La côte d'Adam

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Xavi
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Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?

Message non lu par Xavi » ven. 18 sept. 2009, 18:59

Théo d’Or évoque la relativité du temps et de l’espace à la réalité terrestre qui ne peut, en effet, être oubliée à aucun moment dans une réflexion sur nos origines par rapport à l’action de Dieu qui déborde la seule réalité terrestre. La Genèse ne nous introduit pas uniquement dans un récit sur la réalité terrestre mais étend ce récit à l’action de Dieu, à une réalité spirituelle que nous ne pouvons saisir seulement avec notre langage et notre intelligence terrestres.

Théo d’Or évoque aussi l’intérêt de commencer par la fin. C’est, en effet, en regardant le Christ ressuscité et la vie éternelle qu’il nous promet, que nous pouvons le mieux essayer de comprendre nos origines. Ne regardons pas trop les humains que nous sommes pour comprendre la Genèse, mais plutôt Dieu dont nous sommes l’image et l’avenir vers lequel il nous attire. A la lumière finale de la révélation qui nous est accessible aujourd’hui, nous pouvons essayer de mieux comprendre le récit du début que nous relate la Genèse.

La difficulté exprimée par ti’hamo et Raistlin reste présente et incite à poursuivre la réflexion. L’humain est-il achevé dès la conception physique de l’adam ou a-t-il pu devenir pleinement humain plus tard, lorsque l’homme et la femme se sont rencontrés et se sont attachés ?

Faut-il se bloquer sur la question de savoir si Adam et Eve sont humains dès leur conception ou s’ils le deviennent au cours de leur existence terrestre ? Pas nécessairement, car la vocation humaine qui va se réaliser en eux est présente dans le plan de Dieu dès leur conception et cet élan spirituel peut déjà les définir comme personnes humaines. Le don de Dieu, qui comprend leur vocation future, en fait déjà spirituellement des personnes humaines dès leur conception, même si leur création comme personnes humaines est encore en voie d’achèvement.

Les parents pré-humains d’Adam et Eve n’avaient pas cette vocation, n’ont pas acquis la personnalité humaine, une vie spirituelle éternelle. Les premiers humains, ce sont Adam et Eve. La Genèse l’affirme : Eve est la mère de tous les humains. La foi de l’Eglise le confirme.

Mais, il ne me semble pas contraire, ni interdit, de penser que le matériau terrestre dont Adam et Eve étaient faits n’était pas différent de celui de leurs parents et d’autres êtres de l’espèce pré-humaine dont ils provenaient.

Chez l’adam mâle et chez l’adam femelle, il y a un plus qui va permettre la naissance de l’humanité. Mais, il me semble que, comme image de Dieu, cette naissance ne va arriver que par la rencontre, la relation, une communion intense.

Poursuivons ici la réflexion en repartant de Dieu dont nous sommes à l’image et à la ressemblance.

Dieu lui-même n’existe pas sans être unique en trois personnes. Père, Fils et Esprit Saint. Le Fils provient du Père de toute éternité. L’Esprit Saint procède du Père et du Fils. Une communion en un Dieu unique de toute éternité. Ce qui fait vivre, c’est la communion, le don mutuel. Sans cela, les personnes sortent de la vie.

L’unité et la communion des trois personnes divines qui partagent une même nature est essentielle à la compréhension de qui est Dieu. Une image vraie de Dieu ne peut exister sans le montrer. Or, l’humain est cette image vraie, puisque Dieu lui-même le crée avec cette caractéristique essentielle, principale, distinctive.

A l’image de Dieu, l’humain est mâle et femelle (Gn 1, 27). Comment donner une préexistence à l’un ou à l’autre ? L’œuf ou la poule ?

Ce n’est pas parce que Jésus est le fils de l’homme, né d’une femme, qu’il n’existait pas déjà avant, de toute éternité, en Dieu. Ce n’est pas parce que Eve est issue d’Adam (selon le récit de la côte d’Adam) qu’elle n’existait pas déjà avant dans la réalité matérielle. Il me semble que la Genèse permet seulement d’affirmer à cet égard que c’est par Adam, par quelque chose qui vient d’Adam, qu’elle devient une femme humaine, une personne capable de communion spirituelle et de vie éternelle.

Le récit ne nous présente pas directement Adam et Eve, les ancêtres communs de tous les humains. Il nous présente d’abord l’adam.

Cet adam est seul, mais il ne s’agit pas ici d’une solitude terrestre. Il est entouré de beaucoup d’autres créatures. Il y a des mâles et des femelles. Il est seul parce qu’il n’est pas en relation spirituelle avec un semblable comme le Père l’est avec le Fils et l’Esprit Saint.

Rien ne semble permettre d’affirmer que le texte considère l’adam comme un être mâle unique à ce moment. Rien n’oblige de croire, sur base d’une interprétation littérale incertaine, que Adam viendrait d’une longue évolution et de parents terrestres pré-humains alors que Eve surgirait soudainement d’une extraction surnaturelle d’un homme masculin dont elle serait devenue l’épouse, sans avoir une mère, ni parents terrestres.

Au contraire, il est expressément indiqué que, dès l’origine, l’humain est créé mâle et femelle (Gn 1, 27). Ne cherchons pas à y voir un être unisexe, car le texte répète plus loin, pour Adam et Eve, personnes bien distinctes, que tant le mâle que la femelle sont appelés du même nom « adam » (Gn 5, 2).

La torpeur caractérise l’humain qui n’est pas encore éveillé, dont la conscience reste en sommeil.

Avant la rencontre de Eve, l’adam ne peut encore que crier les choses, les nommer, mais non relier ces mots par un langage, une communication qui les relie dans des phrases. L’adam, mâle et femelle, n’a pas encore atteint l’état spirituel qui va lui permettre de dialoguer entre eux et avec Dieu, d’entrer en communion spirituelle de vie. Leur vie d’homo sapiens, au stade pré-humain ultime, n’est pas encore celle d’humains, même si leur corps d’humain est déjà quasi totalement achevé, voire achevé. Il manque encore l’image de Dieu qui est communion de personnes, la vie de Dieu, le don spirituel d’une existence personnelle qui transcende la réalité terrestre, qui peut franchir la mort et vivre en communion avec Dieu.

Certes, Dieu parle déjà à l’adam. L’interdit de manger du fruit de l’arbre de la connaissance lui est indiqué lorsqu’il est encore seul. Mais, celui qui est seul, ce n’est pas nécessairement uniquement le mâle, c’est l’adam, mâle et femelle. Il lui faut encore une aide qui lui soit assortie (Gn 2, 18). Il n’y en a pas dans la nature, ni pour l’adam mâle, ni pour l’adam femelle.

Dieu amène à l’adam toute âme vivante (Gn 2, 19). Cela ne suffit pas. Il crie. Il n’a pas de relation avec un semblable, comme au sein de la Trinité. L’adam, mâle et femelle, est encore seul.

Puisqu’il y a parole de Dieu, vie dans le jardin d’Eden, matériel et spirituel, c’est déjà l’humanité en germe, déjà spécifique parmi les créatures, mais encore inachevée. Ce n’est pas encore bon, parce que l’humain est encore seul. La relation avec un semblable qui achève en lui l’image de Dieu n’est pas encore présente.

Il en résulte de l’immobilisme, un état de torpeur, de conscience non éveillée. Ce qui va le réveiller, c’est une situation dans laquelle le mâle et la femelle deviennent un homme et une femme, nommés par d’autres mots dans le texte hébreu : Ish et Isha. C’est l’achèvement de l’humanité.

L’être terrestre, l’adam (le terrestre), n’est pas encore l’image achevée de Dieu. La création de la personne humaine, de l’humain mâle et femelle (Gn 1, 27), n’est achevée qu’avec son achèvement spirituel dans sa double réalité matérielle masculine et feminine.

La torpeur de l’adam, c’est l’état du terrestre, de l’humain achevé ou quasi achevé dans son corps, quand il n’a pas encore accès à la relation spirituelle, à la vie spirituelle.

Lorsque l’adam masculin est achevé, il va découvrir un semblable autre que lui-même, un adam féminin.

N’oublions pas l’insistance de la Genèse quant elle nous répète explicitement que, dans l’humanité créée, tant le mâle que la femelle sont nommés par le même mot adam.

Au dernier stade de la création de l’humain, nous avons des adams masculins et féminins. Y en a-t-il un seul unique, Adam ? ou deux (Adam et Eve, à un stade pré-humain ultime) ? ou plusieurs ? Ce ne sont pas encore des personnes humaines achevées, même s’ils en ont déjà le corps et l’intelligence, en ce qu’ils ne sont pas encore achevés à l’image de Dieu, ni des personnes dotées de la vie spirituelle éternelle.

Il est certes aisé d’imaginer que l’apparition de l’homme serait le résultat d’une ultime mutation génétique extraordinaire, un enfant aussi nouveau et exceptionnel que ne le sera le Christ dans le sein de Marie. Mais, la Genèse ne l’affirme pas. Au contraire, elle définit très exactement l’adam, dans sa réalité terrestre, de la même manière que les autres animaux, comme une âme vivante (Gn 1, 24 et 2, 7), sans relever aucune différence. Elle ne relève aucune différence entre l’humain et l’animal au niveau terrestre, avant le récit de l’apparition de la femme.

L’humain n’est pas encore achevé à ce stade.

N’oublions pas qu’au contraire du premier récit de la création de l’humain, lors du sixième jour, le second récit reprend cette création de manière plus détaillée en rappelant que Dieu façonne l’homme déjà avant même l’apparition des plantes (Gn 2, 4-9). Il n’est évidemment pas achevé à ce stade. Il ne l’est pas plus, dans ce second récit, lorsque l’adam n’est encore qu’une âme vivante comme les animaux.

