La Bible de Sacy n'est pas janséniste. Tout au plus, on pourrait y voir une proximité. Mais il n'y a jamais eu d'accusation formelle, il me semble. Pour moi, elle est acceptable parce qu'elle traduit la Vulgate dans un bon français, et c'est mon premier critère. Le français catholique du 19e me répugne quelque peu (ce n'est pas du Balzac, et le catholicisme moderne est malheureusement tout pénétré d'un certain moralisme bourgeois très suranné). Et avant Sacy, nous n'avons que la Bible de l'université de Louvain, mais pour le coup la langue est un peu vieillie. Donc, pour lire la Vulgate en français, le choix n'est pas énorme. Il n'y a que Sacy et des bibles 19e beaucoup moins élégantes du point de vue de la langue. Et pour moi, la beauté de la langue est importante lorsque je lis la Bible.Ephraim a écrit : ↑jeu. 13 mai 2021, 17:32En théorie, un catholique ne devrait utiliser que des Bibles revêtues de l'imprimatur, ce que n'a pas la Sacy, accusée d'être une Bible janséniste.
La Bible officielle de l'Eglise catholique, dans les pays francophones est la Traduction officielle liturgique.
La Bible de l'Eglise catholique dans son histoire, au cours des quinze derniers siècles est le Vulgate de Saint-Jérôme. Son rôle fut réaffirmé par le Concile de Trente.
Toutes les autres sont des traductions, plus ou moins heureuses, dont certaines sont acceptées par l'Eglise.
Donc si vous cherchez une "vraie Bible catholique", soit vous pouvez prendre la Liturgique, soit la Vulgate si vous lisez le latin.
Et il est en effet très utile de ne pas pour autant dédaigner les autres versions, pour se faire une idée de la complexité du texte.
Ademino, je partage votre intérêt pour la Vulgate, qui est ma Bible de référence, mais je n'irai pas pour autant accuser le masochisme occidental pour expliquer le recours au grec et à l'hébreu, qui furent les langues de rédaction de la Bible et dont la Vulgate est la traduction.
Lorsque l'on s'intéresse à la Bible, l'étude du grec et de l'hébreu est indispensable.
La théorie de la falsification du texte hébreu par les massorètes est fréquente, on a pu la lire à de nombreuses reprise sur ce forum, j'attends toujours qu'on me fournisse des exemples précis....
Je me permets au passage de citer l'encyclique " Divino afflante spiritu" :
" 20. Il appartient, en effet, à l'exégète de chercher à saisir religieusement et avec le plus grand soin les
moindres détails sortis de la plume de l'hagiographe sous l'inspiration de l'Esprit Divin, afin d'en pénétrer plus profondément et plus pleinement la pensée. Qu'il travaille donc avec diligence à s'assurer une maîtrise chaque jour plus grande des langues bibliques et orientales, et qu'il étaye son exégèse avec toutes les ressources que fournissent les différentes branches de la philologie. C'est cette maîtrise que saint Jérôme s'efforçait anxieusement d'acquérir suivant l'état des connaissances de son temps ; c'est à elle qu'aspirèrent avec un zèle infatigable, et non sans un réel profit, plusieurs des meilleurs exégètes des XVIe et XVIIe siècles, bien que la science des langues fût alors très inférieure à ce qu'elle est aujourd'hui. C'est en suivant la même méthode qu'il importe d'expliquer le texte primitif qui, écrit par l'auteur sacré lui-même, a plus d'autorité et plus de poids qu'aucune version, même la meilleure, ancienne ou moderne ; ce en quoi on réussira sans doute avec plus de facilité et de succès si l'on joint à la connaissance des langues une solide expérience de la critique textuelle."
La Bible liturgique n'a pas vocation à être étudiée à la maison. Ce n'est pas le même usage.
Quant à l'hébreu, Saint Jérôme a déjà fait le travail au Ve s... Il avait à sa disposition un matériel que personne n'aura plus jamais. Je crois qu'il s'est servi de bibles grecque, hébraïque, syriaque, araméenne, et d'autres. Ce travail prodigieux est unique. Alors pourquoi donner la prééminence à un texte du Xe siècle, postérieur de cinq siècles au travail de saint Jérôme ? Le recours à l'hébreu peut être utile et éclairant, je ne dis pas l'inverse. Mais il est injuste, en tant que catholique, de considérer comme suspectes la Septante et la version de saint Jérôme en cas de conflit avec des manuscrits hébraïques qui leur sont postérieurs de cinq à dix siècles ! Fort heureusement, la Bible de Jérusalem de 1974 reste modérée dans ses choix, et ne jette pas systématiquement au panier la Vulgate. En revanche, l'adoption du plan des psaumes selon l'hébreu, et le massacre du Livre de Job, sont insupportables. Et dans les éditions qui ont suivi, les éditeurs sont allés encore plus loin dans l'iconoclasme. Clairement, il y a un problème d'exégèse qui se pose après Vatican II. L'hideuse Bible Bayard en témoigne assez bien.