Une prophétie ratée ?

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Enyo32
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Une prophétie ratée ?

Message non lu par Enyo32 » mar. 10 août 2010, 20:41

Bonjour,

Dans la Bible de Jérusalem, il est marqué que le messie dont il est question dans ce passage est "non identifié". Pourtant, iln'y a qu'un seul Messie, Jésus. Serait-ce alors de l'ironie de la part des exégètes ( mais je ne pense pas ), ou alors une prophétie manquée ?

[quote="Dn 9, 21"]
21 comme je parlais encore dans ma prière, cet homme, Gabriel, que j'avais vu auparavant en vision, s'approcha de moi d'un vol rapide vers le temps de l'oblation du soir.
22 Il m'instruisit, me parla et dit : " Daniel, je suis venu en ce moment pour t'ouvrir l'intelligence.
23 Dès le commencement de ta prière, une parole est sortie, et moi je suis venu pour te la faire connaître, car tu es un homme favorisé de Dieu.
24 Sois donc attentif à la parole et comprends la vision. Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour enfermer la prévarication, pour sceller les péchés et pour expier l'iniquité, et pour amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophète et petit oindre le Saint des saints.
25 Sache donc et comprends : depuis la sortie d'une parole ordonnant de rebâtir Jérusalem jusqu'à un oint, un chef, il y a sept semaines, et soixante-deux semaines ; elle sera rebâtie, places et enceinte, dans la détresse des temps.
26 Et après soixante-deux semaines, un messie sera retranché, et personne pour lui. Et le peuple d'un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin sera dans l'inondation, et jusqu'à la fin il y aura guerre, ce qui est décrété touchant la dévastation.
27 Il conclura une alliance ferme avec un grand nombre pendant une semaine ; et, au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l'oblation, et sur l'aile des abominations viendra un dévastateur, et cela jusqu'à ce que la destruction et ce qui a été décrété se répandent sur le dévasté.[quote/]

Merci d'avance,
" Notre religion est sage et folle. Sage, parce qu'elle est celle qui est la plus confortée par la raison. Folle, parce que ce n'est point d'abord à cause de sa sagesse qu'on en fait partie." d'après une citation de Pascal

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philémon.siclone
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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par philémon.siclone » mar. 10 août 2010, 21:15

Ici Daniel parle de Cyrus, qui donna l'ordre d'autoriser les Juifs à rentrer chez eux et à rebâtir le Temple, dont l'édit fut retrouvé dans la bibliothèque du roi Darius, comme le raconte le livre d'Esdras. Isaïe l'appelle également "Messie" et "Berger" du peuple Israël. C'est évidemment une façon de parler, Cyrus est "messie" malgré lui, puisque ayant accompli la volonté de Dieu concernant le salut d'Israël.
Dernière modification par philémon.siclone le mar. 10 août 2010, 21:32, modifié 1 fois.
Anima nostra sicut passer erepta est de laqueo venantium
Laqueus contritus est, et nos liberati sumus

Notre âme s'est échappée comme un passerau du filet de l'oiseleur,
Le filet s'est rompu, et nous avons été délivrés.
Ps. 123

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par gerardh » mar. 10 août 2010, 21:17

_______

Bonjour,

Cette prophétie est pour moi très claire, interprétée à l'aune d'autres prophéties.


_________

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par philémon.siclone » mar. 10 août 2010, 21:38

Isaïe 44, 28 : "[C'est moi] Qui dis à Cyrus : vous êtes le pasteur de mon troupeau, et vous accomplirez ma volonté en toutes choses ; qui dis à Jérusalem : Vous serez rebâtie ; et au Temple : Vous serez fondé de nouveau."

Mais bien sûr, tout cela s'applique aussi, en figure, au Christ, à la nouvelle Jérusalem et à la Cité céleste. Il y a le sens littéral (Cyrus) et le sens allégorique (le Christ).
Anima nostra sicut passer erepta est de laqueo venantium
Laqueus contritus est, et nos liberati sumus

Notre âme s'est échappée comme un passerau du filet de l'oiseleur,
Le filet s'est rompu, et nous avons été délivrés.
Ps. 123

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Raistlin » mar. 10 août 2010, 21:54

Cette histoire de 70 semaines me dit quelque chose. Enyo, je vais faire des recherches mais il me semble avoir vu passer un article qui montrait en quoi cette prophétie s'appliquait bien au Messie et s'était réalisée. Je confirmerai plus tard.
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par gerardh » mer. 11 août 2010, 16:20

_________

Bonjour Raistlin,

Tout à fait d'accord avec vous. Le Christ est avenu exactement à la fin de la 69ème semaine (d'années) qui a suivi la prophétie de Daniel. Nous sommes en nos temps dans une parenthèse entre la soixante neuvième et la 70ème. Dans cette dernière auront lieu les principaux évènements apocalyptiques.



_________

Cinci
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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Cinci » mer. 11 août 2010, 20:01

Enyo32 :
Serait-ce alors de l'ironie de la part des exégètes ( mais je ne pense pas ), ou alors une prophétie manquée ?
Ni l'un ni l'autre.

Le commentaire infra dans la Bible de Jérusalem peut s'expliquer relativement facilement. Faut voir que «le messie dont il est question dans ce passage est "non identifié"», mais alors que ce l'est ainsi à raison de la version du texte de la Bible qu'auront choisi de retenir pour leur travail de traduction les gens de l'école biblique de Jérusalem tout simplement. Bref, le problème peut relever (une possibilité ici) uniquement de la source employée; source de traduction juive en l'occurence. C'est dans le texte massorétique que la prophétie de Daniel est obscure, imprécise et vague.

