Bonjour à chacun,
Kerygme a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 10:20
Nous sommes seulement dans une réflexion théologique, je ne pense pas qu'il s'agisse de remettre en cause mais de réfléchir à une possible actualisation selon les connaissances actuelles; non pas seulement à partir des écrits bibliques mais avec l'ensemble de la Tradition (Bible, Tradition des Pères de l'Église, Magistère) qui sont pour les théologiens, et nous aussi, les trois moyens de la Révélation.
La théologie est aussi une science et se doit de prouver ce qu'elle avance. Elle nécessite donc un travail de chercheurs et la collégialité, par exemple avec la publication des travaux afin qu'ils puissent être éprouvés ; méthodologie scientifique en somme. Nous en sommes loin sur le forum mais cela n'empêche pas - en tant que baptisés - de participer à la réflexion.
Les théologiens n'étant pas que les docteurs universitaires mais aussi nos évêques, nous pouvons à tout moment éprouver nous aussi nos réflexions.
Le véritable risque serait de développer une théorie dans son coin, de penser avoir trouvé une vérité fondamentale et de vouloir en convaincre les autres. Tant que nous agissons en faisant Église, nous nous prémunissons contre les erreurs.
Je vois plutôt ces échanges, sur le forum, non comme un attrait pour de la nouveauté ou le désir de changement mais comme des pistes pouvant participer à un discours apologétique ou même à une évangélisation à notre niveau; afin de faire face à des questions qui ne manquent pas d'être posées. Et en l'absence de foi pour notre interlocuteur, l'absence de réponses, une position fondamentaliste, la formule "c'est un grand Mystère" sont perçues comme un aveu d'échec.
Il s'agit donc d'être un relais pour permettre à des esprits scientistes de s'ouvrir à l'hypothèse de Dieu, pour le reste c'est toujours le saint Esprit qui agira et non nos mots ou nos théories.
Merci à Kerygme pour ces excellentes réflexions qui me paraissent aussi justes que pertinentes.
C’est bien l’attitude et l’approche qui doivent être les nôtres.
Nous ne sommes ici que de simples croyants qui essayons d’approfondir l’intelligence de notre foi catholique non pour partager de petites théories privées mais pour essayer de mieux comprendre, dans le contexte actuel, la foi de l’Église en communion avec le Pape et de manière fidèle à la Tradition et à l’enseignement officiel de l’Église.
Voilà ce qu’en disait le Pape Pie XII dans son encyclique
Divino afflante Spiritu du 30 septembre 1943 sur les études bibliques : «
l’exégète catholique, poussé par un amour de sa science, actif et courageux, sincèrement dévoué à notre Mère la sainte Église, ne doit, en aucune façon, se défendre d'aborder, et à plusieurs reprises, les questions difficiles qui n'ont pas été résolues jusqu'ici, non seulement pour repousser les objections des adversaires, mais encore pour tenter de leur trouver une solide explication, en accord parfait avec la doctrine de l'Église, spécialement avec celle de l'inerrance biblique, et capable en même temps de satisfaire pleinement aux conclusions certaines des sciences profanes.
Les efforts de ces vaillants ouvriers dans la vigne du Seigneur méritent d'être jugés non seulement avec équité et justice, mais encore avec une parfaite charité ; que tous les autres fils de l'Église s'en souviennent. Ceux-ci doivent se garder de ce zèle tout autre que prudent, qui estime devoir attaquer ou tenir en suspicion tout ce qui est nouveau. Qu'ils aient avant tout présent, que, dans les règles et les lois portées par l'Église, il s'agit de la foi et des mœurs, tandis que dans l'immense matière contenue dans les Livres Saints, livres de la Loi ou livres historiques, sapientiaux et prophétiques, il y a bien peu de textes dont le sens ait été défini par l'autorité de l'Église, et il n'y en a pas davantage sur lesquels règne le consentement unanime des Pères. Il reste donc beaucoup de points, et d'aucuns très importants, dans la discussion et l'explication desquels la pénétration et le talent des exégètes catholiques peuvent et doivent avoir libre cours, afin que chacun contribue pour sa part et d'après ses moyens à l'utilité commune, au progrès croissant de la doctrine sacrée, à la défense et à l'honneur de l'Église » (n° 42).
Crosswind a écrit : ↑dim. 20 déc. 2020, 23:00
Simple précaution d'usage : nous sommes d'accord qu'ici, vous invoquez la Bible et non la science? Le fait historique dont vous parlez est un fait d'histoire biblique ?
