Charles Baudelaire

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stephlorant
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Charles Baudelaire

Message non lu par stephlorant » sam. 16 juil. 2011, 16:22

GuilhemMaurice a écrit :Vous me faîtes penser aux fleurs du mal de Baudelaire.... :yuk:
Que reprochez-vous aux textes de Baudelaire ?

L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


Elévation


Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!


Correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.


Si vous faîtes mieux, merci de nous partager vos œuvres !
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par stephlorant » lun. 18 juil. 2011, 9:37

Et moi, pour cette fois, je n'ai pris que la défense du poète ! Pouet-Pouet ! :p
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par PaxetBonum » lun. 18 juil. 2011, 10:16

Je n'ai rien dit concernant le pouet-poète, car je ne goutte absolument pas Beaudelaire…
Je risquais de me faire taxer de haineux contre Beaudelaire aussi…
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par GuilhemMaurice » lun. 18 juil. 2011, 12:18

stephlorant a écrit :
GuilhemMaurice a écrit :Vous me faîtes penser aux fleurs du mal de Baudelaire.... :yuk:
Que reprochez-vous aux textes de Baudelaire ?
Absolument rien. C'était juste l'image "fleurs du mal" que je voulais utiliser et dont je devais bien citer son auteur.
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par stephlorant » lun. 18 juil. 2011, 13:45

PaxetBonum a écrit :Je n'ai rien dit concernant le pouet-poète, car je ne goutte absolument pas Beaudelaire…
Je risquais de me faire taxer de haineux contre Beaudelaire aussi…
Surtout ne parlez pas de vos sentiments poétiques à Fée Violine, ni à Julien Green (lui est au Ciel, je lui souhaite) car tous deux trouvent (comme moi) beaucoup de talent à ce poète.
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par PaxetBonum » lun. 18 juil. 2011, 15:40

Pour ma part j'ai toujours été mal à l'aise à le lire, un sentiment d'oppression indéfinissable…
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par stephlorant » lun. 18 juil. 2011, 15:43

PaxetBonum a écrit :Pour ma part j'ai toujours été mal à l'aise à le lire, un sentiment d'oppression indéfinissable…

Oh, je ne dis pas le contraire, mais quel talent. Quand il écrit Spleen, quelle extraordinaire description d'un état dépressif !

Charles BAUDELAIRE (1821-1867)


Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
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Re: Quelques questions, disputatio

Message non lu par Cinci » lun. 18 juil. 2011, 19:05

Paxetbomum,

Non mais, écoutez, c'est parce que votre sentiment d'oppression est parfaitement compréhensible. Baudelaire a Edgar Poe comme ascendant et puis Wes Craven «Village of the Damned» dans sa postérité. Il buvait de l'absinthe à part ça.

http://www.youtube.com/watch?v=8q9o6w4N-Hk
(comme un sentiment malsain qui écrase un peu dans les entournures avec ces poètes maudits...)

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Baudelaire

Message non lu par Cinci » lun. 10 févr. 2020, 20:02

Baudelaire (1821-1867)

Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s 'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.

(Petit poème en prose)

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Message non lu par Fée Violine » lun. 10 févr. 2020, 23:41

Merci Cinci.

Pour moi, Baudelaire est le sommet de la poésie, et les Petits poèmes en prose le sommet de Baudelaire.

:amoureux:

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