La notion de péché et la sexualité

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Trinité
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Re: De la scientificité de la théorie de l'évolution

Message non lu par Trinité » dim. 04 sept. 2022, 14:19

Thurar a écrit :
sam. 03 sept. 2022, 10:57
Trinité a écrit :
jeu. 01 sept. 2022, 22:23
A la lecture de ces 2 évangiles, il parait évident que Jésus trouvait un certain plaisir à boire et manger avec ses disciples
Bien sûr ! Jésus-Christ était un "bon vivant", passez-moi l'expression un peu vulgaire. C'est quand même fou de dire qu'avoir du plaisir à manger est un péché. C'est du puritanisme, ou du jansénisme,ou je ne sais quoi.
Bonjour Thurar,

Certainement.
Il n'y a que les excès qui sont des péchés.

ademimo
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Re: De la scientificité de la théorie de l'évolution

Message non lu par ademimo » dim. 16 oct. 2022, 0:57

Trinité a écrit :
jeu. 01 sept. 2022, 22:23
ademimo a écrit :
mar. 01 sept. 2020, 12:32


Et pourtant si, Thurar. C'était bel et bien le discours de l'Église (jusqu'au Concile). Manger n'est pas un péché, mais trouver son plaisir dans la nourriture l'est.
Bonsoir,
A la lecture de ce fil.Je reviens sur les paroles de Notre Seigneur.

Luc 7 : 33-35 : « Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dites : il a un démon. Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : c’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants. »

D'autre part:
Matthieu 26 :
Je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne , jusqu'au jour ou je boirai de nouveau avec vous, dans le royaume de mon père.

A la lecture de ces 2 évangiles, il parait évident que Jésus trouvait un certain plaisir à boire et manger avec ses disciples
On ne peut confondre le Jésus d'avant la Passion avec celui d'après la Passion. Dans Saint Luc, il faut aussi lire le chapitre 5, 34-35 :
"34 Il leur répondit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux, tandis que l’époux est avec eux ?
35 Mais il viendra un temps où l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront. "
Le temps qui suit la Passion est celui du jeûne et concerne tous les chrétiens vivant dans l'espérance du Salut et du retour du Christ. La notion de péché découle essentiellement de la séparation d'avec Dieu, qui est effective depuis la chute d'Adam. Le mythe du Péché originel met justement en scène Adam et Eve mangeant du fruit de l'arbre en l'absence de Dieu. Durant le temps de la prédication du Christ, Dieu est présent au milieu de ses disciples, d'où le nom d'Emmanuel. Se réjouir avec Dieu correspond à l'état de grâce dans lequel vivaient Adam et Eve avant la chute, et à celui, restauré, qui attend les élus après la Parousie. La vie des disciples en la compagnie du Christ est une parenthèse qui renvoie à ces deux états de grâce, rappelant celui d'Adam et Eve, et préfigurant la réjouissance finale dans le Paradis. Depuis la Passion, nous vivons de nouveau dans cet état de séparation. Prendre plaisir à manger et boire, ou à tout autre chose, en l'absence de Dieu, c'est ce qui correspond fondamentalement à ce que l'Eglise nomme la concupiscence.

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Re: De la scientificité de la théorie de l'évolution

Message non lu par cmoi » mar. 18 oct. 2022, 8:30

ademimo a écrit :
dim. 16 oct. 2022, 0:57
Prendre plaisir à manger et boire, ou à tout autre chose, en l'absence de Dieu, c'est ce qui correspond fondamentalement à ce que l'Eglise nomme la concupiscence.
Non, c'est le contraire. Si Dieu est absent ce n'est pas pour nous pénaliser, ni nous piéger. Il n'est pas sadique ni vicieux.
Ce n'est pas cela, être "pécheur".
Sa création est bonne, et elle l'est restée après le péché, et il est heureux quand on sait l'apprécier.
D'autant plus si par ailleurs on lui obéit quand il en a besoin et qu'on ne se fait pas des noeuds coulants avec ce qu'il nous a appris.
Le "suicide spirituel", cela existe !