Voici le texte de la même prophétie mais dans la Septante (le texte grec) dans sa version dite de Théodotion :
  • à l'instant même de ta prière, a paru
    un édit et moi je suis venu t'apporter
    un message, parce que tu es un hom-
    me cher à Dieu.

    Sois donc attentif à ma parole et com-
    prends la vision.

    Un nombre de soixante-dix semaines
    a été fixé pour ton peuple et la Cité
    sainte, pour que la prévarication soit
    abolie, que le péché prenne fin, que
    la justice éternelle vienne, que les vi -
    sions et les prophéties soient accom-
    plies et que le Saint des Saints soit
    oint.

    Saches-le donc et comprends : à par-
    tir de l'édit qui sera émis pour que
    Jérusalem soit enclose et réédifiée,
    jusqu'au Christ chef, il y aura sept
    semaines et soixante-deux semaines.
    Et Jérusalem redeviendra elle-même,
    et ses murs avec ses fossés seront
    rétablis, malgré les difficultés du temps.

    Et après les soixante-deux semaines,
    l'Oint sera mis à mort sans qu'il y ait
    en lui de cas de condamnation.

    Mais lui détruira la ville et le Saint
    Temple, avec un chef qui viendra, et
    la ville et le Temple succomberont
    à la catastrophe et s'abîmeront dans
    les ruines jusqu'à la fin de la guerre
    décrétée.

    Et la semaine une confirmera pour
    toujours l'alliance avec les hommes.
    Et à la moitié de la semaine, les obla-
    tions et les sacrifices seront abolis.

    Puis sur le Temple, sera l'abomination
    de la désolation, et la désolation ne
    finira qu'avec la fin des temps.

«...ce fut en effet l'opinion générale des Pères de l'Église des premiers siècles que, depuis la dernière destruction de Jérusalem, sous l'empereur Hadrien, certains juifs, par hostilité au christianisme, avaient altéré les Livres saints, surtout dans des endroits relatifs au Messie, et notamment dans les prophéties qui le concernaient. Car, à l'égard des caractères distinctifs du Messie, applicables à Jésus Christ, la différence entre l'hébreu de la recension rabbinique et la version grecque des Septante [...] est telle qu'il est impossible de ne pas y voir le résultat des polémiques entre juifs et chrétiens, pour savoir si Jésus Christ ou non est le Messie annoncé par les prophètes. [...] altérations dont on a la preuve par la comparaison de la version des Septante et autres versions orientales également antérieures et celle de l'hébreu moderne. Et cette comparaison montre que l'édition hébraïque de la Bible, dite la Massorète, oeuvre des rabbins de l'école d'Akiba (1er siècle), ne méritait pas en tout la confiance que saint Jérôme lui a accordée [...] malgré les accusations de falsifications émises antérieurement par saint Justin, saint Irénée, saint Cyprien, Tertullien, Origène, Eusèbe, saint Épiphane et autres, et que, Théodoret [1], l'un des plus brillants savants et écrivains ecclésiastiques, confirme, en constatant que les juifs, irrités de ce que, dans leurs controverses avec les chrétiens, on les réduisaient au silence, avec les prédictions si précises de Daniel sur le Messie, mieux conservées dans la version des Septante dont l'Église primitive se servait, en était venus à le retrancher du nombre des prophètes, en dépit de l'opinion de leurs pères, qui le plaçaient à côté d'Isaïe et de Jérémie, et du témoignage de Josèphe lui-même, qui l'appelle ''un des plus grands prophètes''.


La traduction reçue des Septante, sans être non plus la version originale, perdue dès les premiers temps du christianisme, mérite en général plus de confiance. Cette traduction grecque de la Bible, entreprise sous le règne de Ptolémée Soter, à la demande des juifs d'Alexandrie, et complétée sous son successeur, Philadelphe, fut faite vers l'an 300 avant Jésus Christ, par des docteurs de la synagogue, lorsqu'ils n'avaient aucun intérêt à toucher aux prophéties concernant le Messie. [...] Les anciens Pères ne se sont pas trompés, comme le veulent les défenseurs trop absolus de l'intégrité et de la véracité de la Massorétique, en accusant les Juifs d'avoir altéré de parti-pris certaines parties de l'Écriture sainte, Tout au moins est-il impossible de ne pas reconnaître que saint Jean Chrysostôme a eu raison de reprocher aux traducteurs juifs d'avoir à dessein traduit obscurément les prophéties messianiques, comme par exemple pour la prophétie même des 70 semaines de Daniel. [...]

Elle [la version Théodotion] lui fut même substitué, de bonne heure, dans les Églises d'Orient, pour le livre de Daniel.

Depuis la découverte, au XVIIIe siècle, de la partie retranchée [version ''Aquila''] de la traduction des Septante, que l'on croyait, jusque là perdue, on peut se rendre compte des préférences justifiées des Églises grecques pour la version Théodotion et du bien fondé du jugement [positif] de saint Jérôme à son égard. Nous avons donc, dans la traduction de Daniel par Théodotion, incorporée depuis la fin du IIe siècle, dans la Septante, un texte suffisamment autorisé.»


