Cher Trinité,
Vous avez bien raison de ne pas être «
catégorique » en ce qui concerne le «
quand ». À cet égard, je suis bien d’accord avec vous pour ne pas écarter les nuances et les réserves que vous faites bien de rappeler et qui restent nécessaires. Je ne propose qu’une hypothèse car il est impossible d’être davantage affirmatif et votre perplexité est une sage prudence.
La réalité concrète pourrait être beaucoup plus ancienne que la culture sumérienne dans lequel le récit très symbolique du début de la Genèse a pu trouver les images adéquates pour exprimer les origines de manière authentique et traduire dans un langage de l’époque la tradition que les croyants fidèles ont transmis à Abraham.
Il ne suffit pas d’additionner des nombres et une durée pour faire une certitude.
C’est pareil pour le «
où ». En effet, ce n’est pas parce que le récit décrit parfaitement le grand fleuve à quatre branches de la vaste plaine que les Sumériens appelaient déjà l’Eden qu’il faut en déduire nécessairement que c’est à cet endroit concret (actuellement :
Al Qurnah, à la confluence du Tigre et de l’Euphrate) qu’Adam et Ève ont vécu.
Il doit être observé, au contraire, que le récit ne présente cette réalité que de manière singulière
en miroir car, dans le jardin d’Eden biblique c’est le grand fleuve qui se divise en quatre branches, alors que dans la réalité terrestre concrète de l’époque sumérienne, c’était le contraire : ce sont bien évidemment les quatre grands fleuves qui s’écoulaient (vers 4.000 avant Jésus-Christ) des montagnes pour se jeter dans le Chatt el Arab, ce grand fleuve qui dirige leurs eaux vers le Golfe Persique, et non l’inverse.
Comme le considère l’Église et la plupart des commentateurs, nous sommes en présence d’un récit «
mythique », ce qui ne signifie pas «
légendaire » et n’exclut pas l’historicité, mais indique une intention principalement explicative.
Le récit «
mythique » explique une réalité historique dans un langage imagé et en utilisant des symboles d’une époque qu’il faut éviter de comprendre trop rapidement selon le sens littéral du récit tel qu’il peut être compris à notre époque.
Dans son récent livre, le Pape François a très finement expliqué le sens du mot «
mythique » à propos d’un autre sujet (le concept de «
peuple »), mais ce qu’il en a dit est parfaitement adapté au récit du début de la Genèse : c’est une approche «
mythique, non pas au sens d’une fantaisie ou d’une fable, mais comme une histoire particulière » qui «
s’inspire de nombreuses sources : historiques, linguistiques, culturelles (…), mais surtout une sagesse et une mémoire collectives. Un peuple est maintenu par cette mémoire, qui est précieuse dans l’histoire, les coutumes, les rites (religieux ou non) et autres liens qui transcendent ce qui est purement transactionnel et rationnel. » (
Un temps pour changer, p. 145-146).
Le fait qu’un récit situe un fait historique, en utilisant des images et un langage de son époque, demande beaucoup de prudence.
Le sujet sur la question des pré-humains est développé dans la section de théologie du forum sous l’intitulé «
L’existence des préhumains est plus qu’une hypothèse » :
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