L'homme, le péché, l'enfer et Dieu
Publié : dim. 16 oct. 2016, 19:40
Une petite réflexion qui m’est venue l’autre jour, influencés en partie par les lectures du cardinal Hans Urs Von Balthasar sur le samedi saint et d’Adrienne Von Speyr sur la croix et l’enfer.
Que signifie la mort est vaincue ? Le péché est vaincu ?
Si le péché est vaincu, n’est-ce pas parce que le « non » de l’homme est vaincu ?
Si Dieu a pénétré aux plus profonds abysses de l’homme, a mesuré toutes les dimensions du péché, n’est-ce pas pour le réintégrer ? D’où sa victoire.
Il semble qu'en donnant le libre-arbitre à l’homme, condition de la relation, la volonté de Dieu était de pouvoir partager son amour avec sa création, de se donner. Mais il savait que le libre-arbitre allait entraîner inéluctablement le péché. La possibilité du « oui » et du « non » ainsi ouverte ne pouvait pas rester figée sur le « oui » sauf si Dieu obligeait l’homme au « oui », ce qui est contraire à l’amour, à la liberté. Mais la volonté de Dieu dans le don de la volonté humaine était en vue de l’union. Dieu ne pouvait pas vouloir, il me semble, la séparation.
Dans l’incarnation, n’y a-t-il pas quelque chose comme la prise de connaissance de ce « non », de ce chaos qu’est le péché pour le recréé, l’intégrer et que le non mène au « oui », pour englober l’enfer, intégrer ce chaos afin que Dieu soit tout, l’unité complète ?
Pourquoi le Christ est-il descendu aux enfers, a-t-il partagé la condition de l’homme, a porté tout le péché du monde, a vaincu le péché si c’est pour qu’au final un reste soit irrécupérable ?
Ne serait-ce pas quelque part qu’il n’a pas pu porter ce péché, qu’il n’a pu le vaincre ?! Si un reste est perdu, c’est comme dire que le Christ n’a pu vaincre ce péché. Et que le péché est aussi fort que l’amour. Un seul « non » absolu, définitif signifie, il me semble, qu’il n’a pas vaincu le péché mais que le péché l’a vaincu ?!
Un « non » définitif n’est que du péché pur, c’est-à-dire quelque chose de dépersonnalisé, sans être. Le péché n’a pas l’être en lui. Comment donc une personne pourrait faire ce « non » définitif ? Le simple fait qu’elle « soit », qu’elle fasse un choix est le reflet quelle n’est pas dans le « non » définitif. Le « non » définitif me semble ne pouvoir être fait par une personne car celui-ci impliquant une absence d’être, il ne peut donc être le fruit d’une volonté.
L’être étant le propre de Dieu, la personne humaine « étant », elle ne peut trouver son accomplissement qu’en Dieu et non dans le péché. N’est-ce pas le but de la descente aux enfers que de ramener l’homme vers Dieu, de prendre connaissance de ce « non », de son cheminement en quelques sortes pour le rediriger en « oui » ?
Il y a comme un hiatus entre l’être et le péché qui sont par nature inconciliable.
On parle de Dieu qui par respect de la liberté humaine laisserait l’homme dans son « non ». Mais c’est comme dire qu’il a créé l’homme soit pour l’union soit pour la perdition. Dieu a-t-il créé l’homme pour sa perte ? Dieu accepte-t-il le péché, le respecte-t-il ? Ou le condamne-t-il ?
Si donc il le condamne, considère le péché comme un égarement, une erreur, peut-il vouloir, par respect de la « liberté », laisser l’homme dans l’erreur ? Le simple fait de savoir que c’est une erreur, un égarement fait qu’on ne peut tenir ce « non » comme de même valeur que le « oui ».
Je ne sais pas, c’est comme si on était professeur, notre élève fait une erreur mais par respect de la liberté (?!), on le laisse dans l’erreur. En fait, c’est comme si on considérait cette erreur aussi valable que la bonne réponse. C’est comme dénaturer la vérité, la mettre au même rang que l’erreur, lui accorder autant de valeur. Comme si Dieu n’était plus l’absolu mais un relatif parmi d’autres ?!
Dieu respecte ce choix ? Je n’ai jamais lu dans la Bible Dieu respecter ce choix. Il le condamne plutôt. Et pourtant il l’accepterait ? C’est contradictoire.
C’est comme si on avait fait de la liberté notre Dieu. Dieu doit s’y soumettre, n’a qu’à se taire devant elle même s’il n’est pas d’accord.
Or, la liberté n’a de valeur, n’est ce qu’elle est vraiment qu’en Dieu. Mais il est vrai qu’il est impératif de dire « oui » à Dieu librement selon la loi de l’amour. Et « la vérité vous affranchira »…
En explorant le péché, tous les « non », le Christ a ouvert le chemin vers le « oui ».
