Propositions de réforme du système monétaire et financier

Écoles et doctrines - Économie politique - Politique monétaire - Comptabilité nationale
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Christophe
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Re: Système financier...

Message non lu par Christophe » mar. 29 avr. 2008, 9:43

Qui citez-vous, Wistiti ? :incertain:
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Wistiti
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Re: Système financier...

Message non lu par Wistiti » mar. 29 avr. 2008, 20:21

L'occident montre une haine envers lui-même, qui paraît étrange et peut être considérée uniquement comme un phénomène pathologique. L'occident ne s'aime plus, dans son histoire il voit uniquement ce qui est blâmable et destructif, il n'est plus capable de reconnaître ce qui est grand et pur.
(Benoit XVI)

Renaud
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Re: Système financier...

Message non lu par Renaud » mer. 30 avr. 2008, 9:55

(....)"""Ensuite, limiter drastiquement les revenus financiers par une fiscalité suffisamment élevée pour à la fois dissuader les actionnaires de renforcer en permanence l’exploitation du travail et leur enlever la majeure partie de leur pouvoir dans les entreprises."""(....)

Bien sûr qu'avec le CRÉDIT-SOCIAL, le système fiscal actuel perdrait sa raison d'être!

Si j'ai affiché cette pétition, c'est pour la répercuter le plus possible, mais j'ai rajouté qu'il fallait y joindre le CRÉDIT-SOCIAL. Le CRÉDIT-SOCIAL est le meilleurs et le plus important dénominateur commun de toute la société productrice, de tous ceux sensibilisés par cette question économique et financière incontournable ici bas, qu'ils connaissent, ou pas encore le CRÉDIT-SOCIAL. En effet, il y a là une fraction importante de territoir commun avec des auteurs et investigateurs divers sur le système monétaire, sans pour cela partager à 100% toutes leurs options, dont certaines procèdent, peu ou prou, d'un certain marxisme sommairement recyclé, j'en suis bien conscient

Mais la société et le public en général, dont nous faisons tous partie, paraissent tellement amorphes, tellement engoncés dans des réflexes d'impuissance complète devant les "fatalités" économiques et financières, toutes créées par les hommes eux-mêmes et non pas par la nature ou par Dieu, que, à mon humble avis, il faut utiliser tous les moyens possibles, toutes les occasions possibles, pour que l'attention des uns et des autres se porte sur le champ économique et financier, champ incontournable et déterminant, et ne plus être saoulés et abrutis de parlotes politiques, et même économiques d'ailleurs, qui ne font que nous crétiniser à haute dose.

Je répète cette phrase de Honoré de Balzac (de mémoire mais le sens y est):
"Tant que le Christianisme n'aura pas résolu le problème économique et financier, ce sera l'échec assuré de la Chrétienté"

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Miles Christi
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Re: Système financier...

Message non lu par Miles Christi » mer. 14 mai 2008, 16:10

Renaud a écrit :
Mais la société et le public en général, dont nous faisons tous partie, paraissent tellement amorphes, tellement engoncés dans des réflexes d'impuissance complète devant les "fatalités" économiques et financières, toutes créées par les hommes eux-mêmes et non pas par la nature ou par Dieu, que, à mon humble avis, il faut utiliser tous les moyens possibles, toutes les occasions possibles, pour que l'attention des uns et des autres se porte sur le champ économique et financier, champ incontournable et déterminant, et ne plus être saoulés et abrutis de parlotes politiques, et même économiques d'ailleurs, qui ne font que nous crétiniser à haute dose.

Oui et d’ailleurs le grand public n’a pas du tout saisi la spécificité du monde de la finance, d’autant plus que la propagande officielle tend à faire de la finance le poumon de l’économie.

Ce matraquage politico-médiatique empêche une véritable réflexion sur les questions de fond. Je prends par exemple la question de la dette nationale, thème abordé par le Pape qui s’interroge sur la viabilité des Etats vivant continuellement à crédit et creusant sans cesse leur déficit budgétaire, cas des pays développés à la consommation frénétique. En fait la seule réponse apportée par l’économiste libéral est celle-ci : « Un pays peut vivre longtemps à crédit, même très longtemps, mais pas éternellement ». Réponse sibylline qui nous laisse sur notre faim. D’un côté nous voyons que l’individu surendetté finit tôt ou tard par se faire jeter à la rue comme un malpropre, de l’autre nous constatons que des Etats peuvent se permettre de mener grand train tout en continuant à accumuler les ardoises. Certains prévoient même que la France sera en cessation de paiement dans les années 2010, mais finalement est-ce si grave que cela ? Est-ce que l’on ne peut pas passer outre et continuer comme avant? Par exemple il y a déjà eu des cas d’annulation de dette (pour les pays du Tiers Monde) et l’on ne peut pas dire que les conséquences furent apocalyptiques. Lorsqu’une bulle financière éclate cela signifie t-il l’effondrement de toute une économie ou simplement la baisse des revenus spéculatifs de quelques agioteurs et financiers de haut-vol ? L’actualité récente nous a montré que les banques pouvaient se permettre d’enregistrer des pertes record, pertes qui seraient mortelles pour n’importe quel autre agent économique, qui plus est les Etats volent à leur secours comme si elles constituaient la clef de voûte de tout le système.

Pour démêler tout cet imbroglio et comprendre comment le système financier vient se greffer sur le système économique il faut en revenir aux notions de base : la monnaie, la banque, la dette et le prêt à intérêt. Aujourd’hui le prêt à intérêt est, suivant la formule consacrée, « passé dans les mœurs », comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs, mais cela signifie t-il qu’il ne pose plus problème ? Certainement pas, il a posé, il pose et il posera toujours problème, sa légitimité, à supposer qu’il en ait une, sera toujours remise en question, du moins tant qu’il y aura des hommes sains d’esprit. Pour résumer la position traditionnelle de l’Eglise je citerais Pie XI :

Une usure vorace est encore venue s’ajouter au mal (de la destruction des anciennes corporations). Condamnée à plusieurs reprises par le jugement de l’Eglise, elle n’a cessé d’être pratiquée, sous une autre forme, par des hommes avides de gain, d’une insatiable cupidité ».

« Ce pouvoir (économique discrétionnaire) est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer ».