A ce stade, l’adam (toujours indiqué avec un article, sans détermination personnelle) est mâle et femelle (Gn 1, 27 et 5, 2). Cela ne veut pas dire qu'il s'agit d’un être hermaphrodite unique sans différence sexuelle, mais un être d’une espèce faite de mâles et de femelles, comme la Genèse l’indique pour les animaux sans distinction.

Que manque-t-il encore ? La communion spirituelle de deux personnes semblables à l’image de la communion qui existe en Dieu.

C’est ici que le choix se présente dans la compréhension du récit de la côte d’Adam. S’agit-il de la création d’un nouvel être féminin, sans père, ni mère, façonné de manière surnaturelle par un morceau du corps de son futur époux ou s’agit-il du récit de la rencontre d’un adam masculin et d’un adam féminin d’où résulte le premier homme, Adam, et la première femme, Eve ?

Aujourd’hui, il se dit parfois encore qu’une jeune fille « devient » une femme par sa première relation sexuelle. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existait pas avant, ni que cette femme vient de nulle part.

Même s’il est difficile d’exprimer une certitude et s’il ne s’agit que d’une hypothèse de réflexion, qui pourrait s’avérer inexacte et qui n’est pas un dogme, mais qui reste en concordance avec les affirmations de la foi de l’Eglise, le récit de la "côte" d'Adam et de l’apparition d’Eve n’est-il pas une description légèrement voilée d’une relation sexuelle, celle qui explique un lien, une communion tellement forte, qu’elle a pour effet, selon le récit de la genèse, que l’homme admire et aime sa femme comme lui-même (os de mes os, chair de ma chair), quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et que devient ainsi pleinement présente l’image de Dieu, unique mais vivant de toute éternité en trois personnes en communion, source de vie éternelle pour la personne humaine ?

L’union sexuelle de l’homme et de la femme me semble au centre de la Genèse, bien plus que leur différence sexuelle.

L’union sexuelle est source d’une intense communion des époux, d’une intensité à nulle autre pareille, qui ouvre à un don de soi illimité. L’image et la ressemblance de Dieu s’y retrouvent de manière fondamentale.

L’intensité de leur lien est un reflet de Dieu lui-même. Leur union de personnes distinctes est un reflet de l’union des personnes divines. L’humain seul, ce n’est pas bon, dit Dieu, dans le Genèse. La solitude de l’humain n’est évidemment pas le résultat d’une erreur ou d’un oubli de Dieu. Ce ne peut être, comme toute les phases de l’évolution qui l’ont précédée, qu’une étape normale, un constat intermédiaire explicatif de ce qui va suivre.

N’est-ce pas à ce moment seulement que l’humanité est pleinement achevée ?

N’est-ce pas pour cela que la sexualité a moralement tant d’importance ? Beaucoup prétendent à notre époque pouvoir nier cette importance et la considérer comme un simple acte corporel comme boire, manger, ou danser. Pourquoi en faire un élément de rattachement à vie de deux personnes humaines ?

L’union d’un homme et d’une femme par une relation sexuelle exclusive et indissoluble a une valeur essentielle pour l’humanité que le Christ nous a rappelée lui-même en se référant au récit de la Genèse, tout en louant le célibat, don total fructueux de la personne.

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Théo d'Or
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Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?

Message non lu par Théo d'Or » dim. 27 sept. 2009, 9:35

Théo d'Or a écrit :Bon, je ne désire point transformer mon ébulition mentale en logorrhée littéraire (heureusement que le degré de spiritualité n'est pas fonction de l'atteinte psychique, sinon je serais mal là! <: ), je vais simplement vous livrer deux réflexions:

- Dans toute vérité il y a du vrai. J'ai entendu parler d'une loi de la relativité en sciences. Je ne sais pas ce que c'est :-D mais il semble que le relatif soit une science... Alors, science et foi? :dance:

- Je constate qu'on a l'habitude d'aborder les choses avec les données de l'Espace et du temps. Quel éclairage pourrait apporter la relativisation de ces données? (Oula <: ... ceci dit, la science explore... cfr les trous de ver) Et si on commençait par la fin? :toast:
Je vais tenter de préciser mon idée:

Avant la création, du moins si on réfléchit avec les données du temps et de l'espace et qu'on envisage l"avant", Dieu était-il tout seul? Je crois fermement que la réponse est non, car toute existence, y compris celle de Dieu, ne peut être possible sans qu'il y ait DEUX polarités et un MOUVEMENT qui les unisse... Ce dernier pouvant être envisagé comme une troisième instance, qui a toute son importance pour créer l'existence... D'où le concept de trinité, reprise chez les chrétiens mais également dans d'autres religions, tel l'hindouisme, ou diverses mythologies ou philosophies... Même la matière ne peut exister sans qu’il n’y n’ait, d’une part deux polarités (noyau-électron(s)) et d’autre part un mouvement énergétique qui permettre de créer la dite matière… Saviez-vous que celle-ci est composée quasi exclusivement de vide ? Et qu’une table, par exemple, est tout le temps en mouvement et que si la communication entre le noyau et le/les électrons des atomes qui construisent les molécules qui composent la table en question s’arrêtait, elle n’existerait plus ?

Dans une vision métaphysique et philosophique, qui tenterait d’explorer en s’extrayant quelque peu de la notion de temps et d’espace, et dans la même idée que ce que je viens de dire ci-dessus, il est évident que l’homme fait la femme et que la femme fait l’homme et qu’il y a un principe divin qui les unit, lui-même trinitaire… Ce qui veut dire deux choses : l’homme et la femme sont bien fait à l’image de Dieu et qu’il y a une mise en abîme du principe trinitaire: la première étant au centre de la deuxième, ce qui veut dire que la vie est, par essence, féconde… et qu’elle existe de tout temps…

Ce qui fait la particularité de l’homme et de la femme, par rapport aux animaux, c’est qu’ils sont capables de se penser eux-mêmes et capables d’envisager la divinité qui les unit, d’où un nouveau mouvement polarisé : l’être humain se rend compte du principe de vie et SAIT, plus ou moins consciemment selon les individus, qu’il fait partie d’un tout et que pour perpétuer la vie, il doit aller à la rencontre de l’Autre… Les animaux n’ont pas cette capacité et agissent par instinct…

J’aime imaginer commencer par la fin… La fin est début et le début est fin… D’ailleurs on dit que pour Dieu, un jour est comme mille ans… le temps est donc relatif et fait partie d’une perception toute matérielle qui s’adapte à notre dimension humaine…

Laissons-nous donc imaginer que le récit de la création de l’homme et de la femme est une prophétie qui est en train de se réaliser. Le mariage est pour bientôt mais il existe déjà, en réalité. Et si ceux-ci se créaient toujours notamment par la divinité qui les unit ? Voilà que du coup alors on se ferait s’embrasser le commencement et la gloire (cette fameuse finalité qui n’est que le début de toute chose)… Ainsi, le superbe récit de la genèse relaterait bien une superbe métaphore toujours en cours de réalisation : la Divinité lui apparaît à Adam et il est capable de la conscience de cette dernière qui lui permet de réaliser qu’il est homme (la fameuse côte, métaphore de l’attribut masculin- la torpeur étant le signe qu’il est importé par l’Esprit, qu’il vit une extase exceptionnelle hors du temps lors de son union avec le femme avec la conscience de leur extraordinaire potentiel de vie, ou alors, pour être un peu dans l’humour il vit ce qu’on appelle « la petite mort » :-D , vous savez, ce fameux moment où l’on a joui). Il réalise du même coup qu’il a besoin, pour perpétuer le mouvement de la vie, de sa polarité inverse, la femme, qui, dans ce récit métaphorique, est en même temps créée par l’homme et achève la création de ce dernier. En fait ils se créent l’un l’autre grâce à l’action divine qu’ils conscientisent et qui les unit…

Alors, toujours en cours de réalisation ? Oui, oui ! La faculté humaine de se penser lui-même et d’envisager la divinité se transmet de génération en génération… Mais dans un monde où le libre arbitre a sa place et où, du coup, souffrances et refoulements sont présents, l’être humain est sans cesse appelé à reconscientiser cette divinité et la capacité de création de vie en allant à la rencontre de son contraire… Il est appelé à affirmer la création jour après jour, en fait appelé à se laisser créer….
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Xavi
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Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?

Message non lu par Xavi » dim. 27 sept. 2009, 10:42

Les prophéties, parole de Dieu sur l’histoire à venir mais aussi sur le passé, ont souvent plusieurs applications vraies.

La Genèse qui nous raconte nos origines nous parle de l’histoire, mais aussi de Dieu qui agit et qui transcende le temps et l’histoire.

A la jonction du temps et de la vie hors du temps, la lecture de Théo d’Or me semble fort intéressante et sa perception particulière, exprimée à travers des images scientifiques qui ont bien sûr leurs limites, ne me paraît pas contraire à l’essentiel du récit de la Genèse, mais en présente une approche qui, comme une poésie, peut nous aider à comprendre un peu plus une réalité qui nous échappe encore.

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ti'hamo
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Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?

Message non lu par ti'hamo » dim. 27 sept. 2009, 21:23

> Théodor

"
Avant la création, du moins si on réfléchit avec les données du temps et de l'espace et qu'on envisage l"avant", Dieu était-il tout seul? Je crois fermement que la réponse est non, car toute existence, y compris celle de Dieu, ne peut être possible sans qu'il n'y ait DEUX polarités et un MOUVEMENT qui les unisse...
"

Et bien la foi chrétienne résout cela par la trinité : Dieu EST, de toute éternité. Donc, en-dehors de la création, il n'y a QUE Dieu.
Il n'est pas "seul" puisqu'il est trinitaire. Mais les relations qui existence là sont des relations EN Dieu. Donc, il est vrai de dire au sujet de Dieu trinitaire qu'il n'est pas "seul", mais cela ne veut pas dire qu'il y a, hors de la création, autre chose que Dieu.


