L'Église et la contraception

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Raistlin
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Raistlin » mar. 02 mars 2010, 17:57

Elric a écrit :Dieu est Amour.
Et amour=sexe débridé dans nos sociétés érotisées, on le sait bien.

Seulement, vous êtes-vous posé la question de savoir si la façon qu'a Dieu d'aimer est ce que notre monde obnubilé par le sexe conçoit ?
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur l'amour de Dieu et je suis à peu près certain qu'invoquer cet amour pour justifier n'importe quel comportement est une insulte à Dieu.

Oui, le sexe est un moyen d'entrer en communion, l'Église ne dit pas autre chose. Mais ce n'est ni le seul moyen de communier ni le meilleur. En outre, le sexe n'a pas qu'une visée de communion, il a aussi une visée de transmission de la vie (je vous renvoie à la biologie). Ce concept d'avoir des relations sexuelles en dehors de tout risque d'enfanter ne trouve son origine que dans une seule chose : le désir de jouir sans contrainte et pour le plaisir de jouir. Et ça porte un nom : l'idolâtrie. Or l'idolâtrie est une abomination aux yeux de Dieu.
Invoquer "l'amour" comme justification à son désir de jouir sans entraves, voilà qui est fort discutable.

Cordialement,
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ti'hamo
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par ti'hamo » mer. 03 mars 2010, 10:52

@Elric
. Vous semblez oublier que les animaux ne copulent pas "pour se reproduire", mais pour leur plaisir. La finalité naturelle en est effectivement la reproduction, mais à leur échelle, individuellement, intentionnellement, ils ne le font que pour rechercher un plaisir. Aucun animal ne va copuler avec l'intention d'engendrer une famille.

. Ce n'est pas "faire l'amour à" qui est merveilleux et qui est communion, c'est "s'unir à". "Faire l'amour" est une expression aussi absurde que "faire un enfant".

. Je répondrais un peu différemment de Raistlin (quoique pour le fond ce soit la même chose) : oui, effectivement, l'union sexuelle est une communion, et le fait qu'elle ait une dimension de co-création, d'engendrement, fait partie de cette communion, de même que l'union du Père et du Fils dans la Trinité engendre de toute éternité l'Esprit Saint qui leur est tout autant uni.
En conséquence de quoi, fermer volontairement et totalement l'union sexuelle à l'engendrement, à cette participation à la création, revient bien à ne pas en faire une communion, à détruire sa nature de communion. L'union sexuelle fermée par principe à la vie n'est pas une communion.

. D'autre part, du fait de la nature humaine blessée, cette union n'est pas spontanément et systématiquement une communion d'amour, de même que l'attention aux autres n'est pas spontanément et systématiquement de la charité vraie mais peut être intéressée, limitée, et même égoïste.
Il serait donc faux, objectivement faux, de présenter l'union sexuelle comme étant par soi, systématiquement, sans condition, en toute circonstance, une communion d'amour.
Cela reviendrait à nier que la nature humaine soit blessée, cela reviendrait à nier notre tendance à l'égoïsme, cela reviendrait à nier les tendances féminine et masculine à capter et posséder l'autre pour soi, et les efforts et prudence nécessaire pour lutter contre ces tendances.

C'est un peu (seulement un peu) comme si je disais que manger est forcément bon pour la santé, quoi qu'on mange, en quelque quantité que ce soit, en n'importe quelle circonstance.
C'est aussi comme si je disais (comme quoi tout est lié, puisqu'il s'agit à la fois de manger et de communion) qu'aller communier à la Messe était forcément bon, quelque soit l'état d'esprit dans lequel on le fait, alors même qu'il est dit que cette communion, mal faite, peut être sacrilège et revient alors à "manger et boire sa propre condamnation".

De la même façon, une union sexuelle peut être assez facilement sacrilège.
(Vous remarquez d'ailleurs au passage que la réalité est donc le contraire de ce que vous disiez : on n'en arrive pas du tout à dire que "coucher c'est pécher", puisqu'au contraire l'affirmation qu'une union sexuelle puisse être sacrilège s'appuie forcément sur le fait qu'une telle union est, par nature, en quelque sorte, sacrée).
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
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Raistlin
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Raistlin » mer. 03 mars 2010, 11:29

ti'hamo a écrit :En conséquence de quoi, fermer volontairement et totalement l'union sexuelle à l'engendrement, à cette participation à la création, revient bien à ne pas en faire une communion, à détruire sa nature de communion. L'union sexuelle fermée par principe à la vie n'est pas une communion.
Je n'y avais songé de la sorte mais ce que vous dites me semble très juste. Nier volontairement la finalité de procréation de l'union sexuelle revient à nier sa capacité à faire la communion, si tant est que la communion est d'abord l'accueil de l'autre et non pas le repli sur soi dans la recherche toujours égoïste de son plaisir.

