Dire des "gros mots"

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Théophane
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Théophane » lun. 15 sept. 2008, 10:54

Je ne pense pas que ce soit un péché, mais à mon avis, avoir recours à la vulgarité est un manque de personnalité...
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
Bienheureux Álvaro del Portillo (1914-1994)

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par antoine93 » lun. 15 sept. 2008, 14:24

Théophane a écrit :Je ne pense pas que ce soit un péché, mais à mon avis, avoir recours à la vulgarité est un manque de personnalité...
J'ai pas besoin de vulgarité pour en avoir, mais j'aime bien ajouter un peu de superflu, histoire de m'extérioriser un peu plus... :D

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Balade
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Balade » lun. 15 sept. 2008, 15:04

Théophane a écrit :Je ne pense pas que ce soit un péché, mais à mon avis, avoir recours à la vulgarité est un manque de personnalité...
Bonjour :)

Pourquoi le fait de dire des gros mots ne pourrait-il pas
être considéré comme un péché véniel?

(Véniel signifie "excusable" en latin, par opposition à
péché mortel)

L'on a trop souvent tendance à minimiser et excuser un
"petit" mauvais penchant ou comportement parce qu'on
le juge insignifiant et peu grave.

Dire des gros mots n'est pas si "innocent" qu'on le croit.

Voici ci-dessous un texte que j'ai trouvé sur un autre site
catholique (je ne sais pas si le règlement m'autorise à citer
la source?) qui, selon, moi explique bien que les péchés
véniels ne sont jamais insignifiants :

QUELLE EST LA DIFFERENCE ENTRE UN PECHE VENIEL
ET UN PECHE GRAVE ?


La nature du péché est simple : c’est une offense à Dieu,
par une pensée, une parole, un acte ou une omission.

Maintenant, l’Eglise nous enseigne qu’il existe une différence
« radicale » entre le péché véniel et le péché mortel.
Le premier nous affaibli. Le second nous sépare de Dieu.
Où se trouve la limite entre l’un et l’autre ? Il est bien difficile
de le dire, car en général, le premier conduit au second. Et la
plupart du temps, il s’agit d’un processus long et continu.

Imaginez une casserole pleine d’eau. Cette eau représente votre
âme, immortelle, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

C’est l’été et vous abandonnez cette casserole sur votre
balcon, au soleil. La température de l’eau se met alors à
suivre celle du temps. Comme c’est l’été, la casserole retient
la chaleur... et l’eau reste chaude. Puis vient l’automne, et
l’eau refroidit petit à petit. Un jour, l’hiver arrive, et l’eau,
en quelques heures, se met à geler.

De la même façon, c’est l’accumulation de petits péchés
véniels qui conduisent à la rupture avec Dieu. Les péchés
véniels « refroidissent » notre âme, comme l’automne
refroidit l’eau. Et il y a un moment où nous faisons « un
péché de trop », délibéré et conscient, qui nous enferme
définitivement dans notre égoïsme et nous coupe de toute
relation avec Dieu. C’est cela le péché mortel.

Comment éviter de commettre un péché mortel qui pourrait
mettre en danger notre salut éternel ? En évitant de
commettre des péchés véniels.

Et comment éviter de commettre un péché véniel ? D’abord,
en évitant d’abandonner la casserole sur le balcon !

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le meilleur moyen
d’éviter de commettre un péché, même véniel, c’est de nous
protéger de tout ce qui peut conduire au péché : les mauvais
spectacles, les amitiés peccamineuses, les ambiances trop
frivoles, etc...

Mais ce n’est pas tout : le Christ nous a donné d’autres moyens,
plus efficaces encore. Il ne s’agit pas seulement de « protéger »
notre casserole du froid, mais de la maintenir sur une source de
chaleur.

On pourrait résumer ces conseils en trois moyens fondamentaux :

1- Alimenter notre amour pour Dieu à travers la prière du cœur,
et surtout la louange.

2- S’alimenter fréquemment des sacrements, qui sont les
médicaments de notre âme, surtout l’eucharistie et la confession.

