Cher Baraq,Baraq a écrit : ↑dim. 19 janv. 2020, 20:09En lisant le livre de Xavi fin décembre, j'ai repensé à un prêtre italien découvert sur internet il y a quelques années. Ce prêtre a eu des visions sur Adam, la création de la femme, le péché originel, le meurtre d'Abel, et la signification du chapitre 6 de la Genèse. Elles ont été rapportées dans un livre, mais comme il n'était pas encore traduit en français, je n'avais lu alors qu'un résumé, qui m'avait beaucoup intéressé mais laissé bien perplexe. J'ai recherché ce livre pour le lire, et je l'ai retrouvé il y a quelques jours, cette fois traduit intégralement en français. Il est disponible sous forme pdf ici. Même si certaines choses me laissent encore perplexe, je ne pensais pas que ce livre apporterait autant de réponses aux questions que je me pose depuis longtemps. Si vous connaissez déjà ce livre, ou si vous avez l'occasion et le temps de le lire vous aussi (je parle au pluriel en incluant Xavi, Aldebaran, Trinite et les autres participants), vous me direz ce que vous en pensez.
Je vous remercie de m’avoir fait découvrir l’étonnante méditation de la Genèse de don Guido Bortoluzzi (1907-1991) que je ne connaissais pas.
Il n'y a d’ailleurs que très peu de références sur Google qui propose cependant un accès libre et aisé, que vous nous avez indiqué, au livre « La Genèse Biblique » écrit et diffusé par une personne qui a eu à cœur de présenter les méditations de ce prêtre humble et confiant de la région du patriarcat de Venise où le futur pape Jean-Paul Ier, Albino Luciani, fut son compagnon de classe.
http://www.donguidobortoluzzi.com/libri ... ique_v.pdf
La sincérité de ce prêtre ne me paraît pas suspecte. Il se présente comme ayant bénéficié de visions, de voix et de rêves confortés par des prédictions prophétiques reçues dans sa jeunesse de Saint Jean Calabria (1873-1954) canonisé en 1999 et du père Mateo Crawley (1875-1960) qui fait l’objet d’une procédure en béatification, avec une confirmation par son père spirituel au séminaire, Mgr Gaetano Masi, et l’intérêt que lui a porté Thérèse Neumann (1898-1962), une mystique qui fait aussi l’objet d’une procédure en béatification.
Les visions, les voix et les rêves étant des faits qui peuvent être produits naturellement par le cerveau, et a fortiori lorsqu’ils concernent des questions auxquelles le sujet accorde une très grande attention, on ne peut en déduire nécessairement un caractère surnaturel et, moins encore, une preuve de la validité des interprétations qu’en donne la réflexion intellectuelle de don Guido.
Il raconte à ce sujet qu’il a adressé « un bref compte rendu » à son évêque, en ajoutant « Quand je me suis rendu à l'évêché, je demandai à l'évêque s'il l'avait lu, il me répondit: - C'est la troisième fois que j'ai la preuve de votre vive imagination, idées hors du commun, vraiment hors du commun, m'a-t-il dit en riant. » (p. 285)
Voici ce que don Guido en disait lui-même : « Ce que j'écris ne peut être déclaré d'origine surnaturelle que par l'autorité ecclésiastique compétente, qui, tout en reconnaissant son authenticité, peut faire ses recherches sur l'opportunité de la publication de tout ou de certaines parties de l'écrit. Je me soumets à toute décision prise par le magistère ecclésiastique. » (p. 70)
C’est d’ailleurs ce que lui conseilla son évêque, le patriarche de Venise Albino Luciani (futur pape Jean-Paul 1er) : « Mgr Albino Luciani, qui fut mon condisciple [au séminaire]... me répondit en me disant que l'on ne peut faire usage des révélations personnelles touchant au contenu de la Bible, avant que le Saint-Siège en ait reconnu l'authenticité, soit l'origine supranaturelle, ainsi que l'absence d'erreurs. » (p. 286)
L’Église ne s’est pas encore prononcée sur le caractère surnaturel ou non des révélations de don Guido, ni a fortiori sur leur hétérodoxie par rapport à l’ensemble des dogmes de la foi catholique, et il faut donc rester très prudent à cet égard comme don Guido l’était d’ailleurs lui-même en rappelant sa soumission au jugement de l’Église mais aussi, de manière plus explicite, du fait qu’il ne prétend pas avoir reçu directement des explications du Ciel, mais seulement quelques indications au sens imprécis à partir desquelles il a réfléchi et développé une interprétation particulière de la Genèse biblique.