Quant au fait que la création soit toujours d'actualité, il n'y a pas besoin de l'imaginer. Et il n'y a pas besoin de faire de la Genèse une "métaphore" pour le penser.
(le récit de la Genèse relate avant tout des faits ; de manière poétique).



L'homme et la femme sont à l'image de Dieu, je dirais aussi bien individuellement que dans leur union.
Il est acquis et répété dans le catéchisme catholique que l'union de l'homme et de la femme et leur relation, est à l'image de la relation trinitaire en Dieu,
mais également à l'image de la relation du Christ et de l'Église (et oui, tout est lié).

Par leur union féconde, ils sont considérés comme "co-créateurs".

Et plutôt que de parler de divinité qui les unit, je dirais plutôt qu'ils s'unissent en Dieu.



Quant au fait de vouloir caser des références et images et interprétations sexuelles partout à tout les coins de phrase dans la Genèse, ça n'est jamais qu'un travers de notre temps, avec peut-être un brin d'influence freudienne. Mais ça n'a aucun fondement réel.
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]

Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
[Konrad Lorenz]
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Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?

Message non lu par Théo d'Or » lun. 28 sept. 2009, 11:54

ti'hamo a écrit :Quant au fait de vouloir caser des références et images et interprétations sexuelles partout à tout les coins de phrase dans la Genèse, ça n'est jamais qu'un travers de notre temps, avec peut-être un brin d'influence freudienne. Mais ça n'a aucun fondement réel.
Le fondement... De quel fondement parle-t'on? (J'ai bien ma petite idée :-D , enfin, ne nous égarons pas :-D )

Personnellement l'image me parle (nous sommes des êtres sexués que diable! :-D - pardonnez-moi cette expression quelque peu iconoclaste, mais je n'ai pas pu résister! :-D :-D :-D ).

Vous l'avez dit vous -même, ce récit est poétique... Le propre de la poésie ou du symbole est d'ouvrir un large champ de compréhension qui fait que celui qui le reçoit peut l'envisager avec les images qui lui parlent le plus. C'est comme lorsque l'on se trouve devant un tableau... Je ne pense pas que Xavi, en nous proposant cette lecture du texte de la création de l'être humain, n'ait eu la moindre intention d'en faire une interprétation unique... En tous les cas, en reprenant sa lecture, qui me parle, ce n'était pas mon intention. Il n'y a pas d'interprétation unique. Nous sommes pétris d'images avec des nuances qui peuvent varier d'un individu à l'autre. Remarquez à quel point notre histoire personnelle et nos émotions peuvent colorer notre expérience de chaque instant et notre lecture de ce vécu... Ce texte, comme l'ensemble de la Bible, est comme un diamant aux multiples facettes... votre interprétation nous intéresse et ne peut qu'enrichir la lecture de ce récit de la création de l'homme et la femme.

Salutations cordiales,
Théo d'Or
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Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?

Message non lu par Xavi » lun. 28 sept. 2009, 18:57

ti’hamo a écrit : Quant au fait de vouloir caser des références et images et interprétations sexuelles partout à tout les coins de phrase dans la Genèse, ça n'est jamais qu'un travers de notre temps, avec peut-être un brin d'influence freudienne. Mais ça n'a aucun fondement réel.
D’accord avec les réflexions de Ti Hamo et sa prudence par rapport aux influences freudiennes excessives.

Il ne faut pas voir du sexuel partout, mais ici il faut bien constater que le récit de la Genèse (Gn 2, 20-25) est la base de toute la morale sexuelle chrétienne.

Dans l’Evangile (Mt 19,3-9), c’est en évoquant le divorce, l’adultère et la prostitution que Jésus nous renvoie à ce récit et particulièrement en y trouvant la base de l’indissolubilité du mariage parce que l’homme et la femme y sont unis en une seule chair. C’est aussi la base de la moralité sexuelle dans le Catéchisme (n° 2331).

Les paroles d’Adam devant Eve ne sont-elles pas les paroles les plus amoureuses de l’Ecriture ? Même le cantique des cantiques peut paraître réservé à côté de l’enthousiasme d’Adam. Os de mes os, chair de ma chair. Le Catéchisme parle d’« un cri d’admiration, une exclamation d’amour et de communion » (n° 371).

Plus fort encore : Adam déclare qu’elle vient de lui. C’est une part de lui qui la fait vivre. C’est sa femme.

Jésus interprète l’attachement d’Adam à sa femme en nous indiquant que ce lien vient de Dieu lui même (ce que Dieu a unit) et qu’il est tellement fort et important que l’homme ne peut pas le séparer (Mt 19, 6).

Tellement fort qu’Adam quitte son père et sa mère, nous dit déjà la Genèse. Tellement fort qu’il en est même exclusif, nous précise Jésus.

Le texte fondamental de la Genèse se termine par une évocation de la nudité et de la pudeur. Ils étaient nus et n’avaient pas honte (Gn 2, 25).

Comment rejeter la sexualité d’un tel récit ? Si Freud peut inciter à oser en parler à notre époque, il n’y a vraiment pas besoin de Freud pour constater que le récit concerne la sexualité puisque non seulement c’est assez manifeste mais surtout puisque le Christ lui-même nous l’indique.

Une lecture littérale de la Genèse peut sembler nous indiquer qu’elle dit seulement que Dieu crée la femme et que c’est Adam qui s’y attache, mais Jésus nous montre plutôt l’importance du lien sexuel dans ce récit. Jésus ne dit rien de la création de la femme, mais il nous dit « qu’ils ne sont plus deux », mais « une seule chair » et que c’est « Dieu qui unit ».

Quelle leçon d’exégèse ! On imagine volontiers qu’il y avait un humain et qu’ensuite, il n’y a « plus » un mais deux humains par une intervention de Dieu, mais Jésus nous indique plutôt qu'au contraire, ils étaient deux et que Dieu n’est pas intervenu pour séparer mais pour unir. Ils ne sont « plus » deux. Et il s’agit bien ici de chair, dans la réalité terrestre, avec ses implications concrètes pour le divorce, l’adultère, la prostitution.

La Genèse ne nous raconte pas la création d’un homme parfait achevé, suivie de la création d’une femme. L’humain (l’adam, mot hébreu neutre) est créé mâle et femelle (Gn 1,27). Dans le second récit plus détaillé de la création de l’humain, il nous est précisé que l’adam n’est pas encore bon (Gn 2,18), donc pas encore achevé comme humain à l’image de Dieu, tant qu’il est seul. L’union de l’homme à la femme est au cœur de l’achèvement de la création de l’humain à l’image et à la ressemblance de Dieu.

La sexualité étant toujours fort mystérieuse, il est juste de l’évoquer de préférence de manière poétique, légèrement voilée, sinon le risque est grand de tomber dans la vulgarité trompeuse qui l’abaisse à un simple fait terrestre en cachant la beauté et la valeur de la sexualité qui ouvre au don de soi, qui fait de l’homme et de la femme une image de Dieu. Tant chacun d’eux (comme le Père, le Fils et l’Esprit sont chacun pleinement Dieu) que ensemble (comme la Trinité forme un seul Dieu).

Il ne me semble pas inacceptable ou inconvenant, dans de telles conditions, de considérer le récit de la côte d’Adam, au début du texte en cause (Gn 2,20), en préférant à un os d’Adam (voire pour certains, à un côté formé par une moitié d’Adam) et à une transformation corporelle difficilement compréhensible, une interprétation, certes davantage poétique, mais plus réaliste, plus conforme au contexte et aux déclarations amoureuses qui vont suivre immédiatement.

Le mot hébreu Tzlo, traduit en français par côte, est un mot dont la signification exacte est très mystérieuse et qui n’est utilisé ailleurs dans l’Ecriture que pour décrire des annexes d’un temple (cf. 1 R 6, 8 ; Ez 41, 5-6 ; Ez 41, 11).

Une traduction anglaise littérale du Rabbinat nous propose ceci : « and-he-is-taking one from-angular-organs-of-him and-he-is-clothing flesh under-her ». Il prend un organe saillant et il referme la chair en dessous de lui.

Selon la Bible de Jérusalem, « Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place ». Dans le contexte sexuel du récit, est-il exclu d’y voir une allusion au seul organe saillant qui disparaît sous la chair ?

Théo d’Or a, au moins, le mérite de poser la question, même si l’envahissement freudien est souvent excessif, voire irritant.

Merci à Ti Hamo d’avoir eu le courage d’y réagir. Théo d’Or y apporte déjà de bonnes nuances. J’espère que d’autres intervenants apporteront un peu de lumière supplémentaire sur cette question délicate.

Y a-t-il une argumentation contraire ? Il me semble important de veiller à ne pas réagir trop vite sous le sentiment de références excessives à la sexualité alors qu’une écoute attentive d’un texte ancien peut ouvrir des échos nouveaux bien nécessaires à notre époque sur-envahie par la sexualité mais aussi par un manque de repères dans ce domaine, source de beaucoup de souffrances.

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L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par Xavi » sam. 25 août 2012, 14:31

Je souhaite ouvrir ici un sujet difficile qui demandera probablement plusieurs messages et devra s’élaborer en s’adaptant aux éventuelles réactions.

L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

St Paul s’exprime avec beaucoup de force : « Pendant l’instruction, la femme doit garder le silence, avec une entière soumission.
Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de faire la loi à l’homme. Qu’elle demeure dans le silence.
Car Adam en effet a été formé le premier, Eve ensuite.
Et ce n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression.
Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans la foi, dans l’amour, et dans la sainteté. » (1 Tim, 2, 11-15).

Bigre… !

« Le chef de tout homme c’est le Christ, ; le chef de la femme, c’est l’homme…
Si donc une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Mais, si c’est une honte pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle mette un voile.
L’homme ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme.
En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme, et ce n’est pas l’homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme » (1 Cor. 11, 6-9).

