Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

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Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » jeu. 11 sept. 2008, 14:15

L'ETYMOLOGIE AUJOURD'HUI
"Parcourir le temps, c'est comprendre le présent"


Bonjour ! :ciao:

Je vous propose d'expliquer chaque jour l'origine d'un mot ou d'une
expression de la langue française. Vous verrez, c'est passionnant !
Comme je ne suis pas linguiste, c'est le très sympathique et drôle
professeur Bernard Cerquiglini, (Lyonnais tout comme moi :)), éminent
spécialiste reconnu de la langue française, qui révèle et explique tous
ces mystères.

Que la lumière soit faite sur l’origine opaque des mots et expressions
de la langue de Racine !

Ouvrons le bal avec le mot TENNIS

1. TENNIS

On se plaint des mots anglais trop nombreux dans le français actuel. Beaucoup
sont d'anciens mots français ! Les Anglais sont gens courtois ; ils nous rendent
ce que nous leur avons prêté, et prêté pendant très longtemps !

Le français fut langue officielle en Angleterre de 1066 (conquête normande)
au milieu du XVème siècle. Nul hasard si 40% au moins du vocabulaire
anglais est d'origine normande, c'est-à-dire, française.

Un exemple : le tennis.

L'ancêtre du tennis actuel était le jeu de paume. Il fut inventé en France
au XIII ème siècle par des moines qui voulaient faire un peu d’exercice.
En utilisant le sol, les murs et les poutres du cloître, les moines jouaient
avec une balle et la paume de la main, d'où le nom "jeu de paume".
Ce n'est que vers 1505 que l’on inventa la première raquette en bois.

La paume se mue alors en authentique raz-de-marée. Les rois de France
dotent presque tous leurs châteaux de salles de jeu de paume. Suite à
un séjour en France en 1598, l’anglais Robert Dallington écrit :

« Les Français naissent une raquette à la main. C’est un pays semé de
jeux de paume, plus nombreux que les églises et des joueurs plus nombreux
que les buveurs de bière en Angleterre. »


Quand on jouait à la paume, le serveur avait coutume d'annoncer son envoi à
l'adversaire en lui criant : Tenez ! C'était fort poli. Dans l'ancienne langue,
l'impératif du verbe "tenir" se prononçait tenetz, car le z était lu ts. Quand les Anglais ont emprunté le ts et sa terminologie, ils ont entendu tenezttenitz
... tennis ! et par exemple, tennis player, car vous le savez, les Anglais
ne disent pas "tennisman"; ne le dites donc pas non plus en français !

Alors qu'en France, la paume commençait à péricliter, en Angleterre, elle
proliférait sous une forme remaniée. Et quand l'anglomanie a introduit ce
jeu en France au XIX ème siècle, il est venu avec son nouveau nom : ce
n'était plus la paume, mais désormais, le tennis ...

Bel exemple de ce petit jeu d'échange auquel la langue française et anglaise
se prêtent par-dessus la Manche !

A bientôt pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 29 oct. 2008, 7:24, modifié 15 fois.

Serge BS
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Re: Rubrique étymologie : l'origine du mot TENNIS

Message non lu par Serge BS » jeu. 11 sept. 2008, 14:54

A bientôt ! J'aime ce genre de sujet !

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Rubrique étymologie : origine de l'expression PIED NOIR

Message non lu par Balade » jeu. 11 sept. 2008, 18:16

(Merci SBS ! )

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, l'expression PIED-NOIR.

2. PIED NOIR

Comme vous le savez, le nom composé Pied-Noir désigne les Français d’Algérie et
particulièrement les rapatriés après 1962. Mais on ignore en général que cette
désignation est très récente.

Quand le mot apparaît, vers 1900, il désigne un matelot chauffeur travaillant dans un
navire faisant la navette entre Marseille et Alger. Ces matelots travaillaient pieds nus
dans la soute à charbon, d’où leur surnom.

Mais ces chauffeurs étaient Arabes. Pendant la première moitié du XXe siècle,
Pied-Noir désigne un Arabe algérien. Il faut attendre la guerre d’Algérie pour voir
apparaître la désignation actuelle.