- Jésus Christ dans l'histoire, p. 579

____

[1] Théodoret ( Comment. in Daniel, dans Migne, Patr. gr. LXXXII, Drach) juif converti, accuse même, en connaissance de cause, les rabbins d'avoir supprimé plusieurs livres hébreux qui contenaient un grand nombre de passages favorable au christianisme

Encore :

Les critiques contemporains, même orthodoxes, tout en observant le respect dû à la Vulgate, sanctionnée d'une manière générale, par l'autorité de l'Église, n'hésitent pas à déclarer, comme le dit l'un d'eux, que, «en adhérant si fermement au texte que nous nommons massorétique, et qui était pour lui l'hebraica veritas, saint Jérôme sacrifiait trop aisément la recension des Septante, consacrée par l'usage ecclésiastique. Il est certain, de plus, que même lorsqu'il traduisait l'hébreu, il a été égaré par une tradition juive qui, dès le temps d'Aquila (IIe siècle), et même avant, s'était greffée sur le texte reçu (Le Père Lagrange, Revue Biblique, 1898, t.VII, p.565)

Saint Justin, pour ne citer que lui, reprochait encore aux juifs d'avoir retranché depuis peu ces paroles de Jérémie, relatives à la Passion du Messie :«Je suis comme un agneau qu'on mène à la boucherie», qui se trouvent dans la version des Septante (Dial. cum Tryph., Migne, Patr. gr., t.VI) Il leur reproche de même la suppression du mot a ligno dans le verset 9 du psaume 95.

Comme autre exemple de modifications du texte hébreu par les rabbins, dans les passages relatifs au Messie, il suffira de citer les suivants : Is 40, 3,5 : Jean le baptiste annonçant le Messie cite ce passage de la prophétie d'Isaïe :«Parate viam Domini ... et videbit omnis caro salutare Dei» Ces mots : salutare Dei, qui désignent le Messie, les plus importants de la prophétie, et cités par le précurseur (Lc 3,6), comme ils sont dans la Septante et comme ils étaient dans l'hébreu de son temps, ne se trouvent plus dans l'hébreu actuel. Or Jean le baptiste connaissait les Écritures et certainement aussi la langue hébraïque. Pourquoi ces mots ont-ils disparu de la version des massorètes ?
  • Texte d'Isaïe (massorète) :

    «Une voix crie : dans le désert
    préparez le chemin de Yavhé
    applanissez dans la steppe
    une chaussée pour notre Dieu.
    Que toute vallée soit élevée,
    toute colline et montagne abais-
    sée;
    que les mamelons se changent
    en plaines, et les escarpements
    en vallées !

    La gloire de Yavhé se révélera
    et toute chair la verra pareillement,
    car la bouche de Yavhé a parlé.»


    Texte de Luc (en Grec) :

    Voix de celui qui clame dans le
    désert : Préparez le chemin du
    Seigneur, rendez droit ses sen -
    tiers;
    tout ravin sera comblé et toute
    montagne et colline abaissées;
    et les passages tortueux devien-
    dront droits et les chemins rabo-
    teux deviendront lisses,
    et toute chair verra le salut de Dieu.
Luc cite Isaïe dans le texte de la Septante.


Isaïe 53, 7-8 : dans ce passage, relatif à la Passion du Messie, le sauveur, s'offrant lui-même en victime, est représenté comme un agneau conduit à l'abattoir, qui se laisse faire, docile et muet. Le prophète Isaïe ajoute dans le texte des Septante [...] ce qui se traduit en latin : in humilitate est judiciam ejus elatum est, et en français : « ... dans cet abaissement, sa condamnation a été extorquée.» La traduction littérale de l'hébreu des massorète donne : de clausura et judicio sublatus est. Que signifie ces mots ? Et pourquoi ont-ils été substitués au texte de la Septante, qui explique si clairement le sens du prophète ? Pris à la lettre, ils sont ainsi traduits dans la Bible de Sacy : « ... dans son abaissement, il a été délivré de la mort, à laquelle il avait été condamné.» On voit que cette dernière traduction, conforme à l'hébreu des massorètes, détruit la prophétie et la rend inapplicable à Jésus Christ, qui n'a pas été délivré de la mort, mais dont la condamnation fut l'effet de la perfidie et de la violence.

(Dans ma Bible Osty, le texte massorétique d'Isaïe 53, 7-8 est corrigé par la Septante ainsi qu'on peut s'en rendre compte par les notes infra du chanoine Émile Osty.)

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Cinci » mer. 11 août 2010, 21:20

Pour notre agrément :

«La révélation faite à Daniel, a été regardée dès les premiers temps du christianisme, comme concernant le Messie et lui seul. C'est le sentiment de presque tous les Pères de l'Église qui, malgré la divergence de leurs calculs, y ont vu aussi l'indication du temps où le Christ devait réaliser, par son sacrifice, les choses de la prophétie.

Tout le monde convient d'abord qu'il s'agit, dans la prophétie, non de semaines de jours, mais de semaines d'années, c'est à dire de périodes de sept ans, suivant une manière de parler propre aux juifs, chez qui le mot sabbat, semaine, s'appliquait aux années comme aux jours. [...] Les soixante-dix semaines d'années de la prophétie font donc exactement 490 ans ( 70x7). Les soixante-dix semaines, marquées par Daniel, sont bien des semaines d'années, au témoignage même des juifs (voir les commentaires d'Arbanel (XVIe siècle) : «soixante-dix semaines d'années, qui font 490 ans», dit-il dans Hulsius, Theologica Judaica, Pars, Breda, 1653, p.531, 545

[C'est très précisément l'existence de cette fameuse prophétie de Daniel (laquelle existait depuis longtemps avant Jésus bien sûr) qui faisait ensuite que ''le'' Messie était attendu pour vrai, naguère dans le monde juif, en Judée, vers l'époque de Jésus, ni deux cent ans avant ou après. Non pas, mais tout juste vers l'époque du roi Hérode finalement. - Cinci ]

[...]