Ce qu’il propose n’est donc pas une vérité reçue directement mais seulement des révélations limitées et ce qu’il en déduit, à titre personnel, pour comprendre raisonnablement la création et le péché originel.
Selon don Guido, « le Seigneur voulait, lui apprendre à raisonner, déduire, relier, utiliser la pensée conjointement avec son cœur. Il aurait pu lui dire simplement: “Regarde ... elle, c'est Ève ... lui, c'est Adam ... les choses se sont déroulées comme ceci, comme cela …”. Et bien non! Le Seigneur ne le voulait pas passif. Lui, veut que chacun de nous entre dans sa logique après avoir compris les 'pourquoi'. Il veut que la Vérité soit une conquête souhaitée, raisonnée, voire soufferte, mais obtenue sur la base de la liberté et de la volonté. » (p. 320-321)
On ne peut que louer cette humilité par laquelle don Guido relativisait lui-même ses propres réflexions, malgré le caractère extraordinaire des révélations concrètes qu’il rapportait.
Comme chacun de nous, don Guido était éclairé par l’Esprit Saint et le Seigneur s’est manifesté à lui de diverses manières, mais a priori il ne faut pas oublier qu’il était aussi un pécheur comme chacun de nous, qu’il n’a pas reçu un don d’infaillibilité, et que ce que l’Esprit Saint lui a fait connaître a été reçu par son esprit humain et son intelligence humaine dans son système psychique personnel marqué comme tout son être par le péché originel.
Le discernement reste donc nécessaire et il ne faut pas prendre ses réflexions comme un tout à prendre ou à laisser.
Quelques pensées de don Guido me semblent cependant très pertinentes pour comprendre ce qu’a pu être la réalité concrète et historique de la création sans discordance avec ce que la science peut dire dans ses propres limites mais aussi sans mise en doute de la réalité de l’action créatrice de Dieu qui peut intervenir dans la matière comme l’a rappelé le pape Benoît XVI.
Sur les préhumains
« En résumé, Dieu dit que chaque création d'une nouvelle espèce a toujours démarré avec une graine et que jamais une plante ou un animal ne fut créé développé et adulte, comme par magie, bien que cela lui soit possible, car Il est Tout-Puissant. Ce principe de démarrer chaque création d'une graine s'applique autant pour l'univers que pour la vie. Ainsi, le premier Homme et la première Femme ne furent pas créés adultes, comme le voudraient les créationnistes fondamentalistes, ni en cours d'évolution comme le voudraient les évolutionnistes, mais dans leur première cellule avec déjà la perfection absolue. Où se serait développée la vie de l'embryon, si ce n'est dans l'utérus d'une femelle existante ? Pour ce faire, le Seigneur se servira, comme 'moyen' pour la création de l'Homme et de la Femme, d'une femelle appartenant à une espèce aujourd'hui éteinte, celle des ancêtres. » (p. 11)
« Dieu se servit de ce qui était déjà créé comme 'moyen', ou support; une règle déjà utilisée pour la création de toute nouvelle espèce. La seule différence, très importante toutefois, par rapport à toutes les autres espèces, fut que, dans la création de l'Homme et de la Femme, Dieu, dès l'instant de leur conception, ajouta un nouvel élément, son esprit, afin qu'ils deviennent spirituellement ses fils. Par conséquent, l'homme prend sa source, mais 'ne descend pas' de l'espèce immédiatement inférieure » (p. 12).
« Les "ancêtres" sont des individus appartenant à une seule espèce, aujourd'hui éteinte, de laquelle Dieu prit une femelle préparée pour le développement de l'embryon de l'Homme, créé par Dieu » (p. 124)
Sur l’esprit spécifique de l’humain
« dans la dernière phase, celle de la création de 'l'Homme' et de la 'Femme', l'Oméga, dans lesquels Dieu introduisit 'l'Élément Spirituel', les deux pôles extrêmes de la première image que l'on m'avait montré, avaient en commun une même réalité, l'Esprit de Dieu. L'Homme, le premier Homme, véritable fils légitime de Dieu et, avec lui, la Femme, était le dépositaire des dons de toute la création…
Dans le septième temps, 'Dieu se reposa'. C'est un euphémisme pour dire que Dieu, volontairement, s'abstint d'intervenir face aux erreurs de l'Homme, par respect à la liberté qu'il lui avait donnée » (p. 175-176).
