Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

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Message non lu par anachorète moderne » jeu. 26 août 2021, 9:00

Arthur 19,

Concernant les " contradictions ", ne peut-on pas voir les choses autrement ?

Si les damnés vont en enfer, ce n'est pas vraiment parce qu'ils choisissent premièrement d'aller souffrir éternellement.
C'est un choix " par défaut ", secondaire. Ils refusent à tout prix de faire la volonté de Dieu.

Je ne pense pas que les " mauvais " soient des masochistes... Ce qui les caractérise le mieux c'est un bonheur perfide et de pouvoir abuser
du bonheur d'autrui.

Donc...

Les damnés se soumettent aux choix divin, ils vont en enfer car ils ne veulent pas d'un paradis, de l'amour. Mais il me semble erroné de penser
qu'ils décident volontiers l'enfer. Il s'agit d'un "dilemme" entre deux possibilités qui lui déplaisent

Vu comme ça, pas de contradiction, le damné va en enfer car aucun choix plus proche de sa volonté ne lui est permis.

Je rajouterai une fois de plus que j'ai du mal avec l'idée de la damnation. Là encore je ne sais qu'en penser. Mais si c'est le choix de Dieu... Qui sommes-nous pour juger ?

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Message non lu par anachorète moderne » jeu. 26 août 2021, 9:08

J'ajouterais que le catholicisme n'est pas exempt de formulations gauches.

Car les damnés ne choisissent pas "librement", parler de libre-arbitre conviendrait mieux.

Celui qui vit par le péché, est esclave du péché ; pas de liberté.

Au paradis, nous goûterons à la vraie liberté selon moi.

Dire que les damnés sont " libres ", choisissent "librement" est un oxymore à mes yeux.

Ils ont choisit librement l'enchaînement !

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Message non lu par Arthur19 » jeu. 26 août 2021, 11:30

La contradiction que je voyais était que cette phrase :
La damnation consiste précisément dans l’éloignement définitif de Dieu librement choisi par l’homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état
dit que celui qui meurt ne peut plus rien changer après la mort, au moment de voir Dieu.

Alors que celle-ci :
La grâce que Dieu offre au pécheur, sans doute encore de façon ultime au moment où il se présente devant lui, est en elle-même efficace pour que, s’il le veut, il se décide finalement en faveur de Dieu.
dit l'inverse.
Les damnés se soumettent aux choix divin, ils vont en enfer car ils ne veulent pas d'un paradis, de l'amour. Mais il me semble erroné de penser qu'ils décident volontiers l'enfer. Il s'agit d'un "dilemme" entre deux possibilités qui lui déplaisent
entièrement d'accord.

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Message non lu par anachorète moderne » jeu. 26 août 2021, 11:41

Arthur19,

D'accord, je reconnais que les phrases de cet article sont difficile à concilier d'apparence.
Au mieux c'est juste de la maladresse... Au pire je ne sais pas.
Je laisse quelqu'un d'autre vous répondre par rapport à ça.

Cordialement.

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Message non lu par Invité » jeu. 26 août 2021, 16:45

Cinci a écrit :
jeu. 26 août 2021, 4:14
Invité :

Il me semble important de signaler que la rétribution pour ses actes est l'apanage des Évangiles synoptiques.
Si la rétribution pour ses actes est l'enseignement des Évangiles comme vous tenez à le signaler vous-même, mais alors l'idée de la rétribution ne peut pas être une «idée réductrice ou même fausse» comme vous l'avancerez par la suite.

Vous écrivez plus loin :
Raisonner comme vous le faites en espérant une rétribution plus grande en fonction des œuvres réalisées ici-bas me paraît donc très réducteur et même faux.
La rétribution plus grande de l'un vient de ce qu'il a amassé un trésor pour le ciel à l'inverse d'un autre qui se présente au jugement avec les mains vides. L'idée d'une récompense plus grande pour l'un que pour l'autre se trouve dans la Bible. C'est aussi pourquoi le concile de Trente s'exprimait comme il le faisait. C'est bien normal. Il est naturel que la récompense soit plus grande pour l'apôtre qui a tout quitté pour se mettre à la suite de Jésus. On peut s'attendre à ce que la gloire soit plus grande pour lui que pour le jeune homme riche de l'Évangile, qui finirait peut-être par entrer dans le royaume de peine et de misère, par la porte d'en arrière. L'un aurait tout sacrifié, l'autre n'aura pas voulu trop se déranger.
Vous aspirez à la gloire dans l'au-delà, moi non. Le Christ n'évoque en aucun cas la gloire comme récompense. Et, à titre personnel, je n'en verrai aucunement l'intérêt.