A moins que vous n'entendiez par "absence de Dieu" l'absence de la grâce, mais cela n'est jamais certain et établit une distinction que vous ne semblez pas faire et qui revient à juger à sa place de qui est en état de grâce ou pas, et sinon de rendre l'acte de se nourrir responsable de la concupiscence, alors qu'au contraire, il exécute un commandement et en cela est vertueux.

Personne n'ayant "réagi", je m'y sens contraint... Mais si je commence comme cela, je n'ai pas fini d'intervenir et on me fera des reproches... A quoi bon...

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Re: De la scientificité de la théorie de l'évolution

Message non lu par Trinité » mar. 18 oct. 2022, 12:31

cmoi a écrit :
mar. 18 oct. 2022, 8:30

Personne n'ayant "réagi", je m'y sens contraint...
Bonjour c moi.

...Je me suis abstenu , afin d'éviter d'entrer dans une nouvelle polémique...inutile :roule:

Merci pour votre intervention .

ademimo
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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par ademimo » mar. 18 oct. 2022, 20:18

Pour moi, les "polémiques inutiles" naissent de la confusion que certains font entre la doctrine de l’Église et leurs propres opinions. La doctrine de l’Église est ce qu'elle est. On peut la critiquer, mais elle est ce qu'elle est. On ne peut pas ériger son opinion personnelle en l'estampillant "Doctrine de l’Église selon moi".

En particulier, la confusion intervient dans la définition même du péché. Avant d'être revêtu d'une signification morale (le fameux "mal"), le péché désigne avant tout la séparation de Dieu. A l'inverse, le Sacrement de Réconciliation restaure l'union avec Dieu. C'est ce que raconte l'histoire d'Adam et Eve : comment ceux-ci se sont séparés de Dieu, et par eux, tout le genre humain. La séparation est ce qui marque la nature humaine déchue, en attendant la Parousie. Tant que nous visons dans notre condition terrestre, nous sommes de toute façon séparés de Dieu, et nous n'y pouvons rien. C'est une donnée fondamentale qui détermine notre état par rapport au péché. L'état de grâce n'est jamais qu'une parenthèse, fragile et provisoire, obtenue à force d'efforts, et qu'il est très facile de perdre à cause des assauts permanents de la chair et de l'orgueil qui sont la pente naturelle de notre condition terrestre.

En résumé, le pécheur trouve son bonheur dans les choses terrestres au lieu de le trouver en Dieu. Et il ne peut pas faire autrement.

Quand on a bien compris cela, on voit facilement que le péché n'est pas forcément un mal que nous commettons délibérément. C'est pour cela que l’Église parle de péché véniel, lorsqu'il est commis sans intention. Prenons le cas du plaisir gustatif : il est totalement involontaire en soi. Donc rien de grave. L'acte est peccamineux (en ce sens où l'on a trouvé sa joie dans les choses terrestres et non en Dieu), mais de façon vénielle.

C'est bien pour cette raison que depuis le début, les disciples désirant la perfection, et qui y sont spécifiquement appelés par Dieu, se retirent du monde pour s'extraire de tous les plaisirs du monde et s'exercer à trouver leur joie en Dieu seul. C'est le seul sens à donner au monachisme. Quant au commun des mortels, n'ayant pas la capacité d'affronter une telle vie de privation et de pénitence, mais n'ayant pas non plus reçu ni les grâces, ni l'appel de Dieu pour ce genre de vie, il est appelé à d'autres devoirs propres à la vie laïque (principalement le mariage), étant assuré qu'une ambition spirituelle plus modeste leur suffira pour trouver la grâce divine en ce monde.

Voilà ce que dit la doctrine catholique depuis le début. Mais je crois que de nos jours, certains catholiques ne supportent pas l'idée qu'ils puissent être concernés malgré eux par le péché. Mais à mon avis, il font erreur. C'est se méprendre sur l'un des points fondamentaux de la doctrine catholique.

