Organisation de la dette du peuple français

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Christophe
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Organisation de la dette du peuple français

Message non lu par Christophe » sam. 09 mai 2009, 9:41

Charles a écrit :Tout votre impôt sur le revenu part dans la poche de banques privées pour payer un intérêt que rien ne nous obligeait à payer ! Et rien, silence, on se laisse tondre ?
Mais cela fait longtemps que ce fonctionnement a été dénoncé ici-même, sur ce forum : voir toutes les discussions autour du Crédit Social... ;)
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Eriluc
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Re: La dette du peuple français

Message non lu par Eriluc » sam. 09 mai 2009, 10:23

Charles a écrit :Je propose le rétablissement de la peine de mort pour les responsables de ce racket.
Pour nous aider à vous suivre, quel est le niveau de sérieux que vous mettez dans cette phrase ?
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elisseievna
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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » sam. 09 mai 2009, 21:10

Le plus important serait de savoir à QUI la France a emprunté.

Les coupables ce sont tous les citoyens qui ne sont pas vigilants, inutile de rentrer dans la logique bouc-emissaire.
Roublev, peintre de genie, chretien ou pas.

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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » dim. 10 mai 2009, 6:35

Ce n'est pas que cela "reste" à savoir, c'est ce qui est le plus important aujourd'hui pour savoir comment diriger le pays : que devons nous à qui, qui nous prête et donc qui nous tient.

Décidement Charles quel que soit le sujet vous êtes excessif et vous déformez les choses pour aller à l'exces. Jamais je n'ai écrit que les politiciens n'auraient "aucune" responsabilité.
Ce que je dis c'est que nous sommes en démocratie et que nous, citoyen-nes, avons TOUS une responsabilité si nous ne controlons pas nos politiciens, donc c'est à nous tous d'abord de nous demander quelle est notre responsabilité là dedans.

Que font les français depuis des décennies : on accepte allocations et subventions, on entend parler de deficit, et l'essentiel de la réaction "des Français" est de demander toujours plus à l'Etat .. et pas de se demander comment "on" paye.
Et quand "ça craque", il y a des gens comme vous pour demander "des têtes" ...
Je trouve cela indigne.

En un mot la question est : quelles sont les conditions des prêts qui assurent aujourd'hui la "paix sociale" en France ? ...
Est ce que nous sommes dans le cadre de Eurabia ou d'une autre contrainte avec d'autres périls écologiques par exemple ?
Voilà ce que des citoyens vigilants devraient exiger de savoir.
Roublev, peintre de genie, chretien ou pas.

Virgile
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Re: La dette du peuple français

Message non lu par Virgile » dim. 10 mai 2009, 11:31

Bonjour,

ce qu'explique Elisseievna est très intéressant.
La dette publique française est gagée sur la richesse de la France. Le montant de la dette est énorme, certes, mais il ne faut pas oublier que les administrations françaises possèdent en réalité des actifs - bâtiments, matériels, etc. quelque peu supérieurs à son montant. En fait, le bilan de l'Etat français fait apparaître un actif net dont le montant augmente symétriquement à celui de la dette. Les bonnes années équilibrent les mauvaises. L'un dans l'autre, "ça tient" le coup...

Les "citoyens responsables" se doutent bien de ce que Charles a clairement exposé, à savoir que la dette publique française est la conséquence d'un choix effectué par le pouvoir dans les années 70 : essentiellement le renoncement au droit de l'Etat à battre monnaie, et la transmission au système bancaire – dérégulé, de la responsabilité de la création monétaire.

Le résultat est donc très clair et tout le monde peut le constater: nous payons effectivement chaque année les intérêts de la dette, des intérêts que nous n'aurions pas à régler si l’Etat, dans les années 70, avait conservé son droit de battre monnaie. Autrement dit le choix de l'Etat a rendu impossible tout financement par la création de monnaie, et nous devons donc emprunter sur les marchés.

La France empruntant essentiellement sur les marchés financiers, il est clair que la seule raison pour laquelle elle arrive encore à se faire prêter de l'argent c'est qu'il y a
1) des richesses en France et
2) des gens qui travaillent pour rembourser la dette.