La Bible raconte que, en l'année qui suivit la prise de Babylone par Cyrus, roi des Perses, qui était la première de Darius, oncle de Cyrus et dernier roi des Mèdes. Daniel, après la chute du royaume d'Assyrie, supputant que le nombre des soixante-dix années de «la désolation de Jérusalem», prédite par Jérémie, était accomplie, se mit à prier le Seigneur, en le conjurant de pardonner à Israël et de ne plus tarder à montrer sa miséricorde envers son sanctuaire désolé et la cité appelée de son Nom. Et pendant que prosterné et confessant ses péchés, il priait pour la montagne sainte du Seigneur, l'ange Gabriel lui apparut pour lui découvrir les desseins de Dieu sur Jérusalem, le Temple saint et le peuple juif, par la venue de son Christ.

C'est aussi cette prophétie de Daniel, la plus explicite avec celle d'Isaïe 53,7-12, que Pierre avait particulièrement en vue dans son discours aux juifs où, mettant leur réaction sur le compte de leur ignorance du Messie, il dit que Dieu avait fait servir cette ignorance à l'exécution de ses desseins, pour accomplir ainsi ce qu'il avait fait annoncer par tous ses prophètes de la mort de son Christ (Ac 3,17)»

-Jésus Christ dans l'histoire, p. 576

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Cinci » ven. 13 août 2010, 6:54

Arthur Loth, dans son livre, présente une chronologie plutôt intéressante pour les soixante-dix semaines de la prophétie du livre de Daniel, et lors que s'appuyant uniquement sur des données historiques. Intéressant. Elle a ce double mérite d'être à la fois en accord avec ce que fut toujours la pensée de l'Église à ce sujet (à l'encontre de tous les exégètes professionnels actuels à ma connaissance) et les données historiques du problème. Son idée est beaucoup plus simple et plus sobre, plus crédible, que toutes les divagations incroyables qui vont jusqu'à la fin du monde avec ça, et qu'on rencontre sur internet fréquemment.

Le point de départ chronologique du calcul des 490 années :
  • «Or au mois de Nisan, la vingtième année du roi Artaxerxès, comme j'étais chargé du vin, je pris le vin et le donnai au roi. Jamais auparavant je n'avais été triste en sa présence. Le roi me dit :«Pourquoi ce triste visage ? Tu n'es pourtant pas malade. Ce ne peut être qu'une tristesse de coeur !» Je fus saisi d'une grande crainte, et je dis au roi :«Que le roi vive à jamais ! Pourquoi n'aurais-je pas le visage triste, quand la ville où sont les tombes de mes pères est en ruines et que ses portes sont consumées par le feu ?» Le roi me dit :«Que demandes-tu donc ?» Je priai le Dieu du ciel, et je dis au roi :«S'il plaît au roi et si ton serviteur t'es agréable, envoie moi en Juda dans la ville de la tombe de mes pères, pour que je bâtisse.» [...]

    - Néhémie, chapitre 2
Le point d'origine du décompte des 490 années est à situer au moment de cette décision royale d'Artaxerxès d'autoriser le relèvement de Jérusalem, le Temple et le mur d'enceinte de la ville. Et c'est à ceci que le texte de la prophétie de Daniel fait allusion. Puis la date : le mois de Nisan de la vingtième année du règne d'Artaxerxès. À quoi correspond ce marqueur temporel indiqué dans le livre de Néhémie mais une fois transposé en année civiles de notre calendrier ? En l'an 458 av. J.C.

Le point de chute des 490 années et une fois le décompte achevé :

C'est l'an 33 après J.C. Et soit c'est sous le règne de Tibère, quand Ponce Pilate est en Judée. C'est l'année de la mort de Jésus, au mois de Nisan, lors de la Pâque juive.

Ce sont tous là des dates et des personnages historiques corroborés par l'histoire profane (archéologie, épigraphie, monuments, etc). Des historiens grecs antiques fournissent la datation pour les rois de la Perse ( Darius, Xerxès, Artaxerxès, etc). Les historiens de la Rome antique connaissent parfaitement bien les années de règne des césars julio-claudiens (Auguste, Tibère, etc). Avec les sources latines, l'on sait que Pilate fut nommé en Judée en l'an 26 ap. J.C. Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ponce_Pilate

L'an 26 ap. J.C. correspond au début de la dernière semaine des soixante-dix de Daniel. C'est la semaine «un». La semaine durant laquelle sera réalisé la Nouvelle Alliance. Le fameux «tout est achevé».

DÉTAILS :

La prophétie de Daniel décompose les soixante-dix semaines en trois périodes. Une première de sept semaines, une deuxième de soixante-deux semaines et la toute dernière semaine.

À quoi correspond la coupure entre la fin de la septième semaine et le début des soixante-deux autres semaines ? Peut-on savoir ce que c'est ? D'après Arthur Loth, il s'agit du meurtre du grand prêtre Jésus, assassiné par son propre frère dans le Temple de Jérusalem, puis à raison de quoi le satrape perse Bagoas (qui gouvernait alors Jérusalem) aura mis à l'amende la nation juive pendant sept ans. L'événement est évoqué tant dans la Bible que chez Flavius Josèphe.

