L'amour dans les paroles de Jésus à Pierre
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- Etrigan
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L'amour dans les paroles de Jésus à Pierre
Ah oui ! L'agapé... bien sûr... Il y a une vraie faiblesse de la langue française qui interdit de penser de manière précise cette question. Et oui, j'avais oublié que Jésus parle d'agapé et pas d'Eros ou même de philia.
« Le Verbe s’est incarné pour la Rédemption du Péché. Faudra-t-il que le Saint-Esprit s’incarne pour la rédemption de la sottise ? » Léon Bloy
- Hélène
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Exact ! C'est un vrai handicap pour la langue française. L'Amour agapê de Jésus est un Amour qui ne peut être surpassé ! :wub: Aimer au prix de sa vie sans rien demander en retour...c'est fou... (ô soupir...)
Hélène
Hélène
"Le Père n'a dit qu'une seule Parole, c'est son Fils et, dans un éternel silence, il la prononce toujours". (Saint Jean de la Croix)
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Les degrés de l'amour de Dieu
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 21,15-19.
Après le repas au bord du lac, Jésus ressuscité dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m'aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »
J'ai lu souvent - et j'ai pensé cela aussi, qu'aux trois demandes de Jésus à Pierre: "M'aimes-tu plus que ceux-ci ? M'aimes-tu ? Est-ce que tu m'aimes ?" correspondent et sont comme une réponse aux trois reniements de Pierre. Cependant, je note aujourd'hui que le premier qu'au premier Oui de Pierre, Jésus lui confie la mission d'être le berger de ses agneaux; au second Oui, il devient le pasteur de ses brebis; quant au troisième Oui, outre qu'il est égal au premier, il implique d'aller jusqu'au sacrifice dans l'abandon total de la foi. Et j'ai commencé de creuser la question ainsi sur ces bases.
En vieux français. Le «berbicariu(m)» s'occupait des «vervex», plus tard «berbix» ou «brebis» : le berger tire son nom de la brebis, c'est-à-dire de l'objet de ses soins et non des soins eux-mêmes. A la différence, le pastor, pâtre, existe par son action, «pascere», paître. Il y a donc là deux regards sur une même situation et sans doute deux façons d'y répondre, un mode plutôt technique, et le mode relationnel.
La première réponse de Pierre fait de lui le doux guide des agneaux qui viennent d'intégrer le troupeau; la seconde réponse l'élève au rang de pasteur de l'ensemble du troupeau; quant à la troisième, elle désigne un engagement de plus en plus complet, déterminé. Or, il se trouve que l'Ancien Testament, lui aussi, reconnaît des degrés de l'amour de Dieu: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toutes tes forces". Belle découverte en somme: la première demande de Jésus suscite Pierre dans son coeur, la seconde dans son esprit - car il faut une plus grande largeur de vues pour élever un agneau que pour conduire un troupeau. Et quant à la troisième, elle implique d'investir toutes ses forces, et d'aller jusqu'au bout à la suite de Jésus. Pierre sera aussi le pasteur sacrifié, qui boire à la coupe de son maître et en cela, il sera de nouveau berger, mais non le berger des petits agneaux, mais de toutes les brebis, de tout le troupeau.
Eh bien, je trouve que ces découvertes valaient bien la recherche. Ensuite, j'ai simplement tapé "les degrés de l'amour de Dieu" et je suis tombé (par hasard ?) sur ce commentaire de saint François de Sales:
« Le premier, dit Saint François de Sales, nous fait plaire en Dieu, le second nous fait plaire à Dieu. Par l'un nous concevons, par l'autre nous produisons. Par l'un nous mettons Dieu sur notre coeur, comme un étendard d'amour auquel toutes nos affections se rangent ; par l'autre nous le mettons sur nos bras, comme une épée de dilection par laquelle nous faisons tous les exploits des vertus. » (1). En effet « le coeur qui a pris de la complaisance en Dieu ne se peut empêcher de vouloir réciproquement donner à Dieu une autre complaisance. Nul ne nous plaît à qui nous ne désirions plaire.... Le véritable amour n'est jamais ingrat il tâche de complaire à ceux en qui il se complaît et de là vient la conformité des amants qui nous fait être tels que ce que nous aimons. » (2). Enfin « la Volonté qui est morte à soi-même pour vivre en celle de Dieu est sans aucun vouloir particulier, demeurant non seulement conforme et sujette, mais tout anéantie en elle-même et convertie en cellule de Dieu.... C'est certes la souveraine perfection de notre volonté que d'être ainsi unie à celle de notre Souverain Bien. » (3).