Image

Vers 1954, à Casablanca, un groupe contre-terroriste prend le nom de Pieds-Noirs.
On y a vu une allusion aux irréductibles Indiens Black Feet de la Conquête de l’ouest.
Je crois qu’il faut y voir plutôt un cas habituel de retournement. Les Européens
d’Algérie, désireux de se maintenir, ont adopté le terme dont ils qualifiaient les Arabes.

Pour revenir aux Etats-Unis, les Rednecks (cous rouges), terme péjoratif pour
désigner les paysans du sud au cou brûlé par le soleil, revendiquent aujourd’hui
fièrement cette appellation. Il en fut de même sans doute pour les Européens qui
se qualifièrent eux-mêmes de Pieds Noirs. Et qui se qualifient toujours: la cuisine,
la musique, le patois pied-noir...

A ce sujet, savez-vous comment on appelle ce délicieux français régional d’Algérie
qui a emprunté à l’arabe, à l’espagnol, à l’italien ? … Le pataouette !

A bientôt pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 19 nov. 2008, 9:46, modifié 5 fois.

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Re: Rubrique étymologie

Message non lu par Christophe » jeu. 11 sept. 2008, 20:01

Chère Balade, j'ai fusionné vos messages dans une unique rubrique étymologique, ce qui me semble plus opportun ! :)

Merci pour ces partages. ;)

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« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Rubrique étymologie: origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » ven. 12 sept. 2008, 11:48

(Merci Christophe !)

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, l'expression TOHU-BOHU

3. TOHU-BOHU

Le mot tohu-bohu est plaisant et fort expressif ; il désigne en général un
désordre, un tohu-bohu. On ne se doute pas que le terme est d’origine sacrée !

Dans la Genèse, afin de décrire l’état de la terre avant la Création, l’hébreu
biblique utilise les termes tohù (la solitude) et bohù (le vide). On désignait
ainsi le chaos primitif. Cette expression est passée en français au XIIIe siècle,
d’abord sous la jolie forme de toroul boroul, puis à partir du XVIIIe siècle, la
forme tohu-bohu s’est figée.

Du sens propre de chaos originel, et sans doute grâce à la répétition expressive
que comporte le terme, la langue française est passée à bien d’autres sens.
Tout d’abord, celui de désordre : L’exécrable tohu-bohu d’un déménagement ,
écrit Victor Hugo dans une lettre. Ensuite, celui de tumulte : C’était un vacarme,
un brouhaha, un tohu-bohu.
, s’exclame Huysmans.

Enfin, celui d’un ensemble confus de choses mêlées. Toujours Victor Hugo :
C’était un des plus ravissants tohu-bohu de tours, de toits, de clochers
que j’aie jamais vus.


Le terme, on le voit, a inspiré les écrivains. Il y a de quoi en effet exciter la verve.
Il est synonyme tour à tour de charivari, de remue -ménage, de tintamarre, de
fatras. Un vrai … tohu-bohu ! :)

A bientôt pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 19 nov. 2008, 9:38, modifié 3 fois.

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Anne » sam. 13 sept. 2008, 4:30

:clap:
J'adore ça!

Merci, Balade!
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » sam. 13 sept. 2008, 14:30

(Merci Anne !)

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot ASSASSIN.

4. ASSASSIN

Les partisans d’une dépénalisation (passez-moi le terme) des drogues que l’on dit
douces ne manquent pas de faire valoir que le chanvre indien, par exemple, est moins
nocif que l’alcool ou que le tabac...

Ils ont malheureusement contre eux la langue française, ou du moins, l’histoire d’un
certain mot !

Au moyen âge, en Syrie, les Ismaéliens formaient une secte prestigieuse, ésotérique
et savante, mais des plus violentes envers ses ennemis, qu’ils fussent Chrétiens ou
Musulmans. Au nombre de ces derniers, les Sunnites (l’histoire se répète) attribuaient
cette violence à la consommation de haschich.

Image

C’était sans doute pure médisance. Néanmoins, l’on prit l’habitude, au Proche-Orient,
d’appeler cette secte des hassassins (prononcez ha-cha-chine), c’est-à-dire des
fumeurs de haschich. Le mot est passé en italien dès le XIIIe siècle sous la forme
assassino pour désigner un chef musulman combattant les Chrétiens, et puis, un
"tueur à gages".

C’est avec le sens de "tueur à gages" que le mot est passé en français au XVIe siècle
pour désigner un individu payé afin de commettre un crime. Puis le terme assassin
a pris un sens plus général, concurrençant "meurtrier", qu’il est en passe d’éliminer.

