Centenaire de la mort de Charles Péguy

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jean_droit
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Actualité du message de Charles Péguy, selon Benoît XVI

Message non lu par jean_droit » mar. 22 août 2006, 11:11

Remarques : Les poésies de Charles Peguy ont illuminé mon adolescence.
Combien de fois j'ai lu la "Présentation de la Beauce à Notre Dame" ! ( titre ? )

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Actualité du message de Charles Péguy, selon Benoît XVI
Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc

ROME, Lundi 21 août 2006 (ZENIT.org) – « La représentation de cette œuvre devant nous ce soir me semble d’une particulière opportunité. En effet, dans le contexte international que nous connaissons aujourd’hui, face aux dramatiques événements du Moyen-Orient, devant les situations de souffrance provoquées par la violence dans de nombreuses régions du monde, le message transmis par Charles Péguy dans «Le mystère de la Charité de Jeanne d’Arc», demeure une source de réflexion très profitable. Puisse Dieu entendre la prière de la sainte de Domremy et la nôtre, et donner à notre monde la paix à laquelle il aspire! », a déclaré Benoît XVI samedi dernier, 19 août.

Voici le texte intégral de l’allocution de Benoît XVI en français à l’issue de la représentation du Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc, samedi soir, à Castelgandolfo (cf. http://www.vatican.va).

Chers amis,

Alors que s’achève cette remarquable représentation du «Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc» que vous m’avez offerte ce soir, je remercie très chaleureusement Mgr Bernard Barsi, Archevêque de Monaco, ainsi que l’archidiocèse de Monaco, qui sont à l’origine de cette heureuse initiative, à laquelle j’ai été sensible. Je salue aussi cordialement Monsieur l’Ambassadeur de la Principauté de Monaco près le Saint-Siège et les autres personnalités présentes.

L’œuvre de Charles Péguy, qui vient de nous être présentée par trois actrices de grand talent, nous a conduits à la découverte de l’âme de Jeanne d’Arc et à la racine de sa vocation. À travers une profonde réflexion sur des thèmes toujours présents à la pensée de nos contemporains, nous avons été introduits au cœur du Mystère chrétien. Dans ce texte d’une grande richesse, Péguy a su rendre avec force le cri que Jeanne fait monter vers Dieu avec passion, l’adjurant de faire cesser la misère et la souffrance qu’elle voit autour d’elle, exprimant ainsi l’inquiétude de l’homme et sa recherche du bonheur.

La remarquable interprétation du «Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc», qui nous a été donnée, nous a aussi montré que le cri pathétique de Jeanne, qui traduit sa douleur et son désarroi, manifeste surtout sa foi ardente et lucide, marquée par l’espérance et par le courage. Nous entraînant encore plus loin dans la méditation, Péguy nous fait entrevoir dans le «Mystère» de la Passion du Christ, ce qui, en définitive, donne un sens à la prière de la jeune femme dont la force d’âme ne peut que nous émouvoir.

La représentation de cette œuvre devant nous ce soir me semble d’une particulière opportunité. En effet, dans le contexte international que nous connaissons aujourd’hui, face aux dramatiques événements du Moyen-Orient, devant les situations de souffrance provoquées par la violence dans de nombreuses régions du monde, le message transmis par Charles Péguy dans «Le mystère de la Charité de Jeanne d’Arc», demeure une source de réflexion très profitable. Puisse Dieu entendre la prière de la sainte de Domremy et la nôtre, et donner à notre monde la paix à laquelle il aspire!

Je voudrais exprimer ma gratitude au metteur en scène, qui a su mettre en valeur avec une grande sobriété les éléments essentiels de ce chef-d’œuvre de Charles Péguy. Je félicite vivement les artistes qui nous en ont donné une interprétation de grande qualité, mettant au service du texte non seulement leur talent, leur «métier» de comédiennes, mais leur propre intériorité, nous faisant ainsi entrer dans les sentiments des personnages qu’elles ont fait revivre devant nous.

Ma reconnaissance va aussi aux techniciens et à toutes les personnes qui ont participé à la réalisation de cette représentation dont nous garderons un agréable souvenir.