Et s’y rattachent d’autres passages des écrits de St Paul prescrivant des comportements spécifiques pour les femmes :

« Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur, car le mari est le chef de sa femme comme le Christ est le chef de l’Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Eglise est soumise au Christ, les femmes aussi donc et de la même manière doivent se soumettre en tout à leurs maris » (Eph., 5, 22-24)

Mais, St Paul précise cependant une importante nuance qui doit être considérée pour comprendre correctement ses propos très choquants à notre époque :

« Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme. Car, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme existe par la femme, et tout vient de Dieu » (1 Cor, 11, 11-12).

Et il ajoute : « Si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons pas cette habitude, pas plus que les Eglises de Dieu » (1 Cor. 11, 16).

Dans ces conditions, l’Eglise situe les paroles de Saint Paul dans leur contexte culturel et pastoral.

Il ne faut pas confondre la réalité « dans le Seigneur » avec la réalité terrestre et culturelle à laquelle l’Eglise cherche à s’adapter en évitant de vaines contestations.

Ce qui compte, c’est de ne pas contester vainement, au détriment de l’annonce de l’Evangile, les pratiques en vigueur dans une société d’un intérêt secondaire.

Certains des arguments de St Paul le confirment lorsqu’ils présentent des évidences qui n’existent plus à notre époque.

Ainsi, lorsqu’il écrit que « si c’est une honte pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou tondus, qu’elle mette un voile » (1 Co, 11, 6), il faut constater qu’une telle honte a disparu dans notre société et que la condition qu’il indique n’est donc plus remplie.

Ou encore : « Jugez-en par vous-mêmes. Est-il convenable que la femme prie Dieu la tête découverte ? » (1 Co 11, 13). Il faut bien constater que cela paraît tout-à-fait convenable à notre époque.

Ou encore : « La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c’est une honte pour l’homme de porter les cheveux longs ? » (1 Co 11, 14). Qui prétend encore aujourd’hui trouver un tel enseignement dans la nature ? Vincent Lebbe, dont la photo me sert de profil, portait une longue tresse de cheveux pour se faire chinois parmi les chinois.

Aujourd’hui, l’Eglise ne confirme pas la place de chef qui était donnée à l’homme masculin. Le pape Jean-Paul II ne l’a pas confirmée dans son encyclique sur les femmes. Le catéchisme n’en dit rien.

Au contraire, l’égalité « parfaite » de l’homme et de la femme est fermement affirmée (CEC n° 369). « Créés ensemble, l’homme et la femme sont voulus par Dieu l’un pour l’autre » et l’affirmation est même répétée avec insistance « L’homme et la femme sont faits « l’un pour l’autre » » (n° 371-372).

La soumission de la femme ne fait pas partie de l’enseignement catholique actuel.

Dans l’encyclique De Mulieris sur les femmes (1988), le pape Jean-Paul II s’exprime sans ambiguïté : « tandis que dans la relation Christ-Eglise, la seule soumission est celle de l’Eglise, dans la relation mari-femme la « soumission » n’est pas unilatérale mais réciproque » (n° 24).

Y a-t-il contradiction ? Non !

L’Eglise conserve sans défaillance la parfaite égalité de l’homme et de la femme « dans le Seigneur » indiquée par St Paul lui-même, ce qui ne change pas, et constate que St Paul situe son enseignement différencié selon les sexes sur des bases culturelles par rapport à un contexte terrestre, ce qui change selon le temps et le lieu.

Pas plus que les apôtres ne se sont sentis liés par les commandements de l’Ancien Testament, l’Eglise ne se sent pas liée par des commandements du Nouveau Testament lorsque ceux-ci ont perdu leur actualité à cause du contexte dans lequel ils étaient ordonnés.

A cet égard, les textes de St Paul sur la condition de la femme deviennent surtout, à notre époque, des références adéquates pour mieux comprendre les règles d’interprétation de l’Ecriture, pour comprendre les limites du sens littéral des textes sacrés et la nécessité de les comprendre en Eglise.

Le récit de la création est invoqué par St Paul comme une image biblique pertinente dans un contexte culturel. Il n’est pas justifié d’en déduire nécessairement une théologie de la création, ni un sens littéral exclusif de toute autre compréhension.

St Paul a utilisé le récit de la Genèse, tel qu’il était compris par ses interlocuteurs, pour en déduire une image et un argument dans un but pastoral et dans un contexte qui n’est plus le nôtre, mais il serait erroné d’en déduire une interprétation théologique exclusive du récit de la Genèse lui-même.

Mais, les arguments bibliques subsistent : « Adam en effet a été formé le premier, Eve ensuite.
Et ce n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression » et «l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme, et ce n’est pas l’homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme ».

Adam a-t-il vraiment été formé le premier ? Eve seulement ensuite ?
Eve a-t-elle été créée pour Adam et pas l’inverse ?
Eve a-t-elle été tirée d’Adam et pas l’inverse ?
Adam ne s’est-il pas laissé séduire autant que Eve, a-t-il été moins coupable ?

La réponse peut être oui à toutes ces questions et St Paul a pu s’en inspirer.

Mais, car il y a un mais, la réalité est beaucoup plus riche que cette réponse sommaire et amène non seulement des nuances mais peut même aboutir à un renversement complet du raisonnement qui voudrait en déduire une supériorité de l’homme masculin.

Pour régler une question pratique dans la réalité superficielle de la société, St Paul s’est référé à la réalité superficielle du récit d’Adam et Eve. Il ne faut en déduire ni un enseignement fixant pour tous les temps et toutes les situations les comportements des humains selon leur sexe, ni l’existence d’une réalité plus profonde dans la réalité historique que nous relate la Genèse.

Le récit biblique d’Adam et Eve, c’est une explication imagée qui a été écrite après le péché originel et qui utilise la différence sexuée après la chute pour expliquer la création avant la chute et la chute elle-même.

Oui, il y a bien eu un premier couple humain, deux êtres de sexes différents que la Bible a nommé Adam et Eve.

Mais, attention : ce qui est attribué distinctement à Adam ou à Eve n’est pas nécessairement exclusif d’une réalité vécue tant par l’un que par l’autre. Si Adam fait ceci, cela ne signifie pas nécessairement que Eve ne le fait pas. Et inversement. Ils ont pu faire ou vivre ensemble ou réciproquement ce que le récit attribue à l’un d’eux.

C’est pourquoi le catéchisme peut affirmer fermement qu’ils ont été « voulus » et « faits » « l’un pour l’autre », « ensemble », dans une « parfaite égalité ».

Acceptons de ne pas lire la Genèse uniquement au premier degré lorsqu’elle nous parle d’Adam et Eve, les deux premiers humains dotés d’une âme immortelle.

Cette lecture n’exclut pas nécessairement un enseignement plus profond, ni le fait que, dans la réalité sexuée de l’humanité qui existait lors de l’élaboration de la Genèse, le premier homme et la première femme aient été pu être considérés comme des images pertinentes pour révéler une réalité historique plus profonde.

Dans la création de l’humanité racontée par le récit de la Genèse, Adam est formé le premier. C’est de lui que Eve est tirée. Oui, mais les deux perspectives sont différentes : Adam n’est considéré que dans sa réalité terrestre et seul. Son nom n’évoque que l’adamah (le sol). Par Eve, c’est la présence de l’autre, la communion à l’image de Dieu qui est introduite. Son nom évoque la vie.

Oui, la réalité terrestre est façonnée avant que des âmes immortelles à l’image de Dieu ne soient créées. Les plantes et les animaux sont-ils supérieurs aux humains parce qu’ils ont été créés en premier ? Non, bien sûr.

Un être tiré d’un autre qui fait surgir une communion d’amour, à l’image de la Trinité du Père, du Fils et de l’Esprit, est-il inférieur à un être seul et uniquement terrestre dont il est tiré ? Les plantes et les animaux sont-ils supérieurs aux humains parce que ceux-ci proviennent biologiquement d’êtres semblables à des végétaux puis à des animaux dans la longue lignée de milliards d’années qui a précédé l’apparition des humains sur la terre ?

Celui qui complète un être incomplet est-il inférieur à celui qu’il complète. Ce qui est ajouté n’est-il pas supérieur à ce qu’il complète ?

Et, même par rapport au récit du péché originel, celui qui a pris la responsabilité d’une action n’est-il pas plus important que celui qui n’a fait que suivre ? N’est-ce pas le supérieur qui décide et le subordonné qui suit ?

Oublions un instant le premier degré de compréhension pour considérer le début de la Genèse au delà de la différence des genres que nous connaissons aujourd’hui.

Gn 1, 27 : Dieu créa le terrien (l’adame) à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’être masculin et l’être féminin.

Gn 5, 2 : Il nomma « adam » (« terrien ») l’être masculin et l’être féminin lorsqu’ils furent créés.

Ne l’oublions pas : tant l’homme masculin que le femme sont nommés « adam » !

En les appelant « adam », uniquement par ce qui, dans leur être, vient du sol terrestre (l’adamah), Dieu atteste de leur liberté, de leur autonomie par rapport à lui. Ils sont essentiellement une créature distincte de Lui. La capacité de partager la vie de Dieu, la vie spirituelle dont les humains sont dotés et qui les relie à Dieu n’est pas considérée dans leur nom. Ils peuvent librement s’en détacher, ce qu’ils vont d’ailleurs faire.

Ils peuvent être seulement des adames, vivant seulement dans le terrestre mortel.

La participation à la vie de Dieu est un don, une grâce, pas une nécessité, ni une contrainte. Elle peut être refusée. Ils sont des adames, des terrestres. Ils ont une possibilité d’être plus. Ils sont capables de Dieu.

Gn 2, 8 : Dieu planta un jardin en eden et il y mit le terrien.

Le mot « eden » signifie base, socle, piédestal, force de soutien. Il provient du mot « adown » qui signifie seigneur, maître. Eden signifie aussi plaisir, délices, précieux, et vient du mot « adan » qui signifie « vivre dans l’abondance, faire ses délices de ».

