C'est quoi la morale laïque?

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Aldous
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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par Aldous » mer. 05 sept. 2012, 13:22

AdoramusTe a écrit :
Aldous a écrit :Enfin, Adoramus a bien écrit : Or aujourd'hui, l'Etat est incapable de ... etc...
Effectivement, je parle de notre époque. Et quand je parle d'incapabilité, ce n'est pas une affaire de compétences mais de volonté politique.
Les derniers gouvernements ont été laxistes et le présent gouvernement ne fait que laisser filer les choses voire aggraver la situation.
Soyons justes, tous ont leur part de responsabilité.
A mes yeux vous n'êtes pas juste car le gouvernement présent n'est là que depuis 4 mois!.... C'est vraiment peu pour décréter: "il ne fait que laisser filer les choses"...
Dernière modification par Aldous le mer. 05 sept. 2012, 13:30, modifié 1 fois.

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par AdoramusTe » mer. 05 sept. 2012, 13:29

Aldous a écrit :A mes yeux vous n'êtes pas justes car le gouvernement présent n'est là que depuis 4 mois!.... C'est vraiment peu pour décréter: "il ne fait que laisser filer les choses"...
Très bien. Alors, que fait-il pour améliorer les choses ?
lutte contre la délinquance : suppression des tribunaux pour mineurs ?
lutte contre la drogue : salles de shoot ?
mariage homosexuel
adoption d'enfants par les homosexuels
euthanasie
modification des lois de bioéthique sur la manipulation d'embryon.

Faut-il allonger la liste ?
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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par Aldous » mer. 05 sept. 2012, 13:33

AdoramusTe a écrit :
Aldous a écrit :A mes yeux vous n'êtes pas justes car le gouvernement présent n'est là que depuis 4 mois!.... C'est vraiment peu pour décréter: "il ne fait que laisser filer les choses"...
Très bien. Alors, que fait-il pour améliorer les choses ?
lutte contre la délinquance : suppression des tribunaux pour mineurs ?
lutte contre la drogue : salles de shoot ?
J'ai raccourci votre liste car ce que je dis ne concerne que ce que vous dites à propos des banlieues... (voir votre post de 9h33 et ma réaction à 9h42, page précedente)
Et je vous dis: je trouve bien injuste votre jugement sur ce dossier (les banlieues) alors que ce gouvernement n'est là que depuis 4 mois...

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par Cgs » mer. 05 sept. 2012, 15:09

AdoramusTe a écrit :
Aldous a écrit :A mes yeux vous n'êtes pas justes car le gouvernement présent n'est là que depuis 4 mois!.... C'est vraiment peu pour décréter: "il ne fait que laisser filer les choses"...
Très bien. Alors, que fait-il pour améliorer les choses ?
lutte contre la délinquance : suppression des tribunaux pour mineurs ?
lutte contre la drogue : salles de shoot ?
mariage homosexuel
adoption d'enfants par les homosexuels
euthanasie
modification des lois de bioéthique sur la manipulation d'embryon.

Faut-il allonger la liste ?
Je rebondis sur ce point pour établir ce qui me semble être l'origine du dérapage de la morale vers la situation actuelle. Cette explication a pour but de montrer le décalage entre l'existence d'une morale laïque provenant de l'Etat, et les actes de l'Etat lui-même.

A la Révolution Française, la volonté était de renverser l'ordre établi de l'Eglise pour le substituer à un autre. C'est une première redéfinition de la morale, qui amènera à légitimer la Terreur, le pillage des biens de l'Eglise, et l'établissement de lois contraires à la morale naturelle (comme la loi instaurant le divorce du 20 septembre 1792).