Merci pour cette bonne question qui éclaire une confusion fréquente. Un fait historique, c’est simplement un fait qui s’est produit réellement dans le passé. La réalité d’un fait historique ne dépend en rien de la circonstance qu’il est relaté par la Bible, par la science ou par n’importe qui.
Quand je parle d’un fait historique, je n’invoque ni la Bible, ni la science.
Mais l’expression «
fait historique » a certes un autre sens. Tout différent. En effet, on peut aussi parler de fait historique lorsqu’un fait est attesté par des preuves scientifiques. Ce n’est pas dans ce sens, comme signifiant un fait scientifiquement prouvé, que j’utilise l’expression «
fait historique » mais simplement dans le sens d’un fait qui s’est réellement, concrètement passé à un moment de l'histoire et à un endroit de notre univers matériel. Peu importe qu’il soit connu ou inconnu, prouvé ou non.
La plupart des faits historiques du passé n’ont laissé aucune trace et sont définitivement oubliés. Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas existé, même si plus rien ne les prouve.
Prenez l’exemple de la conception virginale du Christ. C’est un fait historique, en ce sens qu’il s’est réellement produit en Palestine il y a environ 2000 ans. Mais, ce n’est évidemment pas un fait historique dans le sens d’un fait prouvé de manière scientifique.
De même, le fait historique de la création d’Adam et Ève ne fait évidemment l’objet d’aucune preuve scientifique. Mais, pour un croyant, c’est cependant un fait historique en ce sens qu’il s’est réellement passé à un moment de l’histoire dans le temps et à un endroit concret de notre planète.
Si nous croyons à ce fait historique, ce n’est pas uniquement sur la base du texte biblique très poétique et symbolique, mais surtout sur la base de la foi de l’Église portée par la Tradition et le Magistère ainsi que sur les développements de l’intelligence de cette foi au fur et mesure de l’extension des connaissances scientifiques.
Vous avez bien sûr raison de constater que «
la science, et l'histoire, laïque serait bien en peine de démontrer quoi que ce soit en ce qui concerne le concept d'âme humaine ».
Kerygme a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 11:52
aucune découverte archéologique ne situe une quelconque variante de préhumain à l'époque des dinosaures. La piste de
Graecopithèque ou même de
Homo Naledi nous situerait grosso modo à moins d'une dizaine de millions d'années; et les gros dinosaures avaient disparus depuis longtemps.
Il est important de rappeler qu'ici aussi le mot «
préhumain » a deux sens différents (cela vise
soit tous les ancêtres biologiques des humains depuis l’apparition de la vie,
soit l’espèce naturelle dont fut directement tirée le corps d’Adam et Ève) et nous sommes bien sûr tous d’accord pour observer que rien ne permet de constater une présence d’hominidés à l’époque des dinosaures.
Kerygme a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 11:52
La pensée de Dieu étant créatrice (gen 1,3 : Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut.), au moment où il pense l'homme, ce dernier est créé. Et cela me semble plus en accord avec le chapitre 2 de la Genèse qui dit : "il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant." Cela implique de manière explicite qu'il ne l'était pas avant.
Hors les êtres vivants existaient déjà lors de la création d'Adam et donc notre présumé préhumain.
Alors comment sortir de ce paradoxe ? Ma proposition - purement hypothétique et c'est là que mon préhumain intervient en tant que descendant de ces mammifères survivants - serait que Dieu a pu utiliser une forme de vie préexistante (et postérieure aux dinosaures) comme modèle tout en faisant une création nouvelle. C'est à partir de ce "chaînon manquant" que j'échafaude le reste de ma théorie. C'est alambiqué, je le reconnais.
Je vous comprend et cela ne me paraît pas alambiqué.
C’est même exactement ce que me semble indiquer le récit biblique lorsqu’il raconte que Dieu façonne l’adam déjà avant même qu’il y ait eu de la pluie, ni aucune plante sur la terre (Gn 2, 5), ce qui remonte bien plus loin que les premiers mammifères jusqu’aux débuts de la vie.
La nouveauté, c’est la souffle de Dieu qui a uni le créé et l’incréé, le matériel et le spirituel, de manière à faire advenir un être nouveau.
Kerygme a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 11:52
Mais je reste persuadé que dans la Génèse, et pour répondre à une compréhension de l'époque, il y a une part de récit cosmologique transmis de façon cosmogonique. Dans quelle proportion et dans quel agencement, ça c'est une autre histoire.
C’est bien vrai, même si ces mots sont un peu compliqués.
Plus simplement, c’est une explication de faits réels de l’histoire dans un langage d’une époque.