Pie XI, encyclique Quadragesimo Anno

On peut même dire que Marx ne s’est pas véritablement engagé dans une critique de la finance, ou alors elle est totalement absorbée par sa critique de l’économie capitaliste. Pourtant, en droit, on peut fort bien faire une description réelle (c'est-à-dire en termes de choses et de valeurs non médiatisées par la monnaie) de l’économie capitaliste, et dans un deuxième temps étudier une économie capitaliste monétarisée.

Première considération, on constate que le banquier est un acteur distingué au sein de l’économie capitaliste monétarisée : il est incontournable, aussi bien pour les capitalistes que pour les salariés, car il détient le pouvoir de création (crédit) et de destruction (recouvrement) d’une marchandise bien spéciale, dont tout le monde a besoin pour produire, échanger, consommer et profiter: l’argent. Cette place exceptionnelle du banquier dans l’économie est apparue comme scandaleuse aux yeux de certains économistes libéraux, qui ont proposé comme alternative le « Free Banking ».

Deuxième considération : sa marchandise n’est pas une substance, mais un signe, par un simple jeu d’écriture comptable le banquier crédite ou supprime. De plus sa marchandise, tel un boom-rang, finit par lui revenir et il peut de nouveau l’offrir. En effet il s’agit là d’un mécanisme bancaire que beaucoup de gens ignorent et qui s’appelle le multiplicateur de crédit. Exemple : Paul a besoin d’emprunter 100 000 euros pour acheter l’appartement de Pierre. Paul va donc trouver le banquier, celui-ci sort 100 000 euros du coffre, Paul donne ensuite ces 100 000 euros à Pierre, et que fait Pierre ? Pierre à son tour va voir le banquier, mais pour effectuer cette fois-ci un dépôt, donc le banquier remet dans son coffre les 100 000 euros qu’il avait prêté quelque temps auparavant, et il peut de nouveau les prêter à intérêt et ainsi de suite… le mécanisme de multiplication du crédit est certes limité par les réserves légales obligatoires et par les politiques d’encadrement du crédit, mais néanmoins il est des plus singuliers et offre un avantage certain sur toutes les autres marchandises, qui une fois vendues à un acheteur retournent rarement au vendeur pour pouvoir être de nouveau vendues à un autre acheteur, même en partie.

En guise de modèle, commençons par le cas le plus simple de deux producteurs-échangeurs :

Pierre produit le produit A, Paul produit le produit B, Pierre et Paul échangent A et B dans des proportions correspondant à leur juste valeur.

Supposons que pour x raison (paresse, accident, intempéries, soucis familiaux etc…) Pierre n’ait pas pu produire à une période donnée le produit A, mais que Paul lui ait réussi à produire le produit B. En principe il n’y pas d’échange possible puisque Pierre n’a rien à échanger. Seulement, Pierre a un besoin vital du produit B et Paul ne fait strictement rien du surplus de produit B qu’il a produit pour échanger avec Pierre. Il pourrait y avoir à ce moment-là une dislocation de la société si Paul décidait de s’en tenir à une interprétation stricte de la justice commutative : Paul dans son bon droit pourrait refuser d’échanger contre rien sa production, en ce cas Pierre mourrait, le système d’échange et la société avec lui. Il pourrait aussi, dans un élan de charité, passer outre le principe de justice commutative et faire don à Pierre de sa production, sans rien exiger en retour.

Mais l’hypothèse la plus réaliste, celle qui tient compte à la fois du bien personnel et du bien commun est la suivante : Paul va accepter de céder sa production à Pierre, mais contre une reconnaissance de dette. Paul devient créancier et Pierre débiteur.

Question ; « Est-ce que la dette est grevée d’un taux d’intérêt ». Naturellement non, et cela se comprend aisément. Car du fait de la simple nécessité de rembourser le capital emprunté, Pierre va d’ores et déjà devoir travailler plus. Par exemple si Paul a fixé le remboursement de la dette à la prochaine période d’échange, cela signifie que Pierre va devoir travailler deux fois plus : dans ce laps de temps entre deux échanges, Pierre va devoir d’une part produire pour payer sa dette et d’autre part produire pour pouvoir échanger de nouveau. La dette est déjà en soi un fardeau assez lourd à porter pour ne pas en plus lui rajouter le paiement d’un intérêt. D’ailleurs le paiement d’un tel intérêt n’est pas compatible avec la justice commutative. Simplement au prochain rendez-vous Pierre devra apporter la production en retard pour honorer la dette qu’il a envers Paul + la production courante du produit A pour pouvoir échanger de nouveau avec Paul et obtenir le produit B.

On voit donc que naturellement, la dette peut elle aussi avoir des retombées en matière de gains de productivité et d’innovation, et que contrairement à ce que veulent faire croire certains économistes l’intérêt n’est pas le seul moteur de la productivité et de la croissance. Même la simple recherche du bien commun peut d’ailleurs être un facteur de croissance.

Maintenant introduisons un troisième personnage « le banquier » et passons à un modèle d’économie monétaire. Dans ce cas le passage chez le banquier est le passage obligé pour effectuer toute transaction et Pierre et Paul ne vont plus pouvoir s’arranger ensemble. Donc voilà ce qui va se passer:

1) Pierre va demander un prêt au banquier, c'est-à-dire une somme d’argent correspondant à la valeur du produit A qu’il n’a pas pu produire, et qui va lui permettre d’acheter à Paul le produit B. Le banquier va accepter mais contre le paiement d’un intérêt. Donc cela veut dire que Pierre ne va pas comme dans la situation précédente travailler deux fois plus, il va lui falloir travailler encore plus que cela, pour non seulement payer sa dette et produire en vue du prochain échange, mais aussi payer l’intérêt.

2) Une fois le paiement de la marchandise B effectué par Pierre, Paul dépose chez le banquier l’argent reçu sur un compte rémunéré.