3- Se faire aider par le soutien de la communauté chrétienne.

MB
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par MB » dim. 12 oct. 2008, 15:15

Bonjour à tous

Il suffit de se promener dans la rue, de prendre un bus ou un métro, et d'écouter les gens - surtout les jeunes, mais pas seulement eux - pour se rendre compte que le "gros mot" est omniprésent. Il me semble parfois qu'il fournit bien le tiers du vocabulaire employé dans une conversation courante.

Certains mots sont vraiment systématiques ("p..t..in", "fait ch..r", etc.), ils servent presque d'introduction au discours. On les emploie pour presque tout. Une de mes connaissances, une jeune femme allemande devenue prof de sa langue, s'étonnait de toutes ces grossièretés - qu'elle pratiquait elle-même-, alors qu'on s'en sert beaucoup moins chez les Teutons.

Je crois qu'au-delà de ces mots précis, il faut les rapprocher d'autres expressions qui reviennent très souvent : "et tout", "j'sais pas quoi", "trop"... etc. Exemple, typique du parler de minette gavée à msn et à la Starac, à prononcer avec une intonation à la fois vive, traînante et la mâchoire inférieure projetée vers l'avant :
"Et pis là, tu vois, y'm fait, ouaiiiis, genre, y'm dit qu'y m'aime trop et tout, mais p.t.in il est grav'quoi, nan mais genre, tu vois !"

Essayons de tirer quelques conclusions.

1°. La première est le manque de vocabulaire. Je me souviens d'avoir lu un passage de Montherlant (quelqu'un qui savait sa langue), où tout d'un coup, apparaissait le mot "dégueulasse" au milieu d'un français on ne peut plus classique. Le choc produit par ce mot détonant en prenait une singulière force d'expression. Mais ce qui permettait ce choc, c'était l'infinie variété du vocabulaire maîtrisé par l''écrivain.
Or de nos jours - et cela, merci le tchat, le portable et la télé, va s'accentuer toujours davantage - les gens n'ont plus que quelques centaines de mots à disposition de leur langage courant. Il leur est impossible de donner des nuances à leur expression ; un ou deux mots, seulement, peuvent suffire.
La conséquence en est la suivante : comme on ne peut pas nuancer avec les mots, on le fait avec les gestes ou avec la connivence ; on dit toujours que tel gars est "trop" mignon, que tel plat est "trop" bon, que tel hôtel est "super classe et tout", pour préciser, à l'économie, de quoi l'on parle.
Ajoutons encore autre chose : les situations dont parlent la plupart des gens en question sont extrêmement stéréotypées ; leurs modèles culturels étant très réduits, il n'y a pas besoin de préciser quelque chose, puisqu'on sait par avance de quoi l'on va parler. Je reprends l'exemple plus haut, tel hôtel est "super classe et tout, y avait des cocktails et tout" ; on sait très bien ce qu'on voulait dire : des fauteuils club à l'accueil, des luminaires design, une piscine, un bar all inclusive... et tout. Pourquoi préciser ? C'est toujours pareil !
De même avec les sentiments ; on pourrait dire quel tel bonhomme casse les pieds, les bonbons, qu'il est fatigant, pas très dynamique, pesant, etc... on pourrait préciser de quelle manière ; mais non ; il suffit de dire "y m' faisait ch...r" !

Les gros mots introductifs ("pu...in c'était trooooop bon") servent à ça : ils mettent dans une situation où l'on sait par avance de quoi il va être question.
Après tout, les héros proustiens n'ont guère besoin de toutes ces manières-là : ils disposent de tant de vocabulaire, que le tour précis leur vient immédiatement à l'esprit.