« On pourrait dire que le Père a transféré dans Ses Fils légitimes Son "ADN spirituel", Sa propre vie. Et, si l'Esprit que possédait l'Homme parfait était une "particule de la vie même de Dieu", il s'ensuit que l'Homme originel ressemblait davantage à Dieu qu'à toute autre créature, y compris l'homme actuel » (p. 464).
« L’Esprit dépasse donc les facultés intellectuelles. Cela pourrait être défini comme «l'âme de l'âme», où l'âme, ou psyché, est également immortelle. C'est une vraie et appropriée Vie Divine, un germe de la Vie même de Dieu, introduite dans l'homme: quelque chose que l'homme a du mal à comprendre pleinement dans toute sa splendeur. C’est l’Esprit qui devient la véritable identité surnaturelle du fils adoptif de Dieu » (p. 500)
« la culture gréco-romaine, qui avait une vision dualiste de l'homme, influença la doctrine de l'Église, qui était essentiellement constituée de Gentils. C'est pourquoi certains théologiens, presque sans s'en rendre compte, ont réduit la connaissance de l'homme racheté à la synthèse de l'âme et du corps, en donnant au terme "âme" le sens que nous devrions attribuer correctement à l'Esprit. D'où la confusion linguistique entre âme et esprit » (p. 503).
Sur l’intelligence spécifique de l’humain
« Dès le moment où le Créateur confia son règne sur toutes les créatures du monde à l'Homme et, pour qu'il puisse assumer convenablement cette tâche, soit dans l'ordre, il lui avait donné une intelligence parfaite, ainsi que le libre arbitre » (p. 379).
« "L'usage conscient de la parole, ou la manifestation de la pensée à travers la parole, comme l'avait dit Paul VI, est le privilège exclusif de l'Homme entre tous les êtres créés, car fait à l'image de Dieu" » (p. 290), « car seul l'Homme fut doté d'un cerveau parfait, bien plus parfait que n'importe quel autre animal, un appareil ordinateur émetteur-récepteur » (p. 296).
Sur la mort physique dans la création
« La mort dont parle la Bible, comme conséquence naturelle du 'péché originel' est le retrait, ou perte de l'Esprit, que l'on ne doit pas confondre avec la mort physique » (p. 193).
« Saint Paul a donc bien réfléchi … que "en Adam, tous (les hommes) ont péché" et que "pour le péché d'un seul homme, la mort a passé en tous les hommes" (Rm 5,12). Donc "tout le monde" indique que "tous aujourd'hui"…
Cette dernière déclaration a fait penser à beaucoup qu'après le péché originel, tous les êtres vitaux ont connu la mort physique à la fin de leur vie. Mais Saint Paul ne voulait pas dire la mort physique du tout…
En fait, la mort physique d'un Fils de Dieu n'est pas une conséquence du péché originel, car, comme l'a dit Don Guido: "Même les Fils de Dieu sont morts, car celui qui est né meurt". Seulement que les Fils de Dieu, si fidèles à Dieu, à la fin de leur vie terrestre montèrent au Ciel aussi avec leur corps, comme la Sainte Vierge Marie…
la mort physique n'est pas une des conséquences du péché originel. Dans la plupart des ouvrages antérieurs, le terme «mort» a été mal compris. Ce terme, qui apparaît fréquemment dans la Bible, a presque toujours été interprété littéralement et compris comme une mort physique. Nous savons que la mort physique a toujours existé sur la Terre, des millions et des millions d'années avant que l'homme n'apparaisse…
la mort physique a toujours existé, même avant le péché de l'Homme. La terre a connu la mort des êtres vivants depuis ses origines. Ce n'était pas une conséquence du péché de l'Homme. Cela confirme que la mort évoquée par Saint Paul était "la mort spirituelle" d'un homme contaminé par le péché d'Adam » (p. 497-499).
Sur le péché originel
« Dieu savait donc, en tout son esprit, que ce serait «seulement» l'Homme qui serait tenté de briser cet ordre et de tomber ensuite. Cependant, Il l'a créé par amour, car Il savait qu'à la fin le Bien prévaudra et que le bonheur éternel serait supérieur à toute souffrance transitoire causée par lui et provoquée par son péché. Dieu est la Sagesse aussi bien que l'Amour. Il voulait un Homme libre, même libre de faire des erreurs » (p. 461).