Etymologiquement donc, un assassin, c’est un fumeur de haschich. Je n’insinue
pas que tout consommateur de chanvre indien a vocation au meurtre ; je rappelais
seulement un point de l’histoire de la langue française ! :)

A bientôt pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 19 nov. 2008, 9:27, modifié 1 fois.

Relief
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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Relief » sam. 13 sept. 2008, 20:13

:clap: merci Balade

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » dim. 14 sept. 2008, 17:56

(Merci, Relief !)

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot CERF-VOLANT.

5. CERF-VOLANT

Une amie m’a dit : « A ma connaissance, un cerf, ça ne vole pas !
Alors, expliquez-moi, Professeur ! »

En effet, un cerf ne vole pas, mais un cerf volant le fait !

Ce terme désigne depuis le début du XVIIème siècle un gros
coléoptère male, le lucane, dont les mandibules de grande taille
rappellent les bois du cerf. On l’a donc nommé plaisamment, et
par image, un cerf volant.

Pendant longtemps, les historiens de la langue ont pensé que le
processus métaphorique ayant continué, on a nommé cerf volant
cet objet fait de tissu ou de papier et que l’on laisse voler dans
les airs au gré des vents et qui lui ressemble.

Oui, mais il ressemble à bien d’autres insectes ; pourquoi avoir
choisi ce coléoptère ?

Image

Il y a une trentaine d’années, un linguiste a proposé une autre
explication. Il a rappelé qu’en ancien français, serpe était une
forme féminine de serpent. On aurait donc eu, au départ,
une serpe volante, c’est-à-dire, un "serpent volant".

De fait, les serpents ailés ne manquent pas dans la Bible, dans la
plupart des mythologies et dans les légendes françaises jusqu’au
XVIIIème siècle. Cette étymologie serait confirmée par la forme
des premiers cerfs-volants apparus en Europe, décrits comme
des "dragons", dont la longue queue ressemblait à des serpents.

Le mot serpe ayant disparu de la langue, l’on n’a plus compris
l’expression serpe volant, et on l’a remplacée par le nom d’un
insecte volant bien connu, le cerf-volant.

Cette hypothèse est astucieuse, vraissemblable, éclairante ;
qu’attendre de plus d’une étymologie ? Vous allez me répondre :
« des preuves ! » ... C’est vrai ! :)

A bientôt pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mar. 11 nov. 2008, 7:13, modifié 1 fois.

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » lun. 15 sept. 2008, 15:41

Bonjour :ciao:

Aujourd'hui, l'expression A TIRE-LARIGOT.

6. A TIRE-LARIGOT

Il est peu d’expressions aussi familières mais aussi obscures
que à tire-larigot.

Elle est pourtant courante et transparente. Elle signifie "en abondance",
"en grande quantité". Le poète Odie Berthier écrit : Elle est merveilleuse,
la vie ; elle fabrique à tire-larigot des clématites et des paquebots
.

L’histoire de cette expression est étonnante. Une chanson connue au
moyen âge possédait le refrain suivant : Larigot va, larigot, Marie, tu
ne m’aimes mie.


De ce terme, on tira au XVIe siècle d’une part le nom d’une petite flûte,
un petit flageolet (le larigot) et d’autre part l’expression boire à tire-larigot.

Cette expression, on s’en doute, est très fréquente chez Rabelais où elle
signifie boire en abondance, à long trait, en vidant bouteille après bouteille.
Il y a, semble-t-il, un lien naturel entre le fait de jouer de la flûte et celui
de boire avec ardeur. D’ailleurs pendant des siècles, flûter a signifié
"boire en abondance". Pensons également à l’expression "siffler une bouteille";
rappelons nous que le verre à champagne se nomme une "flûte"...

Image

"Boire à tire-larigot" a été pendant des siècles d’usage aussi courant que festif.
C’est à l’époque moderne que l’expression a pris le sens plus général d’abondance
et de quantité.

Voilà comment un refrain médiéval est à la base d’une expression actuelle
à la fois familière, jolie et bizarre. Aujourd’hui, malheureusement, nous ne
jouons plus du larigot, mais, j’espère bien, nous continuons à festoyer …
à tire-larigot ! :)

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 19 nov. 2008, 9:16, modifié 2 fois.