Le jour où il n'y aura plus que des assistés et que les investisseurs seront partis... alors nos préteurs chinois, japonais ou arabes ne nous préteront tout simplement plus d'argent.

Qui détient la dette française. C'est facile de le savoir: en gros, plus de 60% de la dette francaise est détenue par des personnes qui ne résident pas en France...
Voir: http://www.aft.gouv.fr/article_960.html?id_article=960

Image

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La création de la dette publique est par ailleurs purement artificielle. Elle est le fait de technocrates sans âmes qui ont préféré faire courir les français derrière l'impossible remboursement d'intérêts cumulés qui vont toujours croissants. Une course qui conduira sans doute tôt ou tard au blocage complet de notre machine économique... alors que nous aurions pu effectivement financer tant de choses sans dette ni fiscalité!

Dérive de la démocratie.
Pour les politiques au pouvoir, le rôle de l'Etat est avant tout d'être "sécuritaire". L'objectif est de maintenir l'ordre dans le cadre d'une société exclusivement marchande. Par ailleurs, ces marchands se chargent - de moins en moins discrètement, de la marchandisation intégrale du monde sur fond de suppression des libertés.

Pour parler clairement, une sorte de fascisme à l'échelle d'un monde global et unifié. Fascisme n'est pas le bon mot, je le reconnais: il s'agit d'un phénomène d'une autre nature, bien plus terrifiante.

Il ne s'agit donc pas, effectivement, de demander des têtes, mais d'apprendre à lutter contre cette dérive. De devenir vraiment "responsable" et de lutter effectivement contre elle. Et donc, pour commencer, se poser la question de savoir pourquoi et comment elle a été rendue possible dans un pays comme la France... et aussi quelle part de responsabilité nous avons, chacun de nous, dans cette dérive.

Amicalement.
Virgile.

Il est vrai qu'à titre de défoulement, pour rire, on peut parfois avoir envie de poster des images de guillotines.

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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » dim. 10 mai 2009, 14:47

Merci Virgile pour ces précisions, mais .... qui sont ces prêteurs non résidents ? Sont ce des établissements "off shore" de "nos" propres banques et à leurs actionnaires, ce qui ne poserait pas de probleme, ou des particuliers (??) étrangers, ou des fonds souverains ...
Peut etre que je me pose des questions inutiles et que l'on sait très précisement à qui la France a emprunté, mais jusqu'à présent, pas de réponse.
Un carambar au gagnant !


Voilà ce que j'écrivais dans un article de mon blog :


Déficit des finances publiques : à qui la France a t elle emprunté ?

Après avoir laissé entrer des millions d'immigrés musulmans, et augmenté ainsi, bien que nombre d'entre eux travaillent ou aient travaillé courageusement, il n'est pas question de le nier, les charges d'infrastructures et d'aide sociales, et aujourd'hui les constructions de mosquées, donc le déficit des finances publiques, nos gouvernants se sentent pris au piège.
Dès qu'ils tentent de mettre en place des politiques qui pourraient sauver l'application de nos lois laiques, la sécurité de nos concitoyens, et nos finances publiques, ils savent qu'ils risquent des émeutes musulmanes, qui ont aujourd'hui lieu dans de nombreux pays européens.
Les finances de la France sont catastrophiques, en raison de politiques sociales qui entretiennent les immigrés inactifs et favorisent leur développement démographiques, quand une mairie alloue pour des sommes dérisoires des terrains pour un usage religieux et politiques, elle prive de cette usage des entreprises ou des particuliers ...
Or aujourd'hui, qui en France peut savoir à qui l'Etat a emprunté l'argent qu'il doit ? Personne. L'information sur cette question fondamentale n'est pas disponible.
Avons nous emprunté à des fonds souverains chinois ? A des fonds souverains musulmans qui bien évidemment, nous obligeraient à faire des concessions à la charia et à accepter l'entrée de plus en plus de musulmans en France ? Les citoyens français n'ont pas le droit de le savoir.
Alors quelle solution reste -t-il aux gouvernants ? L'illusion que l'on peut mélanger tout ce beau monde dans un vaste métissage pour désamorcer la bombe idéologique de l'islam en Europe.
D'où le discours démentiel de Sarkozy à l'école polytechnique le 17 décembre 2008 ..."
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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » dim. 10 mai 2009, 14:55

Avant de "se defouler" , il faut d'abord songer à assumer ses responsabilités et comprendre la réalité.