Merci ti'hamo pour vos contributions, elles sont éclairantes.
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DA95
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par DA95 » mer. 03 mars 2010, 12:59

Bonjour Elric,

Je voudrez juste confirmer ce que vous ont dit Raistlin et ti'hamo, et vous citer le magistère.
On en revient toujours à ce phantasme de coucher c'est pêcher, et que faire l'amour, ça n'est que pour procréer
Est ce n'est pas ce que dit l'église. Elle ne reduit pas l'amour à la procréation, Raistlin et ti'hamo l'ont bien dit.

Il existe deux lettres encycliques récentes qui expliquent la position de l'eglise, fruit de deux milles ans de tradition et ce sous l'action de l'esprit saint: humane vitae et familiaris consortio.
http://www.vatican.va/holy_father/paul_ ... ae_fr.html
http://www.vatican.va/holy_father/john_ ... io_fr.html

On Peut lire aussi dans vatican 2 la contitution pastorale Gadium et spes les paragraphes 47 à 52 qui traitent de ces questions.
http://www.vatican.va/archive/hist_coun ... es_fr.html

Je vous invite à lire ces textes. Il est vrai qu'il est parfois dur de se rendre compte que nous ne vivons pas selon l'évangile. Mais nous sommes en chemin et L'eglise nous dit ce qui est le meilleur. Si nous ne vivons pas encore tout cela, elle ne nous condamne pas, mais nous ouvre dans la réconcilitation les portes de la miséricorde.

Bien à vous
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Elric
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Elric » mer. 03 mars 2010, 14:22

Bonjour à tous et merci pour vos réponses.
Je me permets quelques remarques sur ce qui vient d’être dit :

« Seulement, vous êtes-vous posé la question de savoir si la façon qu'a Dieu d'aimer est ce que notre monde obnubilé par le sexe conçoit ? »

La luxure est un pêché, je ne reviens pas là-dessus, pas plus sur le fait qu’être omnubilé par le sexe, ou quoi que ce soit d’autre, au détriment de dieu, est un mal. Mais à mon humble avis, faire l’amour avec son/sa partenaire, par amour, n’est ni luxure, ni oubli de dieu, même si ça n’est pas dans un but procréatif.

« Oui, le sexe est un moyen d'entrer en communion, l'Église ne dit pas autre chose. Mais ce n'est ni le seul moyen de communier ni le meilleur. »

Tout à fait d’accord là-dessus.

« En outre, le sexe n'a pas qu'une visée de communion, il a aussi une visée de transmission de la vie (je vous renvoie à la biologie). »

Tout à fait, et si on prend votre phrase dans l’autre sens, il n’a pas qu’une visée de transmission de la vie.

« Ce concept d'avoir des relations sexuelles en dehors de tout risque d'enfanter ne trouve son origine que dans une seule chose : le désir de jouir sans contrainte et pour le plaisir de jouir. Et ça porte un nom : l'idolâtrie. Or l'idolâtrie est une abomination aux yeux de Dieu. »

Vouloir éprouver du plaisir, en en faisant éprouver à son prochain, sans contrainte, sans faire de mal à qui que ce soit, et dans le consentement mutuel, j’appelle cela le partage du bonheur. Dieu veut les hommes heureux. Le plaisir de jouir est idolâterie quand il est une fin en soi. J’aime les bons repas, mais je recherche le goût sans que cela ne me fasse prendre trop de kilos. Je cherche par là-même à jouir sans contrainte. Je n’appelle pas cela de l’idolâterie. L’exemple peut paraître complètement disproportionné, mais je tiens juste à souligner que vous n’auriez pas employé ce terme, jouir pour le plaisir de jouir, dans beaucoup d’autres cas que pour le sexe.