«Cette année 409 av. J.C. est celle où cessa le tribut imposé aux juifs par le gouverneur perse, à l'occasion de ce meurtre commis dans le Temple même sur Jésus, sa créature, à qui il avait rendu la souveraine sacrificature, que le frère de celui-ci, le grand prêtre Judas, second de ce nom, ne voulu pas lui cèder. En effet, à cette occasion, le gouverneur irrité, entra de force dans le lieu saint, et en expiation du grand prêtre, il ne lui permit de continuer les sacrifices que moyennant une amende de cinquante drachmes pour chaques victimes. Ce tribut si onéreux fut payé pendant sept ans [...] pour comprendre toute l'importance et toute l'horreur qu'eut, aux yeux des juifs, cette profanation sacrilège du Temple, implicitement indiquée par Daniel, qui en a fait le terme de la première période de sa prophétie, il faut lire ici ce que dit Josèphe de ce meurtre tragique d'un frère par l'autre, à propos de la souveraine sacrificature qu'ils se disputaient entre eux : « ... il le tua et commit ainsi, dans le Temple, un tel crime qu'il n'y a point d'exemple d'un si horrible forfait, ni chez les Grecs, ni chez les hébreux. Aussi Dieu ne laissa pas ce sacrilège impuni, mais, pour son expiation, il réduisit le peuple en servitude et permit que le Temple fut violé par les Perses. Car Bagoas étant arrivé, dit aux juifs : «Vous avez osé commettre un homicide dans votre Temple : moi je suis plus pur que votre Temple souillé !» Et il y entra. Et en punition de ce meurtre, il leur fit subir une peine pendant sept ans.» (Ant. Jud. XI, 7)

Cf. http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 30_3_14415

( p.521; le site web)

Pour le plaisir ici car je ne résiste pas :
  • ... la parole qui advint à Jérémie de la part
    de Yavhé, en ces termes : tiens-toi à la por-
    te de la maison de Yavhé, là tu crieras cette
    parole, tu diras : «Écoutez la parole de Yav -
    hé, vous tous, judéens, qui entrez par ces
    portes pour adorer Yavhé. Ainsi parle Yavhé
    des armées, Dieu d'Israël : amendez votre
    conduite et vos actions, et je vous ferai dem-
    eurer en ces lieux. Ne vous fiez pas à ces pa-
    roles mensongères : «C'est ici le Temple de
    Yavhé, le Temple de Yavhé, le Temple de
    Yavhé ! » Mais si vous amendez vraiment
    votre conduite et vos actions [...] si vous ne
    répandez pas en ce lieu le sang innocent [...]

    Quoi ! voler, tuer, commettre l'adultère, prêter
    de faux serments [...] puis venir vous présen -
    ter devant moi dans cette Maison qui est apel-
    lée de mon nom, et dire : «Nous sommes sau-
    vés !.» afin de commettre toutes ces abomi-
    nations ! Est-ce à vos yeux une caverne de bri
    gands, cette Maison qui est appellée de mon
    nom ? Mais j'y vois clair, moi aussi - oracle de
    Yavhé.


    - Jérémie 7,2
La fin de l'amende du peuple juif correspond à l'année 409 av. J.C. Et alors, là, va se situer la reprise du décompte des soixante-trois semaines qui restent. C'est par Flavius Josèphe encore que l'on sait que « le tribut exigé durant sept ans eut son terme à la mort de Darius Nothus», ce qui justifie la date de l'an 409 av. J.C.

«La séparation de la septième semaine d'avec les soixante-deux suivantes fut donc marquée par un événement sanglant, qui profana le Temple matériel et figura le sacrifice salutaire par lequel, au bout de la soixante-dixième semaine, le Temple spirituel devait être profané, de la même manière, en la personne de Jésus Christ.» (Loth, p. 601)

Et

«L'édit d'Artaxerxès était de l'an 458 av. J.C., les 49 années formant les sept premières semaines furent donc révolues en l'an 409 av. J.C. Dès cette époque, 63 autres semaines d'années doivent s'accomplir avant le terme d'une seconde expiation, mais d'un ordre bien supérieur à la première, puisque c'est celle du Christ. Aussi, pour cette seconde expiation, il faut que la nation, coupable du déicide, cesse d'exister indépendante, que son Temple soit détruit, avec la ville dans laquelle le crime aura été commis, que tout le pays soit ravagé par une armée étrangère, qu'une guerre d'extermination soit suivie d'une désolation générale, qu'il n'y ait plus de sacrifices rituels et que le lieu saint subisse «l'abomination de la désolation», qui ne cessera qu'avec les siècles.» (id.)

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Enyo32 » ven. 13 août 2010, 17:26

Merci beaucoup à tous pour vos réponses très enrichissantes et passionantes ! :)

Juste pour Cinci : vous dîtes que Jésus est mort en 33, mais ce n'est pas ce que semblent dire les historiens :http://v.i.v.free.fr/spip/spip.php?article4553
" Notre religion est sage et folle. Sage, parce qu'elle est celle qui est la plus confortée par la raison. Folle, parce que ce n'est point d'abord à cause de sa sagesse qu'on en fait partie." d'après une citation de Pascal

Cinci
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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Cinci » ven. 13 août 2010, 20:06

Enyo32,

Merci. Il me fait plaisir de transmettre (synthétiser) l'information que je peux avoir et estime être valable quand même. Parce que je sais que l'internet est une vraie jungle; et l'on peut perdre énormément de temps à saisir toutes sortes de théories abracadarantes, douteuses et farfelues. On pourra chercher longtemps avant d'obtenir une information potable.

