Loi sur l'euthanasie

[Skellig]

Bonjour Paulau,

Je partage votre inquiétude au sujet de ce projet de loi légalisant l’euthanasie car toutes les lois de dépénalisation ont toujours entraînées des dérives comme, par exemple, la dépénalisation de l’avortement ( avortements de confort). De plus, la dépénalisation de l’euthanasie impliquera probablement dans sa foulée la dépénalisation du suicide assisté.

Mon avis personnel est que la solution n’est pas la dépénalisation de l’euthanasie mais la généralisation des services de soins palliatifs (services dédiés en hôpital et clinique ou/et établissements spécialisés) comme la maison Jeanne Garnier à Paris dans laquelle ma famille et moi nous avons pu accompagner jusqu’à son décès ma soeur atteinte d’un cancer. Malheureusement, je crains fort que la solution de la légalisation de l’euthanasie soit adoptée et cela pour des raisons d’économies budgétaires car il est bien moins coûteux à la collectivité d’abréger la vie d’une personne Incurable que de l’accompagner pendant des semaines voire des mois jusqu’à son décès.

Et pourtant, pour avoir entendu à plusieurs reprises des témoignages de personnes travaillant dans ces services de soins palliatifs, elles faisaient toutes le même constat, à savoir que des personnes en fin de vie qui réclamaient pourtant d’être euthanasiées et qui étaient transférées dans un service de soins palliatifs ne souhaitaient plus l’euthanasie une fois prises en charge dans ce service.

[nicolas-p]

Un document fait par nous médecin qui résume bien les choses

https://sfap.org/system/files/avis_ethi ... 160223.pdf

La conclusion est : donner la mort n'est pas (et je rajouterais ne sera jamais) un soin.

[Fleur de Lys]

C'est un sujet si délicat et les demandeurs d'un suicide assisté ne sont pas tous en phase terminale - pour laquelle l'accompagnement le plus humain est le soin palliatif.

C'est très révélateur de l'état moral de nos sociétés de préférer l'euthanasie aux soins palliatifs: question d'argent.
L'hôpital public manque déjà de sous, qui va payer pour des soins palliatifs?
Et pourtant quel soulagement de voir son proche partir calmement dans un lieu si bienveillant (tout y est fait pour limiter la souffrance du malade mais aussi des familles). Plutôt que la "piqûre" comme pour son animal de compagnie!

Ci-dessous un cas de suicide assisté accepté en Belgique sur une jeune dépressive de 23 ans. Sans cela, elle se serait peut-être suicidée seule, peut-être... peut-être pas. La dépression altère le jugement. Mais les psychiatres qui ont validés sa demande sont sensés avoir un jugement éclairé, eux!
https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html

Ces dérives me font peur.

Qu'arrivera-t-il au mourant qui demande à être accompagné dans sa souffrance sans euthanasie? Va-t-on lui dire que vraiment il emmerde le monde au lieu de mourrir d'une simple piqûre?
Et au dépressif suicidaire, va-s-y suicide-toi ça ira mieux?

[Kerniou]

Je partage vos interrogations et questionnements ...

[eclair]

Bonsoir,

Moi aussi, je me pose plein de questions... Mais, j'ai bossé dans un e.p.h.a.d et j'ai entendu une personne ne pas arrêter de répéter : 'Je souffre. Laissez-moi mourir.'

Difficile de faire la part des choses, après ça.

[nicolas-p]

Bonsoir,

Moi aussi, je me pose plein de questions... Mais, j'ai bossé dans un e.p.h.a.d et j'ai entendu une personne ne pas arrêter de répéter : 'Je souffre. Laissez-moi mourir.'

Difficile de faire la part des choses, après ça.

Accompagner , soutenir et prendre correctement en charge la douleur.
On a ce qu'il faut. Faut il encore le faire.
Ça prend beaucoup de temps et ne rapporte rien....
On manque de personnes pour cela.

[la samaritaine]

Bonsoir,

Moi aussi, je me pose plein de questions... Mais, j'ai bossé dans un e.p.h.a.d et j'ai entendu une personne ne pas arrêter de répéter : 'Je souffre. Laissez-moi mourir.'

Difficile de faire la part des choses, après ça.

C'est à cause de ce type d'expériences vécues que la majorité des Français se prononcent en faveur de l'euthanasie. Evidemment, le commun des mortels préfèrent être euthanasié plutôt que de souffrir et être ignoré, voir maltraité. Evidemment, il n'est rien de tout cela en soin palliatif mais seuls 30 pour cent des personnes qui auraient besoin de soins palliatifs y ont accès !
Une loi en faveur de l'euthanasie serait une loi infiniment triste du renoncement...

On devrait mettre le paquet sur les soins palliatifs et, le jour où l'offre répond à la demande, on pourrait se poser la question de la liberté humaine d'en finir mais dans l'état actuel , de quelle liberté s'agit-il?

Et d'ailleurs, ne serait-ce pas ouvrir la porte à des dérives, à une mentalité mortifère qui se répandrait insidieusement, favorisant la mise au rebut de ceux qui vivent un vieillissement et une vulnérabilité que l'on ne daigne pas voir ?

Comme pour la loi sur l'avortement qui aurait du "rester un drame" et qui finalement est devenue presque officiellement une banalité de confort ?

E. Macron prône le "en même temps " : promouvoir en même temps les soins palliatifs et l'euthanasie. Cela me parait illusoire et surtout contraire à l'avis de la majorité des soignants en soins palliatifs ! C'est quand même eux qui savent !

[eclair]

Bonsoir !

