Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

« Par moi les rois règnent, et les souverains décrètent la justice ! » (Pr 8.15)
Cinci
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Message non lu par Cinci » sam. 19 juin 2021, 17:20

Bonjour,

La gauche extrémiste est devenu le centre politique au Canada.

La culture woke - nous en parlons souvent - est à la version «à la mode» de la rectitude politique à la sauce stalinienne. Comme il est considéré passéiste de réclamer le goulag pour les opposants, on impose plutôt la "cancel culture", terme globish à la mode cachant une réalité nettement plus sombre. Que cette vision séduise la gauche au sens large, on le comprend. Rares sont ceux qui veulent réellement protéger la liberté d'expression de leurs ennemis; alors on approuve plus ou moins tacitement, on dénonce ici et là les excès quand ils frappent un des nôtres sans raison, mais au final, la gauche aime bien ce pouvoir débridé qui lui permet, en jetant une fatwah, d'effacer ni plus ni moins l'ennemi potentiel.

Ce qui est plus difficile à comprendre, c'est pourquoi la droite commence à adhérer à la culture woke.

Le 18 janvier 2021, le Canada apprenait avec stupeur que l'un des candidats à la chefferie conservatrice, Derek Sloan, avait reçu un chèque de 131 $ du "suprématiste blanc" Paul Fromm, qu'il aurait refusé. Dans les heures qui suivaient, Sloan était éjecté manu militari du Parti conservateur, sans pouvoir répondre de ces accusations (mais au fait de quoi l'accuse-t-on vraiment ?)

Pour comprendre l'affaire, il faut d'abord savoir qui est Derek Sloan, qui est Paul Fromm, et en quoi 131 $ représente un enjeu.

D'abord, Derek Sloan fut le candidat le plus à droite de la campagne conservatrice, le seul à être ouvertement opposé à l'avortement, le seul à être pour une droite morale, le seul à être en faveur de la liberté d'expression. Et justement, Paul Fromm est le directeur du Canadian Association for Free Expression, une organisation basée sur la défense de la liberté d'expression. On peut aisément comprendre pourquoi ce dernier a jugé bon de faire un don à la campagne de Sloan.

Seulement, on reproche à Fromm, qui est aussi un farouche opposant à l'immigration de masse, de défendre la liberté d'expression de tous, ce qui n'est pas convenable dans notre société très "Charlie", mais ni "Soral" ni "Ryssen".

Bref, on assiste à une double association douteuse : Fromm défend la liberté d'expression de ceux qui sont bafoués; il donne de l'argent à Sloan, donc Sloan est un nazi. Bingo ! Il a fallu quelques heures, voire quelques minutes au conservateur Erin O"toole pour conclure sur cette affaire, entérinée par sa députation. Mais la somme aussi représente un certain intérêt. En acceptant une somme d'un homme, on estime que le politicien est lié à ce dernier. Peut-être même qu'il lui doit quelque chose. C'est ce que les journalistes et O'toole semblent croire du moins. Et, conscients de ce que valent les politiciens à l'heure actuelle, ils semblent enclin à croire que la somme de 131 $ est suffisante pour acheter un député à Ottawa !

Il faut croire que la famille Rizzuto qui a investi des milliers de dollars dans le Parti libéral du Québec depuis des années, aurait dû investir à Ottawa et profiter des aubaines ontariennes.

Au-delà de ces réflexions sur l'éthique et la corruption que soulèvent inévitablement cette histoire de 131 $, il reste que cela nous prouve une énième fois le manque de clairvoyance et d'épine dorsale du clan conservateur. Les stratèges conservateurs semblent passer trop de temps à écouter la CBC : ils ne réalisent pas que les délires woke sont minoritaires et qu'il n'y a rien à gagner à jouer contre son propre camp. Que CBC fasse du 131 $ l'affaire du siècle, c'est normal, et c'est même une preuve qu'on dérange un peu. Un candidat conservateur, un parti conservateur, un homme de droite, ne doit pas chercher à obtenir l'assentiment du principal organe de gauche au pays.

[...]

Ceux qui connaissent l'expression "cuckservatives" ou «cocuservateurs» pour les besoins de la francisation, savent pertinemment pourquoi O'toole agit ainsi. Pourquoi avant sa démission «choc» Andrew Scheer refusait de parler de ses idées. Pourquoi l'ancien homme fort de la droite Stockwell Day décida de vouer sa vie à la lutte contre le racisme, démissionnant de toutes ses fonctions pour avoir nié la racisme systémique. Pourquoi le Parti conservateur a éjecté Richard Descarie de la dernière course à la chefferie.