Et tout se tient, quelle merveilleuse unité !
Après le repas au bord du lac, Jésus ressuscité dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m'aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »
J'ai lu souvent - et j'ai pensé cela aussi, qu'aux trois demandes de Jésus à Pierre: "M'aimes-tu plus que ceux-ci ? M'aimes-tu ? Est-ce que tu m'aimes ?" correspondent et sont comme une réponse aux trois reniements de Pierre. Cependant, je note aujourd'hui que le premier qu'au premier Oui de Pierre, Jésus lui confie la mission d'être le berger de ses agneaux; au second Oui, il devient le pasteur de ses brebis; quant au troisième Oui, outre qu'il est égal au premier, il implique d'aller jusqu'au sacrifice dans l'abandon total de la foi. Et j'ai commencé de creuser la question ainsi sur ces bases.
En vieux français. Le «berbicariu(m)» s'occupait des «vervex», plus tard «berbix» ou «brebis» : le berger tire son nom de la brebis, c'est-à-dire de l'objet de ses soins et non des soins eux-mêmes. A la différence, le pastor, pâtre, existe par son action, «pascere», paître. Il y a donc là deux regards sur une même situation et sans doute deux façons d'y répondre, un mode plutôt technique, et le mode relationnel.
La première réponse de Pierre fait de lui le doux guide des agneaux qui viennent d'intégrer le troupeau; la seconde réponse l'élève au rang de pasteur de l'ensemble du troupeau; quant à la troisième, elle désigne un engagement de plus en plus complet, déterminé. Or, il se trouve que l'Ancien Testament, lui aussi, reconnaît des degrés de l'amour de Dieu: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toutes tes forces". Belle découverte en somme: la première demande de Jésus suscite Pierre dans son coeur, la seconde dans son esprit - car il faut une plus grande largeur de vues pour élever un agneau que pour conduire un troupeau. Et quant à la troisième, elle implique d'investir toutes ses forces, et d'aller jusqu'au bout à la suite de Jésus. Pierre sera aussi le pasteur sacrifié, qui boire à la coupe de son maître et en cela, il sera de nouveau berger, mais non le berger des petits agneaux, mais de toutes les brebis, de tout le troupeau.
Eh bien, je trouve que ces découvertes valaient bien la recherche. Ensuite, j'ai simplement tapé "les degrés de l'amour de Dieu" et je suis tombé (par hasard ?) sur ce commentaire de saint François de Sales:
« Le premier, dit Saint François de Sales, nous fait plaire en Dieu, le second nous fait plaire à Dieu. Par l'un nous concevons, par l'autre nous produisons. Par l'un nous mettons Dieu sur notre coeur, comme un étendard d'amour auquel toutes nos affections se rangent ; par l'autre nous le mettons sur nos bras, comme une épée de dilection par laquelle nous faisons tous les exploits des vertus. » (1). En effet « le coeur qui a pris de la complaisance en Dieu ne se peut empêcher de vouloir réciproquement donner à Dieu une autre complaisance. Nul ne nous plaît à qui nous ne désirions plaire.... Le véritable amour n'est jamais ingrat il tâche de complaire à ceux en qui il se complaît et de là vient la conformité des amants qui nous fait être tels que ce que nous aimons. » (2). Enfin « la Volonté qui est morte à soi-même pour vivre en celle de Dieu est sans aucun vouloir particulier, demeurant non seulement conforme et sujette, mais tout anéantie en elle-même et convertie en cellule de Dieu.... C'est certes la souveraine perfection de notre volonté que d'être ainsi unie à celle de notre Souverain Bien. » (3).
Et tout se tient, quelle merveilleuse unité !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )
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- Pater civitatis
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- Inscription : mer. 30 avr. 2008, 2:40
Re: Les degrés de l'amour de Dieu
Superbe !
Ce passage est d'une richesse extraordinaire.
J'avais écris récemment un petit article sur le fait que la plupart des traductions rendent par un seul verbe (aimer), deux termes distincts : agapao et phileo.
Littéralement cela donne :
Jésus : Simon, m’aimes-tu plus que ceux-ci ?
Simon : Oui, Seigneur, tu sais que je t’affectionne.
Jésus : Simon, m’aimes-tu ?
Simon : Oui, Seigneur, tu sais que je t’affectionne.
Jésus : Simon, m’affectionnes-tu ?
Simon : Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’affectionne.
Voir :
http://www.bourgoin-et-compagnie.fr/bou ... y-trinquet
Ce passage est d'une richesse extraordinaire.
