Fée Violine a écrit :Bon ! Et donc, qu'en pensez-vous ?
Comme je disais, je n'arrive pas à me prononcer définitivement. Effectivement on va vers quelque chose de radicalement différent et il est clair que les besoins de l'enfant sont primordiaux dans cette histoire. Mais là où les opinions divergent c'est concernant les dits besoins. Comme vous dites on ne sait pas ce que ça donnera sur les enfants. En tout cas je pense que nous tendons, au sein de la société, vers la "normalisation" de ces situations. Ici, en Belgique, la question ne se pose plus. Le tour de la France viendra certainement. Je ne m'en sens pas profondément chamboulée dans mon quotidien, je vous avoue. Je sais que si j'étais lesbienne, je me sentirais pas tout à fait à l'aise avec ma conscience à l'idée de combler mon besoin de maternité via l'adoption, comme si l'enfant était là pour soulager mes frustrations. Mais encore c'est quelque chose que je dis sans le vivre, qui sait si sur le fait accompli j'aurais le même discours. J'espère en tout cas. Je connais quelques gays qui ne veulent pas être parents parce qu'ils ont peur de priver un enfant d'une maman, c'est tout à leur honneur, mais je peux comprendre aussi que certains le vivent comme une injustice. Dans une société où revendications (voire communautarisme) sont à l'ordre du jour, et où comme le disait quelqu'un les repères sont tout autres, voire parfois inexistants, on ne sait plus quoi appeler bien ou mal. Et je vous avoue que parfois moi non plus.
Concrètement, nous allons devoir faire avec une société qui change et qui ne nous convient pas totalement. On devra bien apprendre à faire avec...
Mais je crois sincèrement qu'il faille modérer un peu certains discours et ne pas juger trop hâtivement, ne fût-ce que pour le bien des enfants qui seront les premiers stigmatisés. Si j'avais deux mamans et que j'entendais des gens militer à mon sujet en sous-entendant que j'aurais jamais dû exister dans ces conditions-là, que mes mamans sont irresponsables et égoïstes, qu'elles auraient dû s'abstenir de faire ce choix, je doute que je pourrais le prendre avec philosophie, je serais certainement très blessée. Soyons en accord avec nos convictions mais pensons aussi à la souffrance de ces couples qui n'ont pas fait le choix d'être homo et qui s'imaginent sans doute finir leur vie tout seul sans personne qui se soucie d'eux (car oui techniquement on aspire à avoir ses enfants à ses côtés en vieillissant), ça ne doit pas être spécialement facile à vivre.
Puis pour l'égoïsme et le côté liberté individuelle, je suis tout à fait d'accord, mais je connais aucun couple (hétéro compris) jusqu'à présent qui fait un bébé par altruisme. C'est bien pour ça que tant de couples veulent à tout prix un bébé "à eux" et pas à l'adoption. Donc cet argument-là ne le limitons pas aux homos.
"Ma souffrance est ma vengeance contre moi-même." (A. COHEN)