Le juge terrible a écrit : ↑sam. 19 déc. 2020, 14:21
La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle
Que retenez-vous de cette citation du Christ ?
Bonjour,
Je retiens que le Christ a fondé une Église, et que l’Église doit se fonder humblement sur une pierre qui lui a été donné d'en haut, à l'inverse des "bâtisseurs", qui veulent fonder leur église par leur propre force en se sacralisant eux-mêmes, à la manière des pharisiens qui étaient tombé dans une auto-idolâtrie morbide - ce sera le cas aussi des donatistes que Saint Augustin critiquait en référence à cette citation. Mais le donatisme (comme la pharisianisme) est, au delà de son appellation historique, une disposition spirituelle consistant à rejeter l’Église dans l'intention d'en fonder une nouvelle, une église bien à soi, plus "pure", plus "vraie", supposément plus "fidèle" à la vérité, une église qui exclut son prochain dans une attitude qui n'est pas sans rappeler l'attitude des mauvais serviteurs dans la parabole du bon grain et de l'ivraie. Aujourd'hui, les sédevacantistes font partie de ces bâtisseurs orgueilleux qui ont rejeté la pierre d'angle, et toutes les sectes en acte ou en puissance (catholiques ou protestantes) qui dénaturent le visage du Christ pour affirmer leur volonté propre font partie de ces bâtisseurs.
Autrement dit, le Christ demande au futur clergé de ne pas se croire comme étant leur propre fondement, et l’Église ne doit pas bâtir dans un orgueil volontariste, mais bien plutôt recueillir et faire mémoire du don originel qu'est la pierre d'angle - la "pierre d'angle" n'étant rien d'autre qu'une désignation métaphorique du Christ lui-même, l'Eucharistie de l’Église réactivant la mémoire du don à partir de quoi l’Église se fonde.
Je retiens également de cette citation que l'acte originel qui fonde l’Église est lié à une Passion douloureuse qui mène vers la croix : car le rejet de la pierre d'angle se concrétisera bientôt par la condamnation du Christ et sa crucifixion, où l'on voit que les institutions humaines, par ce rejet, n'ont pas su reconnaître l'innocence du Christ. Car la pierre d'angle rejetée, c'est "l'Agneau égorgé depuis le commencement du monde" (Apocalypse), l'innocence perdue au point que les bâtisseurs ne la reconnaissent plus quand elle se présente à eux à travers le Christ (la pierre d'angle). Ce qui n'est pas sans rappeler le premier des bâtisseurs des villes, bâtisseur coupable, lui aussi, de meurtre : Caïn. Les bâtisseurs s'inscrivent dans la lignée de Caïn.