé Jésus-Christ. Qui a raison ? Comment départager ? Tout au long du XXème siècle, des dizaines de savants se sont penchés, et le font encore, sur la relique présumée pour l’étudier sous toutes les coutures : exégètes, historiens, archéologues, iconographes, paléographes, numismates, épigraphes, palynologues, chimistes, anthropologues, chirurgiens anatomistes, spectrographes, opticiens, papyrologues, auront et ont tous un mot à dire, une découverte à révéler, une hypothèse à émettre.
Nous allons examiner les différents arguments défendus par les deux thèses :
I) Le suaire est un faux qui a été fabriqué au Moyen Age
On n’a jamais vu ni entendu parler de ce linceul avant le Moyen-âge. Il a donc été fabriqué par un faussaire à cette époque. Les historiens sont tous d’accord pour faire remonter en 1357 le premier témoignage crédible concernant ce tissu. C’est en effet cette année-là qu’a eu lieu la première ostension en Europe, dans le petit village de Lirey, en Champagne. La datation du suaire au carbone 14 l’a confirmé : on a trouvé un intervalle de dates qui se situe entre l’année 1260 et l’année 1390. Le taux de certitude est de 95 %.
II) Le suaire est authentique
Il est avant tout utile de préciser qu'il s'agit quand même de la pièce archéologique la plus étudiée du monde et de l'Histoire et elle continue de faire débat. Ce n'est pas pour rien.
Parce que la datation au carbone 14 a sans doute été faussée
• Il y a déjà eu des erreurs, parfois grossières, comme la coquille d’un escargot, vivant, évaluée vieille de 24 000 ans.
• De l’aveu même de son inventeur, si la méthode fonctionne plutôt bien pour les morceaux de bois ou les résidus de squelette, elle est beaucoup moins fiable pour les textiles anciens…
• Des milliers de cierges allumés par des pèlerins, depuis le Moyen Age, ont brûlé à côté de la relique. Il est hautement probable que des petits morceaux de cire, ou d’autres éléments extérieurs s’y sont incrustés. Certains éléments exogènes contrarient l’utilisation du carbone 14 : tremblement de terre, forte chaleur, radioactivité, pollutions diverses, manque de pureté des échantillons…Ce n’est pas pour rien si plusieurs groupes scientifiques, dès 1989, soit moins d’un an après le résultat des analyses, ont été, et restent suspicieux.
• Ray Rogers a mis en évidence en 2005 le fait que l'échantillon du linceul prélevé pour la datation l'a été dans une partie qui a été raccommodée avec du coton au XVIème siècle, suite à un incendie, faussant les résultats.
Il a été approuvé par de nombreux scientifiques.
• Enfin, même si la datation était effectivement exacte, il est toujours possible d'y apporter une réponse : M. Mario Moroni et son équipe scientifique ont soumis à une chaleur comparable à celle de l'incendie de 1532 (dans lequel faillit disparaître le linceul) le tissu d'une momie égyptienne, qui avait datée de 160 avant Jésus-Christ. Ils avaient procédé à deux tests différenciés. Ils avaient soumis à une chaleur comparable à l'incendie de 1532 un premier morceau de lin : le rajeunissement avait été insignifiant, de l'ordre d'un siècle. Le second morceau de lin avait été irradié avant d'être soumis à la chaleur et le rajeunissement était de plus de dix siècles ! Si donc le Linceul de Turin a été irradié par la résurrection de Jésus, selon l'hypothèse du Père Rinaudo, il pourrait avoir subi un rajeunissement considérable.
Parce qu'il est fort probable que le linceul date d'avant le Moyen-Age
• On a retrouvé dans le
Codex Pray, un manuscrit de la fin du XIIème siècle (1195 pour être précis) conservé à la Bibliothèque Nationale de Budapest, une miniature représentant les « saintes femmes » devant le tombeau de Jésus, avec le fameux linceul. Or, selon certains historiens, beaucoup de détails de cette reproduction ne trompent pas : le réalisateur de cette miniature s’est sans aucun doute inspiré du linceul de Lirey, qui ne peut par conséquent dater de 1357.
• On a retrouvé des traces du linge en Palestine, puis à Edesse (sud-est de la Turquie), puis à Constantinople où il fut transporté « en grande pompe » en 944 et où il fut contemplé et vénéré par des milliers de gens jusqu’en 1204, date du sac de la ville par les croisés.
• De plus, certains historiens le font réapparaître en 1205 à Athènes, où Othon de la Roche, l’un des chefs de la 4ème croisade, arrière-grand-père de Jeannne de Vergy, épouse de Geoffroy de Charny, seigneur de Lirey (tiens !), l’y aurait apporté.