L’Eden paraît ainsi comme la réalité ou le monde de Dieu, la réalité spirituelle de Dieu.

Dans ce monde spirituel qui est de toute éternité, Dieu plante un jardin. Le mot hébreu « gan », traduit par jardin, évoque un endroit clos, limité, restreint. Ce jardin ne remplit pas tout le spirituel. Son intégration est limitée. C’est comme un endroit clos, autonome, dans un endroit plus vaste.

Le mot « gan » vient du verbe « ganan » qui signifie protéger, garder, défendre, entourer, couvrir.

Le mot indique ainsi toute la fragilité de ce qui est planté et toute la protection divine.

La réalité spirituelle dans laquelle le terrien est mis ne l’étouffe pas, ne l’enferme pas. C’est délicieux, mais c’est restreint, cela n’envahit pas le terrien, ne le contraint pas. Il peut exister en dehors de ce jardin.

Le jardin ne se confond pas avec l’Eden. Il est planté dans l’Eden.

Il ressemble à une intersection de deux ensembles mathématiques, cette partie commune qui fait partie intégrante de deux ensembles distincts. Le jardin d’Eden est pleinement terrestre, mais aussi pleinement spirituel.

C’est dans ce jardin que le terrien est mis, dans la réalité spirituelle autant que dans la réalité terrestre.

Mais, le seul fait de placer un terrien dans la réalité spirituelle n’en fait pas encore nécessairement une âme immortelle capable de communion éternelle avec Dieu.

Il faut encore que cet être terrien devienne un être spirituel capable de partager la vie de Dieu et même de permettre à Dieu de partager et d’assumer l’être terrien, ce qui se réalisera plus tard lors de l’incarnation.

Rien de terrestre, pas même l’intelligence du terrien ne peut produire cette transformation ou y participer. Elle ne peut venir du terrien que par une action de Dieu.

Dieu va tirer de l’être terrien un être spirituel, sans participation de l’intelligence du terrien, mais dans un sommeil mystérieux.

Voilà le moment décisif de la création de l’humanité à l’image de Dieu.

L’être terrien va découvrir une communion avec un autre semblable à lui, s’exclamer, dans un éblouissement. L’être terrien (l’adame) découvre l’être spirituel (l’ishsha tiré de lui).

C’est l’homme et le femme. Soit. Mais, n’est-ce pas aussi la femme et l’homme ? N’est-ce pas aussi deux réalités de chaque être humain créé à l’image de Dieu qui est, en même temps, être terrien et être spirituel ?

L’adame qui s’exclame est, rappelons-nous, être masculin autant qu’être féminin (Gn 5, 2).

L’un n’est pas moins ébloui que l’autre. L’un ne parle pas moins que l’autre. L’un comme l’autre sont des êtres terriens qui découvrent l’être spirituel. L’un et l’autre quittent père et mère. L’un et l’autre s’attachent à l’autre pour être une seule chair.

L’être terrien qui découvre l’être spirituel, cela se passe aussi dans une même personne et réciproquement entre deux personnes. La chair est aussi une dans sa double réalité terrienne et spirituelle. Chacun est pour l’autre l’être spirituel autant que l’être terrien.

Tant l’être terrien que l’être spirituel sont sans vêtement protecteur, en harmonie entre eux, entre le terrestre et le spirituel. Ce n’est pas seulement Adam et Eve qui sont nus, c’est aussi, en chacun d’eux et en présence de l’autre, tant l’être terrien que l’être spirituel qui sont nus.

Et, au cœur du jardin d’Eden, est-ce seulement une femme qui s’empare du fruit de l’arbre de la connaissance ?

N’est-elle pas aussi, et même surtout, l’image de l’être spirituel qui s’empare du fruit pour le donner à l’être terrien ?

Le serpent, la plus intelligente des créatures, n’est-ce pas aussi, voire surtout, l’image de l’être cérébral, rationnel, qui existe au cœur de l’être, à la croisée de l’être terrien et de l’être spirituel en tout être humain ?

La connaissance par l’intelligence terrestre rencontre la connaissance par la communion spirituelle dans l’amour.

C’est une réalité pour tout être humain. C’était une réalité tant pour le premier être humain masculin que pour le premier être humain féminin.

L’esprit de l’humain, son être spirituel, va être corrompu par son choix de l’accès à la connaissance par son être rationnel. Et le fruit saisi va être donné à son être terrien et le corrompre à son tour.

Cela s’est passé en Adam. Cela s’est passé en Eve. Le péché originel est commis ensemble par le premier couple humain.

Et désormais, l’accès au jardin d’Eden n’est plus possible, car ce jardin n’est pas seulement dans la réalité matérielle, mais est aussi dans la réalité spirituelle de Dieu où rien ne peut être sans communion d’amour en Dieu.

Désormais, ce n’est plus l’être spirituel qui conduit l’être terrien et lui permet de gouverner toute la création, c’est l’être terrien qui domine l’être spirituel. « Ta convoitise te poussera vers ton « ish » et lui dominera sur toi » (Gn 3, 16).

La domination de la femme par l’homme masculin n’est-elle pas une image, tirée de la réalité concrète qui existait à l’époque des auteurs de la Genèse, pour exprimer la réalité des effets du péché originel, la domination du terrien sur le spirituel ?

Il y a bien eu un premier couple originel formé par un adame de sexe masculin et un adame de sexe féminin. C’est ensemble, l’un par l’autre, qu’ils ont été créés à l’image de Dieu, dans une communion d’amour. Ils sont devenus spirituels et immortels avec leurs corps matériels, dans une harmonie parfaite.

C’est encore et toujours ensemble, dans une mystérieux mélange de liberté et de communion avec Dieu, qu’ils ont choisi de suivre leur intelligence créée plutôt que leur communion avec Dieu.

C’est cela aussi que nous pouvons découvrir dans le récit de la création et du péché originel de la Genèse.

Cette lecture n’exclut pas les autres.

Elle peut même paraître orientée, rationnelle, mathématique. Froide comme la connaissance par l’être rationnel que le serpent représente. Une tentative de démonstration cérébrale qui peut être détruite par une autre et ne présente aucune garantie de vérité.

Une connaissance vaine. Pire, une reproduction du péché originel par une tentative de connaître le mystère de la création par la raison plutôt que par l’esprit.

Il n’y a pas d’autre connaissance véritable que celle qui est reçue en communion, par l’Esprit Saint.

Alors, la présente réflexion n’est-elle qu’un message justificateur, qui essaie de rattraper les écrits irritants de St Paul par de savants raisonnements plaqués comme de la pommade sur une plaie ?

Faut-il tout jeter à la poubelle ?

Non. La raison a certes ses limites. Mais, nous vivons sous l’effet du péché originel et c’est dans cette condition que Dieu vient nous sauver et qu’il nous faut vivre, réfléchir et nous convertir. La raison peut dégager des ouvertures dans la pensée et dans les cœurs. Mais, seul l’Esprit et la communion avec Dieu nous permettra un jour de connaître véritablement.

Darwin nous demande de revoir sérieusement les bases de notre foi. Si nous voulons annoncer de manière crédible une incarnation de Dieu dans un corps d’humain, nous devons pouvoir annoncer la création d’un homme dans l’histoire concrète du monde dans lequel les hominidés n’ont pas toujours existé.

Dans un monde où le féminisme paraît comme un iceberg qui exprime une profonde souffrance cachée de beaucoup de femmes, cette création doit pouvoir être racontée d’une manière attentive et respectueuse de tous les humains, sans dévaloriser les femmes.

Notre compréhension de la Genèse ne peut l’ignorer.

Cela stimule ma réflexion et mes messages sur la Genèse.

Epsilon
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Re: L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par Epsilon » dim. 26 août 2012, 13:39

Cher Xavi

Juste un mot … pour alimenter votre réflexion :cool:

Il y a une différence entre « adam/homme » de Gn (2,7) ou là nous retrouvons bien l’étymologie du mot … et Adam/Homme sans article de Gn (5,2) qui est ici un nom propre … donc ce que vous dites : « Gn 5, 2 : Il nomma « adam » (« terrien ») l’être masculin et l’être féminin lorsqu’ils furent créés » n’est pas juste … « terrien » (pour reprendre votre expréssion) n’a rien à voir ici … l’analogie serait plus à prendre par exemple : Eve étant la femme d’Adam se nomme Adam (née Eve).


Cordialement, Epsilon

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Xavi
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Re: L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par Xavi » dim. 26 août 2012, 19:25

Merci Epsilon pour votre réflexion. Dans notre société, la femme porte, en effet, souvent le nom propre de son mari.

Comment savoir s’il s’agit d’un nom propre ou d’un nom commun ? Souvent les significations se superposent et coexistent sans que rien ne permette d’écarter un sens ou d’imposer exclusivement une interprétation.

Mais, dans Gn 5, 2, les mots (adam, être masculin et être féminin) sont exactement les mêmes que dans Gn 1, 27 où il nous est dit que « l’adam » est créé être masculin et être féminin. Difficile d’y voir un nom propre puisqu’un article est utilisé.

Merci aussi à Antioche pour son message, même s’il ne s’agissait pas d’une réponse mais d’un sujet distinct qui a été fusionné ici.

Méditer la Genèse et particulièrement la création, ce n’est pas de l’archéologie théologique, mais une plongée dans l’actualité, et, notamment, dans les fondements du mariage tellement malmené à notre époque.

L’enseignement de l’Eglise qui n’impose pas une soumission unilatérale dans le couple humain nous renvoie surtout à la soumission importante qui subsiste entre le Christ et l’Eglise.

Dans la société de l’époque des apôtres, la soumission de la femme présentait une image de cette soumission de l’Eglise au Christ.

Mais, ce n’était qu’une image.

L’enseignement de l’Eglise nous invite, surtout en ce dimanche, à ne pas nous laisser troubler par les images, mais à aller plus en profondeur. C’est à l’Esprit Saint que chacun est invité à se soumettre.

