Héraclius a écrit : ↑ven. 13 janv. 2017, 1:05
[Edit : j'ajoute à votre intention, Axelle, que je sais très bien que le raisonnement d'au-dessus vous rasera au dernier degré au mieux, et vous fera vous sentir blessée au pire. C'est bien pour cela que je ne voulais pas en venir là. N'y accordez pas trop d'importance. Bien sûr ce serait un plaisir de discuter de ces réflexions sur le plan logique, mais je doute que cela vous intéresse. Mais je préfère que vous passiez sur ces lignes sans les lire plutôt que cela vous donne le sentiment d'être personnellement jugée et vous donne une raison de plus de quitter le forum.]
Vous êtes d'une délicatesse délicieuse cher Héraclius, vraiment ! je ne sens aucun jugement dans vos propos et sens un effort sincère de compréhension des uns et des autres. J'en suis touchée.
Je suis d'accord avec vous que les Seigneur n'accompagne pas seulement le chrétien mais vient bouleverser sa vie. Enfin, si on ne s'en protège pas sans cesse, la tendance générale et je m'y reconnais bien sur est de le maintenir à distance tout en voulant s'en rapprocher, de laisser l'égo garder le pouvoir tout en lui demandant son aide...
L'exemple de Charles de Foucauld est confondant : "Dès que je compris qu'il y avait un Dieu, je ne pu que tout Lui abandonner de moi" et il change radicalement de vie, de mentalité, de comportement, il ne se protège en rien de Dieu, il n'y a aucune peur de Dieu dans son coeur. C'est un saint immense.
Cinci a écrit :
Il prend déjà un certain courage pour exprimer ici les difficultés personnelles que tel élément de l'enseignement catholique poserait. Il prend du courage ou une certaine confiance minimale envers les autres pour le faire. Ce serait un peu dommage, en retour, de vouloir tomber à bras raccourci sur les "mous", les mal-convaincus, les incohérents et tout. Mais tout catholique est forcément inconsistant, incohérent, contradictoire chaque fois qu'il lui arrivera de pécher.
Merci pour cette remarque cher Cinci, (et pour toutes vos autres remarques sur ce post)
effectivement il faut un certain courage pour s'exposer, et à défaut d'avoir confiance dans les autres, (en espérant être accueillie sans jugement, ce qui est loin d'être le cas), il faut une bonne dose de confiance en soi.
Cela me fait penser que peut-être, un certain nombre de personnes lisent le forum et aimerait s'exprimer mais ne le font pas par peur qu'on leur tombe dessus à bras raccourcis, voilà qui me navre.
Jeremy43 a écrit :
Ce n'est pas le sens de ma phrase.
Pour moi est il est criant de constater à quel point la vocation au célibat dans le monde est une non vocation, un état qui ne devrait pas exister. En effet, la vocation au célibat s'impose lorsqu'on peut vivre de la vie intérieure, comme le font les moines et les prêtres, c'est à dire vivre de la vie mystique.(...)
Mais dans le monde, avec toutes les tâches qu'il faut effectuer, le niveau de stress au travail, c'est presque impossible de vivre cette vie quand on sait les conditions requises pour mener cette vie (ce n'est pas pour rien si la vie monastique est ainsi faîte ...).
Je voudrais donner quelques précision sur ce point cher Jérémy, concernant les célibataires, qu'ils soit homos ou hétéros.
Le problème est que l'état de célibat non consacré ne favorise pas la sublimation du désir.
Dans l'état de mariage, le désir trouve son chemin naturel et son expression dans la rencontre amoureuse des époux. (enfin, quand cela se passe bien ! quand cela se passe mal, la frustration est pire que dans l'état de célibat, et source de grands désordres...et risque d'adultère).
Dans l'état de religieux, prêtre ou de laic consacré (et là aussi qu'on soit hétéro ou homo), le désir est sublimé, en tout cas appelé à être sublimé, orienté et transmuté dans l'amour de Dieu et cette énergie transformée est redonnée en amour pour les frères et soeurs. (enfin, quand cela se passe bien ! si pas le cas, c'est non seulement source de frustration et de désordre mais cela peut également donner lieu à des scandales épouvantables dont nous parlons abondamment sur ce forum.)
Un certain nombre de religieux ne parviennent pas à cet état de sublimation et le désir alors est refoulé, avec risque d'état dépressif larvé ou alors non refoulé mais trop présent et encombrant avec risque de colères projetées sur les autres, ou trahison du voeu de chasteté ou dans le pire des cas, passage à l'état criminel (pédophilie) bien que ce dernier cas soit beaucoup plus complexe.
Anselm Grun, religieux et psychanalyste reçoit en retraites-soin des religieux et religieuses dépressifs du monde entier et lorsqu'on lui demande s'il les aide à sublimer le désir , le père Grun répond : "encore faut-il que ce désir soit éveillé ! c'est ce qu'on essaye de faire ." tellement ce désir est puissamment refoulé dans de nombreux cas.
Je reviens à l'état de célibat. Puisque l'on s'oriente vers le mariage, le désir n'est pas sublimé, il est là, de même que pour les personnes homos qui n'ont pas la vocation religieuse, il est là, il cherche sa voie d'expression. Ou alors il est également refoulé et risque d'amener la personne à se renfermer parfois gravement sur elle même, à se couper de ses forces vives en elle et se couper des autres.
Et en plus la personne cherche sa place, sur le plan existentiel, social, il là sur tous les plans quelques chose de bancal, je rejoins Jérémy.
Anselm Grun, (je le cite de mémoire) appelle les célibataires à une attente joyeuse, à une chasteté joyeuse, finalement à une sublimation temporaire. Mais c'est compliqué la "sublimation temporaire", justement parce qu'on n'est pas dans un état clair qui donne une orientation claire. J'ai vécu une jeunesse chaste alternant la chasteté joyeuse et la frustration.
Quand les années continuent de passer et que la jeunesse file, l'aspect bancal s'agrave et puis s'ajoutent les rencontres qui ont été pour moi un appel à la vie mais je ne continue pas sur ce point.
Je voudrais citer le cas de Gabriel de Sairigné, un grand personnage très humain et adoré de ses hommes, un héros de la Résistance et de la Légion étrangère mort en Indochine à l'âge de 35 ans dans les années 50. Sa fille, Guillemette de Sairigné a écrit la biographie passionnante de son père dans "mon illustre inconnu".
A l'âge de 20 ans, très engagé dans la foi chrétienne, il décide de rester vierge jusqu'à l'âge de 30 ans. Non pas par peur du péché mais par amour, par amour pour Dieu, et surtout par amour pour sa future femme, par soif d'absolu. Il se donne la chance de rencontrer vierge sa future femme avant l'âge de 30 ans. Il se fixe une limite en effet. Il ne veut pas passer à côté de sa condition d'homme, de sa nature d'homme, il décide de faire un compromis par amour pour lui-même également.
A 30 ans, après des années de guerre, il n'a toujours pas rencontré sa future femme. Quelques semaines après son anniversaire (il n'est pas homme à tergiverser
), il a une liaison au Caire avec une femme (mal) mariée. Il rentre en France et quelques mois plus tard, il rencontre la femme de sa vie, son épouse avec laquelle il va vivre une exeptionnelle histoire d'amour.
Je trouve très belle cette histoire, ce destin d'homme profondément chrétien et fidèle à lui-même et à Dieu, et j'aime ce compromis, je le trouve juste, je le trouve vivant.
Bien à vous,
Axou