La véritable question n'est pas pourquoi cette fausse droite agit ainsi - elle n'a pas le courage de ses convictions et la vision nécessaire pour les défendre efficacement. La véritable question est pourquoi y a-t-il encore des gens pour voter pour elle ?

- Marie Groulx, «Le Harfang», volume 9, février/mars 2021

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par PaxetBonum » mar. 22 juin 2021, 8:45

Merci Cinci c'est intéressant et si juste !
Il faut dire que cela n'est pas inversable : un scandale de ce type à gauche ne gêne personne. Par exemple, vous pouvez avoir torturé des Français dans les camps vietnamiens et devenir spécialiste de la question indochinoise en université.

Si M. Paul Fromm était malin il enverrait un chèque de 131$ à chaque politicien promoteur de la culture woke (je n'ai personnellement jamais compris ce que cela signifiait…). Et après on examinerait le résultat !

2 poids 2 mesures…

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » mar. 06 juil. 2021, 20:09

Aux origines de la cancel culture ...


«C'est un parchemin interminable qui n'en finit plus de s'écrire. En gros caractères, on pourrait y lire les noms de l'actrice Roseanne Barr, du réalisateur James Gunn, du président des logiciels libres Richard Stallman, de la romancière J.K. Rowlings ou bien encore du cin.aste Woody Allen. Chacun d'entre eux a été canceled, ce que l'on pourrait traduire par «annulé». L'annulation, c'est le nom donné à la démolition d'une réputation édictée en un claquement de tweets. Ce vocable a commencé à être utilisé sur la toile à partir de 2015 quand la communauté noire américaine, très présente et influente sur Twitter, a décidé d'en faire usage pour désapprouver le comportement d'une personne, de manière sérieuse ou totalement humoristique. Du type : «Ma copine Manon n'a pas fini sa pizza. Elle est annulée.»

Cette expression populaire s'est muée au fil du temps en une pratique sociale désignant le boycott culturel et numérique de stars coupables d'actes jugés immoraux. Les contributeurs de Urban Dictionnary, le dictionnaire collaboratif du jargon du web, se sont mis d'accord pour dire qu'il s'agit d'un «phénomène Internet qui désigne le moment ou une personne est désinvestie de son influence ou de sa gloire en raison de ses actions douteuses ou d'accusations, qu'elles soient fondées ou non». Avant, on annulait son spectacle, aujourd'hui on annule aussi la personne. Pour les fans de l'artiste, le mot d'ordre est alors d'arrêter d'écouter ses disques, de regarder ses films ou bien encore de lire ses livres. Dans la cohue, les critiques succèdent souvent aux désabonnements et pouces en bas sur Youtube et aux commentaires négatifs sur Amazon. L'objectif est de décrédibiliser et démonétiser la parole publique de celui ou celle qui était jusqu'ici reconnu(e) . Dans les faits, cette volonté de traumatiser les coupables vire souvent au cyber-harcèlement.

La popularisation de cette méthode vient de la communauté militante "woke" qui désigne grosso modo les utilisateurs de gauche, soucieux de lutter contre toutes les formes d'injustices qu'elles soient sexistes, ethniques, sociales, voire environnementales. Woke signifie éveillé. Ce terme d'argot a émergé au sein de la communauté afro-américaine à la faveur du mouvement Black LIves Matter lancé en 2013 pour protester contre les violences policières.

La communauté woke, qui regroupe aujourd'hui plus largement des militants antiracistes, féministes ou LGBT, a contribué à entretenir une atmosphère d'hygiénisation du débat public. Ce climat a été amplifié par la libération de la parole permise par #MeToo aux États-Unis pu #BalanceTonPorc en France, dans lesquels des centaines de femmes ont dénoncé publiquement leurs agresseurs et harceleurs sexuels.

Sur les réseaux sociaux, la cancel culture apparaît parfois comme une vengeance de la plèbe contre les élites culturelles. Mue par un désrir de revanche sociale, la plèbe numérique trouve un plaisir jubilatoire à déboulonner les statues qu'elle avait contribué à ériger. Les stars chutent lourdement de leur piédestal et sont piétinées par la multitude. Le phénomène se révèle éprouvant à vivre même pour des célébrités que l'on pensait inatteignables.