« En fait, pour mener à bien toute la Vie de l'Homme, l'acte créateur de Dieu ne suffit pas, mais on a également besoin de la collaboration active de l'Homme. Par conséquent, l'Homme, et de même la Femme, est l'autre sujet qui doit s'unir à Dieu pour que l'opération salvatrice soit accomplie » (p. 418)
« La Genèse dit: (Gen. 6: 3). "Mon esprit ne restera pas toujours en l'homme, car il est (que) chair" (à savoir les instincts animaux seuls). Il n'est resté qu'une trace de ce qui était un fil allégorique, coupé d'en haut et la marque d'un trou obturé par un peu de plâtre brut » (p. 194).
Mais, l’axe central de l’interprétation particulière de don Guido Bortoluzzi c’est de penser que Ève n’est pas la femme « tirée » du premier homme nommé Adam, ni la mère de Abel et de Seth, mais la mère biologique pré-humaine d’Adam qui serait l’objet réel de l’interdit de l’arbre de la connaissance. Le péché originel, selon don Guido, serait l’union sexuelle entre Adam et Ève, sa mère pré-humaine, dont serait issu Caïn. Les faits se seraient produits il y a environ 40 à 50 millions d’années (p.258) et auraient entraîné une déchéance totale suivi d’une reconstruction dont l’évolution des hominidés n’en serait que la trace concrète observable par le scientifiques.
Selon don Guido, la femme « tirée » tirée de la côte d’Adam serait la fille d’Adam mais aussi la mère de Abel et de Seth. Elle serait innocente du péché originel et Adam aurait eu ainsi deux partenaires sexuelles féminines : sa mère (Ève) et sa fille.
Pour Don Guido, « le personnage féminin appelé Ève dans la Bible, n'était pas la Femme [tirée de la côte d’Adam], mais la 'femelle ancêtre' » (p. 319) et le péché originel serait un « acte d'hybridation de l'espèce humaine parfaite [qui] entraîna la régression des générations futures jusqu'à donner aux descendants hybrides des caractères d'hominidés. Seules les interventions régénératrices répétées du Seigneur dirigèrent l'espèce humaine vers sa" ré-évolution", jusqu'à être, à nouveau capable, dans la plénitude des temps, d'accueillir sa parole et la Rédemption. » (p. 3-4).
Malgré les nombreux éléments que don Guido apporte pour soutenir une telle thèse, il faut bien constater que, selon la Genèse, « L’homme s’unit à Ève, sa femme : elle devint enceinte, et elle mit au monde Caïn. Elle dit alors : « J’ai acquis un homme avec l’aide du Seigneur ! ». Dans la suite, elle mit au monde Abel, frère de Caïn. » (Gn 4, 1-2) et « Adam s’unit encore à sa femme, et elle mit au monde un fils. Elle lui donna le nom de Seth (ce qui veut dire : accordé), car elle dit : « Dieu m’a accordé une nouvelle descendance à la place d’Abel, tué par Caïn. » » (Gn 4, 25).
Mais, don Guido pense qu’il y a là une traduction déformante du texte original de Moïse et que « au verset 2, chapitre 4 où il est dit que: "Adam connut Ève, sa femme, elle conçut et accoucha de Caïn, puis elle accoucha de son frère Abel". Le verbe 'accoucher', qui, ici, parle du féminin, devrait être remplacé par générer, indiquant dans les deux cas la paternité d'Adam, au masculin. Pour la même raison, le pronom féminin devrait être remplacé par un pronom masculin qui implique Adam comme ceci "Adam connut Ève, avec elle, il engendra Caïn, puis (Adam) engendra, avec la Femme, son frère Abel". » (p. 298-299)
Selon don Guido, il faudrait donc traduire les versets 1, 2 et 25 précités comme suit : « L’homme s’unit à Ève, sa femme : elle devint enceinte, et il [Adam] engendra Caïn. Il dit alors : « J’ai acquis un homme avec l’aide du Seigneur ! ». Dans la suite, il engendra Abel, frère de Caïn. » (Gn 4, 1-2) et « Adam s’unit encore à sa femme, et il engendra un fils. Il [Adam] lui donna le nom de Seth (ce qui veut dire : accordé), car il dit : « Dieu m’a accordé une nouvelle descendance à la place d’Abel, tué par Caïn. » » (Gn 4, 25).