3) Et là nous en arrivons à la période d’échange suivante, et peuvent se produire plusieurs cas de figure :

- Soit Pierre a réussi le tour de force de produire le produit A en une quantité > 2, de quoi payer la dette, de quoi échanger et de quoi payer l’intérêt. Mais qu’est-ce qui nous dit que Paul va accepter d’acheter la surproduction de Pierre correspondant à l’intérêt, en a-t-il seulement les moyens? A priori Paul a seulement de quoi acheter la production de retard plus une quantité correspondant aux intérêts générés par son compte rémunéré (dont le taux d’intérêt est généralement très inférieur à un taux de prêt). Si Paul ne veut pas payer la surproduction, alors Pierre, malgré son travail de Titan ne pourra pas rembourser l’intérêt et restera encore débiteur du banquier, le banquier peut alors consentir à un nouveau prêt, mais alors les intérêts à rembourser vont s’accumuler jusqu’à déboucher éventuellement sur une saisie au profit du banquier et la ruine de Pierre. Ou alors Paul est d’accord pour acheter la surproduction de Pierre, donc pour surconsommer et c’est Paul qui décide de recourir à un prêt.
- Soit Pierre n’a pas réussi à surproduire, il ne peut donc absolument pas rembourser l’intérêt et il s’enchaîne avec un nouveau prêt.


Cet exemple montre comment le banquier tient à la gorge les différents agents économiques et comment au fur et à mesure du développement économique il resserre son étreinte. Il est indéniable que le banquier pousse au surtravail, à la surproduction et/ou à la surconsommation, c’est le mécanisme même du prêt à intérêt et du différentiel entre le taux d’emprunt et le taux de rémunération qui le veut, de là la glorification du banquier par certains, le père fouettard de la croissance en quelque sorte.

Mais cela permet de comprendre aussi le décalage entre la finance et l’économie : l’économie peut être saine, c'est-à-dire que chaque agent produit, échange, rembourse les dettes qu’il a envers les autres, mais le monde financier en émois parce qu’il ne parvient pas à recouvrer ses intérêts exorbitants. L’escroquerie politico-médiatique des financiers consiste à faire croire aux populations et aux dirigeants politiques que si leur monde artificiel prend le bouillon alors tout le monde trinquera. La gravité de la crise financière elle réside surtout dans le fait que la plupart des gens y croient et sont donc prêt à accepter des mesures qu’on leur présente comme salutaire.

Ceci-dit il y a de véritables problèmes et catastrophes économiques en vue, suite à l’effondrement démographique des populations européennes, et aux remplacements des populations. Lorsque l’on passe de 3 actifs pour 4 à seulement 2 actifs pour 4 cela aura évidemment un impact sur l’économie. Mais ce n’est certainement pas pour ces raisons que des gens comme Sarkozy poussent au surtravail : travailler plus pour gagner plus et il faudrait rajouter pour pouvoir rembourser indument, prioritairement et exclusivement tous les financiers qui détiennent des créances sur la France et qui attendent beaucoup de l’homme qu’ils ont mis en place. On disait de l’archevêque de Canterbury Saint Thomas Becket martyr qu’il était un « faiseur de roi », et l’on a beaucoup reproché à l’Eglise de s’être immiscée dans la politique, mais aujourd’hui ce sont les banques, les instituts financiers qui font et défont les présidents.

D’où certainement la désillusion de certains qui s’imaginaient que leur surtravail se traduirait par un pouvoir d’achat supplémentaire ou une amélioration de leur pension.

In cruce salus. In cruce vita. In cruce protectio ab hostibus. In cruce robur mentis. In cruce gaudium spiritus. In cruce virtus summa. In cruce perfectio sanctitatis. Non est salus animae, nec spes æternæ vitæ, nisi in cruce. Tolle ergo crucem et sequere Jesum, et ibis in vitam æternam.


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Re: Système financier...

Message non lu par Renaud » mar. 20 mai 2008, 12:16

AVE MARIA

Voici quelques réponses, toujours trop rapides à mon goût.

Miles-Christi a écrit:
"""(...)En fait la seule réponse apportée par l’économiste libéral est celle-ci : « Un pays peut vivre longtemps à crédit, même très longtemps, mais pas éternellement ». Réponse sibylline qui nous laisse sur notre faim. D’un côté nous voyons que l’individu surendetté finit tôt ou tard par se faire jeter à la rue comme un malpropre, de l’autre nous constatons que des Etats peuvent se permettre de mener grand train tout en continuant à accumuler les ardoises. Certains prévoient même que la France sera en cessation de paiement dans les années 2010, mais finalement est-ce si grave que cela ? Est-ce que l’on ne peut pas passer outre et continuer comme avant?"""

—> Réponse: Théoriquement oui parce que le plus important, ce n'est pas le "dogme" financier selon les critères libéraux (ou autres) encore actuels, mais bien la capacité de produire, physiquement, concrètement d'un espace économique donné. Cette capacité à produire, toujours augmentée, et perfectionnée dans le temps, en particuler par l'héritage de génération en génération des inventions et mises au point techniques. C'est cela l'essentiel. Un essentiel qui permet l'émission et la gestion d'une monnaie saine, car ayant sa correspondance EXACTE avec la production concrète. Malheureusement, c'est la banque qui dirige les opérations d'échange par la monnaie, et elle le fait pour ses seuls bénéfices ou presque, et non pas pour les vrais producteurs... Ceci est dit en résumé, mais dit - exactement -. En effet, la monnaie émise doit être le reflet exact de la production des biens, comme dans un MIROIR. La monnaie devant être SEULEMENT le reflet de la production ni plus ni moins. S'il y a plus ou moins d'objets fabriqués visibles dans le "miroir-monnaie", quelque chose est manifestement faux dans ce système.


Miles-Christi a écrit:
"""Par exemple il y a déjà eu des cas d’annulation de dette (pour les pays du Tiers Monde) et l’on ne peut pas dire que les conséquences furent apocalyptiques. Lorsqu’une bulle financière éclate cela signifie t-il l’effondrement de toute une économie ou simplement la baisse des revenus spéculatifs de quelques agioteurs et financiers de haut-vol ? L’actualité récente nous a montré que les banques pouvaient se permettre d’enregistrer des pertes record, pertes qui seraient mortelles pour n’importe quel autre agent économique, qui plus est les Etats volent à leur secours comme si elles constituaient la clef de voûte de tout le système. Pour démêler tout cet imbroglio et comprendre comment le système financier vient se greffer sur le système économique il faut en revenir aux notions de base : la monnaie, la banque, la dette et le prêt à intérêt. Aujourd’hui le prêt à intérêt est, suivant la formule consacrée, « passé dans les mœurs », comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs, mais cela signifie t-il qu’il ne pose plus problème ? Certainement pas, il a posé, il pose et il posera toujours problème, sa légitimité, à supposer qu’il en ait une, sera toujours remise en question, du moins tant qu’il y aura des hommes sains d’esprit""".