A la fin du XIXème siècle, les actes de Jules Ferry, lorsqu'il était ministre, coupent la morale de toute référence transcendante (interdiction du catéchisme, interdiction des locaux aux ministres des cultes, salarisation des clercs enseignants). Il disait : « La vraie morale, la grande morale, la morale éternelle, c’est la morale sans épithète… La morale est plus grande quand on ne la définit pas, elle est plus grande sans épithète. ». Un aveu révélateur. Rappelons qu'il se référait au courant positiviste du XIXème siècle, qui prônait la substitution de l’amour de l’Humanité à l’amour de Dieu. Dès lors, la morale agissait en roue libre, libre de toute définition objective, avec les dérives que nous constatons aujourd'hui.

Ces événements ont permis d'adopter une série de lois contraires à la morale à l'avenir. Ceci montre bien que couper la morale de sa source mène à n'importe quoi, sous prétexte de liberté.

Cordialement,
Cgs
Mes propos qui apparaissent en vert comme ceci indiquent que j'agis au nom de la modération du forum.

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par AdoramusTe » mer. 05 sept. 2012, 15:24

Merci de ces utiles rappels historiques, Cgs.
Cgs a écrit : Ces événements ont permis d'adopter une série de lois contraires à la morale à l'avenir. Ceci montre bien que couper la morale de sa source mène à n'importe quoi, sous prétexte de liberté.
J'adhère en tout point.
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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par papoter » mer. 05 sept. 2012, 16:19

jean_droit a écrit :Voilà que le gouvernement pense à la mise en place de cours de "morale laïque".

Qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas il s'agit de se substituer à la "morale chrétienne".

Le tout est de savoir si cette matière deviendra obligatoire dans les écoles catholiques sous-contrat.

Dans ce cas c'est un vrai échec pour l'Eglise de France car cette "morale laïque" si elle est "laïque et obligatoire" ira à l'encontre de bien des enseignements de l'Eglise.

Nous avons de durs jours devant nous grace aux projets du gouvernement socialiste.

http://www.atlantico.fr/pepites/educati ... 69377.html

Pas forcément car il n'y a qu'une seule morale, celle du bien contre le mal, celle de respecter autrui en toutes occasions, celle d'aider ceux qui en ont besoin, etc, etc...

Mieux vaut une morale dite laïque, même obligatoire, que le laisser-aller actuel

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par jean_droit » mer. 05 sept. 2012, 18:58

Voilà une synthése interessante du père de Tanoüarn dans Metablog.

Les vidéos attachées sont, aussi, très intéressantes.

"Une religion pour la république" ?

http://ab2t.blogspot.fr/2012/09/la-theo ... (MetaBlog)
La laïcité disent-ils. Disons : le laïcisme.

Procès d'intention, penserez-vous peut-être. C'est parce qu'il est socialiste que vous accablez ce gendre idéal au sourire cheese qu'est Vincent Peillon. Non. Je n'y vais pas au hasard Vincent Peillon est philosophe, il a une oeuvre qui parle pour lui. Il suffit de le juger sur pièce. Si vous n'avez pas le temps de vous pencher sur ces deux "Opus" signés Peillon, que sont Jean Jaurès et la religion du socialisme (2000) et Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson (2010), vous pouvez vous reporter [voir ci-après] à l'entretien filmé de Vincent Peillon pour Le Monde des religions, daté du 3 mars 2012. C'est hallucinant. Si Jean Ousset avait connu Internet, il aurait passé cette vidéo dans tous les camps de formation de l'Office.

Que dit Peillon ? Que l'éducation est le moyen par lequel la République a décidé de pérenniser sa domination politique. Jusqu'au XIXème siècle, bon an mal an, en France, c'est l'Eglise qui a détenu le Pouvoir spirituel, c'est l'Eglise qui ritualisait les différents moments de la vie, c'est l'Eglise, "temple des définitions du devoir" qui détenait la clé des valeurs dominantes dans la société : générosité, sens du devoir, respect etc. Le Pouvoir spirituel explique Peillon à propos des grands ancêtres au début du XXème siècle, doit désormais passer de l'Eglise à l'Ecole. Ils ont fait ce qu'il fallait pour.

