Le grec classique

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Sapin
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Le grec classique

Message non lu par Sapin » mar. 05 août 2008, 4:59

Bonjour,

Après une présentation et un exposé sur la langue latine, il me semble nécessaire, maintenant, de parler du grec classique, une langue difficile d'apprentissage, plus difficile que le latin, mais combien riche, à cause de ses particularités, les règles des voyelles, consonnes, des aspirés, des accidents vocaliques, les règles subtiles de ses accentuations, son immense vocabulaire qui donnera naissance à plusieurs mots en français et sans oublier la complexité de son système de conjugaison des verbes qui donne de gros maux de têtes à tous ceux qui s'aventurent dans l'apprentissage de la magnifique langue d'Homère.

Les poèmes homériques (Illiade et Odyssée) sont composés à partir d'une poésie purement orale transmise par des chanteurs itinérants appelés: les aèdes. Nous sommes au VIIe siècle et l'alphabet grec, emprunté à l'alphabet phénicien, voit le jour. La création poétique se développe avec Hésiode et Sapho. Le Ve siècle voit s'ouvrir l'âge d'or de la langue grecque, le grec classique. C'est l'époque de l'égémonie d'Athène avec les brillantes victoires sur l'empire perse avec les guerres médiques. Elle devra céder la gloire à sa Cité rivale, Sparte avec la guerre du péloponnèse. Viendra par la suite l'hégémonie de Thèbes et celle de la Macédoine avec le roi Philippe.

Cette période est également celle grand rayonnement intellectuel à Athènes, celle des tragédies d'Eschyle, de Sophocle, d'Euripide, des comédies d'Aristophane. Les sophistes (Protagoras, Gorgias) enseignent la rhétorique, l'art de la parole. Réaction vive contre eux de la part de Socrate et de son disciple, Platon qui fondera l'Académie et deviendra maître d'Aristote qui, à son tour, fondera le Lycée et deviendra le précepteur de l'illustre Alexandre le Grand.

Maintenant au point de vue de la langue, la Grèce se découpe à cette période en une multitude de dialectes d'une cité à l'autre, on remarque quatre groupes:

- l'arcado-cypriote: en usage en Arcadie, à Chypre et en Pamphylie.

- l'éolien: dialecte d'Hérodote et d'Hippocrate. Une branche de l'ionien donnera naissance à l'attique, parlé dans la région d'Athènes. C'est ce dialecte qui est étudié dans les écoles et collèges et que nous appelons le plus souvent le grec classique. C'est la langue des grands écrivains d'Athène: Thucydide, Aristophane, Démosthène, Platon, Xénophon etc...

-Le dorien, que nous retrouvont surtout dans la lyrique chorale des odes du poète thébain Pindare en l'honneur des athlètes vainqueurs.

Les poèmes d'Homère furent écrits dans un grec à base d'ionien mélangé avec du éolien.

Après la mort d'Alexandre et à cause de son immense empire, commencera l'expansion de l'hellénisme, de partout on veut apprendre le grec et se fondra à sa culture. Le grec deviendra ainsi la langue dominante de tout l'Orient méditerranéen et ainsi se développe une langue commune appelée la koïnè: κοινὴ διάλεκτος. La koïnè c'est de l'attique qui a évolué et influencé par l'ionien. C'est la langue du Nouveau Testament entre autre.

L'alphabet grec compte vingt-quatre lettres:

Α, α, alpha
Β, β, ϐ, bêta
Γ,γ, gamma
Δ, δ, delta
Ε, ε, epsilon
Ζ, ζ, zêta
Η, η, êta
Θ, θ, thêta
Ι,ι, iota
Κ, κ, kappa
Λ, λ, lambda
Μ, μ, mu
Ν, ν, nu
Ξ, ξ, xi
Ο, ο, omicron
Π, π, pi
Ρ, ρ, rhô
Σ, σ, ς, sigma
Τ, τ, tau
Υ, υ, upsilon
Φ, φ, phi
Χ, χ, chi
Ψ, ψ, psi
Ω, ω, oméga

L'organisation du verbe grec est plutôt complexe. Le verbe en grec possède quatre thèmes: imperfectif, futur, aoriste, parfait qui expriment trois aspects: imperfectif, zéro et parfait. Il y a six modes: indicatif, impératif, subjonctif, optatif, infinitif et participe. Ce dernier, très souvent employé en grec, possède des particularités que le français n'a pas. Pour terminer il y a trois voix: active, moyenne et passive.