« Vous semblez oublier que les animaux ne copulent pas "pour se reproduire", mais pour leur plaisir. »
A ma connaissance seuls certains grands primates et les dauphins copulent pour le plaisir qu’ils en retirent. Si les autres animaux étaient tous dans le cas que vous décriviez, ils copuleraient aussi souvent que les humains, or ça n’est pas le cas. Les moineaux copulent par instinct de reproduction : il n’y a pas de cas qui ne copulent pas du tout parceque ça n’est pas leur truc, ou d’autres qui cherchent tout le temps à copuler. Rien à voir avec les humains donc.

« oui, effectivement, l'union sexuelle est une communion, et le fait qu'elle ait une dimension de co-création, d'engendrement, fait partie de cette communion »
Si tel était le cas, tous ceux qui ne peuvent pas ou plus avoir d’enfants ne sont plus dans la communion, d’ailleurs ils ne devraient même plus avoir à faire l’amour.

« L'union sexuelle fermée par principe à la vie n'est pas une communion. »
C’est un point de vue que je respecte tout à fait, mais qui à ma connaissance n’est corroborée par aucune des paroles du Christ.(merci de me contredire si je fais erreur)

« Il serait donc faux, objectivement faux, de présenter l'union sexuelle comme étant par soi, systématiquement, sans condition, en toute circonstance, une communion d'amour. »

Tout à fait. Si l’on prend le cas des « unions d’un soir », nous avons juste deux êtres qui recherchent un moment de bonheur l’un et l’autre. S’il n’y a pas d’adultère, il n’y a pas de pêché aux yeux de dieu (ou alors merci de me montrer une parole du Christ infirmant ce que je croix être vrai). En la matière ce qui est mainte fois dénoncés par le christ sont l'adultère et la puterie (le mot puterie est traduit différemment dans la TOB si je ne m'abuse, mais le mot original est bien celui-là.)

« Je n'y avais songé de la sorte mais ce que vous dites me semble très juste. Nier volontairement la finalité de procréation de l'union sexuelle revient à nier sa capacité à faire la communion, si tant est que la communion est d'abord l'accueil de l'autre et non pas le repli sur soi dans la recherche toujours égoïste de son plaisir. »

C’est très étonnant, vous partez du principe que la contraception est imposée par l’un des partenaires à l’autre. Or ça n’est que rarement le cas à ma connaissance. Il n’y a donc pas de recherche égoïste du plaisir, puisque l’on recherche autant son plaisir que celui de sa/son partenaire.
Dans le cas que vous décrivez, où l’on se repli sur soi, où l’on est sourd au désir de l’autre, non seulement il n’y a pas communion, mais il y a surtout un problème pour l’un ou l’autre des partenaires.
Et effectivement, je nie la finalité exclusive de la procréation dans l’union sexuelle, car comme je le disais plus haut, si tel était le cas, dieu nous aurait créé en la matière à l’image des animaux. Je ne crois pas comme les athés que « la nature est bien faite », je pense que Dieu est derrière tout.

« Il est vrai qu'il est parfois dur de se rendre compte que nous ne vivons pas selon l'évangile. »
Je lis le nouveau testament et prie tous les soirs. La parole du Christ m’accompagne chaque jour et je sais reconnaître quand je vis selon sa parole ou non.

Amitiés,

Elric

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DA95
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par DA95 » jeu. 04 mars 2010, 11:45

Bonjour Elric,
« oui, effectivement, l'union sexuelle est une communion, et le fait qu'elle ait une dimension de co-création, d'engendrement, fait partie de cette communion »
Si tel était le cas, tous ceux qui ne peuvent pas ou plus avoir d’enfants ne sont plus dans la communion, d’ailleurs ils ne devraient même plus avoir à faire l’amour.
Et
Et effectivement, je nie la finalité exclusive de la procréation dans l’union sexuelle, car comme je le disais plus haut, si tel était le cas, dieu nous aurait créé en la matière à l’image des animaux.

Le point important est vous avez raison de le souligner c'est l'exclusivité. Je le répète la finalité de la procréation n'est pas exclusivement la procréation, mais l'amour des époux c'est à dire la communion d'amour dans une relation interpersonnelle n'exprime pas elle n'ont plus la finalité de l'union sexuelle.