La chanteuse Taylor Swift aux dix Grammy Awards est revenue sur cette amère expérience en témoignant :

«Une honte publique massive, avec des millions de personnes affirmant que vous êtes annulées, est une expérience isolante. Je ne pense pas qu'ils puissent comprendre réellement ce que l'on peut ressentir quand des millions de personnes vous haïssent aussi fort. Quand vous dites que quelqu'un est annulé, ce n'est pas une émission de télévision. C'est un être humain que vous touchez. Vous envoyez des quantités massives de messages à cette personne soit pour la faire taire, soit pour la faire disparaître, et cela pourrait même passer pour une incitation à ce qu'elle se suicide

Une fois la personne annulée, l'effacement de l'espace public est prompt et brutal. Les employeurs et soutiens éventuels sont obligés de se désolidariser, sous peine d'être marqués à leur tour.

Le cas le plus emblématique reste celui de Kevin Spacey. En octobre 2017, dans le sillage de l'affaire touchant le producteur de cinéma Harvey Weinstein, l'acteur américain fait l'objet de multiples accusations de harcèlement sexuel et d'agression sexuelle.

Le comédien Anthony Rapp affirme que la star américaine l'a agressé sexuellement alors qu'il avait quatorze ans, en 1986. Spacey répond à cette allégation sur Twitter, en s'excusant auprès de Rapp, même s'il affirme ne pas se souvenir de ladite rencontre. La foule numérique gronde et balaie ses regrets. L'acteur est quasi instantanément banni d'Hollywood. Netflix décide de le retirer de la série House of Cards dont il était la tête d'affiche. Le réalisateur britannique Ridley Scott, qui venait de tourner un film avec lui, se sent même contraint de l'effacer. Une partie des scènes est refilmée à la hâte avec un autre acteur et le reste est modifié numériquement pour gommer son visage (note : aucune accusation contre Kevin Spacey n'a débouché à ce jour sur des condamnations pénales. Les poursuite de William Little, son dernier accusateur, ont été abandonnées).

Un rituel de purification

Dans une société fragmentée et désenchantée, la culture de l'annulation apparaît aussi comme un rituel de purification sociale permettant d'exclure ceux qui ne se plient pas aux normes. Comme si l'élimination simple et dichotomique de quelques uns légitimait la cohésion du groupe. Sur Internet, l'heure est à une morale intolérablement stricte. »

(à suivre)

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » mer. 07 juil. 2021, 7:00

En 2019, Bret Easton Ellis a défrayé la chronique aux États-Unis en s'y attaquant avec un pamphlet intitulé White. Après une décennie de silence littéraire, l'écrivain américain y brave de front cette cancel culture et le politiquement correct qu'elle fait régner sur les réseaux. Douze mois plus tard, nous l'avons appelé afin de comprendre les ressorts de son incroyable développement en Amérique mais aussi en Europe.

[...]

«Quand un ami me demande comment je vais, je lui réponds : Écoute, je vais pas trop mal pour quelqu'un qui a été canceled à trois reprises durant la même année. Avant d'ajouter plus solennel : Je constate que cette cancel culture se répand un peu partout dans le monde [...] Je remarque que la plupart des phénomènes de cancel culture sont fondés sur des accusations morales et pas sur des faits. Alors, évidemment, tout cela représente une menace pour nos libertés, celles qui constituent notre culture et sont aujourd'hui foulées aux pieds. Cette société de l'indignation et du blâme s'appuie sur des schémas très autoritaires qui ne tiennent pas compte de la complexité de l'être humain. Nous sommes la conséquence d'erreurs et d'errements, cette ère de l'irréprochabilité n'a aucun sens.»

A ses yeux, le vrai problème réside dans le crédit accordé à ces mouvements de meute sur les réseaux.

«Que des gens encouragent la cancel culture sur Twitter, c'est une chose, s'appesantit Ellis. Ce n'est pas très surprenant. Mais ce qui me choque le plus, c'est de voir que des entreprises la corroborent en répondant positivement à ces demandes des réseaux sociaux. Quand une boîte décide de se séparer d'un employé au seul motif que des gens le demandent, c'est un grave problème. Comment une foule de gens anonymes qui hurlent le plus fort possible peut-elle être prise au sérieux dans la rupture d'un contrat de travail ? »

