Il ne me semble pas qu’un virage s’opère ! Comme vous pouvez le constater vous-même, la question concrète de l'historicité (et notamment « où et quand ») n’est pas abordée. Entre les alternatives aujourd’hui en cause, l’article ne prend pas position.Invité a écrit : ↑dim. 22 déc. 2019, 9:55Il semble clairement qu'un virage s'opère quant à l'historicité d'Adam et Eve et du jardin dEden. Voyez ce qu'en dit le site de l'Eglise catholique en France où il est question de symbole et que les deux protagonistes sont en fait chacun d'entre nous :
https://eglise.catholique.fr/approfondi ... questions/
Sur cet article, rien ne me semble défendre leur historicité.
Pour qu’un « virage » puisse d’opérer, il faudrait une proposer une alternative. Il n’en est rien en ce qui concerne la création concrète de l’humain à l’image de Dieu.
Celui qui veut s’intéresser à l’état actuel de l'enseignement de l'Église fait mieux de considérer « L’évangile de la création » dans la dernière encyclique du Pape.
Le résumé du site français relève que Adam et Ève sont, bien sûr, « symboles de tout homme et de toute femme ». Qui pourrait en douter ? Ils sont pleinement l’humanité créée dont nous sommes issus.
Mais, ce qu’il ne faut pas négliger de lire aussi c’est l’affirmation qui précède ; « L’humanité a bien commencé un jour ». C’est un fait historique.
Le texte biblique est rempli de symboles, mais il ne faut jamais oublier la question « de quoi ».
Le site de l’Église catholique de France est prudent. Tout comme le Vatican. Et c’est normal car les questions contemporaines sont nouvelles et difficiles.
Parler d’allégories ou de symboles ne peut être un faux fuyant devant ce qui n’est pas une question scientifique mais une question centrale de notre foi. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ?
Serions-nous une production progressive de l’évolution de la Nature ? Devenus progressivement spirituels et immortels ? La dernière encyclique du Pape répond clairement non à ces questions.
Il n’y avait pas d’humain sur la terre il y a cent millions d’années. La science pourra nous détailler de mieux en mieux les processus évolutifs qui ont progressivement élaboré le corps qui est le nôtre.
Le site de l’Église catholique de France rappelle avec justesse que « Les textes de l’Ancien Testament sont écrits par des croyants qui ne prétendent pas communiquer une réponse de type scientifique. Ils traduisent, en relation avec la vision cosmique de leur époque, leur foi en Dieu présent aux hommes dès leurs origines ».
« en relation », cela ne signifie pas qu’ils se limitent à reproduire la connaissance limitée de leur époque. Ils révèlent l’essentiel de ce qui s’est réellement et historiquement produit dans le langage de leur époque et sous l’inspiration de l’Esprit Saint.
Ne cherchons pas dans les premiers chapitres de la Genèse une photo à 15 millions de pixels à une époque où ils n’ont que quelques « pixels » à leur disposition pour donner une image du réel.
La Genèse nous révèle l’essentiel de ce qui s’est réellement passé dans la réalité historique bien concrète dont la science ne nous révèle que des bribes à travers les traces matérielles exploitables. Et ce qui intéresse la foi et la relation avec Dieu n’est pas observable par la science.
Le très petit résumé du site de l’Église de France ne se concentre que sur quelques aspects d’une réalité beaucoup plus riche.
Nous pouvons cependant avancer avec les encouragements de l’Église exprimés par le Pape Pie XII dans son encyclique Humani generis où il écrit que « il importe d'expliquer le texte primitif qui, écrit par l'auteur sacré lui-même, a plus d'autorité et plus de poids qu'aucune version, même la meilleure, ancienne ou moderne » (n° 20) en ajoutant que « l’exégète catholique, poussé par un amour de sa science, actif et courageux, sincèrement dévoué à notre Mère la sainte Église, ne doit, en aucune façon, se défendre d'aborder, et à plusieurs reprises, les questions difficiles qui n'ont pas été résolues jusqu'ici, non seulement pour repousser les objections des adversaires, mais encore pour tenter de leur trouver une solide explication, en accord parfait avec la doctrine de l'Église, spécialement avec celle de l'inerrance biblique, et capable en même temps de satisfaire pleinement aux conclusions certaines des sciences profanes.
