La mort physique, c'est quand...

« Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache discerner le bien du mal » (1R 3.9)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions morales et éthiques. Certaines discussions de ce forum peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs.
Yohan
Ædilis
Ædilis
Messages : 12
Inscription : sam. 11 sept. 2021, 17:34

La mort physique, c'est quand...

Message non lu par Yohan » sam. 11 sept. 2021, 18:35

Bonjour,

Je m'interroge au sujet du moment à partir duquel la réanimation d'une personne devient impossible. Nous savons que la mort repose sur des faits observables. En effet, ce n'est que sur l'observation de certains éléments, de certaines mesures, que nous pouvons juger de la mort d'une personne. Cependant, ces faits observables, sur lesquels s'appuie le jugement, ont varié en fonction des époques et des connaissances en médecine.

Autrefois, la mort était décrétée par un croque-mort, qui, mordant le défunt et s'apercevant qu'il ne criait pas de douleur, attestait que la personne mordue était vraiment morte. Mais aujourd'hui, nos connaissances médicales prouvent que cette observation est insuffisante pour décréter la mort d'une personne.

Par la suite, la mort fut considérée comme réelle lorsque le cœur cessait de battre. C'est la cessation complète des pulsations cardiaques qui attestait la mort. Mais nous savons de nos jours que certaines personnes peuvent être réanimées même après quelques minutes d'inactivité cardiaque. L'arrêt des battements du cœur ne permet donc pas plus de se prononcer sur la mort d'une personne.

Plus tard, avec l'avènement de la technologie permettant d'observer l'activité du cerveau, la mort fut la mort du cerveau, et un électroencéphalogramme plat signait la mort de manière certaine. Or, nous savons aussi que ce n'est pas exact. Actuellement, la médecine affirme qu'il y a effectivement mort lorsque le tronc cérébral est abîmé, et que, par conséquent, la fonction respiratoire ne peut plus être assurée.

Au bout du compte, ce sont nos connaissances en médecine qui, évoluant continuellement, permettent de toujours repousser le moment à partir duquel la réanimation d'une personne devient impossible. Et peut-être se pourrait-il qu'à l'avenir, au moyen des progrès de la technologie alliés à ceux de la biologie, il soit possible de réanimer des personnes qui, aujourd'hui, sont considérées comme mortes.

La question de savoir quand la mort physique est certaine et inéluctable semble plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord.

Altior
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2856
Inscription : sam. 05 juil. 2008, 23:59
Conviction : catholique traditionaliste
Localisation : In Ecclesia Dei

Re: La mort physique, c'est quand...

Message non lu par Altior » sam. 11 sept. 2021, 22:16

Yohan a écrit :
sam. 11 sept. 2021, 18:35
Bonjour,

Je m'interroge au sujet du moment à partir duquel la réanimation d'une personne devient impossible.
J'ai travaillé quelques années dans le domaine des urgences. On comptait les minutes. Les premiers dix minutes sont essentielles. On considère que les chances d'obtenir une réanimation baissent de 10% avec chaque minute qui passe sans intervenir, de façon qu'après 10 minutes passées la réanimation est déconseillée, car soit elle n'aboutit pas, soit on parvient à réanimer les fonctions vitales, mais pas le "cerveau supérieur". Il s'agit d'estimations et de valeurs moyennes. Car, par exemple, dans un cas de cancer en phase terminale, on n'essaye même pas la réanimation. Par contre, en cas de mort par hypothermie ou même dans le cas d'une hypothermie associée (un noyé, par exemple), on peut réanimer avec succès bien au delà de 10 minutes. C'est pareil dans le cas d'un électrocuté.

Nous savons que la mort repose sur des faits observables. En effet, ce n'est que sur l'observation de certains éléments, de certaines mesures, que nous pouvons juger de la mort d'une personne. Cependant, ces faits observables, sur lesquels s'appuie le jugement, ont varié en fonction des époques et des connaissances en médecine.
Les critères de diagnostic de mort n'ont pas trop varié. La définition chrétienne n'a jamais changé: la mort est la séparation irréversible de l'esprit par rapport au corps. Pour la médecine, pendant des siècles, la mort était la cessation des fonctions vitales (respiration ET battements du coeur). On parlait de "mort clinique" quand cette cessation était réversible. C'est comme ça que j'ai appris aussi. Mais ça c'était...dans le siècle passé.