L'église nous rappelle en s'appuyant sur la bible notamment (pour vous citer quelques textes) les premiers chapitre de la Genèse (Gn 1-3), aussi par exemple l'évangile de Matthieu 19, 4-6 que l'union conjugale à deux significations indissolubles (diffèrent d'exclusive) l'union et la procréation.
« Le mariage et l'amour conjugal sont ordonnés par leur nature à la procréation et à l'éducation des enfants. De fait, les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes »
« Ces actes, par lesquels les époux s'unissent dans une chaste intimité, et par le moyen desquels se transmet la vie humaine, sont, comme l'a rappelé le Concile, " honnêtes et dignes ", et ils ne cessent pas d'être légitimes si, pour des causes indépendantes de la volonté des conjoints, on prévoit qu'ils seront inféconds: ils restent en effet ordonnés à exprimer et à consolider leur union. De fait, comme l'expérience l'atteste, chaque rencontre conjugale n'engendre pas une nouvelle vie. Dieu a sagement fixé des lois et des rythmes naturels de fécondité qui espacent déjà par eux-mêmes la succession des naissances. Mais l'Eglise, rappelant les hommes à l'observation de la loi naturelle, interprétée par sa constante doctrine, enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie »
« Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal: union et procréation. En effet, par sa structure intime, l'acte conjugal, en même temps qu'il unit profondément les époux, les rend aptes à la génération de nouvelles vies, selon des lois inscrites dans l'être même de l'homme et de la femme. C'est en sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation que l'acte conjugal conserve intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son ordination à la très haute vocation de l'homme à la paternité. Nous pensons que les hommes de notre temps sont particulièrement en mesure de comprendre le caractère profondément raisonnable et humain de ce principe fondamental. »

« De même, qui réfléchit bien devra reconnaître aussi qu'un acte d'amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l'auteur de la vie. User de ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c'est contredire à la nature de l'homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c'est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté. »
vous trouverez tout le texte dans humane vitae dont je vous ai mis un lien dans mon précedent message.

Ce que l'église à la suite de l'évangile désapprouve est la séparation des deux significations de l'union conjugale. C'est bien par ce que nous ne sommes pas des animaux que nous sommes capable de comprendre et vivre cela. Je trouve que la distinction, l'exclusion d'une des deux significations dégrade notre dignité d'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Car en ne liant pas dans une union les deux significations finalement on ne respecte pas l'intégralité et l'intégrité de notre partenaire, ni de nous même.

C'est aussi parce qu'il y a ces deux significations que les personnes stériles vivent une authentique est vrai communion. On s'unit parce que nous nous aimons. L'union a deux significations indépendamment du fait de la réalisation ou non d'une de ces significations ( ici la venue ou non d'un enfant)

Bien à vous.
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Christophe » jeu. 04 mars 2010, 12:28

Je rappelle que ce fil porte sur le contenu du message de l'Église en matière de contraception…

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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Un gentil athée » jeu. 04 mars 2010, 12:58

DA95 a écrit :L'église nous rappelle en s'appuyant sur la bible notamment (pour vous citer quelques textes) les premiers chapitre de la Genèse (Gn 1-3), aussi par exemple l'évangile de Matthieu 19, 4-6 que l'union conjugale à deux significations indissolubles (diffèrent d'exclusive) l'union et la procréation.
Bonjour,

Je ne sais plus dans quel document catholique officiel, j'ai lu que parler de deux significations indissolubles pour l'union et la procréation n'était pas tout à fait exact : en fait, il s'agirait d'une seule et même signification (ou finalité ?), considérée selon ses deux aspects, respectivement psychologique et physiologique. La procréation, ou plutôt les actes sexuels ouverts à la procréation, n'étant que l'expression naturelle de l'union, et cette dernière étant une disposition ou un habitus à accomplir des relations sexuelles ouvertes à la procréation. Bref, le lien entre procréation et union serait à comprendre suivant le background de la philosophie hylémorphiste d'Aristote. Quelqu'un peut-il me renseigner à ce sujet et infirmer/confirmer mes propos ? Merci et désolé pour cette incartade... :oops:

Bien cordialement.