• On s’est aperçu que les yeux du cadavre sont recouverts de pièces de monnaie ayant exactement les mêmes caractéristiques (mêmes dimensions et même inscriptions) que celles circulant en Palestine à l’époque de Jésus. Le faussaire se serait donc procuré de ces pièces, on ne sait comment.
• Le faussaire aurait par ailleurs eu la géniale intuition du « transpercement de la main » dans le pli de flexion du poignet, à l’encontre de ce que l’on pensait depuis des siècles : que Jésus avait été crucifié dans la paume des mains. Il est donc très peu probable que le faussaire, si faussaire il y a eu, ait vécu au Moyen-Age.
• Comment aurait-il eut vent du principe de rétractation du pouce par la simple lésion du nerf médian, qui était ignorée par la médecine de l’époque ? Là encore, le faussaire, si faussaire il y a eu, aurait donc vécu après le Moyen-Age. Or tout le monde sait que ça n'est pas possible. Ou alors il aurait crucifié un véritable humain, ce qui frise le ridicule et est très peu probable.
Parce qu'il y a de fortes chances pour que "l'homme du linceul" soit Jésus de Nazareth
• Il est désormais certain que le linceul ait enveloppé un corps :
- L’image sur le drap est tridimensionnelle, il y a donc eu "un relief" déposé dessus.
- On a par ailleurs retrouvé des traces de sang (du groupe AB, pour être précis).
- Enfin il a été mis en évidence que ce qui est sur le linceul n'est pas de la peinture. Le faussaire, encore une fois, si faussaire il y a eu, n'a donc pas peint sur le drap. Il a forcément glissé un corps dedans mais on n'est pour le moment incapable de dire avec quelle technique il aurait pu former cette image.
• Les analyses révèlent, avec une précision inouïe, que l’homme du suaire mesure 1,78 mètres, qu’il a une trentaine d’années, qu’il est de type sémitique, qu’il présente différentes traces de coups et blessures qui correspondent exactement au récit de la passion de Jésus :
- L'homme a été crucifié.
- On retrouve sur les épaules la trace du port d'un objet lourd horizontal d'à priori une quarantaine de kilos.
- Le cartilage du nez apparait comme cassé et dévié vers la droite. Cela pourrait être du à une chute, on a trouvé des restes microscopiques de terre qui possède les mêmes caractéristiques que la terre de Jérusalem, le même phénomène se répète sur le genou gauche et sur les plantes des pieds.
- Sur le côté droit du visage, une grande contusion apparait. Les spécialistes sont d'accord pour affirmer que ce serait le produit d'un coup de barre courte entre 4 et 5 centimètres de diamètre.
- Sur le reste du visage, diverses blessures apparaissent spécialement sur la joue droite et au front.
- Dans les régions qui entourent les yeux et les sourcils, on trouve des plaies et des contusions égales à celles que pourrait produire des coups de poing ou de bâton.
- Le front nous montre plus de 50 petites et profondes blessures qui mettent en évidence l'application d'une couronne d'épines. Les taches les plus grandes coïncident exactement avec les veines et les artères réelles, alors que au Moyen-Age la circulation du sang était inconnue.
- Sur le long de tout le corps, et avec une spéciale clarté dans le dos, nous pouvons voir des marques identiques à celles que laisserait l'instrument des romains pour flageller un accusé: le Flagrum taxillatum (objet qu'on n'utilisait pas au Moyen-Age et que l'on connait de nos jours grâce à des découvertes dans des excavations archéologiques). Le professeur Bollone a pu compter plus de 600 contusions et blessures sur tout le corps, on peut aussi chiffrer le nombre de coups à 120. (Au style romain, alors que les juifs ne donnaient pas plus de 40 coups).
- La blessure sur le côté a une forme elliptique du même diamètre: qu'une lance romaine: 4.4 cm x 1.4 cm.
- Le corps est resté moins de 40 heures dans le Linceul, comme en témoigne l’absence de traces de putréfaction.
• Le suaire d’Oviedo, à l’authenticité quasi-certaine, est un linge ensanglanté de 84 cm sur 53 cm, arrivé en Espagne en 812, et en provenance de Jérusalem. Sa texture est proche de celle du linceul de Turin. C’est ce suaire que l’on aurait appliqué sur le visage de Jésus à sa descente de croix. Son groupe sanguin est AB, comme le suaire de Turin (AB étant un groupe très rare ne correspondant qu’à 4% de la population).