Entre les personnes, la vérité, l’image de Dieu dans la création, ce n’est pas la soumission unilatérale de l’un ou de l’autre, c’est la soumission réciproque dans l’amour, la communion.

Retrouvons l’éblouissement de nos premiers parents lorsque « l’autre » est apparu et a suscité une communion d’amour qui a réalisé pleinement l’image de Dieu qui est une trinité d’amour de trois personnes qui ne font qu’un. Croyez-vous que la première femme est restée passive ou inerte dans ce moment incomparable ?

Retrouvons toute l’immense valeur incomparable du mariage qui peut réaliser cette image dans notre vie concrète.

Le mariage indissoluble de l’homme et de la femme est l’image de la communion indissoluble qui existe en Dieu d’abord, et aussi entre le Christ et l’Eglise. Ce n’est que de manière circonstancielle qu’une soumission unilatérale de la femme a aussi pu exprimer, dans certaines cultures, la soumission nécessaire de l’être matériel (le corps, l’Eglise, représenté par la femme) à l’être spirituel (l’esprit en communion avec Dieu, dans le Christ, le nouvel Adam, représenté par l’homme).

Dans la Genèse, c’est d’ailleurs le contraire : c’est la femme qui représente la vie spirituelle, qui est la « vivante » (Eve), la mère (ou la matrice) de tout vivant, et c’est l’homme masculin (l’adam nommé Adam) qui représente le terrestre. C’est l’homme qui se soumet à la femme qui décide de s’emparer du fruit défendu et ce n’est qu’à cause du péché que cette soumission s’inverse, mais, à l’origine, il n’en était pas ainsi.

Dans une culture matriarcale, St Paul aurait pu prêcher que l’homme devait être soumis à sa femme parce qu’à l’origine, la femme est la mère de toute vie. Parce que c’est par elle que l’amour est venu.

Mais, ce qui est essentiel n’est-ce pas que, dans chaque être humain créé, l’image de Dieu, c’est la soumission de l’être terrestre à l’être spirituel qui existe à l’origine, avant la chute. ? Cela vaut pour l’homme comme pour la femme.

Le Christ, vrai Dieu et vrai homme, sans péché, représente parfaitement l’être spirituel créé à l’origine et tous ses miracles ainsi que sa résurrection nous montrent que l’être matériel lui est soumis. Ce n’est pas à l’être rationnel ou cérébral qu’il nous renvoie pour avoir une vraie connaissance, mais à l’Esprit Saint.

L’Eglise qui est son corps (son être visible, matériel) est soumise au Christ (son être spirituel) par l’Esprit Saint (et non par un être cérébral ou rationnel). Mais, il n’y a pas ici des êtres distincts. L’Eglise est le corps du Christ, de manière indivisible, par l’Esprit Saint.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous dit « C’est l’esprit qui fait vivre ». C’est la première femme, qui a été appelée « Eve », la vivante, parce qu’elle est la mère de tout vivant.

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Xavi
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Re: L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par Xavi » jeu. 24 janv. 2013, 21:46

Dans le texte de la Genèse, ce n’est pas « Adam » qui donne des noms, mais « l’adame » (« l’humain »), un nom commun précédé d’un article (Gn 2,20). Et la Genèse précise à deux reprises que l’adame (l’humain) est mâle et femelle (Gn 1,27 et Gn 5,2). Tant le mâle que la femelle sont nommés « adam » (Gn 5,2).

Cela ne permet pas d’en déduire que l’homme était à l’origine asexué, « à la fois homme et femme », avant que la femme en soit tirée, ce qui n’est guère compatible avec la sexualité de la vie animale des corps humains.

Le récit de la femme façonnée avec une côte tirée du côté d’Adam ne peut pas être lu sans tenir compte du contexte que la Genèse indique elle-même.

L’événement se produit dans le jardin d’Eden, après que Dieu y ait mis l’humain (l’adame, mâle et femelle).

L’Eden, c’est la réalité de Dieu. Le créateur y a « planté » un jardin (Gn 2,8), un espace d’intégration limité, dans lequel il a mis « l’humain » (Gn 2,15) qui en sera chassé après la faute d’Adam et Eve.

Le jardin d’Eden, ce n’est pas un morceau du Paradis planté à un endroit sur la terre, mais, tout au contraire, une réalité terrestre « plantée » dans le Paradis. Le Paradis, la réalité « spirituelle » de Dieu est indivisible. Mais, Dieu a fait entrer dans son Eden une réalité créée par Lui. Il y a mis l’humain.

Il nous est impossible de nous représenter, avec notre cerveau et notre sensibilité terrestres, tout ce que peut être cette « réalité » de l’Eden. Même la Parole de Dieu ne peut nous en parler qu’avec des images, en utilisant des réalités terrestres que nous pouvons nous représenter.

Mais, le fleuve qui sort de l’Eden, les arbres tirés du sol terrestre, la rencontre d’Adam et Eve, le serpent qui tente, le fruit de la tentation, et les conversations avec Dieu, par lesquels le récit nous raconte l’essentiel de ce qu’a été l’extraordinaire présence de l’humain dans l’Eden de Dieu, ne peuvent être réduits à des réalités uniquement terrestres.

Ce qui était vécu se passait à la fois dans la réalité terrestre, là où vivaient Adam et Eve, et dans la réalité « spirituelle » de Dieu. Hélas, notre cerveau n’est pas capable de comprendre par ses seuls moyens limités la réalité spirituelle des évènements essentiels du jardin d’Eden. Il n’a accès qu’à une représentation imagée qui est la seule possible pour lui.

Il n’est pas convaincant, dans ce contexte, de lire le récit de la femme tirée d’une côte de manière matérielle et terrestre. Nous sommes dans le jardin d’Eden, dans la réalité spirituelle de Dieu L’humain y est mâle et femelle. La rencontre d’Adam et Eve va y être un éblouissement. C’est une femme, Eve (la vivante), la mère de tout vivant, qui va être tirée de l’humain.

L’événement est bien réel. Il s’est produit à un moment bien concret et précis du temps et de l’espace, mais il s’est produit non seulement dans la réalité matérielle que nous pouvons connaître, mais aussi, simultanément, dans la réalité spirituelle de Dieu.

Ce n’est qu’après ce moment, que le récit ne nous parle plus seulement de « l’humain », avec un article indiquant un nom commun indéterminé, mais de deux personnes précises : Adam et Eve, nos premiers ancêtres créés à l’image de Dieu.

Affirmer que la femme (l’être humain féminin) est une partie de l’homme (l’être humain masculin) est certes vrai en ce que chacun de nous provient d’un père masculin et d’une mère féminine. Nous sommes chacun tiré en partie d’une femme et en partie d’un homme.

Mais, considérer que seule la femme serait un produit « dérivé », au contraire de l’homme qui ne le serait pas ne me semble pas justifié, mais ne me semble basé que sur une lecture littérale incorrecte de la Genèse qui a pu faire souffrir injustement beaucoup de femmes.

L’homme masculin (pourtant nommé par une référence à la seule poussière du sol) me semble en avoir parfois tiré bien à tort une prétendue supériorité infondée par rapport à la femme (alors pourtant que la première d’entre elles a été nommée par une référence à la vie elle-même puisque « Eve » veut dire « vivante »).

Vous n’avez pas tort d’écrire que « quand un homme prend une épouse, et si elle est vraiment son épouse, une épouse donnée par Dieu, alors elle sera pour lui tout comme une partie de lui », mais il est tout aussi vrai que « quand une femme prend une époux, et si il est vraiment son époux, un époux donné par Dieu, alors il sera pour elle tout comme une partie d’elle ».

Sur le plan de la réalité terrestre, il est peut-être exact d’affirmer que « Ça faisait déjà des années, et des années, et des années, que Dieu avait arrêté de créer, quand Il a formé la femme à partir d'une côte prise de son côté ». Cela peut être correct en ce sens qu'ill n’y a pas eu création d’une nouvelle matière lors de la création de l’humanité tirée, matériellement, de la poussière préexistante du sol façonnée par une longue évolution.

Mais, le baptême des premiers humains à l’image de Dieu, dans l’Eden de Dieu, dans un « jardin » où la vie terrestre et la vie « spirituelle » de la réalité de Dieu se sont trouvés en harmonie, n’a-t-il pas créé du radicalement neuf ?

La femme qui y a été façonnée n’est-elle pas bien davantage que l’humain femelle qui pouvait provenir d’une création biologique antérieure ? N’a-t-elle pas fait surgir l’amour, la parole et la communion dans le cœur et la vie d’Adam ?

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Re: L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par mike.adoo » ven. 25 janv. 2013, 11:50

Bonjour à tous

@ Epsilon
Vous écrivez : Le mari, malgré les dires de St Paul (I Co 11,3), ne saurait être, de nos jours, le « représentant du Seigneur envers sa femme » … la femme chrétienne peut se trouver (le contraire serait étonnant dans la durée d’un mariage) dans des situations « d’obéir à Dieu et non à son mari » … elle ne doit pas « pécher » par une obéissance aveugle qui serait contraire à la Parole de Dieu.

Si je m'en réfère à la lettre aux Ephésiens citée par Antioche que je reprends ici : Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle ; il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant avec l’eau qui lave, et cela par la Parole ; il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tache ni ride, ni aucun défaut ; il a voulu son Eglise sainte et irréprochable. C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps. Celui qui aime sa femme, s’aime lui-même. Jamais personne n’a pris sa propre chair en aversion ; au contraire, on la nourrit, on l’entoure d’attention comme le Christ fait pour son Eglise ; ne sommes-nous pas les membres de son corps ? C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne seront qu’une seule chair. ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église ...

Je ne vois pas comment un mari , tel qu'il est décrit , pourrait entraîner sa femme dans le péché . Il est clair que si le mari suit la volonté de Dieu ( c'est ce qui est demandé ) il ne peut logiquement pas pousser sa femme à la faute .