—> Réponse: Le crédit par anticipation, c'est l'écrasante majorité des cas aujourd'hui s'appliquant à la production des biens. Mais un fait confirme magistralement tout cela, c'est qu'il y a infiniments plus d'entreprises industrielles, commerciales, de services, etc, qui font faillite que de banques. Les faits, ici, parlent d'aux-mêmes. Les faillite de banques sont très spécifiques et beaucoup plus rares...


Miles-Christi a écrit:
"""« Ce pouvoir (économique discrétionnaire) est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer ». Pie XI, encyclique Quadragesimo Anno"""

—> Réponse: Pie XI avait très bien perçu les débuts de la mondialisation. Les toutes premières multinationales sont apparues aux États-Unis (à partir de Nex-York, 120 Brodway) entre 1890 et 1910, puis ensuite à partir de divers pays européens, entre autres, l'Allemagne et les Pays-Bas, les multinationales ne sont pas étrangères au déclenchement des guerres et des révolutions tout au long du 20ème siècle.


Miles-Christi a écrit:
"""On peut même dire que Marx ne s’est pas véritablement engagé dans une critique de la finance, ou alors elle est totalement absorbée par sa critique de l’économie capitaliste. Pourtant, en droit, on peut fort bien faire une description réelle (c'est-à-dire en termes de choses et de valeurs non médiatisées par la monnaie) de l’économie capitaliste, et dans un deuxième temps étudier une économie capitaliste monétarisée.
Première considération, on constate que le banquier est un acteur distingué au sein de l’économie capitaliste monétarisée : il est incontournable, aussi bien pour les capitalistes que pour les salariés, car il détient le pouvoir de création (crédit) et de destruction (recouvrement) d’une marchandise bien spéciale, dont tout le monde a besoin pour produire, échanger, consommer et profiter: l’argent. Cette place exceptionnelle du banquier dans l’économie est apparue comme scandaleuse aux yeux de certains économistes libéraux, qui ont proposé comme alternative le « Free Banking ».
Deuxième considération : sa marchandise n’est pas une substance, mais un signe, par un simple jeu d’écriture comptable le banquier crédite ou supprime. De plus sa marchandise, tel un boom-rang, finit par lui revenir et il peut de nouveau l’offrir. En effet il s’agit là d’un mécanisme bancaire que beaucoup de gens ignorent et qui s’appelle le multiplicateur de crédit. Exemple : Paul a besoin d’emprunter 100 000 euros pour acheter l’appartement de Pierre. Paul va donc trouver le banquier, celui-ci sort 100 000 euros du coffre, Paul donne ensuite ces 100 000 euros à Pierre, et que fait Pierre ? Pierre à son tour va voir le banquier, mais pour effectuer cette fois-ci un dépôt, donc le banquier remet dans son coffre les 100 000 euros qu’il avait prêté quelque temps auparavant, et il peut de nouveau les prêter à intérêt et ainsi de suite… le mécanisme de multiplication du crédit est certes limité par les réserves légales obligatoires et par les politiques d’encadrement du crédit, mais néanmoins il est des plus singuliers et offre un avantage certain sur toutes les autres marchandises, qui une fois vendues à un acheteur retournent rarement au vendeur pour pouvoir être de nouveau vendues à un autre acheteur, même en partie."""

—> Réponse: Il faut bien préciser que le "début" de l'argent, sa "naissance" proprement dite est une création ex-nihilo (création à partir du néant) par le banquier. Certes, il est tout à fait certain que les règles prudentielles obligent les banques à ne pas dépasser dans leurs réponses aux demandes de crédit une certaine proportion de leurs fonds propres (proportion de l'ordre de 60%, mais il faudrait vérifier dans le détail). Ceci dit en passant, actuellement, les banques ont des sueurs froides pour discriminer leurs pertes sur leurs actifs dues à la crise des "subprimes" partie des États-Unis en 2007, on en est à un total de pertes bancaires estimé à 1000 milliards de dollars et ce n'est peut-être pas fini. Donc l'argent vient au monde à partir du néant sur des garanties matérielles très concrètes signées par le demandeur d'emprunt. Le principal problème que nous ne voyons que très difficilement, et pour cause, c'est que la société dans son ensemble est la seule productrice de tous les biens et les services, sauf UN seul bien: l'argent, la monnaie. La société productrice des biens indispensables à la vie ici bas ne fait pas la monnaie! Ce qui fait que dans TOUS les échanges, il y a TOUJOURS un troisième "personnage" entre les deux parties qui échangent. Un personnage invisible mais Oh combien concret et omniprésent. C'est le banquier. S'il est bien vrai qu'il existe aussi un marché monétaire, de l'argent DÉJÀ existant en circulation, mais épargné, qui peut très bien alimenter des crédits, ce n'est pas ce type de crédit qui fait problème, ce sont les banques commerciales créatrices de monnaie à partir du néant lorsqu'elles octroient des crédits à leurs clients. Toutes les fois que le crédit sort du néant, il est la "propriété"(?) d'actionnaires, ces derniers vont ponctionner toutes les transactions par les intérêts à leur verser et ainsi alourdir les prix que nous payons au quotidien d'une très forte proportion. Certes le billet de 20 euros qui m'a permi d'acheter quelque chose à 20 euros ne comporte pas par lui-même quelque chose de plus que je devrais payer en DEHORS du prix, mais les intérêts que je paie sans même m'en apeçevoir avec mon billet de 20 euros son compris À L'INTÉRIEUR du prix de 20 euros que je viens de payer, prix qui comporte déjà, de toute façon (sauf quelques articles) une TVA de 20%. Un échange de troc est sans solde après sa réalisation, un échange avec de la monnaie est toujours faussé et très alourdi par celui ou ceux qui détiennent le monopole de l'émission de la monnaie et son CONTRÔLE, ce qui est un VOL manifeste quoiqu'invisible, mais un vrai boulet à traîner. Les chiffres ne mentent pas, ce sont les hommes qui les font mentir. Le major DOUGLAS en son temps et l'architecte très avancée en économie Magrit KENNEDY ont parfaitement enquêté et documenté cet état de fait: nous payons au quotidien des prix très alourdis de l'accumulation des intérêts (sans parler, bien sûr du fait que, lorsqu'on achète une maison, on la paie, au bout du compte deux fois sinon plus!! Ceci est absolument anormale et injustifiable).