2°. Quand on y réfléchit, le sens de ces gros mots est le plus souvent répugnant ; "m.rde" désigne quelque chose de bien précis ; y compris l'expression "faire ch..." ; sans parler de "p.t.in". Mais les gens qui les emploient ne s'en servent pas du tout pour ce sens. Ils s'en servent pour leur violence d'expression.
Toutes les images qui nous viennent aujourd'hui, cherchent à nous agresser ; elles veulent nous accrocher ; même chose avec la musique, prédigérable à volonté, ne demandant pas d'intériorité, mais créant juste du feeling. Il faut que ça splashe, que ça flashe un bon coup. Il en va de même avec les mots ; comme nous ne savons plus dire exactement ce que nous pensons, nous pratiquons la fuite en avant avec des tours de plus en plus violents, nous permettant - croyons-nous - de nous exprimer avec plus de liberté, de "coller" beaucoup mieux au fond de ce que nous voulons dire.

Dans le contexte contemporain, l'emploi des gros mots est donc plus qu'une affaire de péché ou d'absence de péché : il est le signe de la difficulté, aujourd'hui, de se concentrer, de réfléchir et de se taire. Il est le signe de notre manque croissant d'intériorité ; il est le signe aussi de notre connivence croissante autour de quelques expressions et attitudes figées, qui en général ne se signalent guère par leur sens de la compréhension du prochain. Je verrais donc plutôt ici le véritable danger de leur emploi : plus nous parlerons de cette manière, plus nous nous éloignerons d'une attitude favorable à la vie chrétienne.

Amicalement
MB

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par antoine93 » dim. 12 oct. 2008, 16:22

MB a écrit : Dans le contexte contemporain, l'emploi des gros mots est donc plus qu'une affaire de péché ou d'absence de péché : il est le signe de la difficulté, aujourd'hui, de se concentrer, de réfléchir et de se taire. Il est le signe de notre manque croissant d'intériorité ; il est le signe aussi de notre connivence croissante autour de quelques expressions et attitudes figées, qui en général ne se signalent guère par leur sens de la compréhension du prochain. Je verrais donc plutôt ici le véritable danger de leur emploi : plus nous parlerons de cette manière, plus nous nous éloignerons d'une attitude favorable à la vie chrétienne.
Qu'entends-tu par "intériorité" ?

MB
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par MB » lun. 13 oct. 2008, 12:42

Bonjour

Par simplisme, je dis ici "intériorité" pour parler de tout ce qui nous amène à nous abstraire du tohu-bohu de la vie contemporaine, pour s'arrêter un peu, se concentrer, réfléchir.

G. Lipovestky, dans son excellent livre L'ère du vide, a parlé de cet état d'esprit cool qui fait que l'ambiance entre tous est supposée être vécue comme légère, amusante, non-traumatisante, avec un peu de trivialité, mais aussi beaucoup d'humour de dérision pour faire tout passer.

A partir du moment où l'on pratique l'intériorité (on recherche les sentiments vrais, les valeurs profondes, on est sérieux en un mot), on s'oppose à ce monde.

Les "gros mots" dont j'ai parlé - ceux qu'on emploie dans le contexte courant d'aujourd'hui - font partie de cette attitude pleine de superficialité. Les refuser, c'est commencer à réfléchir sur sa manière de s'exprimer, et c'est aussi avoir des exigences sérieuses en tête (beauté du langage ; justesse du vocabulaire), en contradiction évidente avec l'ambiance de l'époque.
Cette réflexion, évidemment, ne porte pas sur les "gros mots" en général, et pas que sur eux, mais aussi sur cet ensemble d'expressions et d'attitudes dont ils font partie, et dont j'ai décrit des exemples sur mon post précédent.

Amicalement
MB

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par antoine93 » lun. 13 oct. 2008, 17:38

Pour moi, les gros mots c'est de la poésie :D

Je suis une personne "superficielle", j'aime bien les "gros mots", mais ça m'empêche pas d'utiliser un langage formel quand cela est nécessaire. Par exemple, Sarkozy s'exprime très bien (en termes de français) dans les contextes formels, mais il est tout aussi capable de dire "casse-toi pauvre c..."

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par ti'hamo » mar. 14 oct. 2008, 10:25

(houlà, je doute que M.Sarkozy soit un bon exemple pour illustrer la nécessité d'une vie intérieure, de paroles réfléchies, de profondeur du discours, de choix du mot juste.)