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mar. 16 sept. 2008, 14:43

Bonjour ! :ciao:

Aujourd’hui, le mot LASCAR

7. LASCAR

La langue des banlieues (comme on dit) nous offre parfois d’étonnantes
résurgences. Elle vient de donner une vie nouvelle au sympathique lascar,
un mot qui avait beaucoup voyagé !

Le terme persan laškar (= l’armée, le camp, puis le soldat) est passé
dans le portugais puis dans l’anglais auquel le français l’a emprunté au
XVIIème siècle ... Belle navigation !

Quand il apparaît en français, le terme désigne en effet un matelot hindou
navigant principalement dans l’océan indien. On rencontre le terme dans
les récits de voyages : Trois lascars, l’ayant accosté en pirogue ... etc.

Image

Le terme a pris ensuite un sens plus général, en mauvaise part tout d’abord,
à la fin du XVIIIème siècle, où dans l’argot des soldats, il désigne un "voyou".

En meilleure part ensuite : après 1830, il signifie alors un individu malin, un peu
coquin mais hardi. « A-t-il du toupet, le vieux lascar ! » écrit Balzac. C’est le
sens que l’on rencontrait encore avant-guerre dans un français un peu démodé :
« Un drôle de lascar ».

Démodé, jusqu’à ce que la langue des banlieues lui donne une vigueur nouvelle.
L’ancien marin des Indes, le forban des mers, est devenu un gaillard décidé,
audacieux et futé … un sacré lascar ! :)

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » mer. 17 sept. 2008, 9:29

Bonjour ! :ciao:

Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi on appelle les notes
do, re, mi, fa, sol, la, si ? ... Voici la réponse !

8. ORIGINE DES NOTES DO, RE, MI, FA, SOL, LA, SI

Durant plusieurs siècles, on apprit la musique et le chant par mémorisation
des sons et répétition des mélodies. Jusqu’au jour où le moine bénédictin
italien Guido d’Arezzo (990-1033) décida d’identifier et de nommer les sons
entendus, afin de faciliter l’apprentissage de la musique à ses élèves.

Image

Après les avoir identifiés, il fallut donc donner un nom à tous ces sons.
Il eut alors l’idée de prendre les premières syllabes d’un chant religieux
latin, l'Hymne à saint Jean-Baptiste, dont le texte est attribué à
Paolo Diacono, et que voici :

Ut queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
Famuli tuorum,
Solve polluti
Labii reatum,
Sancte Ioannes

Les notes furent ainsi nommées : ut, ré, mi, fa, sol, la, si. Puis un jour,
en 1673, la syllabe ut se terminant par une consonne et étant
difficile à chanter, on la remplaça par do (de dominus, qui signifie
Dieu en latin)...

Le mystère du douloureux apprentissage du solfège est enfin résolu ! :)

A demain ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 19 nov. 2008, 9:04, modifié 2 fois.

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » jeu. 18 sept. 2008, 8:15

Bonjour ! :ciao:

Ajourd'hui, l'expression TOMBER DANS LE LAC.

9. TOMBER DANS LE LAC

Comme vous le savez, tomber dans le lac signifie échouer, ne pas aboutir.

Mais attention à ne pas tomber dans le lac en vous méprenant sur l’origine
de l’expression ! Celle-ci n’a, en effet, rien avoir avec la nappe d’eau douce
issue du latin lacus !

Laqueus, en latin, désignait une cordelette. Il était souvent employé pour
la chasse au sens de piège. Il a donné l’ancien français laz (prononcer lats),
qui désignait un cordon, et par suite, un filet, un piège.

Le terme a subsisté en dérivation : d’une part, le diminutif "lacet"
(en passementerie ou en topographie -virage en lacet-), d’autre part,
le composé "entrelacs" (ornement formé de motifs entrelacés).

Image

Fréquemment employé au sens de "piège", il est entré dans de nombreuses
expressions : au propre ("tendre des filets et des lacs") comme au figuré :
tomber dans le lacs (prononcer la).

On devine la suite. Sur le modèle des composés "lacet" ou "lacer", le mot
a changé de graphie et s’est écrit lac.

