Kerniou a écrit : ↑sam. 30 janv. 2021, 11:56
Quelles preuves avons_nous de la renonciation de Joseph et Marie à toute vie conjugale ? Cette décision aurait- elle été demandée par Dieu ?
On parle, dans l'Evangile, des frères de Jésus; on dit qu'il s'agit des cousins de Jésus. Pourquoi ne pourrait-il pas s'agir de demis frères ...et soeurs ?
Alors qu'ils étaient mariés, quel mal y aurait-il eu à ce que Joseph et Marie aient eu une vie conjugale? Ce qui est un " devoir " dans le mariage ...
Tout d'abord parce que c'est contraire au Magistère de l'Eglise catholique - puisque contraire au dogme de la virginité perpétuelle; saint Léon le Grand, dans son Tome à Flavien, est déjà extrêmement net sur cette vérité de foi qui n'a pas cessé d'être affirmée depuis le second concile de Constantinople (553) qui consacra l’usage du terme Aieparthénos (toujours Vierge) jusqu’au concile Vatican II qui déclare que « la naissance du Sauveur n’a pas altéré mais a consacré la virginité de sa mère » (Lumen Gentium 57).
Cette théorie (répandue dans les milieux protestants et reprises par certains catholiques) est connue sous le nom d'hérésie d'Helvidius. Elle a été combattue par saint Augustin d'Hippone (De nupt. et concept, lib. i, cap. 11), mais aussi par saint Jérôme dans son traité "contre Helvidius" défendant la virginité perpétuelle de la Vierge Marie.
Lequel précise, avec ses compétences de traducteur, que dans les Ecritures on est appelé frères de quatre manières : par nature, par nation, par parenté et par affection. Ainsi ils ont été appelés les frères du Seigneur, non par nature, comme s’ils étaient nés de la même mère, mais par parenté, comme étant du même sang. Quant à saint Joseph (au chapitre 9), on doit plutôt croire qu’il est resté vierge, parce qu’on ne voit pas qu’il ait eu une autre épouse et qu’un saint ne tombe pas dans la fornication (donc cela semble écarter les demi-frères).
Saint Jean Chrisostome ainsi que saint Thomas d'Aquin (Somme Théologique, p.III Qu. XVIII, Art. III) réfutent cette théorie qu'ils qualifient d'erreur, en voici une synthèse :
- elle déroge à la perfection du Christ qui, comme il est le Fils unique du Père, selon sa nature divine, en tant qu’il est en tout son Fils parfait; de même il a été convenable qu’il fût le Fils unique de sa mère, selon qu’il a été son fruit le plus parfait.
- elle fait injure à l’Esprit-Saint qui a eu pour sanctuaire le sein de la Vierge, dans lequel il a formé le corps du Christ. Par conséquent il ne convenait pas que ce sanctuaire fût ensuite violé par une union charnelle.
- elle déroge à la dignité et à la sainteté de la mère de Dieu, qui paraîtrait très ingrate, si elle ne s’était pas contentée d’un pareil fils et si elle avait voulu perdre de son plein gré, par une relation charnelle, la virginité qui lui avait été conservée par miracle.
- ce serait imputer à saint Joseph la plus grande présomption que de croire qu’il ait attenté à la pureté de celle que, d’après la révélation de l’ange, il savait avoir conçu l'incarnation de Dieu de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi on doit affirmer absolument que la mère de Dieu a conçu comme vierge, qu’elle a enfanté comme vierge, et qu’elle est ainsi restée vierge à jamais après son enfantement.
Saint Ambroise (Sup. Luc. cap. 1, super illud : Et nomen Virginis Maria) argumente que la célébration des noces ne prouve pas la perte de la virginité, mais elle atteste le mariage. Pour qu’il y ait mariage, il suffit qu’il y ait eu consentement de la part des époux et que la consommation charnelle n’est pas l’essence de cette union. Ce n'était donc pas un "devoir" pour l'époque.
Marie est Vierge non seulement pour être la mère du divin Rédempteur mais pour devenir pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre mère (Lumen Gentium 61). Saint Jean-Paul II insiste à la fois sur la « réalité du fait » et sur la « richesse de sa signification » (allocution à Capoue, 1992).
Il y a aussi le CEC, aux paragraphes 499 à 501, qui enseigne :
Marie – " toujours Vierge "
499 L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Église à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie (cf. DS 427) même dans l’enfantement du Fils de Dieu fait homme (cf. DS 291 ; 294 ; 442 ; 503 ; 571 ; 1880). En effet la naissance du Christ " n’a pas diminué, mais consacré l’intégrité virginale " de sa mère (LG 57). La liturgie de l’Église célèbre Marie comme la Aeiparthenos, " toujours vierge " (cf. LG 52).
500 A cela on objecte parfois que l’Écriture mentionne des frères et sœurs de Jésus (cf. Mc 3, 31-35 ; 6, 3 ; 1 Co 9, 5 ; Ga 1, 19). L’Église a toujours compris ces passages comme ne désignant pas d’autres enfants de la Vierge Marie : en effet Jacques et Joseph, " frères de Jésus " (Mt 13, 55), sont les fils d’une Marie disciple du Christ (cf. Mt 27, 56) qui est désignée de manière significative comme " l’autre Marie " (Mt 28, 1). Il s’agit de proches parents de Jésus, selon une expression connue de l’Ancien Testament (cf. Gn 13, 8 ; 14, 16 ; 29, 15 ; etc.).
501 Jésus est le Fils unique de Marie. Mais la maternité spirituelle de Marie (cf. Jn 19, 26-27 ; Ap 12, 17) s’étend à tous les hommes qu’il est venu sauver : " Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait ‘l’aîné d’une multitude de frères’ (Rm 8, 29), c’est-à-dire de croyants, à la naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son amour maternel " (LG 63).