Don Guido s’est engagé, dès lors, dans une remise en cause générale de la compréhension traditionnelle du texte biblique en considérant qu’en réalité, « la Femme est totalement étrangère au péché originel, alors que contrairement, dans la Genèse mosaïque [que nous utilisons maintenant], c'était précisément elle la responsable de la chute de la Souche »
À cet égard, don Guido croit qu’il s’agit d’un « malentendu » qui « ne doit pas être attribué à Moïse, mais aux hagiographes du roi Salomon qui, sensibles à la culture de leur temps, avaient retouché le texte original, faisant retomber la responsabilité du péché originel sur la Femme. » (p. 318).
Il est vrai que, dans le détail des textes bibliques, on est souvent devant une multitude de variantes et d’incertitudes dans les traductions.
L’Église admet que les traductions, même officielles ou les plus anciennes, restent soumises aux textes primitifs et qu’à cet égard, la recherche reste ouverte.
Le fait que des modifications, voire des erreurs, se soient glissées dans les traductions, au cours de l’histoire, est possible, y compris dans les plus vieilles versions disponibles en hébreu, en grec ou en latin.
À cet égard, on ne peut que rappeler qu’il ne faut jamais dissocier l’Écriture et la Tradition transmise par le Magistère dans le corps du Christ qu’est l’Église.
Il faut donc être très prudent, attentif à l’autorité du Magistère et soumis à sa prudence autant qu’à ses éventuels jugements futurs.
Selon don Guido, dans notre version actuelle de la Genèse, « nous ne lisons que ce qui reste de la vraie révélation faite à Moïse » (p. 407) et « la Genèse mosaïque que nous utilisons maintenant est le résultat d'innombrables interventions plus ou moins désirées et conscientes au cours des millénaires, chacune ayant laissé sa marque » (p. 412).
Selon don Guido « Ève n'est pas la vraie femme d'Adam, mais la mère ! » (p. 220) et « Ève, était 'le passage obligé' entre l'espèce sous-humaine et celle humaine! Je compris qu' “Ève” n’était pas un nom propre, mais qu'une appellation voulant simplement dire 'mère de tous les vivants', exactement comme le dit la Bible. Elle fut donc aussi la mère d'Adam, comme celle de la Femme. Puis, malheureusement, celle de Caïn aussi, quand une fois seulement, elle fut la partenaire de l'Homme, celle fatale, comme je l'ai vu dans la révélation du 'péché originel' » (p. 221).
Mais, l’Écriture écarte l’idée que Ève serait la mère d’Adam lorsque Saint Paul considère que « En effet, Adam a été modelé le premier, et Ève ensuite » (1 Tim 2, 13). Faut-il comprendre que le mot « ève » serait un nom commun attribuable à des êtres différents ?
Don Guido en tremble : « Non, avant Adam, il n'y avait pas de femme. Je suis avec la Bible. Si c'était une œuvre diabolique? A quel dessein? Me faire perdre la foi en les saintes Ecritures? Ah non! Ça, jamais !" » (p. 208).
En fait, don Guido pense que « Ève n'était pas une personne, mais un animal » (p. 230) et que « le responsable indirect de la mort d'Abel est l'Homme, pour avoir, contre la volonté de Dieu, engendré Caïn, un irresponsable » (p. 382)
Selon don Guido, dans le récit biblique du péché originel, « au verset 3,1, le terme «serpent» remplace la femme ancestrale Ève, puis aux versets 3,2 et 3,3, dans lesquels figure le monologue d’Adam, les termes "serpent" et "femme" remplacent tous les deux Adam. Ce monologue exprimé sous forme poétique a une très grande valeur car il clarifie le raisonnement d’Adam et donc sa tentation. Par conséquent, le terme «serpent» est un terme polysémique, car il remplace maintenant Ève, maintenant Adam. La même chose peut être dite du terme 'femme' qui peut maintenant remplacer le terme Ève, comme dans le verset Gn 3,12: ‘La femme que vous m'avez donnée comme compagnon ...’, maintenant le terme Adam reflétant pour lui-même, comme dans les versets de Gn 3,2-3 » (p. 422).