L'enfant terrible des années 1980 jadis critique de la droite reaganienne estime aujourd'hui que c'est la gauche américaine qui vire réactionnaire : «Quand j'étais plus jeune, la gauche défendait plutôt la liberté d'expression. Aujourd'hui, les mouvements progressistes deviennent aussi rigides et autoritaires que les institutions qu'ils combattent. Avant de raccrocher il conclut : «Ce qui est révélateur, c'est que dans beaucoup de cas, on est canceled pour quelque chose qu'on a fait il y a très longtemps. Parfois plus de trente ans. Sur une période aussi longue, personne aujourd'hui n'est irréprochable, et donc tout le monde peut être canceled. Qu'est-ce que cela veut dire ? Ça veut dire que nous sommes tous coupables. Nous avons tous eu à un moment donné un comportement limite et nous avons tous continuer d'avancer. [...] »

Le 7 juillet 2020, un collectif de plus de cent cinquante écrivains, artistes et journalistes de divers horizons politiques a tiré la sonnette d'alarme contre l'atmosphère étouffante générée par la cancel culture en publiant une lettre ouverte sur le site de la prestigieuse revue américaine , Harper's Magazine. On peut y lire :

«La censure, que l'on s'attend plutôt à voir surgir du côté de la droite radicale, se répand largement aussi dans notre culture : intolérance à l'égard des opinions divergentes, goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme, tendance à dissoudre les questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante. On renvoie des rédacteurs en chef pour avoir publié des articles controversés; on retire des livres sous le prétexte d'un manque d'authenticité; on empêche des journalistes d'écrire sur certains sujets; on enquête sur des professeurs à cause des oeuvres littéraires qu'ils citent en classe; un chercheur est renvoyé pour avoir fait circuler un article scientifique [pourtant] dûment examiné par des pairs; et on limoge des dirigeant d'organisation pour des erreurs qui ne sont parfois que des maladresses.»

Parmi les personnalités signataires du texte : Salman Rushdie, Margaret Atwood, Gloria Steinem, Noam Chomsky, ou bien encore Mark Lilla, l'historien des idées qui avait déjà fustigé les dérives autoritaires de la gauche américaine. Pour ce professeur en science humaine à l'université Columbia (New-York), la cancel culture trouve son origine dans l'héritage évangélique puritain et protestant des Américains qui pousse à voir le monde de façon binaire à travers l'éradication des péchés.

C'est une menace pour nos libertés mais ce n'est pas le pire, met en garde Lilla. C'est surtout un danger pour le débat démocratique. Une démocratie libérale a besoin d'un échange régulier d'idées et d'arguments pour bien fonctionner, sinon elle devient une démocratie illibérale, comme on le voit en Hongrie ou en Turquie.

(à suivre)

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » mer. 07 juil. 2021, 7:36

La popularisation de cette méthode s'est étendue à des personnes inconnues qui se remettent forcément moins bien des lapidations de la cancel culture.

Le cas le plus célèbre est celui de Justine Sacco : en l'espace d'un vol de onze heures entre Londres et le Cap en Afrique du Sud, sa vie a explosé. Elle a alors trente ans et elle est directrice d'un service de relations publiques. Habituée aux mauvaises blagues sur son compte Twitter suivi seulement par cent soixante-dix abonnés, elle ose une plaisanterie douteuse avant de prendre l'avion. Le 20 décembre 2013, elle tweete ainsi : «Départ pour l'Afrique. Espère ne pas choper le sida. Je déconne. Je suis blanche !» Durant son vol, son message est repéré et devient le premier sujet de discussion au monde. Donald Trump (qui n'est pas encore président des États-Unis) appelle comme beaucoup d'autres à son licenciement.

Quand elle rallume son portable, c'est une déferlante.

Elle consulte des centaines et des centaines de textos inquiets, dont certains émanent de camarades de classe à qui elle n'a pas adressé la parole depuis le lycée. Un internaute qui a réussi à identifier le numéro de son vol la prend en photo à sa descente de l'avion. Elle est licenciée. Les hôtels qui devaient l'accueillir refusent de l'héberger. Elle n'a même pas le temps de se défendre et d'expliquer que «c'était de l'humour visant à dénoncer une situation qui existe réellement en Afrique du Sud post-apartheid et de se moquer de sa situation de jeune blanche vivante dans une bulle». Le scandale est mondial. Son travail, sa vie privée et même le soutien de sa famille volent tour à tour en éclats.

C'est une constante, la culture de l'annulation obère la complexité du réel. Le prérécit de culpabilité balaie toute vigilance rationnelle. La dureté des sanctions en retour s'en trouve disproportionnée. Il n'y a pas de place pour le pardon dans cette justice sociale puisque son essentialisme nie toute capacité de l'être humain à apprendre de ses erreurs.