J'avais écris récemment un petit article sur le fait que la plupart des traductions rendent par un seul verbe (aimer), deux termes distincts : agapao et phileo.
Littéralement cela donne :
Jésus : Simon, m’aimes-tu plus que ceux-ci ?
Simon : Oui, Seigneur, tu sais que je t’affectionne.
Jésus : Simon, m’aimes-tu ?
Simon : Oui, Seigneur, tu sais que je t’affectionne.
Jésus : Simon, m’affectionnes-tu ?
Simon : Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’affectionne.
Voir :
http://www.bourgoin-et-compagnie.fr/bou ... y-trinquet
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- Censor
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- Inscription : dim. 25 avr. 2010, 1:23
Re: Les degrés de l'amour de Dieu
3 questions pour une trinité ? Peut-être est-ce une déclaration au trois personnes en Dieu
" Le chemin vers Dieu est long et sinueux. "
- Anne
- Prætor
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- Inscription : jeu. 21 févr. 2008, 1:05
- Conviction : Catholique romaine
- Localisation : Provincia Quebecensis
Re: Les degrés de l'amour de Dieu
Superbe, Étienne!
@Jean-Baptiste: Très intéressant en effet, le fait que deux verbes différents soient utilisés! J'ai lu votre billet sur le sujet et je reste intriguée...
Je trouve étrange que Jésus utilise le terme qu'on traduit par "amour" qui me semble bien plus fort que celui utilisé par Pierre dans sa réponse et qui reste au niveau de l'affection, dirait-on?
On peut noter que le Seigneur, pour terminer, "descend" au même niveau que Pierre lorsqu'Il pose sa question pour la troisième fois...
Qu'en penser?
@Jean-Baptiste: Très intéressant en effet, le fait que deux verbes différents soient utilisés! J'ai lu votre billet sur le sujet et je reste intriguée...
Je trouve étrange que Jésus utilise le terme qu'on traduit par "amour" qui me semble bien plus fort que celui utilisé par Pierre dans sa réponse et qui reste au niveau de l'affection, dirait-on?
On peut noter que le Seigneur, pour terminer, "descend" au même niveau que Pierre lorsqu'Il pose sa question pour la troisième fois...
Qu'en penser?
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…".
2 Co 4, 8-10
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…".
2 Co 4, 8-10
- Anne
- Prætor
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- Inscription : jeu. 21 févr. 2008, 1:05
- Conviction : Catholique romaine
- Localisation : Provincia Quebecensis
Re: Les degrés de l'amour de Dieu
En cherchant sur le sujet, j'apprends qu'il y a aussi deux sens possibles pour la réponse de Jésus au sujet de son troupeau (ce qui rejoint le commentaire d'Étienne) :
Ce qui nous amène à la question suivante: qui représente-on par les brebis et qui sont les agneaux?« Le mot grec que nous traduisons par Pais mes agneaux signifie proprement nourrir; et celui qui que nous traduisons par Paix mes brebis signifie conduire. Il faut pour les agneaux des soins plus doux, et pour les brebis une direction plus haute… » (Théophylacte)
http://www.saintefamille.fr/viecontempl ... es-brebis/« Le service du prochain voilà ce qui nous rend agréable à Dieu; et c’est ce que Jésus enseigne à Pierre en ce moment. Il était le premier des Apôtres, leur porte-parole, le chef de tout le collège apostolique. Il lui dit donc: si tu m’aimes véritablement, répands sur tes frères le grand amour que tu as pour moi et donne pour mes brebis cette vie que tu prétendais vouloir donner pour moi. » (Théophylacte)
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…".
2 Co 4, 8-10
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…".
2 Co 4, 8-10
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- Pater civitatis
- Messages : 3085
- Inscription : mer. 30 avr. 2008, 2:40
Re: Les degrés de l'amour de Dieu
Bon, j'ai péché par fainéantise.
Le terme "aphapao" me laissait perplexe. Je n'ai fait qu'étudier les termes grec les plus important en philosophie, je ne connais pas le grec ancien. Mais je n'avais jamais entendu parler d'aphapao dans le contexte de l'amour. Je ne sais même plus où je l'ai tiré !
Je suis allé voir le texte grec :
Nous avons agape pour Jésus, et philia pour Pierre
Si philia désigne bien l'amitié, agape peut désigner l'affection, l'amour fraternel et même... l'amour divin (voir Luc 11:42)
Le terme "aphapao" me laissait perplexe. Je n'ai fait qu'étudier les termes grec les plus important en philosophie, je ne connais pas le grec ancien. Mais je n'avais jamais entendu parler d'aphapao dans le contexte de l'amour. Je ne sais même plus où je l'ai tiré !