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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par ti'hamo » jeu. 04 mars 2010, 22:02

@ Elric
. Les animaux s'accouplent "par instinct de reproduction" : oui, mais qu'est-ce qu'on appelle, concrètement, "instinct de reproduction" ?
Tout simplement qu'il naît en eux une envie de s'accoupler, d'autant plus si, s'étant déjà accouplé par le passé, leurs réseaux neuronaux liés à cet acte se sont retrouvés renforcés par la "récompense" que représente la libération d'endorphines.
Ceci chez les mammifères ou l'équivalent chez les oiseaux.

Donc, je le redis bien : les animaux ne s'accouple pas "pour procréer", en ce sens qu'ils n'ont pas le but conscient de procréer, mais simplement une envie irrépressible qui naît en eux, comme le besoin de manger ou le besoin de boire ou le besoin de chasser.

Et certaines espèces (pas toutes, et non) ne se reproduisent qu'à certaines périodes de l'année, parce que leur fonctionnement hormonal et neurologique fait que cette envie ne naît qu'à ce moment.

Mais, concrètement, donc : les animaux procréent parce qu'ils en ressentent l'envie.
(et soit dit en passant, l'hypersexualisme, le satyrisme et la nymphomanie existent chez les animaux. Si.) (travaillés par les hormones de la tête, tout ça...)



. Votre objection au sujet des personnes stériles est fausse : car ce n'est pas de leur fait qu'ils ne peuvent pas engendrer.
D'ailleurs l'Église dit bien que la fécondité du couple ne se résume pas du tout au seul enfant. L'enfant est un élément certes non négligeable de la fécondité du couple, mais il n'est pas toute la fécondité du couple.

Mais il y a une différence fondamentale entre le fait de ne pas pouvoir enfanter, et le fait de refuser sciemment d'enfanter et de se couper de cette possibilité.
De même qu'il y a une différence entre ne pas aller vers son prochain parce qu'on ne l'a pas vu parce qu'on est aveugle, et le fait de se détourner de son prochain parce que sa tête ne nous revient pas.


. Quant à citer des paroles du Christ : vous ne pouvez pas non plus en citer qui disent textuellement que faire l'amour est forcément une communion, quel que soit l'esprit dans lequel on le fait.
(il n'y en a non plus aucune qui condamne explicitement l'esclavage en tant que tel) (et rien sur l'eugénisme)
Jésus n'a dit nulle part "faites l'amour, pas la guerre", ou alors nous ne lisons pas la même traduction.

Je ne suis d'ailleurs pas certain d'avoir bien compris votre remarque au sujet des "relations d'un soir" : je n'ai pas compris si vous les justifiez ou non, dans le commentaire que vous en faisiez.

. Quant à l'adultère : certes, mais vous oubliez que d'après le même Jésus, rien que regarder une femme avec convoitise c'est de l'adultère.
Donc, s'unir à elle dans un acte qui ne serait pas pleinement une réelle communion, voulue réellement comme telle, ça n'en sera que plus de l'adultère.


. Et si vous pensez que lire les Écritures et prier tous les soirs est un motif suffisant pour être sûr et certain de bien faire la volonté de Dieu,
alors je vous conseille vivement le dernier film de Pavel Lounguine, "Le Tsar". Ou même de vous pencher sur la vie de ce Ivan IV le Terrible. Il priait beaucoup. Beaucoup beaucoup beaucoup.
Tous les soirs.
M'enfin, ça c'est une parenthèse.



. Quant à l'égoïsme, vous oubliez (et c'était présupposé dans tous nos commentaires employant ce terme) que l'on peut très bien être égoïstes à deux.

. Enfin, il est très vrai que faire l'amour avec son époux/épouse est une chose bonne, si elle est faite dans cet esprit de communion, "même si elle n'est pas faite dans ce but procréatif" : mais je dirais même plus : "à condition de n'être PAS faite dans un but procréatif".
Car "faire l'amour dans un but procréatif", c'est encore et toujours limiter et restreindre cet acte à une de ses dimensions biologiques. Il ne s'agit pas de s'unir "dans un but procréatif". Il s'agit de ne pas se fermer à la possibilité de la vie et de se couper de cette possibilité par seul souci de se ménager des moments de plaisir à deux.
('ttention, je ne dis pas qu'il ne faut pas à un moment pouvoir se dire "nous pouvons nous permettre d'accueillir un enfant en ce moment" et mettre toutes les chances de son côté pour qu'il naisse à ce moment.
Mais, là de même, les unions ne seront pas réalisées dans un but procréatif. Sinon ce n'est plus une communion.
On ne réalise pas des unions "à but procréatif" mais "dans l'espérance de l'accueil d'un enfant". Et c'est trèèèèèès différent.