C'est la conclusion à laquelle a abouti le journaliste gallois Jon Ronson [...] :

«Au début de son existence, Twitter était comme un lieu radical de déshumiliation. Les gens admettaient des secrets honteux, et d'autres personnes répondaient : «Mon Dieu, je suis exactement pareil !» Aujourd'hui, on fait la chasse aux secrets honteux. Vous pouvez mener une vie noble et éthique, mais un mauvais tweet peut la ruiner. Il sera considéré comme la preuve de vos démons intérieurs. Les idéologues gagnent du terrain et créent une scène pour des grands drames constants et artificiels dans lesquels chacun est un superbe héros ou un ignoble méchant, mais nous savons que ce n'est pas vrai. Nous sommes intelligents et stupides. Il y a des zones grises. L'idée géniale des médias sociaux était de donner une voix aux personnes sans voix, mais nous créons maintenant une société de surveillance ou la façon la plus intelligente de survivre est de redevenir sans voix. »

Notre vie sociale en ligne est une menace et le web s'est progressivement transformé en un espace de flicage. (Jon Ronson, «When Online Shaming Goes Too Far», GlobalLondon, juin 2015)

(à suivre)

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » mer. 07 juil. 2021, 15:24

Dominique Cardon fait partie des spécialistes d'Internet qui se sont rapidement aperçus des dangers de cette exposition sociale en ligne. Dans son essai La Démocratie Internet. Promesses et limites, publié en 2010, ce sociologue raconte comment l'élargissement de l'espace public a permis à des pans entiers de la société de s'exprimer, certaines personnes laissant filtrer beaucoup plus facilement ce qu'elles sont, font, et disent dans leur vie quotidienne.

Il relève ainsi qu'une majorité d'internautes n'ont pas forcément conscience de la portée de leurs publications : «Certes, ils parlent en public. Mais, à leurs yeux, ce public, sans avoir une frontière absolument étanche, est limité à une zone d'interconnaissance, un lieu plus ou moins clos, un territoire qui conservera les propos dans son périmètre avant de les laisser s'évaporer.»

Le problème réside dans le fait que la séparation entre vie privée et vie publique est de plus en plus floue et difficile à paramétrer.

Facebook est devenu un réseau public se voulant semi-privé, mais qui offre la promesse de ne s'exprimer que devant ses proches. Dans les faits, c'est une usine à gaz dont personne ne prend le temps de lire intégralement les conditions d'utilisation et qui ne permet que marginalement de contrôler ce que l'on y partage. Sans le savoir, nous sommes tous devenus des personnalités publiques et chaque maladresse portée sur le web peut revenir un jour vers nous tel un boomerang. Cette nouvelle communication privée en publique est comparable à une fête entre amis avec des fenêtres grandes ouvertes et des passants pouvant saisir des bribes de discussion. Or, s'inquiète Dominique Cardon, «les informations sur la toile dans des niches conversationnelles peuvent ensuite être exploitées dans un autre contexte par l'administration, leur employeur, ou une personne qui aurait à enquêter sur leur compte».

Neuf ans après la sortie de son livre, nous le retrouvons dans un café de la place de la Bastille. Dominique Cardon ne peut que constater que les lynchages générés par d'anciennes blagues ou propos exhumés «sont aujourd'hui quotidiens».

Il cite l'exemple des traditionnelles photos de fêtes alcoolisées postées sur Facebook ou Instagram après une cérémonie de remise de diplôme : «Tous vos amis connaissent le contexte et personne n'ira vous reprocher votre ébriété. Mais le recruteur qui tombe sur cette photo dix ans plus tard, sans connaître les circonstances, aura peut-être un avis différent». Il est déjà arrivé que des festivaliers du Burning Man se prennent en photo nus et que ces images soient récupérées par des sites érotiques, relève-t-il ainsi.

[...]

Aux États-Unis, on parle de «police des archives» pour désigner cette tendance qu'ont certains internautes à explorer les comptes de personnalités publiques en tapant des mots-clés afin de trouver des éléments compromettants. Nos correspondances en ligne sont devenus une mine d'or pour n'importe quel inquisiteur. «Qu'on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j'y trouverai de quoi le faire pendre», aurait dit le cardinal de Richelieu. Qu'aurait-il envisagé si on lui avait fourni des dizaines de milliers de messages ? Ces munitions nourrissent la culture de l'annulation.