• De plus, en superposant ces deux linges, on s’aperçoit que 70 taches de sang coïncident.
Parce que le linceul est en tous points conforme à ceux du Ier siècle et de Palestine
• La structure du tissu, à chevrons et en lin, était fréquente dans le Proche-Orient antique.
• Le suaire mesure, au centimètre près, 8x2 coudées en vigueur à l’époque de Jésus.
• Le drap a voyagé autour de la Méditerranée, de Palestine jusqu’en Europe, puisque l’on trouve sur le linge des pollens et des spores provenant de régions méditerranéennes, non seulement du Proche-Orient, mais aussi d’Asie Mineure, de France, d’Italie. On trouve même des traces d’un coton cultivé au Proche-Orient, le
Gossypum herbaceum et des résidus d’aragonite, un carbonate de calcium provenant du travertin, cette pierre de construction propre à certaines villes de la Méditerranée, notamment Jérusalem.
• En 2002, suite à une restauration du linceul, on a découvert, sur la face cachée du linge, une couture latérale à 9 cm du bord, conforme à celles trouvées sur des tissus provenant de Massada, forteresse de Palestine détruite en 74 ap. J-C par les Romains.
• On a par ailleurs repéré les mêmes pollens incrustés aux fibres des linges d'Oviedo et du Saint Suaire, notamment des traces de plantes que l’on ne trouve que dans la région de Jérusalem.
Parce qu'il y a encore de nombreux mystères à éclaircir pour lesquels seule la résurrection peut apporter une solution
• L’image sur le drap est tridimensionnelle, c’est-à-dire que sa projection permet d’extrapoler une vision en relief parfaitement fidèle. L’image, due à une infime et régulière oxydation de la cellulose du lin, est parfaitement plane : elle n’a rien d’une empreinte qui eut été normalement déformée par le relief du corps, celui-ci semblant avoir impressionné le drap tendu comme une pellicule de photographie.
• On ne sait quelle technique le faussaire a utilisée pour reproduire la double image du corps et de toutes les séquelle : taches de sang, de sueur, de sérum… ?
• Pourquoi le faussaire aurait-il introduit, on ne sait comment, des vieilles inscriptions de type oriental (il connaissait donc cette langue) qui ne peuvent être aperçues que grâce aux techniques numériques ? En 1994, l’équipe du professeur André Marion, de l’Institut d’optique d’Orsay, a émis des hypothèses possibles sur ces inscriptions figurant, à l’origine, sur une logette, un cadre de bois déstiné à maintenir droite la tête du cadavre, et datant, selon toute vraisemblance, de l’époque de Jésus.
• Il aurait également été précis, en recopiant tous les détails de cette pièce (et d’autres détails généraux), au micromètre près, avec évidemment les instruments de son époque.
En conclusion,
il est donc très peu probable que le linceul soit un faux, fabriqué par un faussaire médiéval. En effet, il est possible de trouver des arguments contre son authenticité. Mais il est possible de leur y apporter une réponse, alors que les arguments en sa faveur sont plus nombreux et n’ont jusqu’à aujourd’hui pas pu être démentis.
Il est aujourd’hui certain que le suaire de Turin vient d’un événement inexpliqué et non d’un simulacre artificiel (c’est en tout cas ce qu’affirme la grande majorité des savants).
Si ce suaire n’était pas censé avoir enveloppé Jésus, la thèse de l’authenticité aurait été confirmée depuis longtemps par les scientifiques. Mais le débat est sans cesse relancé par la nature idéologique et théologique de cette recherche en touts point extraordinaire. Même si l’on prouvait avec le carbone 14 (ou une autre technique) que ce linge date bien du Ier siècle, il y aurait toujours des contestataires qui affirmeraient que ce sont les apôtres (ou d’autres personnes) qui l’ont réalisé.
Mais comme l’a dit Jean-Paul II, au regard de la foi, il importe peu que le suaire soit authentique ou non. C’est d’ailleurs pour cela que l’Eglise ne le reconnaît pas comme tel. Ce qui compte, c’est sa coïncidence frappante avec le récit de la Passion de Jésus. Grâce à lui, les Chrétiens peuvent contempler le linceul comme «
signe de la souffrance,
miroir de l’Evangile et
image de l’amour de Dieu ».
Sources :
Les Secrets du Vatican, Lecomte Bernard
Le Christ dans sa Passion révélé par le saint suaire de Turin, Cordonnier Gérard
L'Affaire du Linceul de Turin, Desforges Denis
Le Secret du saint suaire, Raffard de Brienne Daniel
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