Ce que dit cette vidéo en résumé c'est que l'Etat paye en interet ce qu'il pouvait faire gratuitement avant par la planche à billet.

Cela me parait faux. La planche à billet, c'est l'inflation, c'est à dire la spolitation des épargnes, donc des petits épargnants surtout, des plus faibles. L'Allemagne a refusé cela vigoureusement, d'où le systeme européen.

J'attends avec impatience que l'on me démontre que la spoliation des petits épargnants serait plus juste que le financement d'un intérets par un impot sur le revenu justement réparti ...

La cause du probleme français est le déficit, auquel toutes les revendications irresponsables contribuent, voilà tout. D'autres Etats européens y ont mis fin.
Roublev, peintre de genie, chretien ou pas.

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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » dim. 10 mai 2009, 16:12

Exemple d'article datant de 2005 ...

http://www.contribuables.org/actualite/ ... -europeen/

... mais bien sur Charles, "on" vous avait tout caché

Autre article sur le sujet et sur l'inflation :

http://www.canalacademie.com/La-dette-publique.html
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Re: La dette du peuple français

Message non lu par Virgile » dim. 10 mai 2009, 16:33

Parmi les acheteurs qui détiennent actuellement la dette de l'État, plus de 60% sont des non-résidents. Il s'agit de personnes, françaises ou pas, qui sont domiciliées hors de France mais dont l'identité et la provenance géographique sont... très difficiles à connaître!

Difficiles à connaître... inutile de chercher, en fait.

Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il s'agit probablement d'investisseurs institutionnels, de banques, de compagnies d'assurances ou organismes de placement de type fonds de pension...

Le reste des acheteurs, les 40%, qui sont des "résidents", sont des assurances et des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (Sicav, FCP et autres), mais aussi des banques.

Il faudrait que je vérifie, mais il me semble que les ménages français ne détiennent en propre que seulement 1% de la dette de l'État... énorme, non, ce 1%?

Amicalement.
Virgile.

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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » dim. 10 mai 2009, 16:41

Charles a écrit :
elisseievna a écrit :Or aujourd'hui, qui en France peut savoir à qui l'Etat a emprunté l'argent qu'il doit ? Personne.
Et encore un mensonge : !
C'est vous qui mentez et me diffamer.

Evidemment que l'Etat sait à qui il a emprunté, mais vous faites semblant de faire un contresens sur mes propos pour me traiter de menteuse.
Roublev, peintre de genie, chretien ou pas.

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Re: La dette du peuple français

Message non lu par elisseievna » dim. 10 mai 2009, 17:22

Press Article: Les fonds souverains, nouvelles stars du monde financier?
Agefi

Published: 07/3/08

Luxembourg 28 fevrier 2008 - « The $2.5 trillion wave of cash heading our way » 1, « Rising power of the sovereign funds » 2 ou encore « Sovereign funds are starting to dominate global finance» 3 autant de titres évocateurs qui ont dominé la presse financière et économiques ces derniers mois. Plus récemment encore, on présentait les fonds souverains comme les sauveurs des victimes de la crise du subprime 4 et comme un ballon d’oxygène pour les établissements en mal de financements, tandis que la France, par la voix de son Président, se déclarait ouverte aux fonds souverains empreints de transparence 5.