Aujourd'hui, Vincent Peillon agit en qualité de ministre détenant le Pouvoir spirituel dans notre société. Il explique dans l'entretien avec le Monde des religions que le Christ peut très bien servir d'étalon moral. Les valeurs laïques sont des valeurs chrétiennes (dont acte), auxquelles il manque quelque chose cependant : la foi dans la divinité du Christ. Dieu ne s'est pas incarné seulement dans le Christ. Pour notre Ministre, il s'incarne dans tous les citoyens. Chacun devient un petit dieu, avec des droits, qu'il fait respecter. La démocratie française pour Peillon, c'est l'incarnation à 60 millions d'exemplaires.

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par pax » mer. 05 sept. 2012, 21:22

Ah enfin quelqu'un qui reparle de ces videos.
Il est bien évident que ce projet s'inscrit dans une tentative de détourner la morale de sa source réelle pour imposer un salmigondis de valeurs subjectivistes variables au gré du temps (donc par définition non morales, puisque contingentes) et de l'agenda des lobbies de réflexion qui nous imposent ce que nous devons penser, faire et aimer.

Comment cette école qui nie le génocide post révolutionnaire, qui ment en permanence sur l'histoire en la réécrivant au gré de ces valeurs à elle, a le toupet de prétendre enseigner la morale. Un simple exemple : dans cette école, on ne parle jamais des morts du 06 Février 34, (ils sont pourtant 22 parmi les milliers qui avaient reçu le droit de manifester pour demander des comptes à la "Gueuse"); tandis que le 08 février 62 impossible de manquer les 8 morts de Charonne (durant une manifestation interdite).
A leurs yeux, déjà que nos morts ne valent rien, alors notre morale... :ciao:
Qui sinon cette sinistre école s'occupe de détruire ce qui reste de positif, dans l'esprit des enfants, relativement aux valeurs traditionnelles et à leur héritage ?
Qui leur enseigne à détester les valeurs portées par notre civilisation ?
Qui leur inculque la haine de tous ceux qui ont édifié ce pays en luttant pour que nous puissions vivre dans une nation que le monde entier enviait et copiait au 18e ?

Et c'est cette école qui va enseigner la morale, et il faudrait applaudir des 2 mains :clap:

Je suis désolé mais je n'arrive pas à comprendre comment on peut une minute prêter une once de bonne foi à ce type de projet

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par jean_droit » jeu. 06 sept. 2012, 7:32

Quand on voit la liste de certains ouvrages écrits par l'actuel ministre de l'éducation nationale :
Jean Jaurès et la religion du socialisme (2000) et Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson (2010)
On ne peut que se rappeler la prétention de la Révolution Française de se substituer à la religion catholique. Rappelons-nous ces fêtes de la Raison et cet acharnement contre l'Eglise et les prêtres.

Nous n'en sommes pas là évidemment et il faudrait en savoir plus sur les réelles intentions du ministre mais il me semble que l'idée y est.

Très, très inquiétant. C'est un vrai danger pour l'Eglise.

J'espère que nos évêques veillent au grain et seront vraiment actifs sur ce sujet.

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par jeanbaptiste » jeu. 06 sept. 2012, 10:50

Il y a un passage très intéressant dans la première vidéo ou Peillon explique que la République française a laissé le pouvoir spirituel (il pense toujours en terme de pouvoir) à l'Église Catholique ce qui pose un problème pour la démocratie selon lui. En effet, l'Angleterre, par exemple, est pour lui un modèle sur ce plan car c'est pays protestant et que, selon lui, le protestantisme est une religion compatible avec la démocratie car une religion du "libre examen"... En France on a essayé des vagues de conversion au protestantisme dit-il, mais ça a échoué. Alors il faut inventer une religion laïque.

Plusieurs points donc :

- Il ne s'agit ici que de pouvoir à prendre. La vérité, les rituels, le "charnel" (comme il dit), les funérailles, tout cela n'importe à Peillon pour l'État que comme "lien de pouvoir". On peut donc bricoler une religion à sa guise.

- Le catholicisme est présenté comme anti-démocratique.

- Le catholicisme est présenté en opposition au protestantisme comme une religion hostile au "libre examen".

