Il convient de replacer ces 2 premiers chapitres de l’apocalypse dans le cadre du CREDO, et de ne pas oublier qu’à la différence d’une épître, où l’auteur exprime ses idées et considérations, ici l’auteur s’efforce de retranscrire une communication qu’il a reçue (heureusement sans tricher avec ses symboles, ni essayer de les expliquer ou commenter !).
Et que ce texte soit retenu dans le canon des textes sacrés, lui donne une valeur extraordinaire, au même titre que l’apparition de Jésus à Paul lui a permis de se considérer comme apôtre. Car en tant que témoignage de la parole de l’Esprit, ce texte est supérieur aux épîtres car il est moins « filtré » - et à peine inférieur aux évangiles !
Or il évoque et se réfère par prétérition à un article du CREDO, celui qui dit que JESUS EST MONTE AUX CIEUX, et qu’IL SIEGE A LA DROITE DE DIEU, LE PERE TOUT-PUISSANT
Voilà ce qu’en dit le CEC :
659 " Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu " (Mc 16, 19). Le Corps du Christ a été glorifiée dès l’instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence (cf. Lc 24, 31 ; Jn 20, 19. 26). Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples (cf. Ac 10, 41) et les instruire sur le Royaume (cf. Ac 1, 3),sa gloire reste encore voilée sous les traits d’une humanité ordinaire cf. Mc 16, 12 ; Lc 24, 15 ; Jn 20, 14-15 ; 21, 4). La dernière apparition de Jésus se termine par l’entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée (cf. Ac 1, 9 ; cf. aussi Lc 9, 34-35 ; Ex 13, 22) et par le ciel (cf. Lc 24, 51) où il siège désormais à la droite de Dieu (cf. Mc 16, 19 ; Ac 2, 33 ; 7, 56 ; cf. aussi Ps 110, 1). Ce n’est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu’il se montrera à Paul " comme à l’avorton " (1 Co 15, 8) en une dernière apparition qui le constitue apôtre (cf. 1 Co 9, 1 ; Ga 1, 16).
660 Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine : " Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu " (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.
661 Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est " sorti du Père " peut " retourner au Père " : le Christ (cf. Jn 16, 28). " Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux " (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la " Maison du Père " (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme, " de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés " (MR, Préface de l’Ascension)
662 " Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi " (Jn 12, 32). L’élévation sur la Croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, n’est pas " entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (...) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur " (He 7, 24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, " étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu " (He 9, 25). Comme " grand prêtre des biens à venir " (He 9, 11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4, 6-11).
663 Le Christ, désormais, siège à la droite du Père : : " Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée " (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 : PG 94, 1104C).
664 La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme : " A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit " (Dn 7, 14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du " Règne qui n’aura pas de fin " (Symbole de Nicée-Constantinople).
Autrement dit, il y a eu un événement historique inoubliable, car il concerne Dieu lui-même, qui a eu lieu en présence des patriarches (et d’Elie et d’Enoch pour nous représenter dans notre condition) lorsque l’humanité de Jésus fut upgradée (anglicisme qui sera peut-être plus parlant que d’écrire qu’elle gagna encore en qualité, ou que l’énergie de l’amour Divin en Lui, le phénomène de sa fission nucléaire, fut comme accéléré) et cela s’est passé au ciel, dans l’invisible donc pour nous, il y a environ 2000 ans.
Et que cela a eu des répercussions sur notre condition de vie, au même titre que le péché originel, et que ce livre nous en donne un aperçu, seraient-elles invisibles.
Revenons-en à la question : ange ou évêque ?
Tout le livre doit être replacé dans le contexte que je viens de rappeler et sur lequel il s’ouvre. Dès lors, certaines interprétations ne sont plus possibles, comme celle qui ferait des anges autre « chose » notamment de plus humain (en voulant lui donner un « plus », mais en fait le lui soustrayant).
Car un ange restitue la vérité qui lui a été transmise (et que Jean doit lui écrire) sans filtre, instantanément et sans être limité dans l’espace ou le temps. Sa « réponse » à une réaction immédiate de ceux à qui il transmet un message est aussi digne de celle de qui contemple Dieu en permanence (voir la réaction de Gabriel face à celle de Zacharie).
En revanche, l’introduction d’un « voyant » qui soit un humain d’ici-bas dans le processus de transmission entre un ange et un autre (voyant qui, lui, doit écrire, ce n’est pas pour rien..., cela tient compte de sa faiblesse !) n’est pas neutre non plus, mais nouvelle.