En France, cette chasse aux vieux messages est tellement rodée qu'elle fait partie intégrante des stratégies des activistes en ligne, qu'ils soient de droite ou de gauche. Passer en revue les réseaux de quelqu'un est même devenu le moyen le plus facile de le détruire.

(à suivre)

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Kerygme » mer. 07 juil. 2021, 17:44

Je me suis documenté quelque peu sur ce mouvement qui semble être né dans les universités états-uniennes. Et cela soulève plusieurs interrogations à froid :

- Le mot "woke" dans les années 60 avait un sens positif de « personne éveillée aux enjeux politiques », la tournure négative qu'il a pris n'est-il pas devenu un moyen pour discréditer toute forme d’action ou de discours antidiscriminatoire ? Une sorte de contre-feu dans la lignée de la présidence Trump qui a largement contribué à décomplexer cette méthode pour faire taire les voix discordantes.

- Ne voit-on pas naître une forme nouvelle d'altermondialisation, qui ne prétendrait pas à réguler l'économie mondiale mais la bien-pensance sur la base des injustices sociales ?

- Pourquoi faut-il encore que cela provienne de la culture Nord Américaine, après la chute du bloc communiste est-ce l'épicentre des nouvelles idéologies ou autres errances ?


Ce qui m'inquiète - depuis le mouvement #metoo puis #blacklivematters - c'est que tout le nettoyage de l'histoire que font les militants de la "cancel culture" n'a rien à voir avec l'éveil d'une société qui se voudrait plus vertueuse, mais avec l'effacement de sa mémoire. Or effacer la mémoire des peuples c'est le meilleur moyen de renouveler leurs erreurs passées, et de contrôler ceux qui ne savent plus d'où il viennent.
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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Riou » mer. 07 juil. 2021, 22:06

Kerygme a écrit :
mer. 07 juil. 2021, 17:44

tout le nettoyage de l'histoire que font les militants de la "cancel culture" n'a rien à voir avec l'éveil d'une société qui se voudrait plus vertueuse, mais avec l'effacement de sa mémoire. Or effacer la mémoire des peuples c'est le meilleur moyen de renouveler leurs erreurs passées, et de contrôler ceux qui ne savent plus d'où il viennent.
Bonjour,
C'est pourquoi je pense qu'il est préférable de nommer la "cancel culture" par son vrai nom, afin de prendre la mesure réelle de ce mouvement : il s'agit d'une entreprise de censure au sens large, tout simplement.
Et il est assez frappant de constater que ceux qui se présentent comme les apôtres de la "libération de l'humanité - libération de la parole - libération des oppressions" prennent pour méthode d'action la censure du passé et du présent, qui est sans doute la méthode oppressive par excellence, la répression de la parole la plus violente qui soit et, par voie de conséquence, une source d'aliénation prévisible.
L'ironie de l'histoire est assez claire : ce mouvement de censure répète à la lettre les égarements des grandes idéologies du XX ème siècle, en prétendant apporter la liberté et la vertu par des méthodes qui ne peuvent pas semer autre chose que l'esclavage et la misère de l'esprit. Après tout, Staline prétendait libérer les travailleurs précisément en imposant le travail forcé dans un esprit Stackhanoviste, de même que le "socialisme scientifique" prétendait se libérer du capitalisme en reconduisant ses pires dérives...

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » jeu. 08 juil. 2021, 15:22

On peut parler de censure. C'est vrai. Sauf qu'il s'agit d'une censure qui touche la personne. L'idée de l'annulation de la personne produit un effet bien pire que s'il s'agissait de censurer un livre, une oeuvre d'art, un film.

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » ven. 09 juil. 2021, 5:26

Kérygme :

Le mot "woke" dans les années 60 avait un sens positif de « personne éveillée aux enjeux politiques », la tournure négative qu'il a pris n'est-il pas devenu un moyen pour discréditer toute forme d’action ou de discours antidiscriminatoire ? Une sorte de contre-feu dans la lignée de la présidence Trump qui a largement contribué à décomplexer cette méthode pour faire taire les voix discordantes.
Je pense qu'un article dans le journal Le Monde diplomatique d'octobre 2020 évoquait un peu cet aspect des choses. On y évoquait en même temps les cas d'application de la cancel culture, assez renversants en soi et réservés à divers professeurs d'université, des cas qui ont pu émerger à la lumière récemment au Québec.