Miles-Christi a écrit:
"""En guise de modèle, commençons par le cas le plus simple de deux producteurs-échangeurs :
Pierre produit le produit A, Paul produit le produit B, Pierre et Paul échangent A et B dans des proportions correspondant à leur juste valeur.
Supposons que pour x raison (paresse, accident, intempéries, soucis familiaux etc…) Pierre n’ait pas pu produire à une période donnée le produit A, mais que Paul lui ait réussi à produire le produit B. En principe il n’y pas d’échange possible puisque Pierre n’a rien à échanger. Seulement, Pierre a un besoin vital du produit B et Paul ne fait strictement rien du surplus de produit B qu’il a produit pour échanger avec Pierre. Il pourrait y avoir à ce moment-là une dislocation de la société si Paul décidait de s’en tenir à une interprétation stricte de la justice commutative : Paul dans son bon droit pourrait refuser d’échanger contre rien sa production, en ce cas Pierre mourrait, le système d’échange et la société avec lui. Il pourrait aussi, dans un élan de charité, passer outre le principe de justice commutative et faire don à Pierre de sa production, sans rien exiger en retour.
Mais l’hypothèse la plus réaliste, celle qui tient compte à la fois du bien personnel et du bien commun est la suivante : Paul va accepter de céder sa production à Pierre, mais contre une reconnaissance de dette. Paul devient créancier et Pierre débiteur.
Question ; « Est-ce que la dette est grevée d’un taux d’intérêt ». Naturellement non, et cela se comprend aisément. Car du fait de la simple nécessité de rembourser le capital emprunté, Pierre va d’ores et déjà devoir travailler plus. Par exemple si Paul a fixé le remboursement de la dette à la prochaine période d’échange, cela signifie que Pierre va devoir travailler deux fois plus : dans ce laps de temps entre deux échanges, Pierre va devoir d’une part produire pour payer sa dette et d’autre part produire pour pouvoir échanger de nouveau. La dette est déjà en soi un fardeau assez lourd à porter pour ne pas en plus lui rajouter le paiement d’un intérêt. D’ailleurs le paiement d’un tel intérêt n’est pas compatible avec la justice commutative. Simplement au prochain rendez-vous Pierre devra apporter la production en retard pour honorer la dette qu’il a envers Paul + la production courante du produit A pour pouvoir échanger de nouveau avec Paul et obtenir le produit B.
On voit donc que naturellement, la dette peut elle aussi avoir des retombées en matière de gains de productivité et d’innovation, et que contrairement à ce que veulent faire croire certains économistes l’intérêt n’est pas le seul moteur de la productivité et de la croissance. Même la simple recherche du bien commun peut d’ailleurs être un facteur de croissance.
Maintenant introduisons un troisième personnage « le banquier » et passons à un modèle d’économie monétaire. Dans ce cas le passage chez le banquier est le passage obligé pour effectuer toute transaction et Pierre et Paul ne vont plus pouvoir s’arranger ensemble. Donc voilà ce qui va se passer:
1) Pierre va demander un prêt au banquier, c'est-à-dire une somme d’argent correspondant à la valeur du produit A qu’il n’a pas pu produire, et qui va lui permettre d’acheter à Paul le produit B. Le banquier va accepter mais contre le paiement d’un intérêt. Donc cela veut dire que Pierre ne va pas comme dans la situation précédente travailler deux fois plus, il va lui falloir travailler encore plus que cela, pour non seulement payer sa dette et produire en vue du prochain échange, mais aussi payer l’intérêt.
2) Une fois le paiement de la marchandise B effectué par Pierre, Paul dépose chez le banquier l’argent reçu sur un compte rémunéré.
3) Et là nous en arrivons à la période d’échange suivante, et peuvent se produire plusieurs cas de figure :
- Soit Pierre a réussi le tour de force de produire le produit A en une quantité > 2, de quoi payer la dette, de quoi échanger et de quoi payer l’intérêt. Mais qu’est-ce qui nous dit que Paul va accepter d’acheter la surproduction de Pierre correspondant à l’intérêt, en a-t-il seulement les moyens? A priori Paul a seulement de quoi acheter la production de retard plus une quantité correspondant aux intérêts générés par son compte rémunéré (dont le taux d’intérêt est généralement très inférieur à un taux de prêt). Si Paul ne veut pas payer la surproduction, alors Pierre, malgré son travail de Titan ne pourra pas rembourser l’intérêt et restera encore débiteur du banquier, le banquier peut alors consentir à un nouveau prêt, mais alors les intérêts à rembourser vont s’accumuler jusqu’à déboucher éventuellement sur une saisie au profit du banquier et la ruine de Pierre. Ou alors Paul est d’accord pour acheter la surproduction de Pierre, donc pour surconsommer et c’est Paul qui décide de recourir à un prêt.
- Soit Pierre n’a pas réussi à surproduire, il ne peut donc absolument pas rembourser l’intérêt et il s’enchaîne avec un nouveau prêt.