Je vais vous dire un truc, on reproche beaucoup aux "tradis" d'avoir une vision XIXe siècle du monde, on pourrait dire la même chose de certains socialistes aux pouvoir !

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par spk » jeu. 06 sept. 2012, 16:12

J'interviens dans la discussion un peu tard et sans doute un peu comme un cheveu sur la soupe, mais tant pis je le fais quand même.
Je serais prêt à parier que vous vous excitez -du moins certains de ceux qui sont intervenus- pour peu de chose. Le coup de l'enseignement de la morale à l'école, Chatel l'avait déjà fait, et Allègre avant lui. On appelle cela une diversion. Le but est d'éviter les vraies questions en proposant un sujet polémique, puis on arguera de la polémique suscitée pour ne rien faire.
Mais bon il se peut que je me trompe et que Peillon, contrairement à ses prédécesseurs, soit sincère quand il lance ce genre de marronnier. Admettons qu'un enseignement de morale laïque soit mis en place, avec évaluation promet Peillon (c'est important, car cela exclut un enseignement de type aumônerie, limité aux discussions en commun dirigées par un adulte, ce qui d'ailleurs existe déjà sous le nom d'ECJS). En quoi consistera-t-il?
Il me paraît évident qu'il ne peut être qu'un enseignement de morale universelle. Il entrerait en effet en contradiction avec l'idée de laïcité que d'enseigner comme devoir à accomplir ce qui n'a de sens qu'au sein d'une communauté. Théoriquement, c'est possible. Le risque est d'enseigner l'hypocrisie, car pour avoir une bonne note il ne faudra pas bien se conduire mais donner la réponse attendue, mais c'est tout à fait possible en théorie je me répète. Mais qui osera dire qu'il faut enseigner une morale universelle sans susciter une levée de boucliers de tous les horizons? Il faudrait un courage politique dont j'ai bien peur qu'il dépasse les capacités d'aucun homme politique français. Le jeu en vaut-il la chandelle? Je ne crois pas! Je prends donc le pari qu'il ne se passera rien, ou à la rigueur une réformette bidon pour ne pas trop perdre la face.

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par papoter » jeu. 06 sept. 2012, 17:18

S'agissant de l'école publique et de l'école privée sous contrat qui sont sous la tutelle de l'Etat, je ne vois guère comment les catholiques peuvent s'y opposer. Quelques évêques -peut être- publieront un texte dans la presse pour affirmer leur désapprobation et je n'en suis même pas sûr...

Alors ? Attendons la suite mais il est fort possible que ce ne soit qu'un pétard mouillé comme souvent dans le domaine de l'éducation, y compris sous la droite.

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par Cinci » jeu. 06 sept. 2012, 23:36

Il y a bien Bill Gates qui s'était essayé à produire une morale laïque et républicaine.

Il aura pu nous décliner sa ''table des dix commandements'', il y a déjà plus d'un an déjà et comme justement à l'occasion d'un passage dans une école.

http://blogues.journaldemontreal.com/ma ... ill-gates/

  • Règle 1 :
    La vie est injuste : habituez vous!

    Règle 2 :
    Le monde se fout de votre amour-propre.
    Le monde s’attendra à ce que vous accomplissiez quelque chose AVANT que vous ne vous félicitiez vous-même.

    Règle 3 :
    Vous ne gagnerez pas $60,000 l’an en sortant de l’école.

    Règle 4 :
    Si vous croyez que votre professeur est dur avec vous, attendez d’avoir un patron.

    Règle 5 :
    Travailler dans une friterie n’est pas s’abaisser, vos grands-parents avaient un mot différent pour ça; ils appelaient ça une opportunité.

    Règle 6 :
    Si vous gaffez, CE N’EST PAS LA FAUTE DE VOS PARENTS, arrêtez de chialer et apprenez de vos erreurs.