Le grec possède cette autre particularité, la voix moyenne qui souligne l'implication du sujet dans l'action: il le fait pour lui-même, ou il y met du sien, ou il en subit d'une manière ou d'une autre les conséquences etc. À titre d'exemple:

voix active: πολιτεύειν: administrer ou accomplir des actes de citoyen.
voix moyenne: πολιτεύεσθαι: s'investir dans la politique.
voix passive: πολιτεύεσθαι: être administré.

Le sujet d'un verbe à la voix moyenne est plus impliqué dans son acte, socialement ou psychologiquement, que le sujet d'un verbe à la voix active qui est dans une position plus extérieure vis-à-vis son acte. La voix moyenne est l'implication du sujet dans l'action. Puisqu'en français nous n'avons pas d'équivalent de cette catégorie grammaticale, de là commence les difficultés des traductions pour rendre, entre autre, la valeur spécifique de la voix moyenne. Ceci vous donne un simple aperçu des difficultés rencontrés pour la traduction en français du Nouveau Testament écrit dans le grec de la κοινὴ. En plus, le Nouveau Testament fut écrit en grec mais dans une culture hébraïque, ce qui rend encore plus complexe les traductions surtout en ce qui concerne la valeur des mots.

Revenons à la voix moyenne. A propos d'un serviteur qui détache le cheval de son maître nous emploierons plutôt la voix active: τὸν ἵππον λύει. Mais si le maître détache lui-même son cheval, nous emploierons plutôt la voix moyenne: τὸν ἵππον λύεται, car le maître est plus concerné personnellement par cette action. Pourtant en français nous traduisons ces deux phrases de la même façon: il détache le cheval, il semble y avoir qu'une infime nuance. Pourtant dans le système psychique d'information de la langue grecque, la différence était plus qu'une nuance, elle donnait une catégorie grammaticale très spécifique. Ce qui semble étrange, c'est que cette forme de la voix moyenne a les mêmes caractéristiques que la voix passive. Ce qui semble un peu contradictoire à première vue. Pourtant le sujet d'un verbe au passif est affecté par une action extérieure: l'hoplite est blessé par l'ennemi. Mais si on s'implique dans une action nous sommes par le fait même affecté par elle. Donc les formes communes du passif et du moyen nous disent que le sujet est affecté par l'action, il subit l'action ou il s'implique dans l'action.

Voilà, brièvement, une particularité de la langue grecque qui est complexe mais qui rend cette langue si belle, si agréable, si chantante.

Voici, en terminant quelques liens utiles pour ceux qui veulent en connaître d'avantage. Une remarque en passant, méfiez-vous des sites qui présentent le grec classique sans l'accentuation. Je considère que c'est une grave erreur de présenter le grec de cette manière et en plus il y a une mode d'enseigner le grec classique sans l'accentuation, pour moi c'est tout simplement encourager la paresse intellectuelle, alors à éviter.

Précis de grammaire grecque

Malheureusement les ressources sur internet du côté francophone pour le grec classique sont minimes à comparer avec les ressources du côté anglophone ou germanophone. Des sites américains regorgent d'informations au sujet du grec classique, cela nous montre où se situe l'intérêt actuellement pour le grec classique!!! Idem pour le latin!

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Re: Le grec classique

Message non lu par Théophane » mar. 05 août 2008, 13:48

Existe t-il une prononciation du grec propre à l'Eglise catholique, comme c'est le cas avec le latin ?
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: Le grec classique

Message non lu par Sapin » mar. 05 août 2008, 16:26

Bonjour Théophane,

Absolument pas. Le grec, contrairement au latin, a gardé une certaine pureté de la langue. Nous devons cette prononciation encore à l'humaniste hollandais Erasme. Contrairement aux différentes prononciations du latin où se disputent plusieurs écoles de pensée plus ou moins fautives, il semble que la prononciation du grec ne s'écarte pas trop de la prononciation antique. Un Grec du Ve siècle (av. JC) en nous écoutant lire sa langue maternelle la reconnaîtrait; un Latin na la reconnaîtrait sûrement pas. Il n'existe donc pas de prononciation du grec propre à l'Église.

Cette précision concernant la prononciation du grec, nous la devons en partie grâce à ses règles très complexes de l'accentuation par les esprits (rude ou doux pour marquer les aspirés) et les accents (aigu, grave, circonflexe). À noter que ces accents n'ont rien à voir avec la fonction des accents en français.