« D'après la révélation donnée à Don Guido, nous savons que la femme Ève, définie par le Seigneur comme étant "le serpent" (§ 133), était en réalité le plus intelligent et le plus évolué des animaux. Ce n'était pas un ophidien et même pas le diable, mais « l'arbre de la connaissance du bien et du mal », plus précisément appelé « arbre de la connaissance pour le bien et le mal », d’où Adam croyait en avoir des Fils parfaits. Pour le tenter ("Et celle-ci dit ...), elle n'utilisait pas le langage, parce qu'elle n'avait pas la faculté de parler, mais pour communiquer elle utilisait son attitude de femelle entrée dans la période physiologique de la fertilité…
Nous sommes confrontés à un dialogue qui n'aurait pas pu avoir lieu avec un animal car il ne pouvait pas parler » (p 421)
« Adam était le seul à pouvoir exprimer un concept. Tout ce qui est dit dans ces versets est un jeu de mots qui reflète un monologue d'Adam. Une forme rhétorique poétique pour se concentrer sur le conflit entre la tentation et sa conscience. C'est toujours lui, Adam, qui réfléchit à lui- même ». (p. 422)
Don Guido Bortoluzzi s’attache à cet égard au texte de Saint Paul qui répète à huit reprises que la faute originelle a été commise par « un seul » pour soutenir l’idée d’une innocence totale de Ève (la mère biologique d’Adam) qui n’est qu’une ancêtre pré-humaine, la matrice biologique de l’humanité.
« 12 Nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché.
...
15 Mais il n'en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
16 Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul n’ont pas la même mesure non plus : d’une part, en effet, pour la faute d’un seul, le jugement a conduit à la condamnation ; d’autre part, pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification.
17 Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes.
18 Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie.
19 En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. » (Rm 5, 12-19)
Don Guido y trouve une confirmation que le péché originel a été commis par le seul Adam car Saint Paul ne fait aucune mention de sa femme comme un autre être humain coauteur.
Selon don Guido, « Adam fut créé il y a 40 ou 50 millions d'années ». (p. 258) et « Actuellement, tous les hommes de la terre sont hybrides, car l'espèce humaine pure s'est éteinte avec la mort de Noé, dernier Fils de Dieu » (p. 190)
« Actuellement, tous les hommes de la terre sont hybrides, car l'espèce humaine pure s'est éteinte avec la mort de Noé, dernier Fils de Dieu, tandis que tous les hybrides alors existants furent emportés par le déluge dit 'universel'. Ne resta en vie que Noé, génétiquement pur et sa femme, qui par obligation, était hybride, donna naissance à une descendance hybride. De par leurs fils hybrides, déjà moins corrompus que les anciens, descend la totalité de l'humanité actuelle » (p. 190-191)
« nous, hommes d'aujourd'hui, sommes tous descendants de Caïn » (p. 291).
« l'espèce humaine se serait éteinte, si Celui qui est la Résurrection ne l'avait pas guidée des millions d'années durant à la récupération, partielle, de l'intégrité originelle au moyen de la sélection naturelle, par l'incapacité de survivre pour les individus les plus tarés, tout comme par la récupération artificielle, au moyen de la suppression totale des irrécupérables (avec, par exemple, le déluge à l'époque de Noé, ou des cataclysmes d'un autre genre comme à Sodome et à Gomorrhe), ainsi qu'au niveau génétique, par l'introduction ou la création de nouveaux gamètes, parfaits, au cours des millénaires. » (p. 230)
« En vérité, Dieu n'a jamais cessé de créer de nouvelles vies, même après l'Oméga. Dieu a aussi créé l'ovule de Sarah, mère d'Isaac, l'ovule d'Hanna, mère de Samuel, l'ovule d'Elisabeth, mère de Jean le Baptiste, diminuant ainsi le taux d'hybridation de moitié, l'ovule d'Anne, la mère de Marie et, simultanément, la semence qui l'a fécondée, puisque Marie s'auto définit comme étant “l'Immaculée Conception”, ce qui veut dire que Marie n'a reçu aucun gène imparfait de ses parents. Donc, Marie est une nouvelle création à part entière. Finalement, il créa la semence qui féconda l'ovule parfait de Marie, donnant à Jésus une nature humaine parfaite, à laquelle s'unit sa nature divine. Cependant, Dieu ne créa plus aucune nouvelle espèce » (p. 255).