À l’issue de cette belle soirée, que sainte Jeanne d’Arc nous aide à entrer toujours plus profondément dans le mystère du Christ pour y découvrir le chemin de la vie et du bonheur! Sur vous tous, j’implore de grand cœur l’abondance des Bénédictions du Seigneur.

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Centenaire de la mort de Charles Péguy

Message non lu par Fée Violine » lun. 08 sept. 2014, 11:03


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Re: Centenaire de la mort de Charles Péguy

Message non lu par Cinci » dim. 31 mai 2015, 0:29

A propos de Péguy :
«... c'est Mauriac qui m'a ouvert les yeux, figurez-vous. Ça se passait je ne sais en quelle année, peut-être en 50. Je lui parlais de Péguy comme d'un catholique de gauche. Et il m'a dit :«Je crois que vous vous trompez, vous savez. Il n'était pas catholique de gauche; d'abord il n'aimait pas qu'on dise de lui qu'il était catholique parce qu'il était très lié avec Mme Favre, la fille de Jules Favre et mère de Maritain, qui l'aidait financièrement. Maritain prenait Péguy pour un catholique. «Surtout ne me prenez pas pour un catholique» disait Péguy à Mme Favre. Il y avait un curieux double-jeu chez lui. Maritain en a beaucoup souffert. Et Mauriac me dit :«Vous savez, vous dite Péguy catholique de gauche; mais il n'était pas du tout de gauche! Est-ce que vous avez bien lu Notre jeunesse?» Je lui dis :«Non» Puis j'ai lu Notre jeunesse et j'ai été stupéfait. [...] Il y avait une disproportion énorme entre ce que Péguy écrivait en 1898, en pleine affaire Dreyfuss, et ce qu'il écrivait en 1910. Mauriac me dit :«Mais vous n'avez pas vu comme il est gentil pour la droite?» [...] Barrès était son tentateur. Barrès passait son temps à dire :«Si vous êtes gentil, docile, je peux faire votre carrière. Vous allez entrer à l'Académie.» Et comme l'Académie était remplie de gens conservateurs , voilà Péguy qui peu à peu s'avance vers la droite. Quand j'ai lu le livre Péguy l'insurgé, j'ai éclaté de rire; il était si peu insurgé! Il était complètement d'accord avec Millerand. Il détestait les syndicalistes. Il s'était mis à nourrir une haine monstrueuse contre Jaurès. Une haine qui tenait à ce que Jaurès ne l'avait pas aidé. [...]

Lorsque Pivot m'a invité, j'y suis allé (alors que je ne voulais pas, mais le Seuil m'a dit : «Vous savez, il faut y aller. Votre livre est difficile à vendre. Il faut aller chez Pivot, on en vendra mille de plus»). Pivot a été la gentillesse même parce qu'il savait que je n'avais pas envie d'être là (j'avais refusé deux fois). Il m'a dit : «Écoutez Guillemin, vraiment, vous avez été très dur avec Péguy.» J'ai l'esprit de l'escalier. J'aurais dû répondre que j'avais été beaucoup moins dur pour Péguy qu'il ne l'avait été lui-même pour lui-même. Il y a ces fameux quatrains dont Romain Rolland a dit :«C'est le livre des profondeurs»; et c'est vrai. Ils sont extraordinaires, ces quatrains! Il ne pouvait imaginer les publier de son vivant. C'étaient des textes posthumes où il s'accusait de tout ce dont je l'accuse : d'avoir couru la réclame, d'avoir trahi ses amis. Enfin, il a été plus dur avec lui que je ne l'ai jamais été parce que, j'ai déploré ce qu'il a fait, lui se flagelle. C'est un texte terrible. Je n'ai jamais vu quelqu'un parler de soi-même avec une dureté telle que celle de Péguy dans ses quatrains. Évoquer cela ne m'était pas venu à l'esprit chez Pivot.»

Source : Henri Guillemin, Une certaine espérance. Conversations avec Jean Lacouture, Utovie, 2010 (1989, Seuil), p. 86

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