Epsilon
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Re: L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par Epsilon » ven. 25 janv. 2013, 12:12

mike.adoo a écrit :Il est clair que si le mari suit la volonté de Dieu ( c'est ce qui est demandé ) il ne peut logiquement pas pousser sa femme à la faute .
Tout est une question de "si" ... c'est pour cela, dans la phrase que vous soulignez, j'ai dit : "dans des situations" (ou certaines situations).


Cordialement, Epsilon

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Re: L’homme masculin créé d’abord, et la femme ensuite ?

Message non lu par mike.adoo » ven. 25 janv. 2013, 12:32

@ Xavi

Vous citez la lettre aux Ephésiens :« Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur, car le mari est le chef de sa femme comme le Christ est le chef de l’Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Eglise est soumise au Christ, les femmes aussi donc et de la même manière doivent se soumettre en tout à leurs maris » (Eph., 5, 22-24)

Vous ajoutez que ces propos sont très choquants à notre époque .

Personnellement , bien que présent dans le 21 ème siècle , et comme je l'ai dit plus haut , la lettre aux Ephésiens ne me choque absolument pas . Ce qui me choque , en revanche , c'est notre conception dite " moderne " du couple dans laquelle ( la conception ) , l'éthique tant de l'homme que de la femme , est très élastique , quand elle ne fait pas carrément défaut .
Ainsi , l'homme " moderne " qui aspire à la liberté , se soumet à des addictions de toutes sortes . De plus , il a horreur de prendre ses responsabilités ; l'effort le rebute ; il ne supporte pas le verbe "assumer " ; il lui arrive même de battre sa femme et parfois de la tuer quand il ne quitte pas tout bonnement le navire .... Que vaut-il donc mieux changer , l'homme ou bien la Lettre ?

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L’adam créé mâle et femelle

Message non lu par Xavi » mer. 08 janv. 2014, 16:32

Nous connaissons tous ce couple nommé « Adam et Eve », mais avez-vous déjà observé que nulle part cette expression ne se retrouve comme telle dans la Genèse qui ne parle jamais d’un couple de deux personnes précises nommées ensemble « Adam et Eve » ?

Au sommet de la généalogie de l’humanité, le chapitre 5 de la Genèse nous présente seulement la descendance de « adam » (Gn 5,1), mais, dans le texte hébreu qui ne contient pas de majuscule, il précise immédiatement que Dieu a créé adam « mâle et femelle ». Et le texte ajoute encore que Dieu « les » nomme « adam » (Gn 5,2). Un seul et même nom désigne ainsi tant le père que la mère de toute l’humanité, tant l’homme masculin que la femme de adam.

Dans les six premiers chapitre de la Genèse qui relatent les débuts de l’humanité jusqu’à Noé, le mot « adam » n’est utilisé comme un nom (sans article) qu’à 13 reprises. Dans 23 citations de ces chapitres, le mot est précédé d’un article : c’est « le » adam (l’adam ou l’adame).

Au début du chapitre 5, le texte hébreu de la Genèse ne parle que de « adam » sans article. C’est « adam » (et non l’adam, l’homme ou l’humain comme on le trouve à tort dans trop de traductions) qui est mâle et femelle. C’est tant le mâle que la femelle qui sont nommés « adam ».

C’est conforme au début de la Genèse qui précise que, dès la création de l’humanité, Dieu crée « adam » (Gn 1,26) en ajoutant aussitôt que « l’adam » (avec un article) est créé mâle et femelle (Gn 1,27). La différence des sexes n’est faite qu’au niveau animal, avec les mots utilisés plus loin pour le mâle et la femelle de chaque couple des animaux qui monteront dans l’arche (Gn 6,19).

Il faut immédiatement préciser que rien ne permet de penser à une personne unique confondant les deux sexes, ce que contredisent tous les détails du récit de la Genèse qui mettent en présence plusieurs personnes tout en mentionnant adam ou l’adam au singulier. Pour un chrétien, cela évoque plutôt, dans le chef d’une création à l’image de Dieu, une référence à Dieu qui est unique en trois personnes, Père, Fils et Esprit Saint.

La créature humaine nouvelle qui est créée « à l’image et à la ressemblance de Dieu » est une comme Dieu est un et plurielle comme Dieu est une pluralité de personnes. L’égalité des personnes de « adam » est aussi parfaite que l’égalité des personnes de Dieu. La différence des personnes créées ne concerne ni leur nature, ni leur substance, mais seulement leur corps biologique mâle ou femelle qui établissent une singularité des personnes sans affecter leur égalité, leur unité et leur harmonie.

Après avoir dit que « adam » est mâle et femelle et que tous deux sont nommés « adam » (Gn 5,2), la généalogie du chapitre 5 de la Genèse nous indique immédiatement que « adam » engendre Seth avec des précisions d’âge et de durée jusqu’à la mort d’adam (Gn 5,3-5).

Aucune mention distincte de Eve.

Cependant, dans le chapitre 4, il y a un premier récit de la naissance de Seth et là, sa mère est nommée : c’est Eve.

Ici, c’est le père masculin qui n’est pas immédiatement nommé. Il nous est d’abord dit que « l’adam » (avec un article) connaît Eve (Gn 4,1) après qu’il ait été indiqué que c’est aussi « l’adam » qui a donné ce nom à la mère de Seth (Gn 3,20).

Mais, ensuite, il nous est précisé que « adam » (sans article) connaît « encore » sa femme qui donne alors naissance à Seth. C’est bien la même qui avait donné naissance à Caïn et Abel, celle qui a été nommée Eve par « l’adam ». Ainsi, Seth est bien le fils d’un homme masculin nommé « Adam » et de sa femme nommée « Eve ».

A priori, dès lors que le texte de la Genèse nous précise clairement à deux reprises que tant le mâle que la femelle de l’adam se nomment « adam » et que ce mot « adam » est le plus souvent utilisé avec un article (contrairement à ce qui est d’usage pour indiquer un individu précis déterminé par son nom propre), il faut être prudent avant d’appliquer spécialement et exclusivement le mot « adam » à un homme masculin distinct, père biologique de Seth.

La distinction de l’adam féminin n’apparaît, dans la Genèse, qu’après la création de l’adam mâle et femelle.

Dans les limites des connaissances scientifiques de son époque, Saint Augustin l’avait déjà bien observé, 1.400 ans avant Darwin.
Dans son livre de la Genèse, Saint Augustin a écrit :Le sixième jour en effet, Dieu, loin de créer l'homme, en laissant a la femme le temps nécessaire pour naître … créa l'homme et le créa mâle et femelle: et il les bénit (L. VII, 3)
l'Écriture énumère fort clairement les êtres créés le sixième jour, c'est-à-dire, les animaux selon leurs espèces, quadrupèdes, reptiles et bêtes, et l'homme créé mâle et femelle à l'image de Dieu (id., 6)
Qu'on ne dise pas que l'homme fut créé mâle le sixième jour, femelle les jours suivants (id., 8)
quand on dit qu'il fut créé, on entend que Dieu créa la cause dont il devait sortir au temps marqué (id., 26)
De quelque façon que Dieu l'ait formé, il l'a formé comme pouvait et devait le faire un être tout-puissant et sage. Il a en effet déterminé les lois selon lesquelles les êtres sortent de leurs germes et apparaissent avec toutes les propriétés de leur espèce (L. VII, 23)
Il serait par trop naïf de s'imaginer que Dieu forma l'homme du limon de la terre en le pétrissant avec des doigts : l'Ecriture eût-elle employé cette expression, nous devrions croire que l'écrivain sacré s'est servi d'une métaphore (L. VI, 20)
l'homme a été formé de la terre comme le reste des animaux (id., 22)
tous les arbres ou tous les animaux que nous voyons naître … eurent, pour se former et se développer, à traverser une période de temps plus ou moins longue, selon les convenances de l'espèce (id., 25)
son corps animal l'exposait à la mort (id., 36)
Adam eut un corps animal avant et pendant son séjour dans le Paradis. Il n'était spirituel qu'à l'intérieur, selon l'image de celui qui l’avait créé (id., 39)
Qu'on revienne alors à l'Ecriture : on y verra que le sixième jour l'homme fut créé à l'image de Dieu, et créé mâle et femelle. Qu'on poursuive et qu'on demande à quelle époque fût formée la femme; on trouvera qu'elle fut formée en dehors des six jours (id., 10)
l'expression suivant laquelle Dieu fit l'homme à son image ne peut s'appliquer qu'à l'âme; les termes de mâle et de femelle ont trait évidemment au corps (L. VII, 35)
Pour Saint Augustin, la création de l’homme « mâle et femelle » précède la formation de Eve dans le jardin d’Eden, ce qui peut ouvrir une compréhension distinguant clairement le développement des principes matériels de l’humanité, avec un développement progressif des hominidés préhumains pendant des milliards d’années, et la création nouvelle qui s’est produite dans l’Eden de Dieu.

Dans le texte hébreu, ce qui va être façonné dans l’Eden au cours d’un sommeil mystérieux de « l’adam », est nommé « ishsha » (Gn 2,22-25).

Attention de ne pas attribuer trop vite exclusivement à ce mot, qui apparaît dans le récit imagé des évènements qui se produisent dans l’Eden, la réalité spirituelle de Dieu, le sens qu’il va avoir ensuite dans la réalité terrestre pour désigner une femme.

En effet, lorsque Dieu façonne du neuf nommé « ishsha », le récit ne nous parle encore que de « l’adam » créé « mâle et femelle ».

C’est dans le couple humain, qui est encore « un » à l’image de son Créateur, que Dieu va tirer dans et de l’adam (mâle et femelle), ce qu’il va façonner en « ishsha » parce que tiré de « ish », mot qui sera ensuite souvent utilisé pour désigner l’homme masculin, mais qui a pu avoir aussi à l’origine, dans l’Eden, un sens moins précis tiré de sa racine primaire en hébreu qui indique quelqu’un de fragile, mortel.

