Message non lu
par papillon » lun. 04 avr. 2011, 19:49
Mathieu, vous avez une notion bien négative du travail !
Compte tenu de la dernière phrase de votre message, je me demande s'il faut prendre l'ensemble de celui-ci au second degré. Mais comme vous parlez aussi de vos parents, j'en doute.
Le travail pour la consommation et la surconsommation est une folie, bien sûr, qui n'ennoblit pas l'homme, mais ce travail-là n'est pas imposé. Il relève de notre responsabilité personnelle. On est majeur et vacciné, non? On peut travailler compulsivement à s'en rendre malade pour se payer un château et une grosse bagnole, on peut aussi travailler intelligemment et raisonnablement pour se payer une maison raisonnable et la voiture qui va avec. La liberté et l'exercice du bon sens, vous connaissez?
Mais il y a d'autres considérations en jeu: les innombrables services que nous fournit une société bien organisée et qu'on prend volontiers pour acquis et qu'on considère "normaux" sans se poser la question à savoir d'où ils viennent. Si on compare la vie qu'avaient nos parents et grands-parents à la nôtre, je ne suis pas sûre que la comparaison nous désavantage.
Je vous donne un exemple:
23 avril 1998: mon conjoint subit un grave accident. Voici la séquence des événements qui on suivi :
-il a eu droit immédiatement aux soins des meilleurs neurochirurgiens et autres spécialistes compétents.
-s'en est suivi une longue hospitalisation avec tous les services spécialisés que requérait son cas.
-ensuite le programme de réadaptation, long et ardu, d'abord en institut puis à la maison, avec toute une équipe d'intervenants spécialisés: orthophonistes, neuropsychologues, ergothérapeutes, travailleuse sociale, éducateur spécialisé en traumas crâniens etc
sur le plan financier. il a reçu de la SAAQ (société d'ass. automobile du Québec):
-une importante indemnisation pour perte de jouissance de la vie, souffrances, perte de facultés etc
-une indemnité de remplacement de revenus jusqu'à 68ans parce qu'il ne peut plus travailler
-une allocation supplémentaire à vie pour défrayer certains coûts que peuvent occasionner ses handicaps.
Avec toutes ces aides, mon conjoint a retrouvé une certaine autonomie, pas complète mais plus que satisfaisante, il a une belle qualité de vie malgré certaines séquelles qui ont persisté, et a évité la pauvreté.
Et moi je suis bien contente de l'avoir près de moi.
Si le même accident s'était produit en 1950:
-il serait probablement mort
-s'il avait survécu, c'aurait été avec des séquelles beaucoup plus importantes.
-il aurait été condamné à vivre en hospice, dans la pauvreté, et à se distraire en regardant par la fenêtre le mur de l'immeuble d'à côté.
Dites-moi, Mathieu, croyez-vous que tous ces services que nous recevons aujourd'hui (ce qui précède n'est qu'un exemple parmi tant d'autres) se paient avec l'air du temps?
Dernières considérations: le plaisir de travailler, d'exercer ses compétences, d'être utile à la société, à ses concitoyens, garder l'esprit éveillé et curieux, avoir des responsabilités et prendre des initiatives .
Développer de bonnes relations de travail avec ses confrères et ses employeurs, vivre la solidarité au boulot.
Vous savez, le club med, ça peut être agréable pendant deux semaines, pas toute l'année...
Pour que le travail soit valorisant et épanouissant, et profite à tous, il faut en chercher l'équilibre dans sa vie, tout simplement.
Comme je l'écrivais plus haut, il faut adapter le travail aux différentes étapes de la vie.
J'aurai bientôt 61ans, je travaille toujours mais j'ai réduit mes heures à 32/sem réparties sur 3 jours. Ça me convient parfaitement pour le moment. Plus tard je les réduirai encore, et ainsi je me vois très bien travailler à 65ans ou plus, à heures réduites, ce qui me permettra de rester en contact avec mes confrères, avec le "milieu" de la profession, tout en ayant tout le loisir et le temps de faire autre chose en dehors du travail et de profiter pleinement de mon temps libre.
Et je continuerai ainsi à participer à l'équilibre de la vie en société.
Mathieu, vous êtes tout jeune, avez-vous pensé que si tous ceux qui vous précèdent prennent une retraite hâtive et y survive pendant 30 ans en requérant de plus en plus de services, vous serez écrasé par le poids que cela représentera pour tous les jeunes travailleurs?