Pendant que j'y suis ... j'attendais la sortie en salle chez nous du dernier film de Roman Polanski. Je ne sais pas si parmi vous autres, il y en a qui l'auront vu déjà ? Le titre : J'accuse
J'avais hâte de voir ça. Je commençais même à trouver étrange qu'il ne soir pas encore à l'affiche.
J'ouvre le journal aujourd'hui et puis j'apprends que la censure anglo-américaine sévirait à l'encontre de Polanski tout à coup. Une autre séquelle de #MeToo ... Les distributeurs de films en salle couvrant les marchés anglo-américains (et dont le Canada naturellement) joueraient les frileux.
La frauduleuse condamnation de Dreyfus pour espionnage, l’antisémitisme pernicieux du gouvernement et des militaires français qui en ont fait un martyr, la contre-attaque courageuse d’Émile Zola et de Georges Clemenceau, tout cela est bien raconté. Toutefois, la grande force du film repose sur l’enquête du lieutenant-colonel Georges Picquart (joué brillamment par Jean Dujardin), qui, malgré son propre antisémitisme, risque le tout pour le tout dans le but de blanchir Dreyfus et de dévoiler le nom du véritable espion. Nous avons affaire ici à un ouvrage sérieux, et non pas à un film simpliste de Hollywood avec un happy ending — personne ne sortira du cinéma avec un sentiment de rédemption. Mais c’est là, alors que je regardais le film cloué à mon fauteuil, que l’ironie de la situation actuelle m’est brusquement apparue.
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Le Dreyfus historique, en tant que bouc émissaire juif, fut littéralement effacé, envoyé à l’île du Diable non seulement pour être torturé, mais aussi pour être rayé de la conscience nationale de la France. Éloigné de sa famille et de son avocat, Dreyfus servit également de diversion à la corruption au sein de l’état-major.
Voilà qu’aujourd’hui la version cinéma de Dreyfus est effacée dans des pays qui ont grand besoin de réapprendre les maléfiques conséquences de la bigoterie, de la pensée unique et de la censure.
Voilà de nouveau la diversion d’un débat essentiel qui devrait se produire au sujet de la corruption intellectuelle du politiquement correct et de ses conséquences suffocantes.
L’interdiction de facto — quels autres mots peut-on utiliser ? — de J’accuse au Canada, toujours sous l’égide d’une reine Élisabeth souveraine, fait de ce pays prétendument tolérant et libéral le complice des froussards de l’industrie anglo-américaine du cinéma, contrairement aux « dreyfusards » en France, qui ont résisté à la colère féministe
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