Des interprétations de détails qui ne tiennent pas compte du contexte général sont susceptibles d’être erronées, seraient-elles bien « documentées ». Si nous remplaçons ici « ange » par « apôtre », alors il faudrait le faire aussi à d’autres endroits de ce livre, or il s’y prête peu, sinon là. C’est donc considérer que l’auteur n’aurait pas eu la possibilité de choisir un autre mot, ce qui est très douteux.
En permettant d’appeler « ange » un humain, l’écriture signifie donc que cet humain est devenu saint au point de ne plus mettre aucun filtre entre Dieu et ceux qui l’écoutent. Non qu’il ait été « bien sage ». Ainsi Jean-Baptiste ne fut-il plus qu’une voix qui crie dans le désert, et faut-il y voir un compliment. Il bousculait pourtant ses auditeurs.
Nous ne pouvons en dire autant de Jonas, dont le comportement a cela de merveilleux mais dans un autre registre, d’être propre à l’homme. Cela a du sens.
Or ici, dans ce début de l’apocalypse, faire cette interprétation répond au souci inverse, celui de faire « coller » à ce que nous connaissons pour nous y accrocher (mais en est-il besoin ?) le texte qui veut nous révéler au contraire ce que nous ne connaissons pas.
Or considérer par exemple que Raphael n’est qu’un humain dans le livre de Tobie, c’est priver ce livre de toute sa saveur et d’une partie de son message. C’est presque comme douter des 7 plaies d’Egypte ou du miracle de la traversée de la mer rouge.
Pour en revenir à l’apocalypse, ce livre est rempli de métaphores, notamment pour nous rendre compréhensible en le rendant visible, l’acte d’adoration angélique en train d’exécuter un ordre Divin. Nous pouvons ainsi chercher à quoi correspondent les plaies ou cataclysmes envoyés sur la terre à l’ouverture des 7 sceaux, (qui restent le secret de Dieu car elles s’adapteront à ce que l’humanité aura alors mérité, et pour cela la métaphore sert à les occulter) mais en réalité le langage métaphorique doit plutôt nous servir à imaginer la prière et le culte rendu « en esprit et vérité » par des anges, en train d’agir dans l’invisible,
et si possible à nous y associer – ce qui mérite d’être recherché bien avant que de rechercher à quelle époque faire correspondre quoi, serait-elle celle de la fin des temps ou d’un autre qui y conduit.
Anges (ou modèles d’obéissance) qu’il est bien difficile de remplacer par des humains au moyen d’une interprétation.
Il y a selon moi suffisamment de métaphores dans ce texte pour ne pas lui en ajouter une.
Ce texte (nous ne sommes plus dans l’AT mais dans le NT)
nous invite avant tout à la prière, à trouver en nous l’attitude orante qui conviendra le mieux pour ces événements quand ils arriveront et nous y préparer. Il y a à cet égard des métaphores « découvrantes » (à explorer) et d’autres « recouvrantes » (elles parlent d’elles-mêmes).
J’espère avoir ainsi expliqué pourquoi je parlais d’enfermement, que j’explique (de par son résultat, sinon sa cause qui peut provenir d’une habitude intellectuelle) par une tentative contre-productive pour se rassurer.
Bref, mais ce n’est que mon avis, une interprétation doit nous apporter un supplément de compréhension, et non nous en retirer une par un « copié-collé ».
Or je ne vois pas de réalité ni de nécessité à ce supplément auquel certains postulent, sinon de supprimer en quoi il est déjà ajouté par sous-entendu, car chaque apôtre/évêque fait déjà partie de l’Eglise dont il est la tête, pour supprimer le rôle d’assistance et presque l’existence d’un ange qui serait rattaché à cette Eglise.
D’autant plus que le contexte est bien celui d’un dévoilement de ce qui se passe dans l’invisible, là où se passe la vraie réalité des choses Divines et dans lequel notre monde microscopique est inclus mais ordinairement en aveugle.
Je voudrais souligner avec gratitude et pour conclure cette magnifique parole :
Cinci a écrit : ↑sam. 17 avr. 2021, 15:49
Dans l'Église catholique, ces lectures de la Parole faites à voix haute, chaque dimanche. le sont également pour le bénéfice de ceux qui sont morts.
Et lui ajouter : pour le bénéfice aussi des anges.
Et après avoir exposé (proposé et non imposé) les raisons de mon choix - à savoir "ange" et non "évêque" - j'aimerais bien que celui qui les aura lues et qui croit voir dans l'Esprit Saint le choix inverse s'en explique et m'en développe les siennes, car le sien est exclusif.