Accompagner et soutenir...
Moi, personnellement, je trouve ça super comme idéal ; mais les psychologues sont onéreux... Je trouve même une honte le fric, que certains se font sur les souffrances : Pour avoir le droit de parler des souffrances que d'autres ou bien que l'état de santé vous font subir et obtenir des soutiens professionnels, il faut beaucoup dépenser...
La psychologue d'un e.p.h.a.d ne vient que 1 ou 2 fois par semaine et un prêtre c'est bien mais on ne peut pas lui remettre toute la misère du monde, le pauvre...

Pour les soins palliatifs, ça je ne savais même pas que seul 30% y ont accès... en revanche, je sais qu'il existe de l'acharnement thérapeutique...

favorisant la mise au rebut de ceux qui vivent un vieillissement et une vulnérabilité que l'on ne daigne pas voir ?

En parlant de ça... j'ai vu quelque chose qui m'avait attristé. C'était durant la coupe du monde de football, l'année dernière. Aux informations télévisées, à l'écran, on montrait un bar plein à craquer avec des jeunes gens qui criaient, riaient et buvaient des bières... normal. Juste à ce moment, un vieux monsieur est passé entre eux et la caméra, il peinait à tirer son caddy plein
de courses. Personne n'est venu l'aider.

J'ai eu honte pour les Français. J'ai eu honte pour les jeunes.

Eclair

[Foxy]

@paulau

En France, nous pouvons ouvrir "un espace santé" et donner la possibilité aux médecins de connaitre nos problèmes de santé et les traitements.

Il y a un espace aussi pour donner le nom d'une "personne de confiance" et nos souhaits pour notre fin de vie.

Personnellement, je trouve cela très bien, car si vous avez un accident ou tombez malade éloigné de chez vous, le médecin hospitalier qui vous prendra en charge saura à quoi s'en tenir.

[Skellig]

Bonjour Eclair,

Juste une précision importante au sujet de votre phrase:

.Pour les soins palliatifs, ça je ne savais même pas que seul 30% y ont accès... en revanche, je sais qu'il existe de l'acharnement thérapeutique...

Les cas d’acharnement thérapeutique existent dans les établissements de santé (hôpitaux, cliniques) dans lesquels il n’y a justement pas de service de soins palliatifs. Il n’y a pas d’acharnement thérapeutique dans les services de soins palliatifs car les soignants savent que les patients dont ils ont la charge sont condamnés et se contentent donc de les accompagner le plus dignement possible.

Notre société moderne tend à se déshumaniser car la véritable humanité est de prendre soin des plus faibles, pas de les éliminer.

[Foxy]

Bonjour Eclair,

Juste une précision importante au sujet de votre phrase:

.Pour les soins palliatifs, ça je ne savais même pas que seul 30% y ont accès... en revanche, je sais qu'il existe de l'acharnement thérapeutique...

Les cas d’acharnement thérapeutique existent dans les établissements de santé (hôpitaux, cliniques) dans lesquels il n’y a justement pas de service de soins palliatifs. Il n’y a pas d’acharnement thérapeutique dans les services de soins palliatifs car les soignants savent que les patients dont ils ont la charge sont condamnés et se contentent donc de les accompagner le plus dignement possible.

Notre société moderne tend à se déshumaniser car la véritable humanité est de prendre soin des plus faibles, pas de les éliminer.

Il n'y a pas d'acharnement thérapeutique, que ce soit à l'hôpital ou en clinique. En général, la famille est prévenue et peut même souvent rester avec le malade jusque la fin : c'est ce qui s'est passé dans une clinique pour ma mère et à l'hôpital pour ma belle-mère.
Mon père a pu bénéficier des soins palliatifs à domicile, du personnel passait dans la journée, mais pour la fin (quelques heures), il a été hospitalisé.
Le personnel est toujours à l'écoute de la famille, avant et après le décès.
Pour maman, j'étais seule avec elle, mais la surveillante m'avait demandé si je voulais qu'elle reste parce que c'était la fin : j'ai appris là, la différence entre "était comateux" et "coma". J'ai refusé et prié à voix haute le "je vous salue Marie". Elle est partie paisiblement.

[Jean-Mic]

L’euthanasie ne sera pas obligatoire, mais la situation du malade dépendant sera renversée : il aura à justifier sa volonté de vivre, devant sa famille et la société.

... il aura à justifier sa volonté de vivre, devant sa famille et la société ... devant l'ARS et les maîtres du budget ...

[Jean-Mic]

Il y a un espace aussi pour donner le nom d'une "personne de confiance" et nos souhaits pour notre fin de vie.

De nombreux soignants signalent que les personnes de confiance désignées sont parfois loin d'être attentives, objectives, détachées de leurs propres préjugés ou de leurs propres peurs ...

[Foxy]

De nombreux soignants signalent que les personnes de confiance désignées sont parfois loin d'être attentives, objectives, détachées de leurs propres préjugés ou de leurs propres peurs ...

Et c'est vrai parce que j'y suis passée !! je savais que j'étais "personne de confiance" parce que j'avais accepté, me disant qu'étant plus âgée, je n'aurai jamais à intervenir...

Or, c'est arrivé l'été dernier et je n'étais pas fière quand un CHU m'a appelée ... suite à un accident...

Avec mon mari, nous nous sommes rendus sur place et avons pu longuement discuter avec le chirurgien et une infirmière. Nous sentant réticents, le médecin a dit qu'il comprenait et il a proposé d'attendre quelques jours.

Finalement, heureusement, la personne qui avait toute sa conscience et savait que nous étions à son chevet, est "partie" toute seule.

Hé bien, j'ai senti un soulagement aussi dans le personnel !