Oui, Charles Perrot, j'ai son ouvrage aussi. Sur le lien indiqué l'on donne un extrait de son livre. Le professeur Perrot dira opté pour l'an 30 ap. J.C., et comme influencé par une majorité de collègues. Même Jean Paul Meier dans un ouvrage très récent évoque la date de l'an 30 ap. J.C. Très Bien.

Néanmoins, ce dont Charles Perrot nous informe :
  • «À l’aide du calcul astronomique, il est possible de savoir quand un 14 de Nisan est effectivement tombé le vendredi. Ce calcul permet d’abord d’exclure les années 28, 29 et 32 où une telle occurrence est impossible. Par ce même calcul, la date du 7 avril 30 est la plus probable ; celle du vendredi 3 avril 33 reste possible aussi
Et un peu plus loin :
  • «L’opinion exégétique actuelle accepte plutôt la chronologie johannique»
Et c'est bien vrai que les exégètes (un Jean Paul Meier par exemple) acceptent la chronologie de Jean. De fait, l'Évangile de Jean raconte en réalité la participation de Jésus à plus d'une célébration de la fête de Pâque. C'est donc ici que le choix de l'an 30 ap. J.C. s'avère un choix invraisemblable. Parce que nous connaissons tous l'année du début de la vie publique de Jésus. Elle est signalée dans le texte de Luc. Jésus ne peut avoir été jugé et exécuté la même année pratiquement où il aura été baptisé par Jean le baptiste dans le Jourdain, et ce, en fonction de la chronologie du texte de Jean et sur lequel ces même exégètes diront devoir s'appuyer. Bref, ce sont eux qui sont incohérents concernant ce détail chronologique (pour leur préférence de datation si vous voulez) touchant l'année de la mort de Jésus. Vous allez saisir avec ce que je vais rajouter en complément, et pour le saisir en relation avec la prophétie de Daniel qui est le sujet du fil par surcroît (sourire).

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Cinci » ven. 13 août 2010, 20:50

Nos exégètes contemporains sont embrouillés à propos de la prophétie de Daniel; oui; même que chrétiens

Dans ma Bible Osty par exemple, la note de bas de pages, s'agisant du verset 26 du chap. 9 de Daniel :

  • ... un oint sera supprimé. Il s'agit probablement d'Onias III, grand prêtre jusqu'en 175 av. J.C. et supplanté par Jason ( 2 Mac 4,23) lequel fit assasiner Onias - et il n'y aura pas pour lui ... - la phrase reste en suspens [dans le texte des massorète faut-il comprendre] et chaque commentateur la complète à sa manière.
[/i]

Remarque : Osty ne sachant pas trop comment interpréter le texte de Daniel place la fin des soixante-dix semaines vers l'époque de la révolte des Simon et Judas Maccabées. Et le personnage prophétisé par Daniel (l'oint) devient chez lui un personnage obscur du IIe siècle avant Jésus Christ. Ça n'a pas de sens. Osty est tout simplement influencé par l'opinon de milieux savants de l'exégèse contemporaine. C'est un étrange parti-pris que celui de ne jurer que par l'hébraica veritas à l'encontre de l'Église, et de négliger (un peu trop ?) de l'opinion des Pères de l'Église des premiers siècles. Osty fait remarquer comment dans le texte des massorètes il est une phrase embrouillé dans la traduction juive. Comme par hasard, c'est la phrase qui permet justement d'identifier l'oint en question. Il indique quand même dans sa note infra que le texte de Théodotion porte : « ... et il n'y aura pas de faute en lui. » Osty comme les autres commentateurs d'aujourd'hui ne savent pas où commence le calcul des soixante-dix semaines, même Osty fera démarer ce calcul quasiment au temps de la déportation à Babylone (!) Étonnant.

Dans la nouvelle traduction 2001 de Bayard :
  • ... soixante-dix semaines. Cette explication a donné lieu à de multiples explications. La première période (7 semaines) semble correspondre au temps qui s'écoule entre l'exil à Babylone et la consécration du Temple par le grand prêtre Josué en l'an 515 av. J.C. (voir Ag 1) La seconde période (62 semaines) pourrait correspondre à la période allant de l'exil à la persécution d'Antiochus IV.
  • :!:
L'explication suggérée dans la traduction 2001 de la Bible ne rime à rien. Parce que tous sont obnubilés par la profanation du Temple [non-sanglante] qui aura eu lieu à l'époque des Maccabées, s'imaginant que «l'abomination de la désolation» devrait correspondre au fait d'Antiochus épiphane. Ils oublient que les sacrifices n'auront pas cessés après Antiochus, ni Jérusalem avoir été détruit ni les prophéties avoir été accomplies, etc. Ils ignorent, négligent ou font mine d'ignorer que la prophétie de Daniel aura tout le temps, anciennement, été rapportés au Messie et lui seul. Pourquoi tenir tant à nous expédier le lecteur vers une époque d'à peu près deux cent ans avant le Christ et pour nous dire; quoi ?, que c'est cela que Daniel eût envisagé avec sa prophétie ? C'est pour nous signifier comment nos exégètes contemporains ne peuvent pas croire eux-mêmes à la précision réelle d'une prophétie ? Une vraie prophétie ne peut pas exister touchant le Christ ?

