Suliko a écrit : ↑sam. 30 déc. 2017, 16:04
Honnêtement, si vous pensez que les catholiques ne sont pas des hérétiques, c'est parce que vous êtes un orthodoxe ouvert.
Je ne renie pas une telle désignation.
Cette idée de communion imparfaite est d'ailleurs étrangère à la théologie traditionnelle, qu'elle soit catholique ou orthodoxe.
Au sens strict oui, peut-être, mais dans la mesure où les Églises autocéphales ont toujours joui d'une autonomie juridique, économique et administrative à l'intérieur de l'Église orthodoxe, la pleine communion au sens strict n'a jamais été une réalité. Et puis, il ne faut pas confondre la
reconnaissance d'une Église par une autre, et le fait d'être en
communion avec elle.
Le patriarcat de Constantinople par exemple, ne reconnaît pas l'autocéphalie de l'Église orthodoxe en Amérique, mais est en communion avec elle (en russe, евхаристическое общение, soit « dialogue eucharistique »).
Peut-on alors parler, au sens large, de communion imparfaite entre Églises catholique et orthodoxe ?
Et des divergences dans ce domaine existe belles et bien au sein d'un même patriarcat orthodoxe, comme l'indiquait mon exemple avec Khomiakov.
Pardonnez-moi, mais votre exemple avec Khomiakov concernait un anglican désireux de se convertir à l'orthodoxie, et que rebutait la nécessité de se faire baptiser. La position de l'Église russe semble avoir évolué sur ce plan, mais sans qu'on puisse dire qu'elle demande le
baptême dans un cas, et pas dans l'autre, comme ce fut le cas dans l'Église roumaine selon les dires d'Altior. À partir du moment où une pratique cohérente et systématique en remplace une autre, on n'est plus dans ce cas de figure.
Il ne faut pas oublier non plus que, selon le site de théologie orthodoxe
Азбука, les raisons qui poussèrent l'Église russe à demander le
baptême des catholiques sont en grande partie d'ordre politique, puisqu'elles datent du début du XVIIe siècle, en pleine guerre avec la Pologne catholique.
Je ne sais pas ce qu'il en a été avant cette date. À creuser.
Par ailleurs j'apprends – toujours sur le même site – que la pratique la plus répandue dans l'Église grecque consiste aujourd'hui non pas à baptiser, mais à chrismer les convertis catholiques. Cette tendance est-elle appelée à devenir la norme ? À défaut d'une pratique systématique du
baptême des convertis – qui serait préférable à mon sens – : je l'espère.
Pour moi, cela est un indice d'une perte de sens de la signification profonde du baptême.
Dans un sens oui, vous avez raison, c'est une situation malheureuse.
Mais le problème de l'incohérence mis à part, en ce qui me concerne, je continue à pencher, et assez nettement, pour la thèse cyprianiste : comment considérer qu'un
baptême administré par un hérétique ou même un non-chrétien, soit légitime au même titre que celui d'un prêtre agissant au nom de l'Église ? J'avoue ne pas vraiment comprendre cela.
Personnellement, je ne pense pas être imperméable aux traditions chrétiennes orientales. Quant je lis les Pères orientaux, je ne me sens pas en terre étrangère.
Bien sûr, et je ne renie pas non plus Saint Augustin. Mais en y regardant de près, on peut déjà deviner en filigrane les disputes futures, vous ne croyez-pas ? Même s'ils n'étaient pas encore mûrs du temps de l'Église indivise, les fruits de la discorde avaient déjà germé.
Ah bon ? Plus éloigné encore que le protestant ?
Eh bien, oui... je pense notamment au souci historique qu'a eu la papauté de vouloir s'adjoindre un pouvoir temporel à côté de son pouvoir spirituel. D'avoir voulu transformer l'Église en État, alors qu'il eût fallu faire l'inverse.
Mais de grâce, évitons ce sujet
Mais pour prendre un exemple concret, le fait est qu'en Géorgie, au début du 2ème millénaire (au 12ème siècle, je crois), le roi ou la reine ainsi que le patriarche (si mes souvenirs sont bons, car je n'ai pas les sources sous les yeux) ont écrit au pape pour qu'il réponde à diverses questions théologiques, parmi lesquelles la question de la nécessité ou non du rebaptême (ou plus précisément baptême) des hérétiques revenant à la véritable Eglise. Le pape a évidemment répondu que cela n'était pas nécessaire. Ce petit épisode tend cependant à mon avis à indiquer que d'une part, c'était une question théologique (et non culturelle) de première importance et que d'autre part, le pape était vu comme l'autorité suprême à qui l'on s'adressait en cas de problèmes de ce genre. La Géorgie ne s'est pas adressée au patriarche d'Antioche (l'Eglise géorgienne ayant été fondée par ce patriarcat) ou à celui de Constantinople, mais à Rome.
Intéressant. Peut-être que le patriarche géorgien avait déjà tranché en faveur de la position stéphanienne, et qu'il ne lui manquait plus que l'aval d'une grande Église pour défendre sa conception face à une Église orthodoxe globalement cyprianiste ? N'oublions pas que l'évêque de Rome jouit d'une primauté d'honneur même pour les orthodoxes (mais pas d'une primauté de rang).