Est-ce la femelle de l’adam qui est ainsi façonnée ?

Le texte de la Genèse va préciser plus loin ce qui est créé : c’est « la mère de tous les vivants » (Gn 3,20). Cette précision est interpellante du fait que tant les animaux que les humains sont qualifiés de vivants avec le même mot hébreu « chie » (Gn 1,24, Gn 1,28-29 et Gn 6,19). Cette mère créée dans l’Eden paraît ainsi non seulement mère reproductrice pour la transmission de l’humanité créée à l’image de Dieu à de nouveaux êtres, mais aussi mère protectrice de tous les vivants, de toute vie créée.

L’adam, mâle et femelle, est une création terrestre avec un esprit insufflé par Dieu (Gn 2,7). Il est ainsi rendu capable de partager la vie de Dieu. Il est mis dans l’Eden (Gn 2,15), la réalité spirituelle de Dieu. Il lui faut encore dominer le vivant et le multiplier par une descendance (Gn 1,28), il faut une mère de tous les vivants.

La vie à développer et à transmettre, ce n’est pas seulement une vie biologique précaire d’un hominidé ou d’un animal, mais une vie à l’image de Dieu de personnes immortelles capables de partager la vie de Dieu et de développer avec lui toute la création.

Et cette vie à l’image de Dieu n’est-elle pas, de toute éternité, amour et communion ?

Nous pouvons penser ici que c’est pour cela que Dieu transforme la femelle de l’adam en façonnant une « ishsha », mère de tous les vivants, capable de transmettre la vie nouvelle reçue et d’enfanter des êtres nouveaux par sa biologie féminine, capable de faire exister une communion spirituelle dans l’adam tant pour elle que pour son vis-à-vis, qui va les faire vivre et faire vivre tous les vivants par la vie de Dieu.

Mais, n’oublions pas que les faits de ce récit imagé se passent dans l’Eden spirituel où Dieu a placé l’adam, mâle et femelle, et que adam est et reste un comme son créateur.

Dans les cieux, il n’y a ni homme, ni femme. La différence sexuelle concerne le corps terrestre.

Dans l'Eden, le Créateur façonne un surplus de vie et d’être qui fait entrer l’adam dans une vie d’amour et de communion qui provoque son extase amoureuse (« chair de ma chair, os de mes os… » Gn 2, 23).

La femelle de l’adam est, par sa biologie, l’adam qui va pouvoir concevoir en elle des vies nouvelles, multipliées. C’est elle qui va enfanter. Elle va faire de sa maternité biologique terrestre une maternité spirituelle, une maternité d’âmes immortelles.

Parce que Dieu crée cette maternité nouvelle illimitée pour permettre à l’adam créé à l’image de Dieu de se multiplier par une descendance, toutes les femmes vont en hériter et vont être nommées par le nom « ishsha » donné à cette création nouvelle puisque, dans l’adam, c’est la personne féminine qui peut enfanter dans et par son corps.

Mais, là s’arrête la spécificité féminine, le don spécial fait à la femme du fait de son corps femelle. N’est-ce pas peut-être pour cela que la Genèse insiste pour nous parler d’adam « mâle et femelle » (ce qui est limité à la différence biologique) plutôt que « homme et femme » (ce qui distingue les personnes selon leur sexe sans restriction à la seule différence animale).

Il faut observer que la spécificité reproductrice d’un corps femelle de l’adam n’est pas la plus importante. En effet, non seulement l’adam masculin n’en dispose pas mais surtout Dieu lui-même en s’incarnant en adam masculin, dans le sein de la Sainte Vierge Marie, ne reprendra pas cette spécificité reproductrice biologique.

Dans l’adam, où il y a déjà une pluralité de personnes, mâle et femelle, comme en Dieu, il peut être observé que lorsque Dieu tire et façonne une « ishsha », Il crée surtout un vis-à-vis, une relation qui sort l’adam de sa solitude, l’ouvre à un autre, à un amour d’un autre, à une communion avec un autre.

C’est un surplus spirituel qui est créé et qui achève de faire de l’adam, mâle et femelle, une création d’une humanité, homme et femme, à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est une trinité de personnes en communion d’amour, dont la vie éternelle est amour. Dans l’éternité de Dieu, le Fils est engendré du Père et l’Esprit procède du Père et du Fils. Dans l’Eden, l’ishsha est tirée de l’adam et une relation spirituelle d’amour s’établit.

Et là, le récit de la création de l’ishsha dans l’adam, qui est mâle et femelle, révèle une création nouvelle essentielle pour l’homme comme pour la femme de l’adam.

L’homme masculin n’est pas le seul à sortir de sa solitude, à découvrir un vis-à-vis, à vivre un immense élan d’amour, à quitter père et mère pour s’attacher à son conjoint (Gn 2,23-24).

La femme vit le même événement, de la même manière, dans la même mesure.

L’adam qui s’écrie et s’enthousiasme est et reste mâle et femelle, femelle autant que mâle, mâle autant que femelle. La création de l’ishsha, tirée de la « côte » de l’adam, n’a pas fait surgir entre eux une femelle supplémentaire, ni une personne supplémentaire. La transformation de l’adam femelle en source de vie, en mère de l’humanité, est une création tirée de l’adam, mâle et femelle, qui suscite une joie partagée.

Cette ishsha réjouit l’un et l’autre.

L’adam est un comme Dieu est un, dans une pluralité de personnes.

Ce qui est tiré est dans l’unité de l’être. De même que le Fils est engendré du Père de toute éternité par l’action de l’Esprit Saint qui lui-même procède du Père et du Fils, chaque individu de l’adam, tant l’homme que la femme, tant Adam masculin que Eve féminine, reçoit un vis-à-vis, perçoit l’autre d’une manière nouvelle comme vis-à-vis, est lié à l’autre par un lien d’amour.

L’ishsha façonnée, c’est bien davantage que l’adam féminin qui reçoit la capacité de multiplier la vie nouvelle créée à l’image de Dieu, au moyen de sa fécondité biologique, c’est un lien nouveau d’amour qui est créé entre nos premiers parents dans la vie même de Dieu.

Et cette entrée dans la vie de Dieu est essentielle car elle crée un lien vital entre l’homme et la femme, mais aussi entre l’adam, mâle et femelle, et toute la création terrestre. Elle donne à l’adam de pouvoir dominer toutes choses, y compris la mort physique. Par cette nouveauté, l’ishsha créée devient la mère de tous les vivants comme l’indique la Genèse.

A cet égard, l’essentiel n’est pas dans le genre sexuel de cette création à l’image de Dieu qui peut donner la vie. Dieu est père autant que mère de toute éternité (Mt 23,37 et Lc 13,34 : « Jérusalem … combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes »). Il n’y a pas de distinction sexuelle en Dieu en tant qu’il engendre éternellement son Fils. La sexualité n’est qu’une caractéristique terrestre par laquelle une vie semblable peut être reproduite.

En façonnant l’ishsha, Dieu le Père donne à l'humanité le cœur de Lui-même, sa capacité d’engendrer un autre que soi. Il fait de l’ishsha sa semblable. Elle partage la nature créatrice de Dieu. Elle introduit aussi l’amour qui fait vivre Dieu lui-même et qui donne la vie de Dieu qui domine toutes choses. Dans l’amour de Dieu, l’adam peut dominer par son esprit uni à Dieu toute la création physique.

L'adam féminin qui peut transmettre la vie à de nouveaux êtres sera nommée Eve, la vivante, parce qu’elle est la mère de tous les vivants.

Dans la Genèse, l’adam masculin ne reçoit jamais de nom. Il devient « Adam » par défaut. Il n’a pas la capacité biologique d’enfanter un semblable en lui-même, dans sa chair.

Ce premier « Adam » masculin est cependant semblable au Fils éternel de Dieu. Il incarne la vie reçue qui ne se donne et ne se transmet que par l’Esprit Saint. Il va certes apporter une petite semence corporelle à sa femme pour lui permettre d’enfanter, mais la conception et l’enfantement se feront dans et par le corps de son épouse.

C’est par un souffle de l’Esprit Saint que le premier Adam a été créé dans la chair, avec un corps tiré de la poussière (Gn 2,7).

C’est par un autre souffle de l’Esprit Saint que le nouvel Adam a été créé dans la chair de Marie (Lc 1,35)

De même que c’est dans et par le corps de son épouse que le premier Adam a une descendance, c’est aussi dans et par le corps de son épouse, l’Eglise (Eph. 1,23), que le nouvel Adam a une descendance.

L’Esprit Saint est venu lui-même dans l’adam lors de la création de l’ishsha pour faire dans l’adam le lien qui existe de toute éternité en Dieu, pour susciter l’amour, pour insuffler la vie qui est en Dieu.

Ainsi, l’homme et la femme qui sont un en adam se sont trouvés par l’Esprit Saint comme en miroir du Dieu unique et pluriel.

Mais, créés libres comme Dieu, l’ishsha qui fait advenir pleinement la vie de Dieu fait aussi advenir la liberté de l’amour qui est en Dieu. A la pointe de l’ishsha, il y a le libre choix le plus décisif, et donc, hélas aussi, la possibilité d’un péché originel, d’une blessure mortelle de la vie donnée.

isabelle48
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Re: L’adam créé mâle et femelle

Message non lu par isabelle48 » mer. 08 janv. 2014, 19:25

"Dieu créa l'homme à son image (...) Mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds et prolifiques" (Gen. 1,27)
C'est pourtant clair.
Croyez-vous que Dieu puisse s'adresser ainsi à une créature indéterminée et polymorphe?
Mais j'avoue que je n'ai peut-être pas suivi votre démonstration jusqu'au bout, d'autant que je n'ai pas bien compris où vous vouliez en venir (démonstration études genre? preuve de bisexualité de l'être humain?...? :s )

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