Ce que disait déjà Arthur Loth à son époque :

«... le P. Harduin dont on connaît l'esprit paradoxal et le P. Lamy, ont voulu que le terme des soixante-dix semaines s'appliquât, non à la mort du Messie, mais au meurtre du grand prêtre Onias III, assassiné sous Antiochus, dans lequel ils ont prétendu trouver un rapport incontestable avec Jésus Christ, et qui serait lui-même [Onias] l'oint de la prophétie. Mais sans chercher d'autre réponse à ce système, qui a encore ses partisans, il suffit de constater que faire terminer les soixante-dix semaines d'années de la prophétie de Daniel à l'époque du meurtre d'Onias en l'an 175 av. J.C., c'est reporter le commencement en l'an 666 av. J.C, soit 208 ans avant l'édit d'Artaxerxès, seul point de départ des soixante-dix semaines.»

Rappel : Arthur Loth est mort en 1927. Il a travaillé vingt-cinq ans à son ouvrage, presque jusqu'à sa mort. Pour combattre le modernisme dans la science exégétique moderne notamment. Ses commentaires qui datent maintenant de près de cent ans sont meilleurs, plus fins et plus sagaces que ce que l'ont peut trouver encore en l'an 2000, ici et là, en fait de commentaires bibliques. Je dis ça pour les amateurs qui ne jurent que par les derniers ouvrages sortis sur le marché. Non, le plus neuf n'est pas nécéssairement le mieux (sourire). La science, ça se perd aussi.

«... en cette année 26 av. J.C., le gouverneur de Judée, Valerius Gratus, déposa le grand prêtre Simon du souverain pontificat et le donna à Joseph, surnommé Caïphe, gendre d'Hanne; et en cette même année Ponce Pilate remplaça Valerius Gratus dans le gouvernement de la Judée. C'est donc l'année où ces deux personnages furent investis de la fonction, qui devait leur donner le premier rôle, la principale responsabilité dans le procès et la mort du Christ, et faire d'eux les principaux auteurs de la profanation du Temple spirituel. Comme leurs successeurs causeront la ruine de Jérusalem et de son Temple, après avoir fait cesser les oblations et les sacrifices, et privé la nation juive de son indépendance.

On comprend que l'importance de ce double événement, en rapport direct avec la mort de l'Oint, surtout pour Pilate, qui en fut le principal auteur, ait marqué une période dans la suite des soixante-dix semaines prophétiques. [...] C'est de Dieu que Pilate, comme Jésus le lui déclara lui-même, avait reçu ce pouvoir de décision suprême. Ainsi s'accomplissait le grand mystère du salut du genre humain : Dieu permetant la mise à mort de son Fils, par Pilate, pour l'expiation du péché du monde.»


En résumé :

« ... Daniel dit : Et après les 62 semaines, c'est à dire dans la semaine une, de la troisième et dernière période, «l'Oint sera mis à mort»; et, tout de suite, le prophète parle de la catastrophe qui s'ensuivra, pour les juifs, par la destruction de Jérusalem et de son Temple. Puis, il revient sur la semaine une, pour en marquer les traits principaux. Cette semaine verra confirmer l'Alliance nouvelle et définitive avec le nouveau peuple de Dieu, et abolir les oblations et les sacrifices de l'ancienne Loi; après quoi «l'abomination de la désolation» sera sur le Temple jusqu'à la consommation des temps.»

Cinci
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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Cinci » ven. 13 août 2010, 21:43

Explication pour la moitié de la semaine ( in dimidio hebdomadis) :

  • Et la semaine une confirmera pour
    toujours l'alliance avec les hommes.
    Et à la moitié de la semaine, les obla-
    tions et les sacrifices seront abolis.

C'est l'échéance de 490 ans qui arrive à son terme au moins de Nisan de l'année de la mort du Christ. Et alors l'année de la mort du Christ se trouvait dans le milieu ''d'une semaine d'années'' ou ''au milieu de la période s'étalant entre les termes de deux années sabbatique''. Chez les juifs, la septième année est dite sabbatique. Jésus a commencé son ministère (sa vie publique) lors d'une année sabbatique [1]. Sa vie publique est d'une durée d'environ trois ans et demi. La phrase du texte de Daniel ne fait donc qu'indiquer la position relative de l'année où se termine le compte des 490 ans. La 15e année de Tibère équivaut à l'an 29 ap. J.C. et marque le début de la vie publique. Le Christ n'est pas mort au milieu de soixante-dixième semaine de la prophétie qui commence en l'an 26 ap. J.C. Non, mais à la fin de soixante-dixième semaine d'années tout juste, et qui se terminait bien alors en Nisan de l'an 33. Du mois de Nisan de l'an 458 av, J.C. au mois de Nisan de l'an 33 ap. J.C. l'on obtient les 490 ans. Le texte de Daniel signalait dès le départ que le compte des 490 ans débuterait le jour où paraîtra l'édit pour le relèvement du mur d'enceinte de Jérusalem, l'épisode narré dans le texte de Néhémie. Et c'est ce que nos exégètes d'aujourd'hui ont tendance à ne pas voir.