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par cmoi » mer. 19 oct. 2022, 5:25

Bonjour Ademimo,

Merci d’avoir argumenté (sauf que dans la mesure où vous croyez porter la doctrine de l’Eglise, il n’y a plus de discussion possible… Ecoutez le pape François citer l’exemple de manger une bonne pizza pour défendre que l’acte sexuel n’est pas un péché en soi ! Il défendrait autre chose que la doctrine de ‘Eglise – ce que disaient les tradis avant même de le connaître lui comme pape !).

Je vous lis et je ne peux manquer de penser au Jansénisme, qui lui aussi se revendiquait catholique et bien sûr dans la vérité.
Sur le principe de base concernant la grâce, je ne lui donne pas tort, au jansénisme. Sauf quand ce principe est extrapolé, c’est à dire qu’il suppose, de ce que la grâce de Dieu est tantôt donnée tantôt non, que le plus souvent c’est non ! Bref, derrière sa théorie, il y a un manque de foi qui se dissimule et rend Dieu d’une rigueur fausse. Comme nul ne sait vraiment qui est Dieu, ce sera toujours défendable (croient-ils) bien que les révélations de la miséricorde Divine disent le contraire, car d’une logique impeccable en repartant du péché…

Seconde chose, Pensez à la parole de Jésus à celui qui avait enfoui son talent. Il y a un grand danger et c’est se mettre en difficulté de défendre votre position, car Dieu l’adoptera pour vous juger !
Votre exemple sur le monachisme n’est pas faux. Il y a toujours eu des extrêmes, et en particulier quand la foi était grande.
Question : votre foi l’est-elle à ce point ou c’est pour vous désespérer ?
Il y a aussi l’exemple de St Bruno qui s’est fait chartreux parce que le cadavre d’un prélat réputé et se livrant à des austérités suscitant l’admiration de son vivant, s’est mis à parler et se dire en enfer : Bruno en a conclu qu’il fallait « en faire plus » et a mis la barre le plus haut possible. Mais une autre interprétation aurait été de bannir l’hypocrise (les fameuses apparences) et de faire de bonnes confessions, de s’en remettre à la miséricorde - l’ascenseur de Ste Thérèse de l’enfant Jésus !

Autrement dit, vous défendez une opinion théologique en matière d’ascétisme : soit ! Mais quand vous en arrivez à la conclusion que j’avais citée, vous débordez et basculez dans l’erreur par excès (comme dans ma remarque sur le Jansénisme).

Cela a lieu dans votre développement ici :
ademimo a écrit :
mar. 18 oct. 2022, 20:18
L'état de grâce n'est jamais qu'une parenthèse, fragile et provisoire, obtenue à force d'efforts, et qu'il est très facile de perdre à cause des assauts permanents de la chair et de l'orgueil qui sont la pente naturelle de notre condition terrestre.
Car vous oubliez que ce n’est pas un péché véniel qui fait perdre l’état de grâce, et que les conditions pour qu’un péché soit mortel ne le rendent pas si « facile ». Bref, vous êtes à la limite de prêcher de devoir se « désespérer de son salut », qui est une des clauses du péché contre l’Esprit (catéchisme de St Pie V), et cela afin de susciter une saine et sainte contrition et surtout une volonté de mortification et une ascèse renforcée (comme St Bruno). Car à vous lire, je ne vois pas comment ne pas se désespérer, tant cette vision est pessimiste et outrée.
Vous indiquez aussi « à force d’efforts », mais là vous oubliez que non, ce n’est pas à force d’efforts, car seule la grâce de Dieu rend possible cet état (d’où le bon mot de Jeanne D’arc à son procès quand on lui posa la question de si elle se croyait en état de grâce : »si je n’y suis pas, que Dieu veuille m’y mettre ! »)
ainsi er finalement, cela revient à douter de l'efficacité de la grâce... puisque se sauver dans les conditions ainsi décrites par vous devient impossible même avec elle à ses côtés.. à moins d'un coup de baguette magique.