Je serais d'accord avec Antoine pour dire que le "gros mot" utilisé à bon escient peut créer des effets littéraires tout à fait intéressants... ...encore faut-il le maîtriser, et que ce soit voulu, fin, réussi... C'est un art délicat, finalement.
D'ailleurs, certains profs s'étant mis en tête que "ça fait partie de la littérature" et que ce serait plus attrayant que les classiques, proposent ce genre d'approche à des élèves de collège, et évidemment le résultat est catastrophique.

Là je rejoins tout à fait MB et je reprendrais bien toute son analyse à mon compte : "bien" utiliser ces mots, cela demande de disposer, déjà, d'une bonne maîtrise de la langue, d'un vocabulaire riche, etc... Sinon, en fat, l'usage du "gros mot" est un usage "par défaut", et plutôt qu'un péhcé il s'agit d'indigence du langage, de pauvreté de l'expression, et de pensée approximative.
(d'une certaine manière, c'est comme un ralenti au piano : il y a une énorme différence, et qui s'entend, entre l'effet de ralenti recherché, qui donne un style plus romantique, et le ralenti de l'élève arrivant sur un passage qu'il ne maîtrise pas encore...)
Cela dit, en rester à un propos approximatif et une pensée inconsistante quand on a les moyens de faire autrement, cela peut être un péché, oui.

Au-delà de ça, je pense qu'il y a, déjà, une énorme différence entre le "gros mot" employé VERS QUELQU'UN, pour l'insulter, ou le rabaisser (que ce soit sous l'emprise de la colère, par orgueil, envie, jalousie...) et le gros mot lancé en l'air, sous le coup de la colère aussi mais, dans un sens, pour la passer sur n'importe quoi d'autre que quelqu'un, jsutement (par exemple, l'autre jour, j'ai cassé une tasse ikéa, bon, et, heu.... enfin voilà. :-)
C'est tout à fait différent, et je pense que l'utilisation contre quelqu'un est effectivement un péché, mais contre un objet ou un événement, pas forcément.

...Après, cela dépend aussi de l'entourage : en présence d'enfants, cela devient un péché, parce que vous SAVEZ qu'ils ne seront que trop heureux de vous imiter, alors qu'ils n'ont pas de quoi distinguer les nuances décrites ci-dessus.
Donc, à mon avis, tout gros mot en présence d'enfants est, de fait, un péché (sauf dans les expressions qui l'exigent et qui feront leurs délices : "cul par-dessus tête", "comme cul et chemise", etc.. :-) (c'est bien aussi, d'ailleurs, de leur apprendre ainsi qu'il y a un cadre réservé à l'emploi de ces mots, et qu'ils ne sont vulgaires qu'en-dehors de ce cadre : très bon pour relativiser l'emploi des mots, montrer que leur valeur dépend de ce qu'ils expriment, mais aussi pour canaliser leur envie de se montrer vulgaire...)

...En tous les cas, je trouve qu'il y a une énorme différence entre l'emploi du mot "s.lope" et celui d'un "p.tain" qui sort tout seul quand on casse une tasse ikéa, par exemple. (d'ailleurs, je trouve, le mot "s.lope" ne peut, lui, être utilisé à bon escient dans aucun contexte...il me semble que certains mots sont ainsi à bannir complètement...)

Concernant l'utilisation "pédagogique" du gros mot ou de l'argot dans un débat, un argumentaire, je suis assez d'accord avec Antoine, mais finalement cela rejoint ce qu'en dit MB : tout dépend de la façon dont on l'utilise, et de l'expression dont on fait preuve par ailleurs. Actuellement, l'utilisation la plus courante de tels mots dans un débat exprime surtout l'énervement, l'indigence du discours, le manque de vocabulaire ou d'arguments.
Mais, oui, bien utilisé ils peuvent réveiller l'auditoire, attirer tout particulièrement l'attention sur un point, etc...
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Olivier JC » mar. 14 oct. 2008, 11:33

Bonjour,
Au-delà de ça, je pense qu'il y a, déjà, une énorme différence entre le "gros mot" employé VERS QUELQU'UN, pour l'insulter, ou le rabaisser (que ce soit sous l'emprise de la colère, par orgueil, envie, jalousie...) et le gros mot lancé en l'air, sous le coup de la colère aussi mais, dans un sens, pour la passer sur n'importe quoi d'autre que quelqu'un, jsutement (par exemple, l'autre jour, j'ai cassé une tasse ikéa, bon, et, heu.... enfin voilà. :-)
C'est tout à fait différent, et je pense que l'utilisation contre quelqu'un est effectivement un péché, mais contre un objet ou un événement, pas forcément.