Le Temple :

L'ensemble de la prophétie de Daniel vise incontestablement le Messie, mais implicitement aussi le Temple, dont les destinées se lient à la venue du Messie, qui en était la divine personnification. Le Messie était le temple vivant de Dieu et le juifs eux-mêmes le disaient.

Il était en effet reçu de tout temps parmi les juifs comme l'observe le juif converti Drach que le temple qu'ils devaient avoir à l'avénement du Rédempteur d'Israël ne serait pas un temple de pierre, un temple périssable, mais un temple éternel ouvré au ciel par Jéhovah même, qui descendra des cieux sur la terre. Les disciples ne se le rappelèrent qu'après l'accomplissement : quand ils virent leur divin maître ressuscité. Ceux-ci ne l'avaient pas compris d'abord lorsque Jésus, visant ces traditions, disait de lui-même dans son langage figuré : «Détruisez ce temple et en trois jours je le rétablirai

Le Messie et le Temple, liés l'un à l'autre, c'est donc le double objet de la prophétie de Daniel. Ici, le cas du double sens littéral et spirituel, de la double application concrète et mystique, qu'avaient le plus souvent les prophéties de l'Ancien Testament, est d'autant plus sensible que le même nom de ''Saint des Saints'' donné par Daniel au Christ-Messie, était aussi en hébreu celui du Temple, dont la partie la plus sacrée, le Sanctuaire, s'appelait ''le Saint des Saints''. [...]

La prophétie de Daniel s'appliquait donc à la profanation des deux espèces de Temple, l'un matériel, l'autre spirituel. Les expressions de Daniel, relatives aux deux attentats contre le Temple, eurent donc, comme celles de Jésus Christ, parlant du Temple comme de lui-même, un sens littéral et un sens mystique
[...]

C'est lui aussi, le Messie, «la Justice éternelle», qui doit venir sur la terre. Ainsi l'avait désigné d'avance Jérémie :«Voici le nom dont ils l'appeleront :le Seigneur, notre juste». (Jr 23,6) Isaïe aussi l'annonçait en ces termes : «Cieux, versez votre rosée d'en haut et que les nuées pleuvent le Juste; que la terre s'ouvre et qu'elle germe le Sauveur et que Justice naisse en même temps».

Avec la venue de la Justice éternelle sur la terre, l'iniquité sera effacée, la prévarication abolie, l'empire du péché détruit. Car ces résultats se produiront par la mort du Juste, du Saint des Saints, fait «Oint». Ce sont là encore des noms et des titres qui n'appartiennent qu'au Messie. «Le Saint des Saints». C'est en effet le nom du Christ Jésus. Ainsi l'appela l'ange Gabriel en annonçant à la Vierge Marie qu'elle serait sa mère : Quod nascetur ex te Sanctum vocabitur filius Dei «Le Saint qui naîtra de toi, c'est le fils de Dieu». Et Marie dans son cantique d'action de grâce en célébrant le prodige de la Toute-Puissance qui l'a rendue mère, répète le nom de ce fils qu'elle a conçu : Et Sanctum nomen ejus. «Et le Saint est son nom». Ce nom est celui que le démon lui-même donnait à Jésus, en l'appelant, comme il est raconté dans l'Évangile : Sanctus Dei, «Le Saint de Dieu». (Mc 2,24)


___

[1] L'Esprit de Dieu est sur moi, parce qu'il m'a consacré par son onction pour évangéliser les pauvres, guérir ceux qui ont le coeur brisé, annoncer aux captifs la délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue, rendre la liberté aux opprimés, publier l'année salutaire du Seigneur et le jour de la rétribution ( Lc 4,18).

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par Epsilon » ven. 13 août 2010, 22:22

Bonjour Cinci

D’abord un grand merci pour vos contributions … le sujet est complexe je répondrais dans le fond sous qcq jours … pour l’instant :

a) si la LXX a bien commencé vers 270 av JC c’est essentiellement le Pentateuque … les autres livres viendront beaucoup plus tard,

b) pour être sûr de la modification le l’oint (en Christ) entre le TM et la LXX il faudrait avoir une copie de ce verset via Qumran … avons-nous qcq chose de ce coté ???

c) effectivement le « chef oint » ou « l’oint chef » a plusieurs « identité » allant de Cyrus jusqu’au Christ en passant par le GP,

d) c’est une prophétie donc le calcul n’est pas un calcul d’historien … qui doit « coller » à qcq unité prés … donc en gros sur un écart de 10/20 unités c’est toujours valable.

nb : il n’est pas fait mention que les 7*70 soit des jours, des mois, des années, des siècles etc … bon disons un « consensus » voudrait y voir des années,

e) Jean donne une « vue » purement spirituelle … ce n’est pas ici comme Luc qui raconte les faits et geste en tant qu’historien … c’est un théologien dont le soucis majeure n’est pas la chronologie exact des faits/gestes de Jésus … aussi les « trois » Pâques de Jean doivent être interprétées dans une dimension spirituelle en accord avec l’ensemble de son Evangile,

f) personnellement j’opte pour l’année 30 comme date de la mort du Christ … mais encore faudrait’il s’entendre sur la date de sa naissance !!!


à +, Epsilon

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Re: Une prophétie ratée ?

Message non lu par gerardh » ven. 13 août 2010, 23:12

________

Bonjour,

Je pense que la 70 ème semaine n'est pas commencée. Selon l'Apocalypse et même je crois Daniel, elle comportera deux périodes de 3 ans et demi (1260 jours).


__________

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