Je suis allé voir le texte grec :
Ça va beaucoup mieux !οτε ουν ηριστησαν λεγει τω σιμωνι πετρω ο ιησους σιμων ιωαννου αγαπας με πλεον τουτων λεγει αυτω ναι κυριε συ οιδας οτι φιλω σε λεγει αυτω βοσκε τα αρνια μου …
Nous avons agape pour Jésus, et philia pour Pierre
Si philia désigne bien l'amitié, agape peut désigner l'affection, l'amour fraternel et même... l'amour divin (voir Luc 11:42)
-
- Barbarus
L'Évangile selon Saint Jean
« Pierre, m'aimes-tu ? » (Jean 21:15-17)
Bonjour,
J'étais en train de lire le Nouveau Testament grec/anglais de mon frère (ça) et quelque chose m'a un peu surprise :
(en plus gros)
Comment se fait-il que Jésus demande deux fois « Do you love me » et la troisième fois « Are you fond of me » ? Ces deux expressions sont-elles synonymes ? Je demande parce qu'en français on traduit à chaque fois - dans ma Bible de Jérusalem en tous cas - par « M'aimes-tu ». Or, le verbe grec n'est pas le même (je ne connais pas le grec mais on voit que ça ne s'écrit pas pareil).
Est-ce que ça a une quelconque signification ?
Merci d'avance.
Bonjour,
J'étais en train de lire le Nouveau Testament grec/anglais de mon frère (ça) et quelque chose m'a un peu surprise :
(en plus gros)
Comment se fait-il que Jésus demande deux fois « Do you love me » et la troisième fois « Are you fond of me » ? Ces deux expressions sont-elles synonymes ? Je demande parce qu'en français on traduit à chaque fois - dans ma Bible de Jérusalem en tous cas - par « M'aimes-tu ». Or, le verbe grec n'est pas le même (je ne connais pas le grec mais on voit que ça ne s'écrit pas pareil).
Est-ce que ça a une quelconque signification ?
Merci d'avance.
- PaxetBonum
- Tribunus plebis
- Messages : 9858
- Inscription : lun. 21 juin 2010, 19:01
Re: « Pierre, m'aimes-tu ? » (Jean 21:15-17)
Question intéressante !
Vivement qu'un helléniste vienne nous éclairer
Vivement qu'un helléniste vienne nous éclairer
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"
St François d'Assise
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"
St François d'Assise
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- Tribunus plebis
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- Inscription : ven. 26 déc. 2008, 20:02
- Conviction : chrétien non catholique
- Localisation : Le Chambon sur Lignon (France)
Re: « Pierre, m'aimes-tu ? » (Jean 21:15-17)
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Bonjour Sofia,
Tout à fait. Jésus demande "maimes-tu" (love) deux fois, et Pierre lui réponds "je t'aime" (like ou phileo). c'est la première remarque. Ensuite, la troisième fois, Jésus emploie, sauf erreur phileo. De nombreux commentaires ont été faits sur ces différences.
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Bonjour Sofia,
Tout à fait. Jésus demande "maimes-tu" (love) deux fois, et Pierre lui réponds "je t'aime" (like ou phileo). c'est la première remarque. Ensuite, la troisième fois, Jésus emploie, sauf erreur phileo. De nombreux commentaires ont été faits sur ces différences.
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- Antoine Marie
- Rector provinciæ
- Messages : 522
- Inscription : lun. 15 févr. 2010, 17:49
- Localisation : France
Re: « Pierre, m'aimes-tu ? » (Jean 21:15-17)
Les deux premiers sont "agapè" : l'amour divin.
Le dernier est "philein" : l'amour d'amitié.
Je sais qu'il y a un sens théologique à cette différence mais je ne m'en souviens plus...
Help ?
Le dernier est "philein" : l'amour d'amitié.
Je sais qu'il y a un sens théologique à cette différence mais je ne m'en souviens plus...
Help ?
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Jn 1, 4
Re: « Pierre, m'aimes-tu ? » (Jean 21:15-17)
En attendant mieux (Dame Violine sans doute), je me lance.
Ce passage met en lumière 2 niveaux d'amour : l'agapè et le philéo.
Agapè : amour charité, amour en Dieu (sinon de Dieu), traduit ici par "to love", aimer.
Philéo : amour humain, amour d'amitié, sentimental si on prend la traduction : "to be found of ", être fou de
Jésus interroge une première foi Pierre au niveau de l'amour en charité.
Pierre répond au niveau de l'amour humain.