Vous écrivez ensuite :
ademimo a écrit :
mar. 18 oct. 2022, 20:18
Quand on a bien compris cela, on voit facilement que le péché n'est pas forcément un mal que nous commettons délibérément. C'est pour cela que l’Église parle de péché véniel, lorsqu'il est commis sans intention.
Et je me suis réjoui de constater que vous faisiez bien la différence véniel/mortel. Sauf que vous oubliez que non, la distinction ne tient pas qu’à l’intention, même si en effet, on ne peut commettre un péché mortel sans intention délibérée – et que par conséquent vous mélangez les 2 quand cela rend service à votre thèse, et les séparez pour votre démonstration.
Un péché peut être véniel de ce que sa matière n’est pas grave, simplement.
Vote thèse s’appuie aussi sur l’idée que nous ne saurions éviter longtemps et en tout d’avoir une attirance pour le péché, et ne serait pas loin non plus de confondre chute et tentation.
ademimo a écrit :
mar. 18 oct. 2022, 20:18
Prenons le cas du plaisir gustatif : il est totalement involontaire en soi. Donc rien de grave. L'acte est peccamineux (en ce sens où l'on a trouvé sa joie dans les choses terrestres et non en Dieu), mais de façon vénielle.
Vous répétez encore votre excès. Si l’ascétisme insiste sur la nécessité d’attacher son esprit aux choses du ciel, etc. c’est pour nous inspirer (dans les retraites spirituelles, notamment) de bonnes pensées et provoquer de saines résolution, car une grande partie de nos péchés vient de ce que nous sommes trop attachés aux choses terrestres. Cette « généralité » est aussi une facilité, qui évite d’entrer dans les détails et les solutions pratiques adaptées à chaque cas, elle convient pour un prêche, pas dans la réalité. Prêchez cela à quelqu’un qui a des envies suicidaires et vous ferait un flop !
Vous oubliez la « bonne volonté » qui nait avec et se développe avec la foi. Cette thèse est trop généraliste et suppose une sorte de mauvaise foi (de sa part, comme de l’écoutant) car non, tous les péchés ne viennent pas que de là, ‘instinct sexuel par exemple est puissant et n’a rien à voir avec notre ’attachement aux choses d’ici-bas : c’est lui qui nous l’impose et nous pouvons le ressentir comme une injuste contrainte, nous ne sommes pas tous des jouisseurs impénitents !
Lisez ici les confidences de ceux qui n’arrivent pas à se détacher de la masturbation ! Il est évident qu’ils ne sont pas attachés à ce que cet acte se reproduise, ils s’en sentent au contraire esclaves et votre prêche est inefficace et décalé, même si en théorie, il peut se justifier encore d’une démonstration : ce n’est pas en se détachant des choses d’ici-bas qu’ils vaincront, au contraire ils se feront d’autant mieux piéger par cette chose d’ici-bas qui échappe à leur contrôle, mais en commençant par l’’accepter comme une donnée naturelle et la supportant, en se dépouillant d’une culpabilité qui les ronge pour mieux combattre – car votre doctrine mène à cultiver la culpabilité, car c’est la seule chose qui nous reste et il faut donc la convertir en repentir pour espérer un salut impossible à faire par soi-même.
Or le repentir, c’est l’opposé de la culpabilité ! Il est fructueux, elle est stérile. La culpabilité que nos contemporains « du monde » refoulent, vous vous l’exacerbez, mais ce n’est pas mieux !
Loin de défendre la grâce, en fait votre thèse la nie, nie son action qui relève de la foi, mais aussi d'une vérité de foi. La grâce actuelle nous permet bien d'éviter le péché, ce que vous considérez vous comme impossible - du coup inutile d'essayer , et on se contente de se donner bonne conscience en prêchant ce que vous prêchez .