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Re: Le grec classique

Message non lu par Serge BS » mer. 06 août 2008, 10:31

Mon Père,

En premier lieu, permettez-moi de vous remercier pour votre défense du grec. Je partage votre opinion sur la question de l'enseignement sans l'accentuation, sauf dans le cas de personnes relativement âgées rêvant d'apprendre le grec, mais ayant toujours eu peur de l'aborder (je parle d'expérience), cas unique où cela peut à mes yeux, malgré les limites et les risques, être une aide à l'approche; mais il est, je l'admets, très important, dès que la personne est "accrochée", de la redirigée vers des méthodes plus classiques. Par contre, je suis tout à fait d'accord, il faut absolument éviter cette méthode avec des jeunes ! Sinon, faisiez-vous allusion à Soeur Jeanne d'Arc ? :-D

Mais, au principal, mon intervention est ici une question : comment faites-vous pour insérer les lettres grecques ? Je n'y suis jamais arrivé, alors que cela m'aurait et me sera utile ! Il est vrai que je suis assez proche du grand vide de neantus dès que j'aborde l'informatique...

Avec mon très filial respect.

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Re: Le grec classique

Message non lu par Boris » mer. 06 août 2008, 13:41

Sapin a écrit :Il n'existe donc pas de prononciation du grec propre à l'Église.
Je ne suis pas d'accord, lorsque nous chantons "kyrie eleison", nous utilisons une prononciation latine et non grecque.

Idem pour les impropères du Vendredi Saint.

De plus, l'écriture avec les caractères "latins" fait que nous perdons les nuances telles que omicron et omega.
UdP,
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Re: Le grec classique

Message non lu par Sapin » mer. 06 août 2008, 19:23

SBS a écrit :Mais, au principal, mon intervention est ici une question : comment faites-vous pour insérer les lettres grecques ? Je n'y suis jamais arrivé, alors que cela m'aurait et me sera utile ! Il est vrai que je suis assez proche du grand vide de neantus dès que j'aborde l'informatique...
Bonjour SBS,

Je vous donne immédiatement la référence pour insérer les lettres grecques:Lexilogos
Son petit défaut est au niveau de la texture des lettres, c'est inégale si l'on compare avec les lettres accentuées. Il y a peut être une solution meilleure, mais pour le moment je l'ignore. Je pourrai donner un peu plus tard une liste des différentes polices pour le traitement de texte.

Je reviendrai un peu plus tard pour réagir aux différents commentaires, certes tous pertinents!

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Message non lu par Serge BS » mer. 06 août 2008, 19:41

Merci !

Maintenant, quel(s) dictionnaire(s) nous conseilleriez-vous ? Personnellement, je me sers du très classique Bailly (A.), Dictionnaire grec/français (Hachette), ainsi que, moins fréquemment, de l'Abrégé du dictionnaire grec/français de C. Alexandre.

Par ailleurs, pour ce qui est :
1. des textes néotestamentaires, je consulte aussi le Dictionnaire grec/français du Nouveau Testament diffusé par l'Alliance biblique universelle, mais il me semble parfois bien incomplet. La grammaire utilisée est la Grammaire grecque du Nouveau Testament de Dom Bernard Botte ou, parfois, des éléments tirés du Wenham (Initiation au grec du Nouveau Testament) ;
-2. des textes archaïques et classiques, je m'accompagne aussi et notamment du Dictionnaire étymologique de la langue grecque de P. Chantraine.

Qu'en pensez-vous ? En particulier, n'y aurait-il pas meilleur pour ce qui est du Nouveau Testament ? Et que nous conseilleriez-vous de spécifique pour les Pères et les premiers auteurs chrétiens ?

Avec mon très filial respect.

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Re: Le grec classique

Message non lu par Sapin » mer. 06 août 2008, 22:39

Voici une bibliographie sommaire avec les ouvrages que je considère les plus intéressants.

Pour les dictionnaires

1- Liddell, Henry George & Scott, Robert, A Greek-English Lexicon, 9e édition, revue et augmentée par Henry Stuart Jones. Oxford, Clarendon Press, 1940, 2111 pp. C’est le seul dictionnaire qui couvre l’ensemble des textes grecs : inscriptions, papyrus et littéraire, exemples abondants mais pas toujours traduits. Un «Revised Supplement» dû aux soins de PGW Glare, Oxford, Clarendon Press, 1995, 288pp, apporte des corrections et des suppléments surtout pour les nouveaux textes trouvés sur des inscriptions ou des papyrus. C’est la sommité en frais de dictionnaire grec en provenance de Christ Church, mais très coûteux, malheureusement.

Mais il existe deux abrégés de niveaux différents des anciennes éditions de ce dictionnaire :

-A Lexicon Abridged from Liddell ans Scott’s Greek-english Lexicon. Oxford, Clarendon Press, 1871, 804 pp.