De plus en plus, de nos jours (mais ça date de trois dizaines d'années au plus) on définit la mort comme mort du cerveau. Pas même, mais du "cerveau supérieur" (=le cortex). Je suis persuadé qu'on a ici encore une influence du lobby des transplants. Il faut savoir qu'on ne peut transplanter qu'on organe vivant (à quelques exceptions près, comme le cas de la cornée et généralement des organes avasculaires). Alors, on ne peut pas dire franchement qu'on découpe des gens vivants pour prélever leurs organes et on préfère les déclarer morts. Parce qu'on ne pouvait pas les déclarer morts selon les anciens critères, on a changé les critères. Vous voyez, la médecine est très pudique (pour ne pas dire hypocrite). On peut trouver facilement pas mal d'autres exemples. Dans les cas tragique où on doit couper un bébé arrivé à la maturité et en voie de naître pour en faveur de son frère jumeau, on appelle ça "embryotomie", quoiqu'il s'agisse, par définition, d'un foetus, car on ne peut pas parler d'embryon à 9 mois de grossesse.
Autrefois, la mort était décrétée par un croque-mort, qui, mordant le défunt et s'apercevant qu'il ne criait pas de douleur, attestait que la personne mordue était vraiment morte. Mais aujourd'hui, nos connaissances médicales prouvent que cette observation est insuffisante pour décréter la mort d'une personne.
Je ne sais pas comment faisaient les croque-morts, mais les médecin ont depuis longtemps l'habitude d'utiliser au moins deux moyens, dont un estime la fonction respiratoire et l'autre la fonction cardiaque. Par exemple, ils utilisent un miroir (pour voir si la buée se forme) et ils écoutent le coeur à l'aide d'un stéthoscope (ou directement).
Au bout du compte, ce sont nos connaissances en médecine qui, évoluant continuellement, permettent de toujours repousser le moment à partir duquel la réanimation d'une personne devient impossible.
À vrai dire, le progrès indiscutable des connaissances en médecine n'a pas trop permis de repousser le moment duquel vous écrivez. La chose qui a été bien améliorée est le pourcentage de réussites de la réanimation. Dans ce sens, l'invention du défibrillateur a été plus décisive que toute autre trouvaille.

Cinci
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 11765
Inscription : lun. 06 juil. 2009, 21:35
Conviction : catholique perplexe

Re: La mort physique, c'est quand...

Message non lu par Cinci » sam. 11 sept. 2021, 23:59

Yohan :

Autrefois, la mort était décrétée par un croque-mort, qui, mordant le défunt et s'apercevant qu'il ne criait pas de douleur
Une vieille légende raconté aux enfants ...

;)

Avatar de l’utilisateur
nicolas-p
Senator
Senator
Messages : 735
Inscription : mar. 12 mai 2020, 16:10
Conviction : totus tuus
Localisation : sud ouest

Re: La mort physique, c'est quand...

Message non lu par nicolas-p » dim. 12 sept. 2021, 14:38

Altior a tout dit.
On peut aussi se servir dans de rares cas incertains de l'IRM ou scanner ( angio, absence de perfusion cérébrale )

Il est illusoire de croire que la médecine pourra repousser indéfiniment la mort. On est arrivés probablement assez proche des limites du possible.
Grâce à l'hypothermie on peut peut peut-être gagner un peu?

Il est difficile de dire ce qu'il en est au moment strict où la mort semble survenir.
Un des critères aussi est la mydriase aréactive ( pupilles dilatées qui ne se contractent plus en réflexe à la lumière ) : signe de la perte de fonction du tronc cérébral. C'est un signe assez fiable, plus il me semble que les battements cardiaques ou la respiration que on peut relancer.
Le tronc cérébral c'est impossible.

Est-ce un signe tangible de la séparation du corps de l'âme ?

J'estime personnellement que oui.
le regard de la personne change alors du tout au tout et perd son caractère " vivant " et pas besoin d'être médecin pour le percevoir

Dans chaque situation c'est de toute façon DIEU qui décide des résultats d'une réanimation :
Le médecin pratique et DIEU permet ou non que cela marche.

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 107 invités