Le tableau ci-dessous indique les principaux fonds souverains et leur année de création. On constate qu’une vingtaine de pays possèdent aujourd’hui un fonds souverain et que les 5 plus importants détiennent environ 70% des actifs. Bien qu’ils totalisent approximativement le double de la capacité actuelle des Hedge Funds 21 et que 3 mois de réserve suffisent à la Chine pour s’offrir n’importe quelle entreprise du CAC 40 22, il faut relativiser et considérer qu’à l’échelle globale, leurs quelques 3000 milliards ne représentent que 2,5% des actifs financiers mondiaux 23.


Pays Nom Date d’établissement Taille actuelle (milliards $)
United Arab Emirates Abu Dhabi Investment Authority 1976 500 to 875e
Singapore Government of Singapore Investment Corporation 1981 100 to 330er
Norway Government Pension Fund–Global 1990 308
Kuwait Future Generations Fund 1976 174
Russia Stabilization Fund of the Russian Federation 2004 122
Singapore Temasek Holdingsb 1974 108
China Central Huijin Investment Company 2003 66e
Qatar Qatar Investment Authority 2005 50e
Algeria Revenue Regulation Fund 2000 43
Australia Future Fundb 2006 42
United States Alaska Permanent Fundb 1976 40
Kuwait General Reserve Fund 1960 39
Brunei Brunei Investment Agency 1983 30e
Korea Korea Investment Corporation 2005 20r
Malaysia Khazanah Nasionalb 1993 18
Kazakhstan National Oil Fund 2000 18
Venezuela National Development Fundc 2005 15
Canada Alberta Heritage Savings Trust Fundb 1976 14
Iran Oil Stabilization Fund 2000 12e
New Zealand Superannuation Fundb 2001 10
Total 2,032
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Re: La dette du peuple français

Message non lu par Christian » mar. 12 mai 2009, 13:00

Bonjour à tous,
Christophe :
serait-il possible d'essayer d'avoir un débat constructif, fondé sur des faits objectifs plutôt que des insinuations, des spéculations idéologiques, des attaques personnelles ?
Je vais essayer :incertain:
elisseievna a écrit:
Or aujourd'hui, qui en France peut savoir à qui l'Etat a emprunté l'argent qu'il doit ? Personne.
Charles :
Et encore un mensonge : le découpage sectoriel des créanciers ne peut pas être fait sans la liste précise de ces créanciers. La source de ce découpage sectoriel est la Banque de France, qui connaît donc individuellement tous les créanciers auprès desquels la France a emprunté.
Les OAT (Obligations Assimilables du Trésor) et autres emprunts d’Etat sont émis par l’Agence France Trésor. L’identité des premiers souscripteurs est connue, car ils doivent détenir un compte auprès de la Banque de France, mais ils n’agissent que très partiellement pour eux-mêmes. Ils replacent les titres auprès d’établissements financiers français et étrangers, par exemple des banques, qui elles-mêmes les détiennent pour des clients privés et institutionnels.

Nos pouvoirs publics pourraient forcer les établissements de l’hexagone à dévoiler le nom de leurs clients ; ils n’auraient aucune autorité sur les établissements hors de France, sauf enquête pénale recevable dans la juridiction étrangère.

En outre, les OAT sont négociés quotidiennement sur les marchés financiers ; une petite partie au moins des propriétaires change donc chaque jour.
elisseievna
La planche à billet, c'est l'inflation, c'est à dire la spolitation des épargnes, donc des petits épargnants surtout, des plus faibles. L'Allemagne a refusé cela vigoureusement, d'où le systeme européen.

J'attends avec impatience que l'on me démontre que la spoliation des petits épargnants serait plus juste que le financement d'un intérets par un impot sur le revenu justement réparti ...

La cause du probleme français est le déficit, auquel toutes les revendications irresponsables contribuent, voilà tout.
Oui. C’est exactement cela.

Les obligations du Trésor français sont émises sous condition d’un remboursement à échéance, sans amortissement. L’obligation de payer des intérêts oblige au moins à une certaine discipline budgétaire. Quelle tentation ce serait pour nos politiciens d’emprunter sur 10 ou 20 ans, de dépenser allègrement ce bon argent, de ne rien avoir à payer avant la prochaine élection et celle d’après, et de partir à la retraite en laissant les successeurs se dépatouiller avec le remboursement.