Vous rendez-vous compte de ce que vous écrivez : l’acte est peccamineux parce que « l'on a trouvé sa joie dans les choses terrestres et non en Dieu. » Outre que c’est en contradiction avec ce que vous suggériez juste avant : rien de grave. Mais suggériez seulement, car vous vouliez dire « ce n’est pas mortel mais juste véniel.
Poussez le bouchon plus loin et prenez votre « rien de grave » dans son sens extrême : non seulement ce n’est pas grave, mais c’est naturel. Le plaisir du goût est naturel.
Sinon, vous péchez aussi quand vous écoutez de la musique, respirez une fleur, etc. tout devient péché parce que tout est terrestre et vous éloigne de Dieu (de ce qu’il est absent, disiez-vous avant…) Si manger devient un péché alors nous allons tous devoir mourir pour ne pas pécher. Est-ce ce que Dieu veut ?
C’est absurde ! Prétendre que cela ne l’est pas et que ce n’est pas grave parce que ce n’est qu’un péché véniel est absurde et hypocrite : nous devons tout faire pour éviter même un péché véniel !
Donc votre thèse qui rend impossible de ne pas pécher (et le postule) est contraire au principe de la grâce suffisante.
Elle est même très laxiste, contrairement aux apparences. elle autorise le relâchement puisque de toute façon, on péchera ! Pas étonnant qu'elel conduise à l'apostasie, quand on en aura marre de toutes ses contradictions !
Mais oui, bien des saints et même docteurs de l’Eglise l’ont défendue par le passé, ou semblé la défendre, car si l’Eglise ne pense plus ainsi et heureusement, c’est qu’il faut comprendre leurs mots comme une incitation se servant de l’exagération pour obtenir une conversion dans tous les cas où il y a péché, mais san prétendre à ce que ce soit rigoureusement exact car sans quoi on ne saurait vivre.
Puisque vous n’êtes pas convaincu par le simple rappel de la loi naturelle, et que Dieu veut notre bonheur et que son royaume est déjà ici parmi nous, et que se réjouir de ses dons ce n’est pas pécher…

Vous avez pris du temps pour me répondre, alors j’ai fait pareil. Mais j’ai dû me forcer, car tout cela relève du bon sens, de ce bon sens que parfois l’Eglise s’est fait une joie de bafouer par esprit de sacrifice et pour essayer de ramener au bercail ceux qu’aucun autre argument ramenait… Mais cela ne marche plus quand à la base… on ne croit plus en tout ce dont vous-même vous ne croyez plus – et vous l’avez amplement démontré et développé sur ce forum, extrapolé même à la foi elle-même ! Ce en quoi vous êtes dangereux car vous omettez quand vous vous exprimez ainsi de préciser que vous avez perdu la foi - à moins que vous l'ayez retrouvée, mais la même et qu'il vous vaudrait mieux reperdre que de cultiver cette erreur - car en réalité oui, il y a là de quoi perdre la foi, mais qui n'est pas la vraie foi, même si elle parvient à paraître logique et philosophique, cultivée, magnifique et fort belle par son ascèse et son culte de la grandeur et de l'amour exclusif de Dieu.
C'est sans doute celle qu'on vous a apprise, mais la conserver par fidélité aux personnes qui vous l'ont donnée, ce n'est pas être fidèle à l'Esprit.

En perdant la foi, vous vous donniez une chance de la retrouver, la vraie (c'est une des manières...). Mais en vous rigidifiant dans les données de ce qu'elle était, vous la perdez. Votre présence sur ce forum montre votre désir de la retrouver, or depuis le temps que beaucoup vous ont montré en quoi ces données sont erronées (ce qui explique votre désertion selon moi et je ne fais que me répéter) et que vous persistez, il serait temps de comprendre que vous faite un blocage psychologique et de l'analyser. Cela n'a rien de honteux, mais cela ne relève plus de la doctrine. Et tout ce que vous pourrez dire (et qui parfois est fort juste quand vous "critiquez") devient hors sujet par rapport à ce qui devrait être votre vraie préoccupation.

Il se trouve au contraire que l'amour de Dieu passe par la dégustation d'un bon repas, que le "benedicite" ce n'est pas pour effacer le risque de perdre la grâce par un plaisir et un attachement à la "terre/chair/concupiscence/etc. " mais pour le remercier de ce don (ne pas le voir comme une dépendance qui à la limite pourra ultérieurement lui être reprochée) et lui en rendre la louange et la gloire, l'inclure à notre joie et en reconnaître l'existence même derrière "les ennuis et les vastes chagrins qui chargent de leur poids l'existence brumeuse" comme un avant-goût du ciel.
Et même si cette joie nous ne la ressentons pas (le plus souvent) elle est là et c'est cela la foi.

