PaxetBonum a écrit :
Cher Papillon,
Il n'y a pas de sens caché à chercher, tout est clair : 2 personnes cèdent au désespoir et décident de se suicider. Ils crient tout deux à Dieu qu'ils ne veulent pas de cette vie qu'il leur a offert et qu'il a racheté de son sang. Ensuite, chacun reçoit selon ses talents.
Une situation identique : Pierre et Judas trahissent. L'un désespère, l'autre s'ouvre à l'espérance.
Bonjour PaxetBonum
moi aussi j'ai beaucoup de difficulté à vous suivre
.
Tout d'abord je ne crois pas plus que vous qu'il y a un sens caché à l'exemple que j'ai donné, avec les conclusions qui seraient les vôtres (le salut pour l'un, l'enfer pour l'autre). Je crois tout simplement que cela n'a pas de sens.
Je ne comprends pas non plus ce que vous voulez dire par : "ensuite, chacun reçoit selon ses talents " . C'est une formule vague qui peut être un peu fourre-tout. Mais surtout, en quoi cela s'applique -t-il à l'exemple donné ? Quels talents ? Sûrement pas, pour le rescapé, celui d'avoir échappé à la mort avec l'aide de l'équipe médicale parce qu'il avait le coeur ou le foie solide. Avoir un bon profil de santé est déjà un cadeau de la vie et ne justifie pas en soi qu'on en reçoive un autre, qui serait en l'occurence rien de moins que le salut de son âme en prime...
Alors quoi ? Celui qui est décédé est en enfer parce qu'il n'a pas pu bénéficier des soins qui ont permis au survivant de retrouver un équilibre émotionnel et psychologique ? Vous êtes sérieux, là ?
Et puis l'exemple que vous donnez avec Pierre et Judas n'est pas du tout une situation identique. Dans mon histoire, il est question de deux personnes qui
toutes deux désespèrent . L'un deux s'ouvre plus tard à l'espérance après avoir été sauvé de la mort par le talent d'une équipe médicale, ce qui aurait fort bien pu être aussi le bonheur de l'autre, si seulement il avait eu le foie plus solide.... Et ces circonstances hors de leur contrôle changeraient à jamais leur destinée dans l'éternité ?
Allez donc y comprendre quelque chose ! Pour moi, en tout cas, ça ne passe pas.
Je crois que les notions de paradis et d'enfer, de salut et de damnation , tranchées comme vous les présentez ne peuvent tenir la route du simple bon sens et ces questions sont trop complexes pour qu'on puisse les comprendre vraiment avec nos références humaines.
L'Eglise elle-même semble très prudente à ce sujet , si j'en juge par l'envoi de Cinci (merci Cinci) que je retransmets ici :
Concernant l'enfer ...
L'Église n'a jamais fait ni ne fera de "canonisation" négative, garantissant qu'une personne donnée se trouve en enfer; pas même lorsque l'Église a décrété une excommunication. Le fait qu'une personne soit excommuniée ne signifie pas qu'elle est condamnée à l'enfer, simplement l'Église déclare que cette personne est en-dehors de la communion de l'Église. Mais être en-dehors de la communion de l'Église ne signifie pas nécessairement une condamnation à l'enfer.
[...]
Nous ne pouvons être certains à 100 pour 100 qu'une personne que l'on a vu mourir en état de péché est allée en enfer. Nous ne pouvons pas l'être non plus des personnes qui, selon nos critères, en prenaient inexorablement le chemin, en général.
Et pourquoi ne peut-on avoir cette certitude? On sait que tous ceux qui meurent en état de péché mortel sans se repentir vont irrémédiablement en enfer.
Mais ce n'est pas facile de savoir si quelqu'un a commis un péché grave, s'il l'a fait en pleine connaissance de cause et avec une pleine liberté, autant de conditions pour qu'il y ait péché mortel. Et même à supposer qu'il ait commis un péché mortel, en conscience et librement, on ne peut pas savoir si la grâce de Dieu ne l'a pas touché à l'heure de la mort et si, au dernier moment, son âme repentie n'est pas retournée à Dieu,
Il ressort de ce qui précède deux choses : qu'on ne peut refuser nos prières , notre aide, nos sacrifices et bonnes oeuvres en général pour l'âme de quelqu'un que nous pensons être en enfer.
Source : Père Henry Vargas, Bulletin de la Fraternité de Montligeon, printemps 2016