Ti'hamo,
En fait, j'aime bien les musées. Je n'ai rien contre eux, ni non plus à l'encontre de ce qui se trouve dedans. Ce qui est terminé en reste que c'est d'une époque dont il s'agit. Autrement, je ne fais valoir nulle part, comme en contrepartie, qu'il serait inutile, futile ou vain de scruter le passé. Non, et je ne me fais surtout pas une idôle du présent non plus. Sauf, pour rétablir une monarchie française comme Dragon le voudrait, il lui faudrait ressusciter aussi la société d'Ancien Régime. Et c'est ce genre d'affaire qui est chose impossible. Bref, l'ère de la monarchie des Bourbons : c'est bien dans les bouquins d'histoire qu'on va la retrouver. C'est un simple constat. Je ne crois pas que ce soit choquant de le dire.
Cependant, je me retrouve tout de même assez dans son propos, qui vient me conforter dans mon idée : j'ai bien parlé plus haut de meneurs qui abreuvaient la foule de paroles sanguinaires, on m'a dit non non n'importe quoi
Oui, c'est parce qu'il semblait à Philémon que vous réduisiez toute la Révolution qu'à un seul mouvement de populace en furie. C'est quand même vrai que la Révolution française n'était pas ''que'' cela. Il y avait des causes plus sérieuses, plus profondes. Et il faudrait sans doute remonter loin en arrière pour trouver ce qui aura pu conduire à une sorte de situation inextricable, blocage, bouchonnage, à la fin du XVIIIe siècle en France, et aboutissant aux lignes de forces qui seront celles de la société française vers l'époque de la Révolution.
Faudrait-il penser que c'était l'ancienne vision chrétienne du monde qui était déjà en crise dès le XVIIIe siècle ? une vision naguère davantage statique (en principe du moins), hiératique, hiérarchique (l'ordre sacré) et non-démocratique ?
Certains disent que c'est la notion même «d'opinion publique» qui sera née au XVIIIe siècle également. Comme le fameux pouvoir de la presse. Les anciens rois n'avaient pas à compter avec ce genre de joueur dans le tableau.
Enfin, s'agissant des horreurs qui auront pu avoir cours lors de la Révolution française : ce n'est pas le genre de choses qui seront à nier. On peut juste les mettre en perspective. On ne fera pas autrement qu'on le ferait des pogroms anti-juifs au Moyen-Âge et même à l'époque moderne. Oui, il est sûr qu'il se sera trouvé l'usage de la démagogie chez les hommes de 1793. En même temps, ils étaient comme certains de leur bon droit à devoir abattre le pouvoir de la caste des aristos, de même façon que le pouvoir des aristos semblait encore fantastique à l'époque, et tout à fait capable de casser les reins de la société nouvelle en devenir. Il se trouvait des idéalistes (déconnectés ? dans quelle mesure ? jusqu'à quel point ?) comme Robespierre; un Siéyes ? un Carnot aussi ? Seulement : les idéalistes n'auraient jamais pu faire quoi que ce soit si une proportion appréciable des Français et même
des notables n'aurait pas été disposée à les suivre dans une large mesure. C'est vraiment une époque charnière que celle de la Révolution française, je pense. Et ce n'est pas souvent dans l'histoire que l'on verra toute une société opérer un mouvement de bascule de la sorte. La fronde de quelques grands du royaume auquelle Louis XIV aura eu à être témoin dans son temps n'était bien qu'une amusette assez inoffensive, en comparaison du mouvement avec lequel un Louis XVI se sera réveillé un bon matin.
On pourrait toujours taxer Robespierre de rêveur bien sûr. Néanmoins, son propre programme ressemblait drôlement en principe à ce que nous aurions nommé au XXe siècle la sociale-démocratie finalement; pour peu que nous dirions qu'il était ni en faveur de la monarchie ni en faveur du despotisme, ni en faveur du communisme et ni en faveur de l'athéisme militant non plus. Il serait à ranger dans la gallerie des grands ancêtres, pères et fondateurs du système républicain, démocratique et français actuel
? C'est Robespierre, je pense, qui aura fait exécuter Carrier pour ses horreurs à Nantes et qui aurait voulu en faire de même avec Fouché s'il en avait eu le temps. Robespierre tenait ces derniers pour des ruineurs de la Révolution, des démoralisateurs de la catégorie serpentifère, des gâcheurs, des types non-fiables. Qu'il aura certainement eu raison dans le cas de Fouché. Car c'est bien ce dernier qui aura finalement fait fermer le club des Jacobins à Paris, donné le dernier tour de clé et mis les scellés sur la porte, sauf à l'avoir fait par pur arrivisme dans son cas. Fouché, ça doit être un des quelques rares types dans l'histoire qui sera passé aussi rapidement du militantisme communisme le plus féroce (le discours contre les ''gros'', les riches, les aristos, etc) à la pratique vécue par nul autre que lui-même du capitalisme le plus crasse et parallèlement au fait d'avoir réussi à se faire ennoblir (!) Le type était à lui seul un personnage de roman de Balzac ou de Stendhal mais dans la version noir l'on s'entend.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lazare_Nic ... ite_Carnot
(vaut le coup d'être lu en rapport à l'idée de ''déconnection du réel''; l'entrée sur Siéyes est pas mal aussi)