Cet exemple montre comment le banquier tient à la gorge les différents agents économiques et comment au fur et à mesure du développement économique il resserre son étreinte. Il est indéniable que le banquier pousse au surtravail, à la surproduction et/ou à la surconsommation, c’est le mécanisme même du prêt à intérêt et du différentiel entre le taux d’emprunt et le taux de rémunération qui le veut, de là la glorification du banquier par certains, le père fouettard de la croissance en quelque sorte.
Mais cela permet de comprendre aussi le décalage entre la finance et l’économie : l’économie peut être saine, c'est-à-dire que chaque agent produit, échange, rembourse les dettes qu’il a envers les autres, mais le monde financier en émois parce qu’il ne parvient pas à recouvrer ses intérêts exorbitants. L’escroquerie politico-médiatique des financiers consiste à faire croire aux populations et aux dirigeants politiques que si leur monde artificiel prend le bouillon alors tout le monde trinquera. La gravité de la crise financière elle réside surtout dans le fait que la plupart des gens y croient et sont donc prêt à accepter des mesures qu’on leur présente comme salutaire.
Ceci-dit il y a de véritables problèmes et catastrophes économiques en vue, suite à l’effondrement démographique des populations européennes, et aux remplacements des populations. Lorsque l’on passe de 3 actifs pour 4 à seulement 2 actifs pour 4 cela aura évidemment un impact sur l’économie. Mais ce n’est certainement pas pour ces raisons que des gens comme Sarkozy poussent au surtravail : travailler plus pour gagner plus et il faudrait rajouter pour pouvoir rembourser indument, prioritairement et exclusivement tous les financiers qui détiennent des créances sur la France et qui attendent beaucoup de l’homme qu’ils ont mis en place. On disait de l’archevêque de Canterbury Saint Thomas Becket martyr qu’il était un « faiseur de roi », et l’on a beaucoup reproché à l’Eglise de s’être immiscée dans la politique, mais aujourd’hui ce sont les banques, les instituts financiers qui font et défont les présidents.
D’où certainement la désillusion de certains qui s’imaginaient que leur surtravail se traduirait par un pouvoir d’achat supplémentaire ou une amélioration de leur pension."""

—> Réponse: Je suis tout à fait d'accord pour l'essentiel avec vos exemples et vos explicaions qui pourraient d'ailleurs faire l'objet de développements divers, ce que je ne peux faire par manque de disponibilités. Il faut rappeler que l'automation a remplacé énormément de travaux d'exécutions manuelles, et ce processus est toujours en cours. Or, on s'aperçoit que la production automatique n'a toujours pas son équivalence en revenus. Exemple: les salaires de 100 ouvriers remplacés par des machines ne sont plus là pour acheter la production de ces mêmes 100 ouvriers. Souvent, ce sont les producteurs de la génération précédente qui ont participé à l'automatisation de la génération industrielle suivante, pour tout remerciement, ils se retrouvent éjectés du circuit économique, chômage et revenus fantoches sont leur lot trop connus... L'automation doit être accompagné d'un revenu en conséquence, c'est l'un des objectifs du CRÉDIT-SOCIAL. Dans notre droit l'on peut résumer la situation ainsi: JE POSSÈDE, DONC J'AI LE DROIT. Et cela à l'infini!! "Imparable"!! Va-t-on finir par se réveiller?? Ou jamais?! Pourtant, la doctrine sociale de l'Église nous dit en substance: JE POSSÈEDE, DONC JE SUIS RESPONSABLE. Or notre système est un système de DÉFAUSSE généralisée, intérêts bancaires et système fiscal en tête!... Mais de nos jours, le monde physique, éreinté par ce système aveugle et prédateur siffle la fin dobligatoire de cette époque (de toutes façons l'environnement et l'écosystème auront le dernier mot ici bas). Dit très rapidement: aujourd'hui ce n'est pas en termes d'emploi qu'il faut raisonner, mais en terme de revenus. C'est d'autant plus vrai que lorsqu'on recherche un emploi, c'est bien pour avoir un revenu. C'est donc le revenu le plus important et non plus des emplois bidons, fictifs, de toute façon mal payés, voire sans utilité, ou alimentant une économie de gaspillage qui a hélas démontré tous ses mauvais effets sur les hommes et les choses.

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Re: Système financier...

Message non lu par Wistiti » jeu. 22 mai 2008, 6:59

Et les profits des compagnies dans ça?

Il y a aussi surtravail, le profit demandé n’est pas créé en argent.

Il y a dépôts dans banques. Compagnies possèdent actions dans banques.

Donc travailleurs et autres incapables de tout payer production.

Gaspillage en tout genre survient. Produits, main d’œuvre, orientation de la production en désaccord avec les besoins, sous le couvert de produire moins cher ensuite.

Doivent alors emprunter sur de la production futur afin d’acheter production passé.

Sans oublier les pauvres qui doivent vivrent au crochet des travailleurs avec progrès.

Une belle spirale inflationiste.

Il est amusant de constater que ça chiale à l’inflation et donc piger dans nos poches, avec hausses de taxes ou d’intérêts, alors que le total du montant ne disparaît pas pour retourner à sa source, dans le néant.

À environ 0% d’intérêt au Japon, il y a peu d’inflation et ça exporte un peu plus qu’importe.

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan ... FS.ZS.html
Mais si vous ne voulez pas de modifications au présent système capitaliste; si vous ne voulez considérer comme capitalistes que ceux qui financent la production avec de l'argent créé par eux ou pour eux, mi aussi bien avec de l'argent volé ou arraché du public par des prix forts ; si vous voulez considérer le système financier actuel comme divin et intouchable et n'imputer l'inflation qu'à la population qui en souffre, alors, battez-vous contre l'inflation tant que vous voudrez, vous ne l'enterrerez pas ; c'est plutôt elle qui vous enterrera, et peut-être dans un effondrement, peut-être dans un communisme dictatorial salué bêtement comme une économie de rechange à un capitalisme vicié.
Louis Even

Ouff, en plus que même pas besoin de virer fou pour changer la convention.
L'occident montre une haine envers lui-même, qui paraît étrange et peut être considérée uniquement comme un phénomène pathologique. L'occident ne s'aime plus, dans son histoire il voit uniquement ce qui est blâmable et destructif, il n'est plus capable de reconnaître ce qui est grand et pur.
(Benoit XVI)

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Système monétaire de changes fixes : l'eurostable

Message non lu par Christophe » lun. 26 mai 2008, 22:48

Je me permets de citer l'intervention de notre concitoyen Jampier Dutrieux au cours du 5ème colloque subsidiariste (dont j'ai déjà parlé, et dont les actes sont publiés chez Via Romana sous le titre "La mondialisation est-elle une fatalité ?") :
2.2 - Définir un étalon monétaire stable et fixe : l'eurostable

Nous avons actuellement, et depuis 1976, un système international de changes flottants. Les monnaies flottent les unes par rapport aux autres. Le dollar valais, ainsi 1,21 € le 25 octobre 2000 et 0,76 € le 1er octobre 2005. On ne peut commercer sainement dans ces conditions.

