Il y a une différence entre la justice et la vengeance et qui n’est pas que de mots.
La justice apporte à la vengeance la correction qu’apporte le Nouveau Testament à l’Ancien Testament.
Comment croire à la vengeance après avoir entendu dire Jésus sur sa croix : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Et comment y croire (évidemment pour les autres…) quand après avoir péché et se savoir mériter un châtiment exemplaire, nous ressortons pardonnés de la confession !
Il est effectivement possible d’y croire, mais alors c’est vivre sur la corde raide. Non seulement il faut la laisser à Dieu et ne pas l’exercer soi-même, mais ne pas se réjouir quand il l’exerce (il nous le reprocherait !) ni espérer de lui qu’il « nous » vengera.
Or il se trouve que ceux qui la revendiquent comme un argument de crainte cherchent plus souvent à dissimuler leurs fautes qu’à les supprimer par amour (car par la crainte, cela ne marche pas ou que provisoirement, elles ressurgissent ailleurs).
La justice n’est pas la vengeance. Il a toujours été dit que les damnés reconnaitraient la justice de leur sort, or peut-il y en avoir un de pire ?
La justice ne peut s’appeler vengeance que dans une condition qui correspond à cette idée de mesure, où celle dont nous nous servirons sera celle par laquelle nous serons jugés. Autrement dit, c’est quand nous aurons déformé la justice pour qu’elle aille dans notre sens : redresser les choses suppose d’aller dans le sens opposé et peut alors être considéré comme une vengeance, mais ce n’est que de la justice appliquée.
Ce qui est certain c’est que Dieu est insensible à l’hypocrisie comme à la flatterie.
Et oui, d’une certaine façon, Il est indifférent puisqu’en lui il n’y a que du bien, et que ce qui n’en sera pas disparaîtra. Il l’est comme il nous demande de l’être envers celui qui nous vole notre tunique et à qui nous devons proposer notre manteau pour le lui faire sentir. Il l’est comme quand il nous adjure de ne pas craindre ceux qui peuvent tuer le corps. Nous faisons notre possible pour faire sentir sa méchanceté au méchant, autant que possible sans l’être ni (plus difficile encore) le paraître nous-mêmes, mais s’il persiste, c’est sa liberté et Dieu l’a voulu libre.
Dieu n’écoute pas le mensonge – comment l’arbre mauvais pourrait-il produire de bons fruits, et un bel arbre de mauvais ?
Il fait miséricorde à celui qui fait miséricorde, par conséquent à celui aussi qui sait demander pardon (avec la ferme résolution de ne plus recommencer) : sans quoi c’est de l’impudeur et il en serait complice.
Tout le monde est obligé de croire en la définition de Dieu, et chacun peut en manipuler le concept en effet, crier à la duperie quand cela effraie (car le Tout-Puissant est bon, et juste, et il ne supporte pas ce qui ne lui ressemble pas, or c’est pourquoi cette bonté effraie plus que sa colère, ou le devrait…) est également possible.
Mais la vraie foi c’est autre chose, et ceux qui l’ont savent la reconnaître derrière les apparences et les mots trompeurs.
La vengeance, cela ne les regarde pas…
Ceux qui voient Dieu comme un Dieu vengeur le rencontreront probablement tel et ce sera mérité, ne serait-ce que pour qu’ils confessent ou non qu’ils le pensaient aussi différent et implorent sa pitié.
Nous sommes ici entre croyants, par conséquent invoquer un Dieu vengeur (à moins de vouloir « déjà ! » juger les incroyants en s’asseyant sur ces trônes qui seront dédiés à ceux qui le feront avec Jésus) c’est penser à une vengeance aveugle, autrement dit qui a vu un mal que nous ne voyons pas (sans quoi nous le corrigerions ou serions hypocrites), et qui se venge de ce qu’il aurait voulu un bien à la place. Mais si Dieu est juste, nous verrons ce qu’il voit et en reconnaitrons la vérité. C’est nous qui ne serons plus aveugles.
Cela suppose donc que nous ayons voulu ce mal (ou l’ayons subi, ou en soyons complices), et que nous n’avons rien à craindre si nous sommes dans le cas contraire où et que le repentir à lui seul (avec l’ajout du ferme propos que nous ne le voulions plus, ce mal) peut même remplacer.
Il existe effectivement des personnes qui croient, et qui pourtant veulent et font le mal. Mais cela n’a rien à voir avec qui est Dieu.
La Vindicte divine est une vérité de foi divine, une vérité formellement révélée. De sorte que nier Dieu exercer la vengeance, c'est prétendre mieux savoir Dieu que Dieu-même... Ou, pour le dire autrement, se dire catholique en niant la règle suprême de la foi, l'autorité de Dieu révélant...
Ce n’est pas de la vérité dont il s’agit, mais du fait de s’en servir pour susciter la peur, une peur inutile et contreproductive.
Pourquoi donc nient-ils la Vindicte ? Parce qu'elle leur semble incompossible à la Miséricorde. Il serait pourtant facile de leur expliquer comment Vindicte et Miséricorde se concilient dans l'Amour : dans l'Amour infini de Dieu pour Dieu.
Elle n’était ici en rien niée, mais précisément expliquée d’une façon qui ne la réduisait pas à produire cette peur qui fondamentalement éloigne de la miséricorde.
Non, pas facile, car cela ainsi exposé en s’opposant n’explique rien, rien que chacun n’ait depuis longtemps compris. Rien qu’un point de vue qui suscite la contradiction plus qu’il ne la résout. Comme si nous n’étions pas déjà entrés plus avant dans l’analyse et que nous avions besoin d’un petit cours de rattrapage…
Il serait facile de façon très théorique de s'opposer indéfiniment en défendant qui la vengeance (comprise comme ChristanK vous l'avez bien décrite) qui la miséricorde, mais ce qui fait la différence c'est comment très concrètement chacun vit ses idées et nous étions bien sur la même longueur d'ondes à cet égard, à ce qu'il me semble - ce pourquoi un déplacement de notre conversation sur ce fil m'a paru incongru, car nous parlions davantage de comment interpréter les signes ou non-signes de la providence, ou de malédiction (ce qui est très différent).