Peut-on penser, comme certains pères de l’église, que l’homme fortement ancré dans le péché puisse en arriver à ce que le péché devienne une seconde nature pour lui et qu’il devienne péché pur en quelques sortes ? Et donc qu’il perde l’être et se dissolve dans le péché ?
L’être ne vient pas de nous pour qu’on en soit maître. Il est le don de Dieu, issu de son amour pour nous, et maintenu par son amour éternel. Que l’homme devienne péché pur signifierait que Dieu l’ait permis. Et qu’il l’ait permis signifierait qu’il ait cessé de nous aimer. Mais Dieu aime d’un amour éternel, d’où l’immortalité de l’âme il me semble. Ce lien me paraît rendre impossible ce « non » absolu.
L’être me fait penser à des fils liés à Dieu et que Dieu peut ramener vers lui. Ce fil peut-il se rompre. Comme Dieu nous aime d’un amour éternel, qu’il se rompe signifierait donc que le « non » et donc que le péché a été plus fort, a vaincu l’amour.
Il y a pourtant tous ces passages qui parlent de perdition. Ces passages parlent surtout de la justice de Dieu et cette justice me semble être le constat de ce qui est et de ses conséquences, c’est-à-dire l’homme abandonné à lui-même. Il me semble que lorsque la justice de Dieu parle, elle établit surtout un constat, « l’homme a voulu vivre sans Dieu, il est juste qu’il en subisse les conséquences », et non pas ce que Dieu veut. Ce que Dieu veut c’est que tous les hommes soient sauvés.
Il y a donc entre l’homme, le péché et la justice ce que Dieu veut. Alors ce que l’homme veut est-il souverain et fait-il taire ce que Dieu veut ?
Le péché qui ne peut être pardonné n’est-il pas au fond ce péché pur, ce non absolu, ce péché détaché de tout être et de toute volonté ? Tous les péchés rattachés à l’homme peuvent être pardonnés, le « non » revenir vers le « oui », tout mal tournera en bien…
Mais le péché pur est inconvertissable, il est déposé en enfer. Vaincu car sans lien avec l’être pour s’exprimer, tous les liens avec l’être ayant été redirigés vers le « oui » par le Christ.
Bon ça vaut ce que ça vaut, c'est juste une réflexion hein. Si ça pouvait davantage ouvrir sur une discussion que sur un jet de tomates, un conflit, j'apprécierais.
Non pas que j'ai à me plaindre d'un traitement passé à mon égard, au contraire, mais je sais que ce genre de sujets est souvent tendu.
Que signifie la mort est vaincue ? Le péché est vaincu ?
Si le péché est vaincu, n’est-ce pas parce que le « non » de l’homme est vaincu ?
Si Dieu a pénétré aux plus profonds abysses de l’homme, a mesuré toutes les dimensions du péché, n’est-ce pas pour le réintégrer ? D’où sa victoire.
Il semble qu'en donnant le libre-arbitre à l’homme, condition de la relation, la volonté de Dieu était de pouvoir partager son amour avec sa création, de se donner. Mais il savait que le libre-arbitre allait entraîner inéluctablement le péché. La possibilité du « oui » et du « non » ainsi ouverte ne pouvait pas rester figée sur le « oui » sauf si Dieu obligeait l’homme au « oui », ce qui est contraire à l’amour, à la liberté. Mais la volonté de Dieu dans le don de la volonté humaine était en vue de l’union. Dieu ne pouvait pas vouloir, il me semble, la séparation.
Dans l’incarnation, n’y a-t-il pas quelque chose comme la prise de connaissance de ce « non », de ce chaos qu’est le péché pour le recréé, l’intégrer et que le non mène au « oui », pour englober l’enfer, intégrer ce chaos afin que Dieu soit tout, l’unité complète ?
Pourquoi le Christ est-il descendu aux enfers, a-t-il partagé la condition de l’homme, a porté tout le péché du monde, a vaincu le péché si c’est pour qu’au final un reste soit irrécupérable ?
Ne serait-ce pas quelque part qu’il n’a pas pu porter ce péché, qu’il n’a pu le vaincre ?! Si un reste est perdu, c’est comme dire que le Christ n’a pu vaincre ce péché. Et que le péché est aussi fort que l’amour. Un seul « non » absolu, définitif signifie, il me semble, qu’il n’a pas vaincu le péché mais que le péché l’a vaincu ?!
Un « non » définitif n’est que du péché pur, c’est-à-dire quelque chose de dépersonnalisé, sans être. Le péché n’a pas l’être en lui. Comment donc une personne pourrait faire ce « non » définitif ? Le simple fait qu’elle « soit », qu’elle fasse un choix est le reflet quelle n’est pas dans le « non » définitif. Le « non » définitif me semble ne pouvoir être fait par une personne car celui-ci impliquant une absence d’être, il ne peut donc être le fruit d’une volonté.
