Les gens biens et ceux qui sont terribles

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Cinci
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Les gens biens et ceux qui sont terribles

Message non lu par Cinci » sam. 04 sept. 2021, 16:29

Bonjour

Comme professeur au tableau noir : le défunt prélat catholique américain Mgr Sheen, dans un show télévisé datant des débuts de l'ère de la télé. Le descriptif conserve malgré tout son actualité la plus brûlante.

Ainsi ...

Les gens «biens» pensent toujours qu'ils sont décents.
Les gens biens ne font jamais quelque chose de mal. Ils disposent toujours d'une bonne explication au besoin, pour rendre compte de ce qu'ils nommeraient chez eux une incorrection, Dans le genre : «... cela est dû à l'état de l'économie» . Il ne s'agit jamais d'un facteur moral. Pour certains, l'explication tient dans un complexe psychologique « ... Eh bien, c'est à cause de mon complexe d'Oedipe»
La bonne personne est alcoolique. Elle n'a rien fait de mal, mais elle est victime d'une maladie tout simplement.
La bonne personne fait un truc incorrect, et alors elle se dit : « Comme j'ai été stupide !» ou «Quel fou j'ai été !»
Les gens biens sont toujours conformes. Leur moralité est toujours exactement la même que celle qui est acceptée dans leur société à n'importe quel moment. Ex : si dans la société le divorce est chose banalisée alors ils diront que le divorce c'est très bien. Les gens biens sont attirés par ce que la majorité fait. Ils croient qu'ils cheminent droitement parce qu'ils se situent dans le meilleur des cercles.
Entendant parler de quelqu'un qui aurait pu violer à peu près tous les commandements divins, la bonne personne réplique : «Mais il est si gentil !» ; ou «C'est une si bonne personne !» tandis que le poivrot va rester un affreux.

versus

Les «affreux» savent qu'ils sont incorrects
Les affreux n'auront jamais été assez riches pour être psychanalysés. Ils pensent qu'ils ne se comportent pas bien c'est tout. Ils n'ont jamais été introduit à la connaissance de leur subconscient. Ils interprètent ce qu'ils auront fait en terme d'infraction à un commandement.
Les ignobles sont des pochards, des poivrots tout simplement. Ils s'avouent mauvais, doivent lutter contre leur faiblesse, contre leur passion. Ils ne font absolument rien de bon comme Philippe Néri. Et lequel disait voyant un condamné monté à l'échaffaud « Excepté pour la grâce de Dieu, voilà Philippe Néri ...»
L'affreux commet un impair, son réflexe est de se dire :« Quel pécheur je suis !»
Les infréquentables n'acceptent jamais le fonctionnement moral de la société de leur temps. Ils font quelque chose de mal : ils l'admettent.
Les «rejets» se situent généralement à l'extérieur du standard de la société, eux-mêmes considérés dessous.
Chez les affreux, leurs vices sont étalés à la vue de tous, leurs péchés énormes comme une sorte de violation directe de la loi. C'est trop grossier. Ils leur manque ce raffinement que les bonnes gens possèdent.


La société

Il y a quelque chose d'assez particulier avec la société. Il n'y a pas de place véritablement, en elle, pour ceux qui sont trop mauvais ou bien trop bons. C'est pourquoi sur la montagne du Calvaire, Notre Seigneur s'est retrouvé au milieu de deux voleurs. Les deux voleurs étaient trop mauvais pour la moralité conventionnelle, trop bon Notre Seigneur.


https://www.youtube.com/watch?v=tAW2I0pTlsw

(... partant vers la 3e minute ... 3' 30" ...)

Cinci
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Re: Les gens biens et ceux qui sont terribles

Message non lu par Cinci » dim. 05 sept. 2021, 17:50

Plus loin, à partir de la 9 e minute, il vaut la peine de voir sa contextualisation du fameux récit de la femme adultère qu'on trouve dans l'évangile de Jean.

Pour résumer :

Au final, il appelle «femme» celle qui se trouve devant lui, lui donnant le même titre qu'à sa mère au pied de la croix en quelque sorte. Et ou sont tes accusateurs ? Ils ne sont pas ici. Et alors moi non plus je ne t'accuse pas. Va, et ne pèche plus. Le fait est que le Christ ne l'accuse pas, parce qu'il va plutôt donner sa vie pour elle. Il se trouve devant une personne qui n'a pas besoin d'être convaincue de sa faute et qui le reconnaît. Ceux qui se sont présentés comme des gens corrects/décents repartent sans avoir reçu le pardon de Dieu.

Le Christ n'aboli pas la vieille loi de Moïse et alors même qu'elle était devenue lettre morte, pour ainsi dire, en Israël même. Au temps de Jésus, plus personne ne lapidait qui que ce soit pour le motif d'adultère en réalité. Il n'aboli rien à cet égard comme il réclamerait plutôt un meilleur jury.

Le piège consistait à tenter de mettre en boîte Jésus, en contradiction soit avec Moïse soit avec la loi judiciaire ayant alors cours en Judée qui réservait la peine capitale à la seule autorité du tribunal romain. Si Jésus ordonne qu'on mettre la femme à mort, les autres pourront le dénoncer aux Romains comme étant un violateur de la loi de César, s'il recommande au contraire sa relaxation il pourra être tenu comme coupable d'hérésie envers l'Éternel et sa loi sacrée. Pour sauver sa peau, Jésus devrait entrer dans le jeu hypocrite des pharisiens, pour jouer des équivoques (se donner des excuses), Sauf qu'il se discréditerait alors auprès de ceux qui le suivent, en tant que personne meilleure et plus miséricordieuse que les autres.

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Fernand Poisson
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Re: Les gens biens et ceux qui sont terribles

Message non lu par Fernand Poisson » mar. 07 sept. 2021, 12:10

Bonjour Cinci,

Dans cette affaire, on peut aussi souligner que l'homme et la femme coupables d'adultère devaient mourir tous les deux d'après la Loi (Lv 20, 10 et Dt 22, 22-24). Or les pharisiens n'amènent qu'une femme et ne font pas mention de l'homme. S'est-il enfui ? L'a-t-on laissé partir ? Il y a comme un parfum d'irrégularité, même dans le cadre d'une application stricte de la Loi. Et cela faisait peut-être parti du piège tendu à Jésus.

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