Jésus repose la question au niveau de l'amour en charité.
Pierre en reste à une réponse au niveau de l'amitié.
Alors Jésus descend d'un niveau et reprend sa question au niveau humain.
Pierre confirme une 3ème fois.
Pourquoi Pierre n'est-il pas passé au niveau de l'amour - charité ?
La question reste posée.
Connaissant Pierre, je mets cela sur son humilité.
Mais j'ai entendu beaucoup d'autres explications.
Cordialement,
Griffon.
Ce passage met en lumière 2 niveaux d'amour : l'agapè et le philéo.
Agapè : amour charité, amour en Dieu (sinon de Dieu), traduit ici par "to love", aimer.
Philéo : amour humain, amour d'amitié, sentimental si on prend la traduction : "to be found of ", être fou de
Jésus interroge une première foi Pierre au niveau de l'amour en charité.
Pierre répond au niveau de l'amour humain.
Jésus repose la question au niveau de l'amour en charité.
Pierre en reste à une réponse au niveau de l'amitié.
Alors Jésus descend d'un niveau et reprend sa question au niveau humain.
Pierre confirme une 3ème fois.
Pourquoi Pierre n'est-il pas passé au niveau de l'amour - charité ?
La question reste posée.
Connaissant Pierre, je mets cela sur son humilité.
Mais j'ai entendu beaucoup d'autres explications.
Cordialement,
Griffon.
Jésus, j'ai confiance en Toi,
Jésus, je m'abandonne à Toi.
Jésus, je m'abandonne à Toi.
Mon bonheur est de vivre,
O Jésus, pour Te suivre.
O Jésus, pour Te suivre.
- stephlorant
- Tribunus plebis
- Messages : 1714
- Inscription : sam. 12 mars 2011, 21:09
Re: « Pierre, m'aimes-tu ? » (Jean 21:15-17)
En faisant attention à la nuance qui apparaît entre les termes dans l'original grec, on traduirait plutôt : "M'aimes-tu plus que les autres?"; puis simplement: "M'aimes-tu d'un amour de charité"; et enfin : "M'aimes-tu d'un amour d'amitié ?". Dans les deux premières questions de Jésus à Pierre, le verbe grec utilisé est celui de agapein, cela signifie un amour d'agapè ou de charité de Jésus pour Simon-Pierre, c'est-à-dire d'un amour qui donne sa vie pour Pierre. Dans les trois réponses de Pierre à Jésus, le verbe grec est celui de philein, il s'agit simplement d'un amour d'amitié, de bienveillance, mais qui est loin d'un amour d'agapè. Dans la troisième demande, Jésus se place au niveau de Pierre, le verbe en grec est celui de philein: "M'aimes-tu d'amour d'amitié, de bienveillance" ? Nous pouvons donc constater que l'intensité dans le questionnement de Jésus va en décroissant. Étonnant, car nous aurions cru l'inverse !
Ce qui se passe en réalité, c'est que Jésus a poussé Pierre à faire l'aveu de son impuissance à aimer Jésus de l'amour agapè, c'est-à-dire jusqu'au don de sa vie, non pour lui en faire reproche, mais pour le sortir de sa culpabilité, pour réveiller en lui son désir de le suivre. A annonçant juste après la façon dont Pierre va mourir, Jésus lui révèle qu'à partir de son "petit" amour, il parviendra un jour à l'aimer de l'amour agapè dont il se reconnaît incapable dans l'instant.
Je n'ai fait que recopier et simplifier (qu'on me pardonne) une homélie que j'ai trouvé en fichier pdf, et que je n'ai pu reproduire telle quelle en "copier/coller" : il faut aller voir sur le lien suivant :
http://www.sulpc.org/ed/20110610_darcy_homelie.pdf
Ce qui se passe en réalité, c'est que Jésus a poussé Pierre à faire l'aveu de son impuissance à aimer Jésus de l'amour agapè, c'est-à-dire jusqu'au don de sa vie, non pour lui en faire reproche, mais pour le sortir de sa culpabilité, pour réveiller en lui son désir de le suivre. A annonçant juste après la façon dont Pierre va mourir, Jésus lui révèle qu'à partir de son "petit" amour, il parviendra un jour à l'aimer de l'amour agapè dont il se reconnaît incapable dans l'instant.
Je n'ai fait que recopier et simplifier (qu'on me pardonne) une homélie que j'ai trouvé en fichier pdf, et que je n'ai pu reproduire telle quelle en "copier/coller" : il faut aller voir sur le lien suivant :
http://www.sulpc.org/ed/20110610_darcy_homelie.pdf
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)
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