-An Intermediate Greek-English Lexicon, Liddel, Henry-George & Scott, Robert, Oxford, Clarendon Press, 1889, 910pp.

2- Estienne, Henri, Thesaurus Linguae Graecae, 3e edition refondue par Ch. B. Hase et W. Et L. dindorf, Paris, F. Didot, 1831-1865 (réimpression photomécanique), Graz, Akademische Druck, 1954

3- Bailly, Anatole, Dictionnaire grec-français, 26e édition revue par L. Séchan et P. Chantraine, Paris, Hachette, 1963 2230 pp. Très bon dictionnaire pour les textes littéraires mais plutôt insuffisant pour les inscriptions et les papyrus, citations toujours traduites en français avec références précises.

4- Magnien, Victor et LaCroix, Maurice, Dictionnaire grec-français, Paris-Belin, 1969, XV, 2167 pp. Textes littéraires, citations sans références précises, comprend des tableaux systématiques très claires pour les articles particulièrement longs, peut compléter le grand Bailly.

Pour le grec des textes chrétiens du Nouveau Testament aux Pères grecs : Les ouvrages complets sont surtout anglophones.

1- Bauer, Walter, A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, Chicago, University of Chicago Press, 1957, XXXVII, 909 pp.

2- Lampe, GWH, A patristic Greek Lexicon, Oxford, Clarendon Press, 1968, XLIX, 1568 pp. Développe plus particulièrement les termes philosophiques et théologiques.


Pour les grammaires,

Pour le grec du Nouveau Testamemnt et autres écrits chrétiens: les ouvrages complets demeurent encore anglophones et souvent germanophones.

Blass, Friechrich et Debrunner, Albert, A Greek Grammar of the New Testament and Other Early Christian Literature. A Translation and Revision of the Ninth-Tenth German edition incorporating supplementary notes of A. Debrunner by Robert W. Funk. Chicago, University of Chicago Press, 1961, XXVIII, 3245 pp.

Grammaire générale:

Ragon, Éloi et Dain, Alphonse, Grammaire grecque, Paris, J. de Gigord, 1961, VI, 282 pp. Index grec et index français. C’est la plus connue et la plus répandue c’est un excellent manuel élémentaire qui explique clairement les bases.


Pour la formation des mots

Un autre ouvrage de Chantraine, Pierre, la Formation des noms en grec ancien. Paris, Klincksieck. 1933 («Collection linguistique publiée par la Société de Linguistique de Paris» XXVII 473 pp. Index grec. Répertoire exhaustif des suffixes nominaux du grec, ce qui inclut aussi bien les suffixes d’adjectifs que de substantifs; très éclairant sur le sens de ces suffixes, complète très bien la Morphologie historique et le Dictionnaire étymologique du même auteur.


Pour la syntaxe

Humbert, Jean, Syntaxe grecque. 3e éd. Paris Klincksieck, 1960 (collection de philologie classique, II) 470 pp. Index grec, français et des passages cités.

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Re: Le grec classique

Message non lu par Sapin » jeu. 07 août 2008, 2:18

SBS a écrit :Mon Père,

En premier lieu, permettez-moi de vous remercier pour votre défense du grec. Je partage votre opinion sur la question de l'enseignement sans l'accentuation, sauf dans le cas de personnes relativement âgées rêvant d'apprendre le grec, mais ayant toujours eu peur de l'aborder (je parle d'expérience), cas unique où cela peut à mes yeux, malgré les limites et les risques, être une aide à l'approche; mais il est, je l'admets, très important, dès que la personne est "accrochée", de la redirigée vers des méthodes plus classiques. Par contre, je suis tout à fait d'accord, il faut absolument éviter cette méthode avec des jeunes ! Sinon, faisiez-vous allusion à Soeur Jeanne d'Arc ? :-D
Bonjour SBS,

Et merci de l'intérêt que vous portez pour le grec. Mon commentaire ne visait pas les personnes âgées qui veulent apprendre le grec, mais plutôt certains professeurs de grec ou hellénistes qui propagent cette nouvelle approche du grec classique ou de la κοινὴ sans les accents. C'est un un non-sens pur et simple. Je visais d'une certaine façon S. Jeanne-d'Arc mais encore plus certains sites internet qui présentent le grec sans accentuation ou les textes classiques des auteurs grecs sans l'accentuation ni les esprits, c'est inimaginable et incompréhensible, voire même complètement ridicule. Je ne comprends pas que l'on puisse lire le grec sans les accents et les esprits.
Boris a écrit :Je ne suis pas d'accord, lorsque nous chantons "kyrie eleison", nous utilisons une prononciation latine et non grecque.