Les efforts de ces vaillants ouvriers dans la vigne du Seigneur méritent d'être jugés non seulement avec équité et justice, mais encore avec une parfaite charité ; que tous les autres fils de l'Église s'en souviennent. Ceux-ci doivent se garder de ce zèle tout autre que prudent, qui estime devoir attaquer ou tenir en suspicion tout ce qui est nouveau. Qu'ils aient avant tout présent, que, dans les règles et les lois portées par l'Église, il s'agit de la foi et des mœurs, tandis que dans l'immense matière contenue dans les Livres Saints, livres de la Loi ou livres historiques, sapientiaux et prophétiques, il y a bien peu de textes dont le sens ait été défini par l'autorité de l'Église, et il n'y en a pas davantage sur lesquels règne le consentement unanime des Pères. Il reste donc beaucoup de points, et d'aucuns très importants, dans la discussion et l'explication desquels la pénétration et le talent des exégètes catholiques peuvent et doivent avoir libre cours, afin que chacun contribue pour sa part et d'après ses moyens à l'utilité commune, au progrès croissant de la doctrine sacrée, à la défense et à l'honneur de l'Église » (n° 42).
Dans cette même encyclique, le Pape Pie XII a rappelé que « Désormais Nous avons de bonnes et justes raisons d'espérer que notre temps lui aussi apportera sa contribution à une interprétation plus pénétrante et plus exacte des Saintes Lettres. Car bien des points, en particulier parmi ceux qui touchent à l'histoire, ont été expliqués à peine ou insuffisamment par les exégètes des siècles écoulés, parce qu'il leur manquait presque toutes les connaissances nécessaires pour les élucider. Combien il était difficile et quasi impossible aux Pères mêmes de traiter certaines questions, Nous le voyons, pour ne rien dire d'autre, aux efforts réitérés de beaucoup d'entre eux pour interpréter les premiers chapitres de la Genèse » (n° 33).
« L'exégète doit donc s'efforcer, avec le plus grand soin, sans rien négliger des lumières fournies par les recherches récentes, de discerner quel fut le caractère particulier de l'écrivain sacré et ses conditions de vie, l'époque à laquelle il a vécu, les sources écrites ou orales qu'il a employées, enfin sa manière d'écrire. Ainsi pourra-t-il bien mieux connaître qui a été l'hagiographe et ce qu'il a voulu exprimer en écrivant. Il n'échappe, en effet, à personne que la loi suprême de l'interprétation est de reconnaître et de définir ce que l'écrivain a voulu dire » (n° 34).
« Or, dans les paroles et les écrits des anciens auteurs orientaux, souvent le sens littéral n'apparaît pas avec autant d'évidence que chez les écrivains de notre temps ; ce qu'ils ont voulu signifier par leurs paroles ne peut pas se déterminer par les seules lois de la grammaire ou de la philologie, non plus que par le seul contexte. Il faut absolument que l'exégète remonte en quelque sorte par la pensée jusqu'à ces siècles reculés de l'Orient, afin que, s'aidant des ressources de l'histoire, de l'archéologie, de l'ethnologie et des autres sciences, il discerne et reconnaisse quels genres littéraires les auteurs de cet âge antique ont voulu employer et ont réellement employés. Les Orientaux, en effet, pour exprimer ce qu'ils avaient dans l'esprit, n'ont pas toujours usé des formes et des manières de dire dont nous usons aujourd'hui, mais bien plutôt de celles dont l'usage était reçu par les hommes de leur temps et de leur pays » (n° 35).
Il y a du boulot…