...Après, cela dépend aussi de l'entourage : en présence d'enfants, cela devient un péché, parce que vous SAVEZ qu'ils ne seront que trop heureux de vous imiter, alors qu'ils n'ont pas de quoi distinguer les nuances décrites ci-dessus.
Donc, à mon avis, tout gros mot en présence d'enfants est, de fait, un péché (sauf dans les expressions qui l'exigent et qui feront leurs délices : "cul par-dessus tête", "comme cul et chemise", etc.. :-) (c'est bien aussi, d'ailleurs, de leur apprendre ainsi qu'il y a un cadre réservé à l'emploi de ces mots, et qu'ils ne sont vulgaires qu'en-dehors de ce cadre : très bon pour relativiser l'emploi des mots, montrer que leur valeur dépend de ce qu'ils expriment, mais aussi pour canaliser leur envie de se montrer vulgaire...)
Je crois que vous avez bien résumé le problème. Merci pour cette analyse très pertinente.

Ce qui manquait à ce fil, c'est la définition de ce qu'est un "gros mot". Plus exactement, n'était pris en considération que l'aspect matériel de la définition : tel ou tel mot. L'intention était oubliée. Vous l'avez ramené dans la cause, et c'est fort juste.

MB a également apporté des éléments très pertinents, puisqu'il met en exergue, finalement, la finalité du langage et ce qui peut le dévoyer. Au final, ressouvenons de ce que dit le Christ à propos de toute parole vaine...

+
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Harfang » mer. 15 oct. 2008, 0:39

Question anecdotique : Les expressions désuètes comme bigre, fripouille...etc sont elle aussi condamnables ?
« O Crux Ave Spes Unica ! »
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Christophe » mer. 15 oct. 2008, 7:17

Harfang a écrit :Question anecdotique : Les expressions désuètes comme bigre, fripouille...etc sont elle aussi condamnables ?
Non, elles bénéficient d'un indult ! lol
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Balade » mer. 15 oct. 2008, 7:49

Harfang a écrit :Question anecdotique : Les expressions désuètes comme bigre, fripouille...etc sont elle aussi condamnables ?
Bonjour Harfang,

Fripouille est "correct". C'est un synonyme de canaille, escroc.

« Bigre » , en revanche, c’est une atténuation de « bougre », qui signifie homosexuel
et autres termes qui s'y rapportent.

Même l'interjection « fichtre ! » qui m'a marqué, enfant, parce Donald Duck l'employait
à tout-va dans les albums de Picsou que je lisais :) , est la version édulcorée du
mot (pardon) « foutre ». Les fans de Tintin ne sont pas épargnés non plus : le fameux
« Tonnerre de Brest ! » popularisé par le Capitaine Haddock, ce n'est rien moins que
« tonnerre de Dieu ! » édulcoré.

En fait, beaucoup d’expressions désuètes sont, à l’origine, des jurons et surtout,
des blasphèmes. Même s'ils sont très atténués aujourd'hui, ils n'en restent pas moins
des insultes envers Dieu. Il est donc bon de les connaître pour les éviter ! :)

- Pardi ! = abrévation de pardieu (par Dieu)
- Morbleu ! = par la mort de Dieu
- Palsembleu ! = par le sang (de) Dieu
- Parbleu ! = par Dieu
- Sacrebleu ! = sacré Dieu
- Sapristi ! = de sacristi (sapré= sacré)
- Saperlipopette ! = de saperlotte = de sacrelote = de sacredieu.
- Scrogneugneu ! = déformation de « sacré nom de Dieu ».
- Diantre ! = altération du mot « diable ».
- Vindieu ou Vingt dieu.