Le dollar est la devise principale utilisée pour les transactions internationales parce qu'il était garanti par un certain poids d'or, à raison de 35 dollars l'once, depuis 1933. Parité qui fut ensuite impossible à tenir longtemps parce que, d'une part, les États-Unis perdirent peu à peu leur or avec leurs déficits commerciaux cumulés, et d'autre part, parce que les exigences de leur économie imposaient de multiplier le nombre de dollars. Nixon reconnu cela en 1971.

Depuis, les monnaies flottent les unes par rapport aux autres. Aussi la spéculation sur les devises va-t-elle bon train et les échanges ne peuvent être équitables. Comment pourraient-ils l'être quand le prix des produits est exprimé dans une devise dont le cours peut varier du simple au double en quelques années ?

Alors il faut revenir à un système de changes fixes. Mais lequel ?

- Celui de l'étalon or ? Il a vécu. Ce système fait dépendre le volume de monnaie en circulation des réserves en or que le pays possède. Moins d'or, moins de monnaie. Moins de monnaie, moins de production. Moins de production, moins de revenus. Pour obtenir de l'or, il faut exporter. A ce jeu là, l'Inde et la Chine seraient les garants de l'orthodoxie monétaire dans 20 ans. "Jamais, disait d'ailleurs Keynes, on n'a trouvé mieux que l'étalon or pour dresser les nations les unes contre les autres".
De surcroît, on voit mal aujourd'hui, à l'heure des échanges de services internationaux instantanés par le net, un système dans lequel on réglerait les factures internationales en or par train, bateau ou avion. Il faut donc un système dématérialisé.

- Autre système, celui de Bretton Woods ? C'est-à-dire un système qui prendrait une monnaie nationale, dollar ou euro, comme étalon. Ce système ne peut également fonctionner. En effet, la valeur de cette monnaie prise comme étalon ne peut pas être stable, ni dans le temps ni dans l'espace. Pourquoi ? Parce qu'elle va dépendre de régulations internes (en effet, une inflation, même faible, à 2%, excède quand même 20% en 10ans) et de contraintes externes (si le pays importe trop, sa monnaie part à l'extérieur. On lui en demande moins. Avec la loi de l'offre et de la demande, sa valeur baisse sur le marché des changes.) Un étalon monétaire fondé sur une monnaie nationale nominale n'est pas viable : sa valeur dérive dans le temps et l'espace. Il en sera de même d'un étalon construit autour d'un panier comme le furent les DTS (Droits de tirage spéciaux), et les ECUs (European Currency Unity).

Il faut donc initier un nouveau système monétaire international autour d'un étalon stable qui ne puisse dériver. Une ancre monétaire.

Ce nouvel étalon pourrait être l'eurostable. Que serait l'eurostable, ou encore euro constant ?

Il s'agirait de la forme constante de l'euro nominal "dont la valeur pourrait être par exemple, celle de son jour d'origine choisi comme point de départ des indices des prix". Il serait donc égal aujourd'hui à l'euro nominal multiplié par l'indice des prix du jour.
  • Par exemple, prenons 100 pour base de l'indice des prix au 1er janvier 1999, date de la création de l'euro. Si nous avons aujourd'hui un indice des prix de 114,2 la valeur de l'eurostable sera de 1,142 euro nominal. L'euro nominal vaudra 0,875 eurostable (100/114,2).

    Si aujourd'hui, un dollar vaut 0,75 euro nominal, sa valeur en eurostable sera égale à sa valeur de conversion en euro nominal multipliée par la valeur de conversion de l'euro nominal en eurostable, soit dans mon exemple : 0,75 x 0,875 = 0,65625 eurostable.
D'un point de vue pratique, l'eurostable, comme l'or jadis, ne sera pas une monnaie qui circulera entre particuliers à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Union. Il ne circulera qu'entre Banques centrales. Il ne sera donc pas nécessaire d'émettre des billets ou des pièces en eurostables. Il pourrait s'agir d'un simple certificat émis par la Banque centrale européenne en contrepartie d'euros nominaux ou de devises. Ce serait une simple monnaie de réserve et d'étalon international.

Le nouveau système monétaire international pourrait d'ailleurs s'organiser autour de 2 ou 3 monnaies constantes, de référence internationale, avec par exemple le dollarstable, l'eurostable et le yenstable, notamment en raison des disparités économiques, mais également sociales et culturelles, entre les régions continentales.

Alors, quelles seront les conséquences de la mise en place de l'eurostable ?

1. D'abord l'équité dans les échanges internationaux, puisque les monnaies ne flotteront plus entre elles, ce qui engendre actuellement des rentes et des contre rentes de situation monétaire lors de chaque échange commercial.

2. Ensuite, en revenant à un véritable système de changes fixes, la spéculation qui se porte sur les devises n'existera plus, puisque les devises seront fixes par rapport à l'eurostable. Comme l'instabilité des devises flottantes a contribué à gérérer l'explosion des flux financiers spéculatifs internationaux, ils disparaîtront en grande partie puisqu'ils n'auront plus de raison d'être. Inutile donc d'imposer une taxe Tobin.

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Re: Système financier...

Message non lu par Invité » lun. 08 sept. 2008, 16:24

Hors d'Europe et pas en vacance, juste cette petite communication:

À ce jour et à cette heure, les banques américaines se trouvent nationalisées à 79,9% (on peut arrondir à 80%). Ainsi la crise financière prouve l'existence de cette combinatoire États—Banques, ou Banques—États (c'est pareil) que je ne cesse de dénoncer depuis longtemps. Cette fois les faits parlent ici encore plus d'eux-mêmes. Dit rapidement, voici une démonstration de plus (et quelle démonstration!!) que l' "État" est entre les mains de la pensée libérale pur jus, autrement dit il sert à sauver ce système de "chrématistique" (l'argent fait lui-même de l'argent) tandis que les vrais producteurs sont une fois de plus dépouillés et par les banques, et par le fisc.

Je crois que ces mesures prises par le gouvernememt américain ressemble aux passagers de 1ère classe quittant le Titanic dans la bousculade d'accès aux chaloupes, dès qu'ils se sont vraiment aperçus que le navire prenait de la gîte... Jusqu'alors, on jouait encore au casino du bord et on entendait encore les flon-flons de l'orchestre du grand salon...

Mais de toutes façons on ne pourra JAMAIS longtemps faire du vrai avec du faux (on dirait que c'est l'unique activité de nos banquiers et de nos politiciens).