C'est justement l'erreur de notre temps (pas seulement, loin de là, mais disons que c'est d'autant plus visible de nos jours - mais Louis XVI commettait déjà la même erreur), que de réduire cette union alternativement à une de ses deux composantes physiologiques :
. certaines fois on veut son plaisir ;
. et certaines fois on a décidé que ça y est, on a la situation idéale et le magazine a dit que c'était la saison, alors on veut son enfant.

À tel point que si l'orgasme n'est pas au rendez-vous toutes les fois, on s'inquiète et on lit des articles pour savoir de quoi on souffre, et si l'enfant ne vient pas quand on l'avait prévu on se tourne assez vite vers la procréation médicalement assistée.
Précision : je ne parle pas là des couples qui souffrent de la stérilité, ou d'une longue attente sans enfant : forcément pour eux ça devient un peu obnubilant.
Mais je parle de la mentalité à la mode, qui veut que cette union soit avant tout utile : utile pour obtenir du plaisir, utile pour obtenir un enfant. Or, vu comme ça, cela signifie que les unions que ces gens auront eu sans orgasme complet et sans enfant, seront à leurs yeux inutiles !

Or, non, l'Église ne dit pas qu'il faille s'unir "dans un but procréatif" : elle dit qu'il ne faut pas se fermer à l'accueil de la vie (qui n'est pas, on l'a déjà dit, la seule fécondité du couple). L'Église ne dit pas qu'il faille s'unir "dans un but procréatif", elle dit au contraire qu'il ne faut pas s'unir dans un but "anti procréatif".
Il ne s'agit donc pas du tout de se donner le but d'avoir des enfants, à chaque fois ; il s'agit de ne pas se fermer à la possibilité d'en accueillir.

C'est différent.
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par DA95 » ven. 05 mars 2010, 11:21

il s'agit de ne pas se fermer à la possibilité d'en accueillir.
Ici nous revenons au sujet sur la contraception, et je trouve que ces rappels sur la definition de l'union sexuelle nous permet de mieux comprendre la position de l'eglise sur cette question.
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Damas Drive
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Damas Drive » lun. 15 mars 2010, 1:50

Je viens de survoler toute cette longue très longue discution qui dure depuis des mois et peut encore durer des années. Etant nouvelle sur le forum, je fais en quelque sorte connaissance.
Je suis très surprise car je ne savais pas qu'à notre époque on se posait encore des questions de ce type. Vraiment curieux... j'ai l'impression d'avoir fait un voyage dans le temps... 100 ans en arrière.
Pourquoi vous posez vous tant de questions ?
Si Dieu existe, croyez-vous que ce que vous faites avec votre époux/épouse ou amant/maitresse lui importe ?
Je n'arrive pas à comprendre !
Je ne savais même pas que cette méthode préconisée par l'église existait... pensez-vous que beaucoup de monde la connaisse ? J'ai pourtant beaucoup d'amis, je voyage beaucoup, j'ai passé une bonne partie de ma vie dans les boites de nuits au contact de beaucoup de personnes mais je n'ai jamais entendu parlé de Billing ou je ne sais plus très bien le nom de cette méthode "révolutionnaire".
Comment ça se passe avec les gens qui sont croyant mais qui ne veulent pas d'enfants car (comme moi par exemple) ils ne les supporte "ni en photos, ni en peintures" (comme l'on dit). On peut être croyant et plus ou moins détester les enfants...
Je ne parle pas pour moi vu que je suis agnostique mais la question a dû certainement se poser pour des fidèles.
Je suis perplexe...