    Règle 7 :
    Avant que vous naissiez, vos parents n’étaient pas aussi ennuyants qu’ils le sont maintenant, ils sont devenus comme ça, en payant vos factures, en nettoyant vos vêtements et en vous entendant raconter combien bons et cool, vous vous croyez.
    Ainsi, avant de sauver les forêts tropicales des parasites de la génération de vos parents, commencez donc par faire le ménage dans la garde-robe de votre propre chambre.

    Règle 8 :
    Votre école s’est peut-être débarrassé du système gagnant-perdant, mais PAS LA VIE. Dans certaines écoles, on a aboli les notes de passage et on vous donne autant de chances que vous voulez pour obtenir la bonne réponse.
    Ceci ne ressemble en aucune façon à la vraie vie.

    Règle 9 :
    La vie n’est pas divisée en semestres. L’été n’est pas une période de congé. Et très peu d’employeurs sont disposés à Vous aider à VOUS TROUVER, faites ça sur votre propre temps.

    Règle 10 :
    La télévision n’est pas la vraie vie. Dans la vraie vie, les gens quittent le café et vont travailler.

    Règle 11 :
    Soyez gentils avec les “vieux cons”, … il y a de bonnes chances que vous en ayez un pour patron.
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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par nic nac » sam. 08 sept. 2012, 19:59

En Belgique, nous avons déjà le cours de morale laïque depuis des années, enfin dans les écoles officielles. Mais ce cours de morale n'est suivi que par ceux qui le désirent. Les autres ont un cours confessionnel au choix : religion catholique, protestante, orthodoxe, juive, ou musulmane...

Les écoles libres catholiques n'enseignent que la la religion catholique.

Au cours de morale, en primaire (6-12 ans), on parle de la pauvreté, de la paix dans le monde, du respect des personnes âgées, du racisme, de la tolérance, de l'environnement, on nous apprend à respecter tout le monde, quelque soit l'origine, la religion, la couleur, etc. Ou nous a parlé également des 3 grandes religions monothéistes.

En secondaire, on aborde le sujet des religions plus en profondeur, on débat sur l'avortement, l'euthanasie, la contraception... Le prof dirige le débat sans jamais nous influencer. On parle aussi d'esprit critique, on aborde la question des droits de l'homme. On parle un peu politique, dictature, démocratie...

Voilà en gros.
Il y a ceux qui ne savent plus dire pardon, il y a ceux qui pensent qu'un "je t'aime" s'achète, il y a ceux qui s'en vont s'en regarder derrière, ceux qu'ils ont blessés. Il y a ceux qui ne se contentent de rien, il a ceux qui sont captifs de leur fierté, quand on joue de l'orgueil pour se sentir moins seul, on se souvient qu'ils nous ont aimés

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Re: Formation à la "morale laïque"

Message non lu par Cinci » sam. 08 sept. 2012, 22:06

La morale


«La première question qui a divisé les philosophes au sujet de la morale fut celle de savoir si elle avait une existence en soi, naturelle, ou bien si elle n'était que le produit de conventions, relatives par définition. Contre les sophistes qui sont des conventionnalistes, Platon affirmait l'existence d'un Bien en soi, aussi réel et objectif que la vérité. Dès lors, agir bien est affaire de connaissance : nul n'est méchant volontairement, le méchant est un ignorant.Le relativisme des sophistes hérissait Platon : s'il n'y a de bien et de mal que par rapport à celui qui juge, alors il n'y a ni bien ni mal, il n'y a plus que des opinions multiples et évanescentes.

[...]

Freud a semé un beau désordre lorsqu'il a pointé le fait que la conscience morale n'est absolument pas consciente. Car si la justice des hommes commet nombre d'injustices, que dire de ce tribunal intérieur qui nous tourmentera pour des peccadilles et absoudra nos pires fautes ? Le constat est facile à dresser : quels sont nos actes et nos comportements que notre conscience a jugés avec la plus grande sévérité ? Certainement pas ceux qui correspondaient au pire. Inversement, nous nous sommes pardonnés avec indulgence sans pareille à peu près tous nos crimes. La conscience a une voix qui ne parle pas net, et un regard qui voit trouble. Le remords est un poison qui tombe rarement dans la coupe des criminels et jamais dans celles des plus grands criminels (au procès de Nuremberg, aucun des grands responsables nazis n'a assumé ses actes comme des crimes).