L’être étant le propre de Dieu, la personne humaine « étant », elle ne peut trouver son accomplissement qu’en Dieu et non dans le péché. N’est-ce pas le but de la descente aux enfers que de ramener l’homme vers Dieu, de prendre connaissance de ce « non », de son cheminement en quelques sortes pour le rediriger en « oui » ?
Il y a comme un hiatus entre l’être et le péché qui sont par nature inconciliable.
On parle de Dieu qui par respect de la liberté humaine laisserait l’homme dans son « non ». Mais c’est comme dire qu’il a créé l’homme soit pour l’union soit pour la perdition. Dieu a-t-il créé l’homme pour sa perte ? Dieu accepte-t-il le péché, le respecte-t-il ? Ou le condamne-t-il ?
Si donc il le condamne, considère le péché comme un égarement, une erreur, peut-il vouloir, par respect de la « liberté », laisser l’homme dans l’erreur ? Le simple fait de savoir que c’est une erreur, un égarement fait qu’on ne peut tenir ce « non » comme de même valeur que le « oui ».
Je ne sais pas, c’est comme si on était professeur, notre élève fait une erreur mais par respect de la liberté (?!), on le laisse dans l’erreur. En fait, c’est comme si on considérait cette erreur aussi valable que la bonne réponse. C’est comme dénaturer la vérité, la mettre au même rang que l’erreur, lui accorder autant de valeur. Comme si Dieu n’était plus l’absolu mais un relatif parmi d’autres ?!
Dieu respecte ce choix ? Je n’ai jamais lu dans la Bible Dieu respecter ce choix. Il le condamne plutôt. Et pourtant il l’accepterait ? C’est contradictoire.
C’est comme si on avait fait de la liberté notre Dieu. Dieu doit s’y soumettre, n’a qu’à se taire devant elle même s’il n’est pas d’accord.
Or, la liberté n’a de valeur, n’est ce qu’elle est vraiment qu’en Dieu. Mais il est vrai qu’il est impératif de dire « oui » à Dieu librement selon la loi de l’amour. Et « la vérité vous affranchira »…
En explorant le péché, tous les « non », le Christ a ouvert le chemin vers le « oui ».
Peut-on penser, comme certains pères de l’église, que l’homme fortement ancré dans le péché puisse en arriver à ce que le péché devienne une seconde nature pour lui et qu’il devienne péché pur en quelques sortes ? Et donc qu’il perde l’être et se dissolve dans le péché ?
L’être ne vient pas de nous pour qu’on en soit maître. Il est le don de Dieu, issu de son amour pour nous, et maintenu par son amour éternel. Que l’homme devienne péché pur signifierait que Dieu l’ait permis. Et qu’il l’ait permis signifierait qu’il ait cessé de nous aimer. Mais Dieu aime d’un amour éternel, d’où l’immortalité de l’âme il me semble. Ce lien me paraît rendre impossible ce « non » absolu.
L’être me fait penser à des fils liés à Dieu et que Dieu peut ramener vers lui. Ce fil peut-il se rompre. Comme Dieu nous aime d’un amour éternel, qu’il se rompe signifierait donc que le « non » et donc que le péché a été plus fort, a vaincu l’amour.
Il y a pourtant tous ces passages qui parlent de perdition. Ces passages parlent surtout de la justice de Dieu et cette justice me semble être le constat de ce qui est et de ses conséquences, c’est-à-dire l’homme abandonné à lui-même. Il me semble que lorsque la justice de Dieu parle, elle établit surtout un constat, « l’homme a voulu vivre sans Dieu, il est juste qu’il en subisse les conséquences », et non pas ce que Dieu veut. Ce que Dieu veut c’est que tous les hommes soient sauvés.
Il y a donc entre l’homme, le péché et la justice ce que Dieu veut. Alors ce que l’homme veut est-il souverain et fait-il taire ce que Dieu veut ?
Le péché qui ne peut être pardonné n’est-il pas au fond ce péché pur, ce non absolu, ce péché détaché de tout être et de toute volonté ? Tous les péchés rattachés à l’homme peuvent être pardonnés, le « non » revenir vers le « oui », tout mal tournera en bien…
Mais le péché pur est inconvertissable, il est déposé en enfer. Vaincu car sans lien avec l’être pour s’exprimer, tous les liens avec l’être ayant été redirigés vers le « oui » par le Christ.
Bon ça vaut ce que ça vaut, c'est juste une réflexion hein. Si ça pouvait davantage ouvrir sur une discussion que sur un jet de tomates, un conflit, j'apprécierais.
Non pas que j'ai à me plaindre d'un traitement passé à mon égard, au contraire, mais je sais que ce genre de sujets est souvent tendu.