Et donc, au fond, c'est un peu comme si l'Église ne savait pas au juste où elle en est. Personnellement, je crois que nous traversons une époque de flottement sur le plan magistériel, où l'Église voudrait rejoindre les idées du siècle, mais sans avoir pu jusqu'ici sauter le pas. D'où l'embarras de ceux qui doivent enseigner la "culture religieuse". Il y a d'autres questions du même genre comme la croyance dans l'Enfer, le divorce, le célibat des prêtres, l'ordination des femmes, l'évolution des espèces, etc.
En fait, je comprends que l'Église hésite, car si elle se décidait à aller dans ce sens, elle romprait directement avec la Parole écrite, et ce serait l'aventure vers l'inconnue. Peut-être qu'elle n'y survivrait pas. Ou qu'elle serait conduite à un bouleversement complet, sans parler du risque évident de schisme de sa frange traditionaliste. Le schisme serait même inévitable. La rupture serait consommée côté orthodoxes également. Les conséquences seraient colossales. Peut-être que tous les fidèles déserteraient, et que l'Église s'effondrerait totalement, revivant un second "Vatican II" qui viendrait donner le coup de grâce après les ravages causés par le premier.
N’y a-t-il pas eu Vatican II ? C’est vrai, cela a raté, mais le constat était juste. Et s’il y a eu ensuite tant de soubresauts sociaux, comme mai 68 en France, n’est-ce pas parce que ce changement d’Eglise a échoué ?Il vous présente l'Église comme il voudrait qu'elle soit, dans une sorte d'acte militant. Et ce parti pris montre bien à quel point les représentants de l'Église se sentent paumés depuis le dernier concile entre les avancées envisagées et celles qui ont réellement été actées.
Il est un peu facile de considérer que les progressistes n’avaient pas la foi, voulaient détruire l’Eglise, étaient hérétiques, etc.
Il y a certes eu des abus et des personnes qui voulaient détruire glissés en leur sein (mais pas plus de pédérastie que chez les tradis et plutôt moins !), or certains progressistes étaient on ne peut plus « purs » et quand ils ont vu les dérives ils ont été obligés de se taire et de s’effacer, ce sont sans doute eux qui ont le plus souffert et non les tradis.
Des exemples à donner. Il y en aurait beaucoup. Par exemple ?
Les évangiles sont très clairs sur le fait de n’appeler personne « maître » ou « père », car nous n’avons qu’un père et qui est aux cieux. C’est toute la difficulté du « sage » chrétien, c’est qu’il est obligé d’avoir un rôle secondaire et de donner la première place à Jésus, qui a pourtant dit que le bon disciple finit par devenir maître comme son maître. Certes cela pourrait laisser une ouverture pour le « mon père » (en tout cas pas pour les « éminence » « Monseigneur » et autres titres…) Comment concilier tout cela, ne serait-ce pas plus conforme de s’appeler et de se considérer tous « frères » ou rien d’autre qu’amis, puisque c’est ainsi que Jésus voulut appeler désormais ses disciples avant de mourir ?
Ces types d’exemples sont certes des détails, mais il n’y a qu’à voir l’importance donnée aux détails par les traditionalistes (courant majoritaire sur ce forum ! où je ne crois pas avoir lu un seul « vrai » progressiste…)
Un autre ? La soutane… Pourquoi ce signe distinctif si tout le monde connaît son pasteur ? Ce qui était le cas quand elle se portait : un moyen de ne pas « mettre la main à la pâte » et de rester du côté des riches et des puissants, de ceux qui regardent et font faire par les autres ? En tout cas elle était bien gênante pour les courageux prêtres ouvriers. Le plus curieux, c’est que c’est alors quand elle était donc inutile qu’on la portait, et maintenant qu’elle le serait on ne la porte plus…
Il est évident que ces raisons données à son port et qui venaient s’ajouter à celle principale d’être « mis à part » pour le bon Dieu étaient artificieuses, et la principale non dénuée d’hypocrisie de par les avantages que cela conférait (respect, etc., à l’opposé du « témoignage » qui vient du martyr…)
Ces « petits » changements ont été jugés à tort « petits », car le symbole est puissant dans la religion, et ils auraient demandé plus de préparation et d’accompagnement, une présentation plus soignée, plus organisée et cohérente, pas sûr qu’il en aurait fallu moins, mais qu’ils soient plus cohérents et pas introduits « à l’essai », mais frontalement, massivement … peut-être.
La communion sous les 2 espèces, par exemple, était aussi une audace merveilleuse qui s’est heurtée avec la communion dans la main (qui l’a brisée).
Il était annoncé un rapprochement d’avec les orthodoxes, cela n’a pas été, et pour reprendre ici les thèmes annoncés (le divorce, le célibat des prêtres) je ne vois pas en quoi une évolution nous en éloignerait, au contraire !
Quant aux thèmes scientifiques, genre « évolution des espèces », le mieux serait de laisser cela aux scientifiques qui n’arriveront jamais à « prouver » le contraire de la vérité, et d’en rester à ce qui relève de la foi.
L’enfer, par exemple, ne pose aucun problème, ce qui en pose c’est le manque de courage et de zèle à en défendre philosophiquement/moralement l’idée, qui se défend très bien.
D’autres idées ? Plein… Exemple : Toutes ces canonisations, le travail que cela demande, est-ce bien dans l’esprit de « laisser les morts enterrer les morts » ? N’est-ce pas un moyen détourné d’avoir et d’obtenir encore des miracles parce que la foi des vivants n’y suffit pas ou plus ?
A quoi rime encore aujourd’hui ce que sont les commandements de l’Eglise, que pratiquement plus personne ne traite comme ils devraient l’être et qui sont une source d’hypocrisie ?
Le progressisme, ce n’est pas que le pape François, pas que la théologie de la libération, pas que l’abolition du latin, pas qu’une seule messe à minuit pour Noël ou que l’introduction d’instruments comme la guitare ou la flûte, pas qu’une seule nappe pour le maître autel ou le changement de son orientation, pas que des femmes à la lecture dans le chœur, pas que liturgique ou pastoral. C’est aussi de revenir aux sources du christianisme (eh oui ! plus peut-être même souvent que les tradis), aux fondamentaux, aux évangiles, à de nouvelles méthodes de prière, d’ascèse, d’étude des textes, c’est aussi plein d’autres choses comme l’importance donnée à la vraie vertu, au cœur, au refus (tant prôné par les évangiles) de ce qui relève des apparences, etc.
Non, le progressisme n’est pas en soi si hérétique, et oui, il a des lettres de noblesse et une foule de précurseurs qui sont des saints : saint Vincent de Paul, Saint François d‘Assise, et finalement la plupart des saints le furent à leur époque… et furent même saints à cause de cela
Quelques "sources" (certains les apprécient) :
Marc (7:6-13 voire 23) (et 12: 38-44)
Mathieu (23:5-12) pour les dénominations, en fait tout le chapitre 23 ensuite pour les apparences
Luc (6:40 ) pour le disciple qui égale le maître et (12: 22-59 ; 14;7-14)
Et plein d'autres qui ne se rapportent pas à ce que j'ai pris pour exemple, mais tout ce qui touche par exemple à la pauvreté, au non souci du monde...