Comme c’est souvent le cas en français, la prononciation a suivi, et l’on
prononce aujourd’hui - fautivement selon les puristes - "tendre des lacs"
(avec le son k) ; les "entrelacs" (avec le son k) de l’art musulman ...

On s’est mis ensuite à dire "tomber dans les lacs de quelqu’un" (lak), et tout
simplement, "tomber dans le lac." La signification "être pris au piège", "être
dans l’embarras", a suivi : tomber dans le lac signifie se tromper lourdement.

On voit mal ce que la grande nappe d’eau douce viendrait y faire.
Vous le savez maintenant, et ne tomberez plus … dans le lac !

A demain ! :ciao:
Dernière modification par Balade le ven. 21 nov. 2008, 8:34, modifié 1 fois.

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » ven. 19 sept. 2008, 7:00

Bonjour ! :ciao:

Voici un sujet qui intéressera nos amis québécois du forum !

Aujourd'hui, l'origine du mot PIASTRE.

10. PIASTRE
Si vous parlez avec des francophones d’Amérique du nord (Québec, Acadie, Louisiane)
et pour peu que la conversation devienne familière, vous ne les entendrez pas parler
de dollars ou de cents, mais de piastres (prononcez piasse) et de sous

Sympathique survivance d’une ancienne monnaie !

Le latin emplastrum, que le français savant a emprunté sous forme d’"emplâtre"
est devenu en latin populaire plastrum, qui désignait une plaque. Ce mot a donné
d’une part le français "plâtre" (sulfate de chaux hydraté) et d’autre part, l’italien
piastra qui désignait d’abord une plaque métallique, puis une monnaie.

Le français l’a emprunté au cours du XVIème siècle. La piastre est donc une très
ancienne unité monétaire. On parlait au XVIIème siècle de la piastre espagnole ;
au XVIIIème, de celle du Pérou.

Image

Le terme fut très courant autour de la Méditerranée : piastre de Chypre, de Turquie,
d’Egypte. Egalement en Indochine, durant la colonisation française. On se souvient,
en France, d’une ténébreuse affaire de trafic de piastres qui éclaboussa, dans les
années cinquante, la quatrième République...

La piastre québecoise ou cadienne est beaucoup plus honnête. C’est, je l’ai dit,
l’équivalent familier du dollar : « Un repas à vingt piastres » ... Par extension,
le terme désigne l’argent en général. Au Québec, on appelle un avare, celui qui
vénère l’argent, tout simplement un ... baise-la-piastre.

A demain ! :ciao:
Dernière modification par Balade le lun. 24 nov. 2008, 21:25, modifié 3 fois.

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Re: Rubrique étymologie : origine des mots de tous les jours

Message non lu par Balade » dim. 21 sept. 2008, 21:03

Bonjour ! :ciao:

Aujourd'hui, le mot … AUJOURD’HUI !

11. AUJOURD’HUI

Hier mon crémier m’a dit : Au jour d’aujourd’hui, mon bon Monsieur, on ne trouve plus
de bon camembert fermier
!

Sa remarque m’a vivement intéressé, non pas que je l’approuvasse, car la qualité de ses
camemberts prouve le contraire, mais parce qu’elle comportait trois fois l’idée de jour !

Pour désigner l’actuelle journée, le latin utilisait l’adverbe hodie, qui phonétiquement
a donné l’averbe hui, un petit adverbe très pratique, surtout en poésie (une syllabe)
mais bref, bien bref ... On a eu tendance à le renforcer, et par expressivité, on a dit :
au jour d’hui, qui signifie donc "au jour de ce jour".

Image

L’expression s’est lexicalisée. Elle est devenue l’expression normale pour désigner
l’actuelle journée. Un peu lourde, certes, étymologiquement pléonastique (= qui
veut dire deux fois la même chose) … mais c’est comme cela.

L’expressivité continuant, on en vient maintenant à dire : "au jour d’aujourd’hui" …
Peut-être que cette expression va à son tour se lexicaliser. Il est possible que
dans quelques siècles, on dise par expressivité : Au jour d’au jour d’aujourd’hui,
mon bon Monsieur, on ne trouve plus de bon camembert fermier !


Cela donne envie d’être ici encore dans quelques siècles, juste pour vérifier !

A demain pour un nouveau mot ! :ciao:
Dernière modification par Balade le mer. 26 nov. 2008, 19:38, modifié 1 fois.

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