Idem pour les impropères du Vendredi Saint.

De plus, l'écriture avec les caractères "latins" fait que nous perdons les nuances telles que omicron et omega.
Bonjour Boris,

C'est plutôt une latinisation de certains mots et de l'alphabet grecs dans la liturgie puisque certaines lettres n'existent pas. Ce sont les vestiges des liturgies antérieures au IVe siècle où la langue de la liturgie et de l'Église était le grec. Mais je ne crois pas que nous pouvons parler d'une prononciation propre du grec pour l'Église, on parlerait volontiers ici plutôt d'une déformation de la langue que d'une prononciation.

Kyrie eleison, Christe eleison = Κύριε ἐλέησον, Χριστὲ ἐλέησον, Κύριε ἐλέησον

Agios o Theos, agios ischyros, agios athanatos, eleison imas = Ἅγιος ὁ Θεός, Ἅγιος ἰσχυρός, Ἅγιος ἀθάνατος, ἐλέησον ἡμᾶς.


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Re: Le grec classique

Message non lu par Anne » jeu. 07 août 2008, 2:54

Tout ça c'est évidemment du grec pour moi! ;)

Mais je tiens à vous remercier, Sapin: j'ai appris (et vais continuer, je n'en doute pas, en espérant que vous continuerez à partager vos connaissances sur le sujet) beaucoup à propos de cette langue des plus complexes!

:clap:
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
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Re: Le grec classique

Message non lu par Serge BS » jeu. 07 août 2008, 10:06

Merci Mon Père pour ces références... Je me sers en effet parfois du Liddell, ... (que je consulte dans un Couvent), mais j'ai toujours peur de faire une "sur-erreur" avec la double traduction. Pourquoi une telle absence des Français ? Voilà peut-être une bonne question ?

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Re: Le grec classique

Message non lu par Théophane » jeu. 07 août 2008, 11:08

La question que je me pose est la suivante : si nous lisons un texte néotestamentaire en grec, y a t-il une prononciation "catholique" ?
Par exemple, en prononçant le upsilon "i". Je serais très curieux de savoir comment chaque lettre doit être dite.
La prononciation que j'ai apprise au lycée me semble plutôt satisfaisante, mais celle qu'on nous a inculquée avec le latin est tellement détestable que je viens à avoir des doutes.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: Le grec classique

Message non lu par Serge BS » jeu. 07 août 2008, 11:30

Selon : J. W. Wenham, Initiation au grec du Nouveau Testament, Beauchesne, 1986, 2° éd., pp. 18-19 :

Alpha : a
Bêta : b
Gamma : g dur (comme gare)
Delta : d
Epsilonn : é (comme nez)
Zêta : dz ou z (comme Zeus)
Eta : ê long (comme fête)
Thêta : t
Iota : i
Kappa : c dur (comme car)
Lambda : l
Mu : m
Nu : n
Xi : cs (comme axe)
Omicronn : o bref (comme corps)
Pi : p
Rho : r français
Sigma : s (comme danse)
Tau : t
Upsilonn : u français (comme but)
Phi : f
Khi : c dur (comme Christ)
Psi : ps
Oméga : o long (comme drôle)

Gamma se prononce "n" devant un autre gamma, kappa, khi et zêta.

Au début d'un mot, iota se prononce comme "y" (comme dans Yonne)

"alpha iota" se prononce ai (comme ail)
"epsilonn iota" se prononce ei (comme veille)
"omicronn iota" se prononce oi (comme boy)
"alpha upsilonn" se prononce au (comme cause)
"omicronn upsilonn" se prononce ou (comme route)
"eta upsilonn" et "epsilonn upsilonn" se prononcent eu (comme feu)
"upsilonn iota" se prononce uy (comme Pully)

Donc quelques légères différences avec la grammaire que j'avais au lycée (Allard et Feuillâtre, pp. 3-10).

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Re: Le grec classique

Message non lu par Olivier » ven. 08 août 2008, 14:18

J'essaie d'apprendre petit à petit (faudrait que je m'y remette) au grec classique mais ce n'est pas évident. J'arrive quand même à déchiffré les lettres.

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Re: Le grec classique

Message non lu par Serge BS » ven. 08 août 2008, 19:25

Bon courage Olivier !

N'oubliez pas que le Diocèse organise de bons cours de grec du Nouveau Testament au Centre diocésain Le Mistral... Tous niveaux, y compris débutants... Je ne peux donc que vous conseiller d'y participer. Le travail en groupe est toujours meilleur que le travail seul lorsque l'on (re-)découvre une langue, surtout le grec ! La formation est de très bonne qualité !

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