En résumé : non, ce n'est pas "la doctrine catholique", mais conforme à un certain prêche catholique visant à convertir certaines catégories de personnes qui ne correspondent plus à celles d'aujourd'hui parce que les présupposés ont changé.

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par ademimo » mer. 19 oct. 2022, 15:25

Rapidement :
1. Les propos médiatiques du pape François ne sont pas à confondre avec la doctrine catholique.
2. Je le répète : je ne parle pas de mon opinion personnelle ni de la vôtre. Je parle de la doctrine catholique.
3. Le jansénisme est ici hors-sujet.
4. Effectivement, l'état de grâce est accordé par Dieu. Mais pour y parvenir, l'Eglise recommande au fidèle d'y mettre du sien, notamment en se présentant au Sacrement de Réconciliation. Refuser de se reconnaître pécheur n'est pas vraiment préconisé.
5. La sexualité n'est pas différente du reste. Nous en sommes prisonniers à cause de notre nature déchue.
6. La désespérance n'a pas de motifs autres que l'orgueil de se vouloir parfait et sans tache. Si l'on change de perspective et que l'on accepte humblement son statut de pécheur - ce que recommande l'Eglise - il n'y a plus aucune raison de désespérer, que l'on soit alcoolique, gourmand, dépravé, ou tout ce que l'on voudra. Dieu nous sauve quel que soit notre état, pourvu que nous sollicitions son amitié, en passant par le pardon de l'Eglise. C'est cela qui est formidable, d'ailleurs. Aucun situation n'est désespérée, jamais. Même la culpabilité n'est pas forcément nécessaire.
7. Il n'y a aucune contradiction. Notre nature est déchue. De ce fait, notre joie découle des choses terrestres, de façon vénielle et involontaire, quoi que nous fassions. Aucune raison d'en ressentir de la culpabilité et d'en désespérer. L'important n'est pas là, mais dans la pratique de la charité, dans l'espérance et dans la foi.
8. Oui, même le plaisir de regarder une jolie fleur en fait partie. Saint Jean s'accusait lui-même d'éprouver ce genre de plaisir (c'est rapporté par saint Irénée, si je me souviens. Saint Jean avait confié à ses disciples, dont Polycarpe, lequel connut plus tard Irénée, de faire pénitence pour avoir pris plaisir en regardant un chien courir). Il y a d'autres exemples de saints qui, par exemple, s'empêchent d'admirer les beaux paysages pour ne pas être distraits de la contemplation. Il est évident que ce n'est pas le chrétien de base qui va s'appliquer à de telles pénitences inhumaines et hors de portée. Mais ça illustre ce qu'est réellement et fondamentalement le péché, qui est à la fois grave, au sens où le genre humain vit séparé de Dieu, et pas grave au sens où l'on n'a aucune prise sur lui.

Ce qui est au cœur de ce malentendu, c'est qu'on a oublié que l'Eglise n'a jamais prétendu que les fidèles puissent être hors d'atteinte du péché. Le péché nous environne comme la mer est l'habitat naturel des poissons. Nous baignons dedans en permanence. Mais encore une fois : pas de panique. Le Christ est venu nous en sauver (pour rappel).

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par cmoi » mer. 19 oct. 2022, 17:56

Cette fois, et pour éviter de chipoter sur des points subsidiaires, je n'ai aucune objection à formuler de façon stricte sur ce que vous écrivez, c'est un "courant spirituel possible" que vous défendez.

Néanmoins, vous renvoyez mon esprit à l'épître aux Romains : vous défendez la loi, mais ce qui nous sauve, c'est la foi, celle qui a fait dire à Saint Augustin : "aime et fais ce que tu veux !"