Mais ce n’est pas le plus grave. Une petite piqûre de rappel de quelques principes économiques ne fait pas de mal. Allons-y.

Les Dominicains et Jésuites de l’Ecole de Salamanque au 16ème siècle s’interrogeaient sur la hausse spectaculaire des prix que connaissait l’Espagne à l'époque. Ils en avaient conclu que la cause se trouvait dans l’abondance d’or et d’argent, qui provenaient des nouvelles colonies américaines et que le Trésor public transformait en monnaie. Si la quantité de monnaie augmente, dit la théorie, toutes choses égales par ailleurs, la valeur de cette monnaie se déprécie. Il faut plus de monnaie pour acheter les mêmes biens. Autrement dit, les prix augmentent. On appelle ça l’inflation.

La théorie quantitative de la monnaie est l’une des hypothèses les mieux testées de la pensée économique. Que se passe-t-il lorsqu’un Etat emprunte à la Banque centrale ? De la monnaie nouvelle est injectée dans le circuit financier. Que la Banque centrale distribue cet argent dans la rue, ou qu’elle le prête à l’Etat pour que l’Etat le distribue, ne change rien. Comme dit Charles, au bout du compte, il y a toujours des particuliers. Les plus proches du pouvoir, qui captent la manne, vont bénéficier pendant un temps, ceux qui construisent les écoles, les sous-marins et les autoroutes (en admettant, pour faire crédit à Charles, que les hommes de l’Etat consacrent à des investissements les sommes empruntées plutôt qu’à gonfler les revenus d’une clientèle électorale) ; les autres, éloignés du robinet budgétaire, voient les prix grimper à mesure que la nouvelle quantité de monnaie se répand dans l’économie ; ils protestent, obtiennent des augmentations de salaire, qui donnent lieu à une nouvelle émission de monnaie ; ceux qui possèdent une épargne constatent qu’elle n’a plus le même pouvoir d’achat ; chacun anticipe l’inflation en se débarrassant au plus vite d’argent qui se déprécie pour acheter et pousser ainsi à la hausse le prix des biens durables, en s’endettant même, accélérant ainsi le mouvement dont ils souhaitent se protéger.

Le danger de l’inflation est si manifeste et les pays qui l’ont contrôlée réussissent tellement mieux que les autres que les gouvernements dans les années 1970, après le découplage de l’or et du dollar, ont pris des mesures pour s’ôter à eux-mêmes la possibilité de manipuler l’émission de monnaie (comme les joueurs intempérants qui se font interdire dans les casinos). Voilà au moins une initiative dont on peut les féliciter.

Un dernier mot : je suis conscient de l’arnaque que constituent les banques à réserves fractionnaires. Bien des libéraux sont d'accord sur ce point précis avec les partisans du Crédit social, même s’ils imaginent un remède différent. Cependant une donnée reste incontournable. Lorsque l’Etat emprunte à des investisseurs (français ou étrangers), il reçoit une épargne déjà constituée, et non pas une injection nouvelle de liquidités. Même si l’on argue que les banques qui souscrivent à l’emprunt le font en créant de la monnaie, cette création est limitée par les ratios de capital de chaque établissement, et ce que la banque prête à l’Etat est autant de monnaie qu’elle ne prête pas ailleurs (alors que l'emprunt à la Banque centrale vient s'ajouter à la quantité de monnaie déjà mise en circulation par les banques commerciales). Donc l’impact inflationniste d'un emprunt d’Etat auprès d'investisseurs est limité.

La contrepartie, bien sûr, est que les contribuables doivent payer les intérêts. A eux de juger si l’usage que les hommes de l’Etat font de l’emprunt est avisé.

Cordialement
Christian



D'ailleurs ce roi est un grand magicien: il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets; il les fait penser comme il veut.
S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor et qu'il en ait besoin de deux,
il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et ils le croient.
S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent, il n'a qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent,
et ils en sont aussitôt convaincus.

Montesquieu, Lettres persanes

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