Le professeur Choron décrypté

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Cinci
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Le professeur Choron décrypté

Message non lu par Cinci » mar. 15 déc. 2015, 16:45

Je tombe sur celle-là ...

C'est Gérard Leclerc qui s'interroge au sujet du blasphème, des blasphémateurs ... dont l'ancienne équipe d'Hara Kiri, le professeur Choron notamment.
«... cela me fait penser à une page vengeresse de Bernanos sur la morne débauche des Romains :
  • «Tous ces empereurs à grosse bedaine manifestaient beaucoup de bonne volonté dans le mal. Il leur manquait, pour être réellement pervers, une certaine qualité humaine. Ne se damne pas qui veut. Ne partage pas qui veut le pain et le vin de la perdition - Que dire? - nul ne peut offenser Dieu cruellement qui ne porte en lui de quoi l'aimer et le servir.» (G. Bernanos, Les grands cimetières sous la lune, La Pléiade, p.379)
[...] D'un côté, je reproche aux médias leur virulence antireligieuse; de l'autre, de regretterais quasiment leur médiocrité blasphématoire. C'est que le fond des choses n'est peut-être pas la violence. Il y a une violence du Royaume, une violence qui est le contraire de la haine homicide, parce qu'elle brise l'indifférence et la médiocrité pour faire jaillir le lait de l'humaine tendresse et la source de la grâce. Il y a aussi la violence du blasphème, qui peut tourner au pire, par aveuglement, ivresse et folie de la révolte, mais qui peut étre aussi la grimace de l'âme désepérée qui veut aller au-delà de son désespoir.

[...]

Choron est la figure limite et pathétique de cet anarchisme grinçant. Sa vulgarité appuyée, cette espèce de nudité sauvage qu'il porte au visage, cette façon qu'il a de traverser la vie entre deux vins et deux accablements en font une bête de scène, un clown trébuchant entre l'entrechat et le grotesque. Je passerai moi-même pour dérangé si je dis ici à qui il me fait penser. [...] le professeur me fait penser à un «fou de Dieu».

Étrange histoire que celle de ces fous d'Orient et d'Occident qui ne purent témoigner de l'absolu de Dieu en l'homme que par la grimace, la provocation, le bris des règles de la bienséance! Parmi eux, Philippe Néri, dont le Père Balthasar nous apprend qu'il est le «seul saint qui ait touché le coeur de Goethe». Il pourrait bien y avoir à l'inverse un athéisme de la folie, la prise de conscience violente et tumultueuse de l'incongruité monstrueuse de la vie humaine qui s'exprime dans la dérision, le défi, le pied de nez à la terre et aux cieux. L'incroyance révoltée hurle son ressentiment aux symboles d'un foi qu'on ne supporte plus.»

Source : Pourquoi veut-on tuer l'Église?, p. 382

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