Le juge terrible a écrit : ↑dim. 28 juin 2020, 9:42
Peut-on donc être digne de Jésus ou est-il impossible de l'être ?
Dans le sens le plus absolu, seul Jésus est digne. Tout comme, dans le sens absolu, Jésus seul est saint, car Lui seul est la source de la sainteté. À chaque Messe nous disons «Quoniam Tu solus sanctus». Notre dignité ne peut être que relative. Plus petite ou plus grande, selon la ressemblance à Jésus et selon le degré dont nous la recevons de Lui. C'est Jésus qui nous donne la dignité et il la donne, de façon surnaturelle, à chaque être humain, pourvu qu'il la reçoive. Car vers la fin de la même Messe nous prions «Aqua lateris Christi, sanctifica me!». Pendant toute son aventure dans le désert, Dieu a donné une bonne eau à boire, une eau qui jaillit d'un rocher frappé par Moïse. Pendant notre aventure dans le désert de la vie, le même Dieu fait jaillir de son coeur frappé et transpercé une autre eau. Que notre coeur ressemble au Sien: voilà la condition de la dignité. Que nous buvions avec dignité cette eau jaillissante de son coeur: voilà la condition de la sainteté.
En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;
celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.
Faut-il accomplir la même œuvre de rédemption que le Christ avec la même mort atroce ?
Jésus dit:
celui qui ne prend pas SA croix. Pas forcément besoin que nous demandions du bois pour être crucifiés comme Lui pour obtenir la rédemption. Chacun reçoit SA croix, son fardeau à porter dans la vie. Accepter ce fardeau à nous est notre façon de nous associer, avec Siméon de Cyrène, a sa croix. Lui, Il n'a pas cherché cette croix, il a même prié le père qu'il soit délivré du supplice. Mais il l'a accepté. Il n'était pas obligé, Jésus pouvait très bien obtenir notre rédemption avec moins que ça. Une seule petite blessure, compte tenu du prix infini de Son corps, aurait suffi. Un seul crachat, compte tenu de sa majesté infinie, aurait suffi. Il était déjà gravement flagellé et cette flagellation aurait été largement suffisante. L'histoire de sa mission aurait pu être accomplie et aurait pu finir là et, portant sa croix, il avait la capabilité d'appeler les légions d'anges à son aide. Mais il est allé jusqu'au bout du Calvaire et cette acceptance de la croix c'est ce qui transforme ce bois odieux d'un instrument de torture en instrument de salut.
Nous sommes appelés à faire pareillement. Accepter NOTRE croix c'est notre façon de la transformer la torture de notre vie en instrument de salut. Avec Lui, nous pourrons, car Il a dit que son fardeau est léger. Il ne nous donne pas un fardeau impossible à être porté. De la manière qu'on porte ce faix dépend, donc, notre dignité.
Une fois la réflexion arrivée ici, je ne peux pas m'abstenir de ne pas sourire, mais d'un sourire amère, en pensant ce qu'on est arrivé à comprendre, de nos jours, par «mourir en dignité». Par ces mots, on comprend plutôt recevoir une injection fatale, ou, du moins, recevoir un traitement qui nous rend profondément assoupis avant que toute notre «faiblesse» s'installe. On voit ici, encore et encore, tout le précipice entre la perception chrétienne et la perception du monde. On a eu l'image de ce creux phénoménal dans le cas (le plus médiatisé, mais loin d'être le seul) de Vincent Lambert. On a eu toute l'image de la folie à laquelle le monde arrive quand on a vu que ce monsieur a été mis en sédation profonde quoique les mêmes médecins qui ont décidé ça eussent clamé son état de complète inconscience. Finalement, il est mort de faim et de soif. Pourquoi ils ont fait ça ? Parce que, selon eux, son grave handicap était incompatible avec la dignité. C'est ça, la mort en dignité, selon le monde. Quand on arrive à idolâtrer le corps, n'est-il pas normal que la dignité soit définie comme avoir un corps musclé et splendide ? Et n'est-il pas normal qu'indigne ne soit plus celui qui vie en débauche, mais celui qui n'arrive plus à contrôler son pipi ? C'est parfaitement logique, seules les prémices concernant la dignité me laissent perplexe.