Ricardo Petrella dénonce la mondialisation

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Cinci
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Re: Ricardo Petrella dénonce la mondialisation

Message non lu par Cinci » mar. 16 oct. 2012, 19:24

Toujours pour avoir un portrait de la situation :

«... l'équipement ménager a été, en effet, la caractéristique majeure de l'évolution récente de l'habitat en France. [...] On rappellera ici que les appareils ménagers étaient pratiquement inexistants en 1946, alors qu'en 1976, 91% des ménages avaient un réfrigérateur , 86% une T.V., 72% une machine à laver... En dehors des «beaux quartiers» de Paris ou de Lyon, le chauffage central et la distribution d'eau chaude étaient rarissimes; les quatre cinquièmes des logements ne disposaient pas de W.C. intérieurs.

Au recensement de 1946, il s'est trouvé à Paris, seulement une salle de douche pour 5 logements. Sur les 84 271 immeubles, cent cinquante quatre avaient un vide-ordure. A Nimes, à Brest, à Limoges, à Toulouse... les neuf dixièmes des immeubles étaient en 1946, privés d'égoût, les sept dixièmes n'avaient que des W.C. collectifs dont le tiers sans eau courante.

Nombre annuel de logements construits en France 1850-1976

de 1850 à 1870........................ 115 000 (chaque année pour l'ensemble du pays)
de 1871 à 1914........................ 89 000
de 1915 à 1939........................ 103 000
de 1940 à 1945........................ 1 000
de 1946 à 1976........................ 366 000

dont

de 1954 à 1962........................ 261 000 (chaque année)
de 1962 à 1968........................ 348 000
de 1968 à 1975........................ 445 000

(p.146)


En 1939, le conseiller d'État gagnait chaque mois ce que son gardien de bureau gagnait en une année; en 1976, l'écart est réduit de près de moitié. [Il ne prend plus que six mois au gardien de bureau pour toucher le gain réalisé en un mois par le conseiller d'État]

De 1939 à 1976, le conseiller d'État a un peu plus que doublé son revenu réel brut, mais son revenu réel net d'impôt général n'a été multiplié que par 1,4. Dans le même temps, le gardien de bureau a vu son revenu réel net muliplié par 3,5

Les impôts sur le revenu étaient très faibles en 1939 pour les deux salariés, tandis qu'ils sont très forts en 1976 pour les hauts salaires (supérieurs à 30% en général pour un conseiller d'État qui n'a plus d'enfants à charge). Le revenu net des deux hommes, qui était de 1 à 12 en 1939, n'est donc plus que de 1 à 4,5 aujourd'hui. [le livre est écrit en 1979]

Source : id.

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Riou
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Re: Ricardo Petrella dénonce la mondialisation

Message non lu par Riou » mar. 09 juin 2020, 19:41

Cinci a écrit :
sam. 06 oct. 2012, 20:29


La guerre économique se déchaîne d'autant plus que ses acteurs ont conscience d'espérer un niveau de rentabilité qu'ils ne pourront tous atteindre [...] La seule chose sur laquelle les combattants sont toujours d'accord, c'est l'élargissement du champ de bataille, car chacun est content de gagner des marges de manoeuvres. Si féroce que soit la compétition entre capitalistes, ceux-ci sont toujours d'accord pour créer de nouvelles opportunités de profits, en ouvrant à leur guerre marchande le territoire des pays en développement et le secteur des biens publics qui échappaient autrefois au culte du profit (santé, éducation, transports, etc.), ou encore en démantelant le droit et les institutions qui protègent l'emploi et les salaires.


Source : La Dissociété
Bonjour,

J'avais vu dans un manuel de management les consignes du bon compétiteur : quand une autre personne arrive sur le marché économique qui vous concerne, trois choses doivent être comprises et immédiatement appliquées. 1) Il est une nuisance pour vos espérances de profits, ce qui en fait un ennemi. En conséquence, il y a deux solutions : 2) soit le détruire immédiatement s'il est faible en l'asphyxiant par tous les moyens possibles (baisse du coût du travail, manipuler la production ou le service de telle sorte qu'il coûte le moins cher possible, etc.), soit 3) le neutraliser s'il est déjà fort et en capacité de donner la réplique.
J'ai trouvé ça effrayant, de penser que des êtres humains baignent en permanence dans une telle haine permanente. L'autre est par définition un ennemi, une nuisance, un parasite pour mes profits égoïstes. On ne se demandera pas s'il est possible de collaborer avec lui ou de se partager un marché commun, ou d'envisager des moyens raisonnables pour que chacun ait sa place au soleil. On tentera immédiatement de le supprimer, pour la seule raison qu'il existe - ce qui est déjà une agression en soi quand on se place uniquement du point de vue de la maximisation de mes profits personnels. C'est une guerre, et si on applique ça à l'éducation et à la santé, ça promet des horreurs à venir.

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