Aussi :

«C'est pour mieux répliquer aux articles dénonçant les saillies racistes ou misogynes du président Donald Trump que l'alt-right s'est mise à éplucher les comptes de centaines de journalistes du New-York Times ou de CNN. Résultat de cette pêche en eau trouble : la découverte d'une ribambelle de contenus compromettants pour la plupart écrits il y a des années, lorsque ces reporters progressistes étaient encore étudiants. Une aubaine pour le site d'extrême-droite Breitbart qui s'est empresser de les relayer dans une série d'articles. Le message : avant de blâmer Trump, balayez un peu devant chez vous. On pourrait juger la polémique futile, si elle n'avait pas réussi à déstabiliser une institution aussi puissante que le New York Times. Le rédacteur en chef de son service politique, Tom Wright-Piersanti, a présenté ses plates excuses après qu'une série de messages racistes ou antisémites signés de sa main ont été exumés. Sur Twitter, le fils du président , Donald Trump Jr, avait alors beau jeu de s'interroger : «Dans quel monde vivent ces hypocrites du New York Times ?» (Justine Brabant, «Medias anti-Trump : l'extrême-droite exhume des vieux tweets haineux de journalistes», Arrêt sur image, 27 août 2019)

Dans le cas des professeurs épinglés pour être annulés, c'est bien le wokisme militant qui est à la manoeuvre. Dans le cas des fans de Donald Trump, ils ne font que vouloir reprendre à leur profit la technique pour faire taire l'accusateur.

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cinci » ven. 09 juil. 2021, 13:46

Et David Doucet écrivait dans La haine en ligne :

Une peine d'indignité

Les réseaux sociaux n'ont pas inventé la dégradation publique, ils l'ont simplement remise au goût du jour. Jusqu'en 1848, cette peine a été appliquée en France afin de punir les individus qui enfreignaient les normes sociales. Debout, accroché à une estrade sur la place publique ou près de son domicile, les poignets attachés, le condamné faisait face aux crachats et aux injures. Vêtu d'une simple chemise et ne portant pas de ceinture, sa dégradation sociale était exposée à la vue des passants. Le calvaire du supplicié pouvait s'étirer durant six heures. Au-dessus de sa tête, un écriteau rappelait en gros caractères son nom, sa profession, son adresse et sa peine, tandis que des crieurs publics rabâchaient à tout le monde son méfait. «En théorie, c'était pour prévenir les gens d'un nouveau larcin, mais en réalité, il s'agissait d'humilier, relate l'historien Frédéric Chauvaud, spécialiste de la justice et du crime. Comme les gens n'ont pas traditionnellement bon coeur, ils pouvaient lui jeter des ordures, cailloux ou lui cracher dessus. C'était la risée du quartier.»

Lorsqu'un condamné était obligé de chevaucher un âne à l'envers dans les rues de la ville, la sanction avait valeur d'exemple et relevait d'une forme de pédagogie de l'effroi. En Allemagne, les personnes coupables d'un délit étaient contraintes de porter de lourds masques en métal. En plus de l'affront d'être coiffé d'un attirail représentant un animal grimaçant, une partie du métal s'enfonçait dans la bouche du porteur et l'empêchait de parler. En France, à la même période, les auteurs de faux témoignages étaient affublés de masques grotesques, tandis que les faussaires pouvaient être coiffés d'une mitre d'infamie.

Dans les sociétés occidentales, les humiliations publiques ont été progressivement abandonnées au cour du XIXe siècle. «Considérant que cette peine dégrade la dignité humaine, flétrit à jamais le condamné et lui ôte, par sentiment de son infamie, la possibilité de la réhabilitation», elle est abolie en France par le gouvernement provisoire de 1848. (Michel Foucault, Surveiller et punir, p. 15)

Si le grand philosophe français était encore en vie, il serait donc surpris d'observer cette réapparition de l'humiliation publique désormais mise à la portée de n'importe quel clavier. Elle est d'autant plus dévastatrice qu'Internet fait exploser toutes les contraintes géographiques ou temporelles qui limitaient ce châtiment. «Le monopole d'une sanction judiciaire ou juridique appartient à l'État mais ces campagnes de honte sur les réseaux sociaux échappent à son emprise, observe Frédéric Chauvaud. Et l'on peut légitimement considérer cela comme une sorte de justice parallèle. Le problème, c'est que la justice établit toujours une peine dosée par rapport à la gravité de l'infraction. Sur les réseaux sociaux, il n'y a aucune mesure ... et si l'on est couvert de honte, déménager ne sert plus à rien. C'est également la conclusion que tirent les historiens Lucien Faggion, Christophe Regina et Alexandra Roger dans leur volumineuse étude de l'humiliation du XIIe au XXIe siècle, L'humiliation. Les trois chercheurs s'alarment ainsi de l'inflation des pratiques destinées à avilir sur Internet. [...] la distinction entre vie privée et vie publique disparaît peu à peu et donne à l'humiliation une ampleur plus large, et en conséquence plus néfaste, préviennent-ils en rappelant la multiplication des de suicides consécutifs au cyber-harcèlement.

