MYAH a écrit : ↑mar. 15 nov. 2022, 11:58
Vous avez dit que vous n'avez pas saisi de quelle parole je parlais en citant le premier amour.
En fait hier à la messe, le première lecture parlait du livre de l'Apocalypse où le Seigneur demandait à l'Eglise de revenir à son premier amour, et cette phrase m'a piqué au vif.
J’y avais pensé mais je n’avais cherché que dans les évangiles. En fait, je ne suis pas un grand fan des « lectures du jour », je préfère les garder dans leur contexte originel.
MYAH a écrit : ↑mar. 15 nov. 2022, 11:58
J'étais passionnément amoureuse de Jésus quand j'étais plus jeune, et je ne crois pas pouvoir Le servir avec autant de fougue et de zèle maintenant, malgré mon envie de lui dire "oui".
Seriez-vous de tendance mélancolique ou nostalgique ? Peu importe à vrai dire, pourvu que cela vous stimule et motive et non le contraire. Ma réponse en aveugle n’était donc pas si éloignée… Vous savez, désolé de le dire de cette façon, mais je suis sûr qu’aujourd’hui, vous vous êtes éloignée d’un état de péché qui était alors en vous alors même que vous aviez cette ferveur : cela par l’effet de la maturité. Certes, vous en étiez dans l‘ignorance, mais le but est d’effacer la gravité de cet état, et à partir des bonnes actions commises, vous vous donniez un état meilleur pour la suite.
Le curé d’Ars avait demandé à Jésus de voir son âme comme Jésus la voyait, et il en avait été horrifié (Jésus avait bien compris le sens de sa requête). L’amélioration de cet « état » est une chose, mais je pense que l’amour de Jésus pour nous, c’est comme pour nous quand nous admirons quelqu’un qui a par exemple exposé sa vie pour sauver une petite fille (cas d’actualité qui valut au sauveteur sa naturalisation et de devenir pompier de Paris, il y a environ un an…) : nous oublions tout le reste…
Vous étiez donc bien « en intimité avec Jésus », mais néanmoins il y avait tout le reste… Et dites-vous bien que ce sera encore plus formidable pour vous quand ce reste aura diminué, voire disparu !
Il y a un temps pour chaque chose…
Nous portons souvent un regard ingrat à l’égard de nos fautes au passé : nous oublions les circonstances atténuantes. Et le contraire est donc aussi vrai en sens inverse pour les bonnes actions – c’est là que je voulais en venir…
Bref, le remède à votre « considération » que je comprends, c’est l’humilité… (et vous n’en semblez pas loin… il ne manque qu’un « petit quelque chose » pour franchir l’obstacle).
Vous êtes toujours bien en progression, ce qui ne se fait jamais en ligne droite. et c'est tant mieux : ainsi avez-vous pu thésauriser le souvenir de moments d'intimité avec Jésus.
MYAH a écrit : ↑mar. 15 nov. 2022, 11:58
Merci pour votre explication sur la banque de l'époque de Jésus. En effet, si c'est facile d'envisager les choses matériellement, c'etait plus difficile pour moi de voir comment l'appliquer spirituellement.
Je pense déjà que la réaction de Jésus face à ce 3ème serviteur, est une mise en pratique qui vaut démonstration de ce qu’il a dit sur la mesure dont on se servira etc.… et je trouve cette information fort rassurante et pacifiante.
MYAH a écrit : ↑mar. 15 nov. 2022, 11:58
Ainsi donc si on imagine que le maître de la parabole s'inquiétait pour la perte ou l'usure d'un talent enterré, j'en conclue que les dons spirituels peuvent aussi être en dormance (à la banque) s'ils ne sont pas "enterrés".
Précisément non, parce qu’il y a l’appel à un tiers. La prise de risque est inévitable pour progresser, et il n’a pas osé : cela déjà lui est reproché, avant toute considération d’intérêt. Je gage qu’une situation où le risque pris se serait retourné contre le serviteur (peu importe lequel), lui aurait été mieux pardonné. Ensuite il devait s’assurer d’avoir un intérêt, mais dans un second temps seulement…
J’ai toujours beaucoup lu et retenu dans ma jeunesse ce propos de Lanza del Vasto dans un de ses livres : « l’argent n’a de valeur que lorsqu’on s ‘en sépare ». C’est tellement vrai et riche en sagesse et réflexions ! Il est au plein cœur de cette parabole et suffisant par lui-même…
S’il y eut un étalon or, lié à la valeur de l’or en lui-même, (puis un étalon dollar) la valeur de l’argent n’a souvent d’autre support que de fixer une unité de mesure pour permettre un échange. Cela pourrait être des bouts d’allumettes, cela serait pareil ! Il y a une pure convention derrière cet usage qui remplace le troc, et pour faciliter les échanges (celui à qui l’on donne/vend un vêtement n’a pas forcément le bien dont on a besoin à nous remettre en échange). Pensez aux indiens qui offrirent insouciants des trésors à Christophe Collomb…
L’argent n’a que la valeur du bien contre quoi il s’échange, et si on se trompe sur la valeur d’un bien à ce moment-là, par exemple dans une brocante, c’est tant pis : aucun recours (sinon il y a oui des garde-fous, le recours à des tribunaux, etc.).
Pour en revenir à cette parabole, le maître a voulu que ses serviteurs procèdent à des échanges pour valoriser son capital (commerce avec marge de bénéfice, ou investissement, etc.). Celui qui s’y est refusé devait au moins permettre à un autre de répondre au désir du maître, car c’était l’argent du maître. Mais il pouvait estimer qu’il avait mieux à faire, que la valeur de ce qu’il aura fait était supérieure à celle de l’argent prêté. En cela il refusait l’autorité du maître, à moins que ce soit pour son service même.
Toujours est-il que ses arguments n’évoquèrent pas cette possibilité, ils révoquaient le prêt ou du moins son usage, sans rien lui « opposer » que la « dureté » du maître.
La transposition au spirituel devient facile… Mais il convient aussi de penser que peut-être, ce que le maître voulait, c'était simplement et bien plus nous faire entrer dans des échanges, pour nous "former".
Tout ce qui nous est donné et même d’être, ce n’est pas « pour nous », le voir ainsi en détruit la valeur. Nous sommes faits pour l’échange, et dans l’échange se trouve l’amour. Il faut dépasser toutes les comparaisons… Notre valeur (et la récompense) elle tient à la richesse de l’échange en lui-même, et non dans celle de ce qui est échangé – tout appartient à Dieu et il en fait ce qu’il lui plaît, peut changer à volonté ses dons en quantité et qualité, ils ne sauraient devenir en eux-mêmes un prétexte pour justifier d’une attitude (et c’est valable aussi pour ceux qui ont beaucoup reçu).
Pour mieux comprendre, il faudrait remplacer « talent » par « dollar » et considérer que Picsou est parmi les serviteurs… Mais notre culture a un mauvais rapport avec l’argent, elle a déformé la mise à l’honneur des pauvres faite par les évangiles et, ce qui va avec, saboté la confiance. C’est un obstacle pour comprendre…