Ainsi, en est-il de la "faiblesse" du Tout-Puissant qui ne peut qu'aimer, car Il nous laisse toujours un temps de réponse, même dépassant les délais du raisonnable...

Le monde financier, qui est à l'origine principale de la mondialisation, tire les ficelles du monde d'ici bas. Tant que nous nous ne sortirons pas de son contrôle et de ses embuscades, il est inutile de perdre son temps avec la politique.

Voici, ci-dessous, une idée de la forme actuelle que prend la combinatoire Banques-États, ou César-Mammon.

Citation:
Le Trésor US annonce la mise sous tutelle de Freddie Mac/Fannie Mae
WASHINGTON - Le Trésor américain a annoncé dimanche une mise sous tutelle gouvernementale des organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, le temps qu'ils restructurent leurs finances mises à mal par la crise du crédit et de l'immobilier.
Ce plan "est le meilleur moyen de protéger nos marchés et les contribuables du risque systémique posé par la situation financière actuelle", a déclaré le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson au cours d'une conférence de presse.
Le Trésor américain a également indiqué que les deux directions des piliers du refinancement immobilier avaient été évincées et qu'il allait acquérir en bourse des titres des deux entreprises cotées mais sans préciser le montant.
"Sur la base de ce que nous avons appris sur ces institutions au cours des quatre dernières semaines, y compris ce que nous avons appris sur leurs besoins en capital et vu les conditions actuelles du marché, j'ai conclu qu'il ne serait pas du meilleur intérêt du contribuable de faire un simple investissement en capital dans ces entreprises sous leur forme actuelle", a ajouté M. Paulson.
En jouant de leur capacité à se refinancer à bon compte, Fannie Mae et Freddie Mac achètent aux banques les prêts immobiliers qu'elles ont consentis aux particuliers et les revendent ensuite à des investisseurs institutionnels. Les banques dégagent ainsi des liquidités qui leurs permettent d'effectuer de nouveaux prêts, contribuant ainsi au dynamisme du marché immobilier.
Fannie Mae et Freddie Mac détiennent ou garantissent plus de 40% des prêts immobiliers accordés aux Etats-Unis.
Les deux groupes assurent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain et ont permis de faciliter l'accès à la propriété de la classe moyenne américaine.
De leurs vrais noms Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), les deux établissements sont des sociétés privées, qui ne sont pas liées formellement à l'Etat américain mais disposent d'une ligne de crédit garantie par ce dernier.
Cette facilité leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux bien plus faibles qu'une banque.
(©AFP / 07 septembre 2008 17h48)

Citation:
ALERTE - Le Trésor US prêt à mettre 200 mds USD dans Freddie Mac/Fannie Mae
WASHINGTON - Le Trésor américain a annoncé dimanche qu'il était prêt à investir 100 milliards de dollars dans chacun des organismes piliers du refinancement hypothécaire, Freddie Mac et Fannie Mae, qu'il vient de mettre sous tutelle.
(©AFP / 07 septembre 2008 18h05)

Et que la "fête" continue...

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Re: Système financier...

Message non lu par Renaud » lun. 08 sept. 2008, 17:43

AVE MARIA 8 septembre

En complément, pendant que j'y suis, voici un EXCELLENT document pour ceux et celles qui ne le connaitraient pas (à moins qu'il ait été déjà mis sur le forum quelque part) heureusement sous titré en français, voir:

illusions-de-mouvements.over-blog.com/article-21521533.html
Dernière modification par Christophe le lun. 08 sept. 2008, 19:39, modifié 1 fois.
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Re: Système financier...

Message non lu par Renaud » jeu. 18 sept. 2008, 10:40

AVE MARIA
Pour info, l'invité, ci-dessus, c'est moi.

Allons, vaille que vaille, la connaissance élémentaire du système financier et ses remèdes possibles, car sains, font peu à peu tache d'huile. D'ailleurs, les "circonstances" s'y prêtent, pas besoin de faire un dessin, l'actualité parle d'elle-même. On a voulu, une fois de plus, faire du vrai avec du faux. Impossible! Même pour les plus grands "génies" au service de ce qui est faux.

Très encourageant! Voici un très bon site, pédagogique, tout récent encore en finition (lieu: Alsace)

Voir: http://www.bankster.tv/

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Re: Système financier...

Message non lu par Renaud » ven. 03 oct. 2008, 10:43

AVE MARIA

Pour ceux que cela intéresse (finances, banques,monnaie), voici le lien du blog de Paul Jorion:

http://www.pauljorion.com/blog/

Paul Jorion, d'origine belge francophone, est un sociologue et une anthropologue éclectique, doublé d'un ingénieur financier consulté par nombre de directeurs, responsables des instances économiques et sociales, etc. Plusieurs de ses prévisions se sont réalisées (voir sa bibliographie, dernier en date: L'implosion, éd. Fayard 2007, un autre ouvrage est sur le point de sortir) ce qui a fortement augmenté son audience depuis plus ou moins un an. Basé en Californie où il travailla 10 ans (1997 à 2007) au "cœur" du sytème financier mondial au service de grandes banques d'investissement américaines. Il perdit (comme tant d'autres!) son emploi fin 2007, perte due à la "crise des subprime" est-il besoin de le préciser. Le gros avantage de Paul Jorion (dont je ne partage pas toutes les options économiques) est sa connaissance intime des rouages du système fnancier qui vient de "crever" comme une baudruche qu'il était, ainsi que sa parfaite honnêteté exprimée par un bon écrivain agréable à lire. Dans ce blog, il y a un titre:

Tout notre débat sur la monnaie (qui comporte quelques 300 échanges!)

qui comporte maints réflexions d'intervenants impliqués dans ce sujet monétaire qui détermine ici bas tant de monde. Votre serviteur y est intervnu parfois aussi (facile à reconnaître sous le pseudo). Il y a donc là une "somme" très intéressante (toujours en cours, mais dispercée à présent dans différents autres sujets adjacents du blog) pour qui voudrait se faire une idée davantage structurée et claire sur l' "essence de l'argent".

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Re: Système financier...

Message non lu par Renaud » sam. 13 juin 2009, 11:16

Voici le site de Janpier Dutrieux, site fécond à visiter souvent et s'en inspirer:

http://prosperite-et-partage.org/

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