Dons si ces austérités étaient leur façon d'aimer : pas de souci. Mais pour qui ne saurait y prétendre, il existe d'autres chemins plus faciles (encore Ste Thérèse la petite docteur de l'Eglise, qui les défend) et rien ne dit qu'ils ne soient pas meilleurs, et en tout cas plus adaptés à la vie d'aujourd'hui et même la vie courante...
Chercher la difficulté est un signe d'orgueil... La proposer en exemple n'est pas un acte de charité et peut désespérer. Ceux qui ont "tenu" ces pratiques avec amour, n'ont pas prétendu les faire adopter par d'autres, et si tout le monde les pratiquait, il n'y aurait plus de charité car elles sont très "solitaires", individualistes dirait Ombiace...
Et cela l'enlève rien aux objections que je faisais précédemment sur les conséquences que vous en tirez en faisant d'un extrême d'exception qui y déroge la règle générale.

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par ademimo » mer. 19 oct. 2022, 19:28

Une nouvelle fois, ce n'est pas mon opinion, et je ne défends rien du tout. Je décris ce qu'est la doctrine catholique. Si je vous fais un tableau de la doctrine bouddhiste, ce ne serait pas non plus mon opinion, mais ce que contient cette doctrine.

En revanche, vous mettez votre opinion à la place de la doctrine catholique, et ça me semble problématique lorsqu'on est un fidèle. La doctrine n'est pas une affaire d'opinion.

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par cmoi » jeu. 20 oct. 2022, 4:22

ademimo a écrit :
mer. 19 oct. 2022, 19:28
En revanche, vous mettez votre opinion à la place de la doctrine catholique, et ça me semble problématique lorsqu'on est un fidèle. La doctrine n'est pas une affaire d'opinion.
Affirmation gratuite. Prétendre que s'alimenter est un péché véniel (point de départ de cette discussion) n'est pas la doctrine de l'Eglise, sans quoi elle ne convertirait personne qui aura un peu de bon sens.
Votre point 8 précédent découvre chez vous un côté mystique qui n'a rien d'évident par la façon dont vous l'exprimez. Les mystiques n'ont jamais prétendu que ne pas entrer dans leurs transes soit un état de péché.
Que par nostalgie du ciel on puisse considérer avec rejet ou dégoût de devoir s'alimenter ou d'autres joies de la terre, soit, mais ce n'est pas pour rien non plus que la doctrine de l'Eglise a toujours été prudente à l'égard des élans mystiques, car il est facile de comprendre que sur de telles bases on puisse vite déraper.
Et le problème à vous lire, c'est que vous commencez par le dérapage et ensuite vous sortez progressivement du chapeau une thèse pour le justifier par l'exceptionnel.
Aussi parce que cette démarche oblige très souvent pour ne pas dire nécessairement, à ne pas faire preuve d'empathie ni retenir des propos d'autrui ce qu'ils peuvent avoir de juste, mais provoquer au contraire le conflit. Elle s'oppose en cela à ce que recommande tant St Ignace dans le préambule à ses exercices, que Jésus dans les évangiles (faire mille pas avec celui qui en demande un seul, être un artisan de paix, etc.) et bien plus...
Ces choses étant dites, faites comme vous l'entendez...

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Thurar » jeu. 20 oct. 2022, 8:54

Eh ben moi je dis qu'il faut profiter un maximum de cette vie, sans nuire aux autres bien sûr !
Elle est déjà assez courte et difficile comme cela, alors je ne comprends pas les gens qui veulent se rajouter des problèmes. Être un "peine-à-jouir" n'est pas catholique, passez-moi l'expression. Jésus-Christ nous a dit que son fardeau était léger et que son joug était doux. Sa doctrine est facile et à la portée de tout le monde !

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Kerygme » jeu. 20 oct. 2022, 9:02

Thurar a écrit :
jeu. 20 oct. 2022, 8:54
Eh ben moi je dis qu'il faut profiter un maximum de cette vie, sans nuire aux autres bien sûr !
Beaucoup d'athées pensent la même chose, c'est donc qu'il y a pour le chrétien quelque chose à vivre dans la sexualité et qui va au delà du seul rapport sexuel ou de la recherche du plaisir.