C'était, paraît-il, la noblesse qui, autrefois, avait pris l'habitude de jurer en incluant
« Dieu » dans leurs jurons. Un évêque ou un cardinal (je ne me souviens plus) a
fini par y mettre le hola. La noblesse remplaça alors « Dieu » par « bleu »
(palsembleu, etc.). Les nobles étant les seuls à utiliser ce juron, leurs serviteurs
les nommèrent les « sangbleus.» pour distinguer un noble d'un roturier.

En fait, on ignore souvent que lorsqu’on utilise le mot « sacré » (sacrée bonne
femme; sacrée bonne occasion), il faut comprendre « sacré nom de Dieu de
bonne femme » ; « Sacré nom de Dieu de bonne occasion » ...

Même le sympathique « Bon sang ! » est une abréviation de « bon sang de bon dieu »,
l’équivalent de « par le sang de Dieu ! » En version écourtée, il a donné une de nos
expressions qui, elle-même rallongée, a donné les variantes « bon sang de bois"
ou « bon sang de bonsoir ! »

Alors pourquoi ne pas sortir du placard le bon vieux « zut ! », « mince ! », « flûte »
et même « punaise ! » :D On pourrait même remplacer « sacré » par le très chic
« fieffé » (c’est un fieffé menteur !)

Bon, il ne me reste plus qu’à aller me confesser pour avoir publié tant d’horreurs ! :oops:

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par ti'hamo » mer. 15 oct. 2008, 13:34

...oui, mais, ces mots ayant changé de sens, où est le mal de les utiliser ?
D'autant qu'ils sont bien les versions déformée de jurons volontairement transformés pour NE PAS prononcer le nom de Dieu dans un juron.
(un peu comme dire "mercredi", quoi) (cela dit, je connais une mère-grand qui dit "miel!" pour ne pas dire autre chose : est-ce que du coup le mot "miel" doit être banni de son vocabulaire ? on n'en sort plus !!)

D'autre part, il me semble que l'on donne à "Tonnerre de Brest" une autre explication, faisant référence aux coups de canons tirés, à une époque, lors de l'évasion d'un prisonnier du bagne.

Sinon, en passant, je remercie Olivier pour ses félicitations. :-)

Et, encore une fois, attention à l'intention : de "ho, conG ! tu viens prendre un pastis ?" ou de "dégage, vieille chouette !" à une vieille tante ou belle-mère détestée,... ...quel est le plus répréhensible ? :saint:
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antoine93
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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par antoine93 » mer. 15 oct. 2008, 21:24

Balade a écrit : - Pardi ! = abrévation de pardieu (par Dieu)
- Morbleu ! = par la mort de Dieu
- Palsembleu ! = par le sang (de) Dieu
- Parbleu ! = par Dieu
- Sacrebleu ! = sacré Dieu
- Sapristi ! = de sacristi (sapré= sacré)
- Saperlipopette ! = de saperlotte = de sacrelote = de sacredieu.
- Scrogneugneu ! = déformation de « sacré nom de Dieu ».
- Diantre ! = altération du mot « diable ».
- Vindieu ou Vingt dieu.
D'où l'utilité des mots du style "c.n" ou "p.tain", qui ne sont pas blasphématoires. (après, même si ces mots ont une éthymologie "sexuelle", ils n'ont plus du tout cette connotation aujourd'hui)

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Re: Dire des "gros mots"

Message non lu par Fée Violine » mer. 15 oct. 2008, 23:22

je ne suis pas d'accord : les mots d'origine sexuelle, du moins ceux que vous citez, sont humiliants pour les femmes, et donc pas du tout recommandables.
Quant aux explications de Balade, je rajouterai juste un détail : Henri IV avait l'habitude d'employer le juron "jarnidieu" ("je renie Dieu"). Son confesseur, le Père Coton, très ennuyé, lui suggéra de remplacer le nom de Dieu par le sien : d'où le juron pittoresque "jarnicoton", qui n'est plus employé mais qui l'a été !

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