« Ce n'est qu'après avoir éliminé, au moyen de sélections diverses, les branches les plus abîmées, que le Seigneur entama le sauvetage de l'espèce humaine hybride, lançant un processus de reconstruction. Parce que aujourd'hui l'humanité descendante de la branche illégitime d'Adam appartient entièrement à l'espèce hybride. Les découvertes archéologiques ne sont donc pas la preuve de l'évolution de l'espèce humaine, mais plutôt de son déclin et de sa récupération, phénomènes qui souvent se sont entrelacés. Ce processus de reconstruction est toujours en cours. Quand, par la suite, l'humanité ré-évoluée eut récupéré une aptitude suffisante au discernement, à savoir la plénitude du temps, Dieu envoya son fils Jésus afin qu'il redonne son Esprit à tous les paisibles et à tous les justes de la terre pour que par Son obéissance et Sa médiation, ils puissent être réadmis à l'héritage spirituel et que les portes de la félicité éternelle puissent être à nouveau ouvertes » (p. 14).
Il serait trop long d’analyser ici cette interprétation particulière. Beaucoup d’autres affirmations de don Guido demandent à être confrontées à l’Écriture et la foi de l’Église.
Mais, quelles que soient les réserves ou contestations que peuvent susciter certaines orientations majeures de l’interprétation de don Guido, il avance quelques réflexions essentielles qui rejoignent l’enseignement actuel de l’Église tel que l’exprime le Pape François dans sa récente encyclique Laudato si.
« Jean-Paul II, lors d'une entrevue accordée au professeur Nicola Cabibbo, physicien et enseignant à l'Université la Sapienza de Rome et président de la Pontificia Accademia delle Scienze, déclara qu'il ne voyait aucun problème pour que l'Eglise accepte qu'un 'continuum' existe entre toutes les espèces, de la première cellule à l'homme, à condition que Dieu garde son rôle de Créateur direct. » (p. 9)
À cet égard, peu importe qu’Adam et Ève soient situés il y a 50 millions d’années ou seulement quelques milliers d’années, l’important est de confirmer leur existence réelle dans l’histoire concrète de notre monde et la réalité historique du péché originel.
Très imprégné de la conviction que l’humain a été créé ex nihilo, don Guido en a déduit que « rien » de la nature animale ne pourrait avoir été impliqué dans cette création et, plus encore, il a pensé que même les éléments chimiques de la nature ne pouvaient être impliqués dans cette création. Pour don Guido, Dieu a créé matériellement des gamètes ex nihilo et à plusieurs reprises, car « il suffit d'avoir un pourcentage infiniment petit de sang animal pour ne pas atteindre la perfection absolue » (p. 500).
« Une autre position, très proche du créationnisme, mais qui ne considère pas la "création à partir de rien" qui est la modalité utilisée par Dieu, est celle qui donne à Dieu le rôle de Celui qui "modifie" de temps en temps ce qu’Il a déjà créé en transformant les cellules germinatives lors de la conception des premier et deuxième exemples de chaque nouvelle espèce, y compris l’espèce humaine. Par conséquent, la vision de cette école préfère la thèse de la «modification» de ce qui existe déjà plutôt que la thèse exacte de la création à partir de rien. Par conséquent, elle assume les caractéristiques d’"innovation" plutôt que de "création" et interprète trop peu le processus de création. Il est difficile de comprendre pourquoi ces penseurs réduisent le rôle de Dieu uniquement pour "modifier" ce qui existe déjà, alors que pour Dieu Créateur, il n'y a pas d'obstacle à "créer à partir de rien" ce qu'Il veut faire exister » (p. 446).
« Il me semble que ces penseurs transformistes ont une faiblesse de foi en ne considérant pas la possibilité que Dieu travaille à créer, c'est-à-dire à partir de rien et à ne pas modifier l'existant » (p 447).
Et pourtant, la Genèse elle-même nous indique que Dieu a créé l’humain en le façonnant avec de la glaise. L’encyclique Laudato si du Pape François enseigne l’indivisibilité de la nature.
Don Guido rappelle lui-même que le principe « selon lequel "Deus non facit per Se quod facere potest per creaturas" signifie que Dieu ne recourt à aucun acte créateur lorsqu'Il peut utiliser ce qu'Il a déjà créé » (p. 447) et il n’oublie pas « la finalité de la création, qui est l'Homme » (p. 149).
Mais, puisque l’humain est la finalité de toute la création, pourquoi donc écarter la création de l’humain dans la réalité matérielle créée pour lui ? La théologie du corps n’est-elle pas profondément en cause ?
Il y a beaucoup à réfléchir...