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Cgs
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Cgs » lun. 15 mars 2010, 9:34

Bonjour,
Damas Drive a écrit : Si Dieu existe, croyez-vous que ce que vous faites avec votre époux/épouse ou amant/maitresse lui importe ?
Nous avons été créés à l'image de Dieu, et Il nous aime de façon infinie. Chacun de nous compte donc énormément pour Lui. Etre en couple, c'est une façon de vivre l'amour de Dieu, et Dieu est très heureux quand il voit un couple heureux et épanoui !
Je ne savais même pas que cette méthode préconisée par l'église existait... pensez-vous que beaucoup de monde la connaisse ?
Trop peu de gens, malheureusement. Les moyens artificiels pour "réguler" sa sexualité, tout le monde connaît. Les méthodes naturelles sont des méthodes de bon sens, mais l'humain refuse souvent de voir le bon sens, ou de le reconnaître.
Comment ça se passe avec les gens qui sont croyant mais qui ne veulent pas d'enfants car (comme moi par exemple) ils ne les supporte "ni en photos, ni en peintures" (comme l'on dit). On peut être croyant et plus ou moins détester les enfants...
Je ne parle pas pour moi vu que je suis agnostique mais la question a dû certainement se poser pour des fidèles.
Je suis perplexe...
Lorsque l'on est croyant et que l'on n'aime pas les enfants, on ne peut normalement pas se marier. En effet, se marier devant Dieu implique une certaine fécondité, donc l'accueil possible d'enfants. C'est un non-sens de se marier et de ne pas vouloir d'enfants. Un prêtre refusera de marier des personnes qui refuse la potentielle fécondité du couple qui sera uni de façon indissoluble devant Dieu. Sachez même que le mariage peut être reconnu comme nul si l'on découvre a posteriori que l'un des conjoints, voire les deux, refuse la fécondité du couple.

Bien à vous,
Cgs
Mes propos qui apparaissent en vert comme ceci indiquent que j'agis au nom de la modération du forum.

jeanbaptiste
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par jeanbaptiste » lun. 15 mars 2010, 12:25

On peut être croyant et plus ou moins détester les enfants...
Le Christ nous a demandé d'aimer notre prochain. Détester qui que ce soit et en rester là par principe est déjà, pour tout chrétien, en soi un problème. Alors mettre là-dessus la possibilité du sacrement du mariage qui, rappelons-le, est construction d'une famille...

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Mathilde
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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par Mathilde » lun. 15 mars 2010, 17:34

Damas Drive a écrit :Je ne savais même pas que cette méthode préconisée par l'église existait... pensez-vous que beaucoup de monde la connaisse ? J'ai pourtant beaucoup d'amis, je voyage beaucoup, j'ai passé une bonne partie de ma vie dans les boites de nuits au contact de beaucoup de personnes mais je n'ai jamais entendu parlé de Billing ou je ne sais plus très bien le nom de cette méthode "révolutionnaire".
Ce n'est pas étonnant!
Je n'ai jamais vu de pub pour les méthodes naturelles, ni chez un gynéco, ni dans les lycées où on parle de sexualité en classe....
Ils ne savent que promouvoir la pilule et autres stérilets qui rapportent bien plus d'argent aux labos et aux médecins eux-mêmes.

La méthode Billings a pourtant été "inventée" par un couple de médecins australiens et donc ne sort pas du nulle part ou de n'importe où.
De plus, elle est simple, gratuite et ne nuit pas à la santé (contrairement aux milliers d'hormomes ingérées par la plupart des femmes tout au long de leur vie féconde).
Elle est enseignée dans certains pays du Tiers-Monde ainsi qu'à des mal voyants.

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Re: Contraception, que dit l'Église ?

Message non lu par muirgheal » lun. 15 mars 2010, 18:15

On pourrait vraiment se demander pourquoi les gynécologues ne proposent pas cette méthode. Lorsque j'ai expliqué à mon gynécologue que j'avais envie de tester la méthode sympto-thermique, il m'a encouragée, m'a félicitée pour ce choix et m'a dit que c'était très fiable, que beaucoup de ses patientes l'utilisaient depuis de nombreuses années avec succès. Mais pourquoi alors ne m'a-t-il jamais parlé de cette méthode auparavant ? (Je suis chez lui depuis 15 ans au moins).

La sage-femme chez qui j'ai été suivre une formation pour apprendre l'utilisation de la méthode m'a dit qu'en général les gynécologues ne sont pas au courant de ces méthodes ou ne les prennent pas au sérieux. Elle a été agréablement surprise quand je lui ai parlé de la réaction très positive de mon gynécologue car elle n'aurait jamais pensé qu'il était favorable aux méthodes naturelles. Serait-ce donc un sujet tabou dans le milieu médical ?
Tu as frappé à la porte de mon cœur !
J'ai entendu ta voix et je t'ai ouvert.
Allume en mon cœur un grand feu de joie.

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