Etre catholique n'est pas devenir un «peine à jouir», bien au contraire nous sommes invités au plaisir mais avec un défi : celui de la chasteté, qui n'est pas source de frustration mais «signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel» (CEC 2337).

D'ailleurs c'est on ne plus explicite dans l'article 2362 :
2362 " Les actes qui réalisent l’union intime et chaste des époux sont des actes honnêtes et dignes. Vécue d’une manière vraiment humaine, ils signifient et favorisent le don réciproque par lequel les époux s’enrichissent tous les deux dans la joie et la reconnaissance " (GS 49, § 2). La sexualité est source de joie et de plaisir :

Le Créateur lui-même (...) a établi que dans cette fonction [de génération] les époux éprouvent un plaisir et une satisfaction du corps et de l’esprit. Donc, les époux ne font rien de mal en recherchant ce plaisir et en en jouissant. Ils acceptent ce que le Créateur leur a destiné. Néanmoins, les époux doivent savoir se maintenir dans les limites d’une juste modération (Pie XII, discours 29 octobre 1951).
Le problème c'est que la sexualité touche au plus intime de la personne et qu'il est plus facile de trouver des justifications pour la vouloir physiquement débridée que divinement ordonnée. On n'est pas plus frustré dans la seconde, elle est seulement vécue différemment et comme pour tout comportement qui se veut ordonné à Dieu, elle reçoit de nouvelles grâces.
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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Thurar » jeu. 20 oct. 2022, 9:09

Kerygme a écrit :
jeu. 20 oct. 2022, 9:02
Beaucoup d'athées pensent la même chose, c'est donc qu'il y a quelque chose à vivre dans la sexualité et qui va au delà du seul rapport sexuel ou de la recherche du plaisir.
Il faut avoir des rapports sexuels dans le cadre du mariage, bien sûr. Mais rien n'empêche d'y prendre plaisir. Au contraire ! D'ailleurs je ne vois même pas comment c'est possible de coucher avec son conjoint sans plaisir, mécaniquement (faut-il que je fasse un dessin ? )

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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Kerygme » jeu. 20 oct. 2022, 9:31

Thurar a écrit :
jeu. 20 oct. 2022, 9:09
Il faut avoir des rapports sexuels dans le cadre du mariage, bien sûr. Mais rien n'empêche d'y prendre plaisir. Au contraire ! D'ailleurs je ne vois même pas comment c'est possible de coucher avec son conjoint sans plaisir, mécaniquement (faut-il que je fasse un dessin ? )
Inutile de faire un dessin, l'imagination se suffit à elle-même.

Je vais oser une image très triviale, et je m'auto modèrerai si nécessaire, mais je pense que - pour un chrétien - penser à la sexualité sans la chasteté, c'est un peu comme penser à la crucifixion sans la lumière de la Résurrection : incomplet.

Concernant le plaisir j'y ai répondu en deux temps au-dessus.
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Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Perplexe » ven. 21 oct. 2022, 9:42

Il me semble qu'il y a un écart très important entre le nombre de célibataires dans la culpabilité face au péché de la chair et le nombre d'époux ou épouses dans cette même culpabilité.

Il y a à mon avis possiblement zone d'ombre dans la chambre à coucher de la plupart des couples chrétiens où, sous couvert qu'il s'agit d'un don de soi, les instincts peuvent très bien s'exprimer d'une manière plus démesurée que chez le célibataire qui se sent coupable d'une faute seulement occasionnelle.

Le problème se trouve aussi dans le manque de définition de ce qu'est un acte sexuel vertueux. Peut-être parce que l'Eglise n'a pas pour vocation d'enseigner certaines choses faces auxquelles même des saints vivaient des tiraillements.

Chacun de nous peut avoir sa propre définition de ce qu'est cet acte vertueux. Pour ma part, il est une réaction neuro-végétative absolument involontaire tandis que l'acte non vertueux est celui où il y a une volonté motrice qui recherche le plaisir.

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