D. Doucet, La haine en ligne, Albin-Michel, 2020, p. 104

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par J'aime jésus » dim. 13 févr. 2022, 19:43

Chers amis de Jésus notre sauveur,

Je vous ai lu et me pose une question. Le wokisme fait certes des ravages en inculquant aux enfants d'avoir une liberté totale sur leurs vies, mais voilà, certains d'entre vous évoquaient les scandales metoo et balancetonporc. Ma question est ainsi la suivante ? N'est-ce pas une bonne chose que des agresseurs sexuels et des violeurs soient enfin punis pour leurs actes ? Surtout lorsque l'on sait que seul un tout petit pourcentage de plaintes pour viols sont prises en compte. Ainsi, n'est-ce pas une bonne chose de les "cancel" ? Parce que après tout, les violeurs font du mal aux autres, or jésus dit bien "aimez vous les uns les autres" pas "faites vous souffrir les uns les autres". Il me paraît donc juste de les punir pour leurs actes.

Christement vôtre,

Célestin :ange: :ange:

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Fée Violine » dim. 13 févr. 2022, 23:14

Bien sûr, Célestin, les criminels doivent être punis.
Mais quand ils ont payé, ils doivent pouvoir être réintégrés dans la société. Pour le wokisme, un coupable n'aura jamais fini de payer : ainsi, Bertrand Cantat, qui a tué quelqu'un (involontairement) a passé des années en prison puis a repris son métier de musicien, mais les esprits bien-pensants lui dénient ce droit et vont jusqu'à boycotter un metteur en scène (Wajdi Mouaouad) qui a intégré B. Cantat dans un de ses spectacles.
Bref, cet esprit "woke" est à l'opposé de l'esprit chrétien : pour eux, tout est permis, chacun fait ce qui lui plaît, mais on ne pardonne jamais aux coupables. Pour nous chrétiens, au contraire, il y a des limites, il y a le bien et le mal, mais tous les pécheurs peuvent être pardonnés s'ils se repentent.

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Cedricspandrell » jeu. 09 juin 2022, 13:24

Fée Violine a écrit :
dim. 13 févr. 2022, 23:14
Bien sûr, Célestin, les criminels doivent être punis.
Mais quand ils ont payé, ils doivent pouvoir être réintégrés dans la société. Pour le wokisme, un coupable n'aura jamais fini de payer : ainsi, Bertrand Cantat, qui a tué quelqu'un (involontairement) a passé des années en prison puis a repris son métier de musicien, mais les esprits bien-pensants lui dénient ce droit et vont jusqu'à boycotter un metteur en scène (Wajdi Mouaouad) qui a intégré B. Cantat dans un de ses spectacles.
Bref, cet esprit "woke" est à l'opposé de l'esprit chrétien : pour eux, tout est permis, chacun fait ce qui lui plaît, mais on ne pardonne jamais aux coupables. Pour nous chrétiens, au contraire, il y a des limites, il y a le bien et le mal, mais tous les pécheurs peuvent être pardonnés s'ils se repentent.
Quel plaisir de lire cela ici, moi qui suis issu de cette mouvance où l'on entend souvent dire que les catholiques son intolérants mais qui n'hésitent pas à bannir définitivement ceux qui ont commis l'irréparable.. ce genre de situation met en lumière la petitesse d'esprit et la frontière sociétale qu'ils ne peuvent franchir manquant cruellement de profondeur de pensée, d'honnêteté intellectuelle, et de miséricorde. Merci Fée Violine, qui m'envoyez le message que je suis à la bonne place.
J'étais à l'heure avec le Seigneur.

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Re: Cancel culture ... tous à gauche ! (Canada)

Message non lu par Fée Violine » jeu. 09 juin 2022, 13:55

Manquant aussi de liberté de penser...

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