Sans la vie, pas d'hommes, donc pas de civilisation. La vie est LE bien suprême que toute civilisation doit chérir par dessus tout, parce qu'elle repose entièrement dessus.
Quand une civilisation instaure un droit au suicide, elle signe purement et simplement son arrêt de mort.
Et puis franchement, c'est d'une logique folle : qu'est-ce que la liberté sans la vie ? Avoir le droit de mourir, ça n'est ni plus ni moins avoir le droit de se priver de sa liberté !
Source : interview de M. Jacques Attali publié par Michel Salomon dans son livre "l'Avenir de la Vie" (éd. Seghers), 1981 (pages 274-275).J. Attali a écrit :l'euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures. Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste c'est la liberté et la liberté fondamentale c'est le suicide ; en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société.
Il faut bien faire la différence entre liberté et libre arbitre.
Le libre arbitre, c'est la licence : "do that you want" ("fais ce que tu désires"), devise sataniste reprise par les anarchistes, les socialistes et autres libertaires du même style.
L'homme n'a pas de libre arbitre : il est fondamentalement dépendant et ancré dans des lois naturelles. S'arroger le libre arbitre, c'est le premier péché, celui de l'ange et de nos premiers parents : vouloir faire sa propre loi en faisant fi de toutes les conditions (autorité, lois naturelles, morale), en bref : vouloir se faire Dieu. Cette prétendue liberté s’arrête à accepter ou refuser Dieu.
Spinoza avait déjà soulevé l'imposture de cette fausse définition de la liberté. Il écrivait :
Mais on pourrait objecter qu’il n’y a là aucune soumission, aucune perte de la maîtrise de soi dans la mesure où c’est de nous-mêmes que nous recherchons le plaisir.Spinoza a écrit :On pense que [...] l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire des esclavages [...].
Seulement, et c’est le deuxième argument de Spinoza contre cette fausse définition de la liberté, il faut distinguer notre plaisir et notre bien. Si en poursuivant le plaisir, on ne fait rien qui nous soit utile, alors on ne se rend pas service. Si éprouver du plaisir joue au détriment de nos intérêts, de notre avenir, de notre santé..., on ne fait rien de bon pour nous. Si la recherche du plaisir est finalement la cause de notre malheur, alors elle nous a fait faire quelque chose que nous ne voulions pas puisque personne ne désire être malheureux. Dans ces conditions, on ne peut pas dire qu’on est libre puisqu’on fait quelque chose qu’en réalité nous ne voulons pas : faire notre malheur.
La véritable liberté au contraire ne s'oppose pas à la soumission : c'est le fait de se mouvoir dans le bien. Ça peut être difficile à comprendre au premier abord, mais c'est très clair :
C'est tout simplement le contraire de la dépendance au sens médical du terme, c'est s'épanouir : se développer (développer ses capacités) en fonction de notre propre nature, de notre propre condition, en vue de notre fin. Et cela passe par l'acceptation de soi, de notre condition (soumission), cela implique également la maitrise de soi, donc le sacrifice.
On est ici, à l'opposé du libre-arbitre, qui ressemble plutôt au caprice...
Le choix du suicide illustre particulièrement cette différence fondamentale. Différence camouflée durant des siècles à grands renfort de mensonges.
Bon, j'arrête là, ça m'énerve.