Merci de me mettre en valeur Charles ! Je te renverrai l'ascenseur un de ces quatre... ;-)Charles a écrit : L'appellation "interdit d'hygiène"utilisée parfois au sujet de certains aspects des religions est complètement infondée, c'est de la pure supposition sans le moindre début de preuve, et en contradiction avec les meilleures recherches anthropologiques.
Notre MB national est le bienvenu pour nous apporter ses lumières sur cette question qu'il connaît à fond. ;-)
Effectivement, cela n'a rien à voir avec l'hygiène, pour une raison très simple, c'est qu'on ne retrouve pas forcément les mêmes prescriptions morales chez des peuples ayant vécu sous les mêmes latitudes. On pense aux Grecs et aux Romains naturellement, mais il y a aussi, quoiqu'en ait dit le coran, toute une tradition de l'amour des garçons dans le monde musulman ; or les musulmans se glorifient souvent d'avoir été plus "hygiéniques" que les Occidentaux pendant longtemps...
De plus, il n'est pas sûr que le sexe féminin n'ait pas suscité moins de dégoût que l'anus masculin, chez ces peuples qui étaient en général très misogynes. C'est là qu'avaient lieu les règles, et les règles faisaient terriblement peur aux hommes de l'époque : il n'est qu'à lire les prescriptions de Pline l'ancien qui sont assez délirantes, ou tout simplement se souvenir des conceptions des Hébreux à ce sujet.
Il faut généraliser le point de vue de Charles (même si l'on peut le dire de manière plus douce et plus délicate...) : on a souvent essayé de justifier par de l'"hygiène" certaines prescriptions religieuses. Il peut arriver que celles-ci coïncident avec des préceptes hygiéniques, mais c'est un pur hasard ; qu'on se rappelle que l'hygiène pasteurienne n'existe pas avant Pasteur. Pour mieux comprendre tout cela, il y a un livre, dont la traduction française est la suivante : De la Souillure, par Mary Douglas (je crois qu'il est disponible chez La Découverte). C'est un grand classique de l'anthropologie, et très agréable à lire. Pour résumer outrageusement la thèse : il n'y a pas de chose impure en soi. Ce qui est sale ou impur, c'est le contact de deux choses, éléments, personnes, qui normalement (c'est-à-dire dans l'ordre du monde fixé par la manière de voir de tel peuple) ne doivent pas être mises en relation, quelle que soit leur nature par ailleurs. Ce sont les contacts qui sont impurs, et non les choses. Ex. : des chaussures ne salissent pas lorsqu'elles servent à marcher sur le trottoir ; mais elles salissent lorsqu'on les pose sur une table.
Mary Douglas poursuit le livre en suivant ce principe et en faisant des analyses très fines de la Loi hébraïque, que je ne saurais résumer ici. A lire, on comprend bien mieux !
A bientôt
MB