Il n'y a pas plus de raison que nous soyons juste lorsque nous jugeons autrui. D'ailleurs, est-ce bien autrui que nous jugeons ? N'est-ce pas encore et toujours nous-mêmes ? Il n'est que de voir pour s'en convaincre l'échelle de nos sévérités et indulgences - elle ne correspond pratiquement jamais à la gravité objective des dommages causés à la société. D'une manière générale, nous pardonnons volontier à ceux qui ont accompli un acte que nous aurions pu accomplir nous-mêmes, alors que nous réservons notre intransigeance à ceux qui ont fait quelque chose dont nous nous croyons incapables. Le jugement moral procède donc d'une identification inconsciente - c'est pourquoi dans une affaire de viol, les femmes, qui peuvent s'identifier à la victime, seront plus sévères que les hommes, chez lesquels la position du violeur, du moins en pensée, n'est pas à exclure.

[...]

Un dirigeant d'entreprise qui soustrait des millions d'euros au fisc sera scandalisé de voir un adolescent sauter par-dessus les tourniquets du métro sans payer : ce n'est pas lui, le dirigeant d'entreprise, qui aurait l'idée de voyager sans ticket (à supposer qu'il prenne un jour le métro...); il pourra même mettre un jour son honnêteté sur le compte de son sens civique.

[...]

C'est ainsi pour donner à la morale une assise de granit que les sociétés anciennes et traditionnelles la font dériver d'un dieu ou d'un ancêtre mythique.

[...]

Aujourd'hui, même si nous savons historiquement que nos idées morales ont une origine religieuse, le projet d'une morale laïque est accepté par presque tous. Or, nous assistons conjointement à une terrible perte d'influence de la morale - identifiée à un ordre ancien perçu comme trop contraignant et répressif. C'est dans ce contexte qu'il convient de comprendre le remplacement actuel de la morale par l'éthique. Au départ, pourtant, aucune différence repérable ne sépare les deux : morale dit simplement en latin ce qu'éthique dit en grec. La seule distinction d'après l'usage, étant qu'éthique est plutôt utilisé pour désigner une théorie de la morale, une métamorale [...]

... aujourd'hui plus personne ne parle et même n'ose parler de morale. Tout désormais oppose la morale et les éthiques: la morale est universelle (à prétention universelle), l'éthique est particulière à une profession (l'éthique de la médecine), à un pays (les comités consultatifs d'éthique sont nationaux), à une personne. La morale disait le bien et le mal, l'éthique se contente du bon ou du mauvais. À la triade morale de l'obligatoire, de l'interdit et de l'autorisé, l'éthique substitue le souhaitable, le non-souhaitable et le possible. La morale est principialiste : elle énonce le bien en soi comme un absolu de départ, et juge la valeur d'une action en fonction de sa plus ou moins grande conformité à ce principe (ainsi, si l'embryon est déjà pourvu d'une qualité humaine, le manipuler et le détruire sera jugé mal du point de vue moral). L'éthique, elle, est conséquentialiste : elle estime qu'une action peut être jugée bonne dès lors que les résultats obtenus apportent plus d'avantages que d'inconvénients (ainsi le clonage ne sera-t-il pas condamné a priori, selon le point de vue pragmatique du wait and see, «attendons voir», on jugera à la fin s'il doit être poursuivi ou arrêté.)

Peut-on dire qu'avec l'utilitarisme mondialisé, l'éthique a définitivement remplacé la morale ? Ce serait sans compter avec l'idéologie des droits de l'homme, en voie de mondialisation accrue, et dont on peut dire qu'elle est, en son fond, morale (ce qui, au passage, ne manque pas d'en énerver plus d'un)»

- Christian Godin, Le comptoir philosophique, pp. 255-257

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