Si vous relisez le chapitre du Jugement dernier auquel vous vous référez, l'accès au Royaume des Cieux ou la damnation, conditionné par les œuvres réalisées ou non pendant son existence, fait entièrement abstraction de calculs. Les brebis n'ont pas cherché à capitaliser pour s'attirer la faveur de Dieu, tout comme les boucs n'ont pas été dans une logique d'opposition. Les uns ont naturellement fait le bien sans même en avoir conscience ("Seigneur, quand est-ce que..."), idem pour ceux qui ont commis le mal (Seigneur, quand t’avons-nous..."). Cela rejoint totalement mon propos sur la conversion des uns qui les conduit dans un amour naturel et les autres qui, refusant la conversion, ont le cœur endurci sans nécessairement en avoir conscience.

Vous ne raisonnez pas du tout dans cette optique de conversion. Pour vous, comme pour l'initiateur de ce sujet, les bonnes œuvres ne sont pas la conséquence naturelle d'une conversion réussie, elles sont au contraire motivées par l'aspiration à une récompense. Elles sont donc calculées.

Vous espérez à ce titre la gloire comme récompense quand on attendrait plutôt la béatitude auprès du Créateur et de tous ceux qui ont compté dans nos vies.

À noter que je ne vous juge pas, je n'ai moi-même pas réussi ma conversion...

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Message non lu par Cinci » jeu. 26 août 2021, 17:49

Ce ne serait pas tellement le fil pour aborder les peines de l'enfer ... sinon très brièvement ...

Brièvement

En rigueur de terme, nous naissons tous «dans les fers», tous esclaves du mal. Nous ne sommes pas libres (sommes promis à la mort, pas le choix). Mais nous disposons toujours de notre libre-arbitre ici sur terre. Un libre-arbitre qui nous rend possible l'aspiration à être affranchi du péché, du mal, de la mort. «Je veux être libéré du péché !» Et c'est la promesse du Christ qu'il y aurait moyen de l'être ultimement. Et alors voici la marche à suivre ...

En suivant la prescription du médecin : on accède enfin à une relative liberté par rapport au péché et le moment de la mort devient un passage pour le paradis des affranchis soit tous ceux que le mal ne peut plus atteindre. Celui qui meurt ayant repoussé la prescription, désavoué le médecin, rien voulu savoir d'être libéré du péché en tant que tel : il meurt condamné et abouti en enfer. Il est définitivement esclave du mal. Ce dernier n'a pas «choisi» d'aboutir en enfer. Il était esclave avant et n'a fait que demeuré dans l'esclavage. Il s'est résigné au mal, au péché, a fait de la mort sa bonne amie, n'avait pas d'espérance et a refusé d'en avoir.

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Message non lu par Invité » jeu. 26 août 2021, 18:13

Cinci a écrit :
jeu. 26 août 2021, 17:49
Ce ne serait pas tellement le fil pour aborder les peines de l'enfer ... sinon très brièvement ...

Brièvement

En rigueur de terme, nous naissons tous «dans les fers», tous esclaves du mal. Nous ne sommes pas libres (sommes promis à la mort, pas le choix). Mais nous disposons toujours de notre libre-arbitre ici sur terre. Un libre-arbitre qui nous rend possible l'aspiration à être affranchi du péché, du mal, de la mort. «Je veux être libéré du péché !» Et c'est la promesse du Christ qu'il y aurait moyen de l'être ultimement. Et alors voici la marche à suivre ...

En suivant la prescription du médecin : on accède enfin à une relative liberté par rapport au péché et le moment de la mort devient un passage pour le paradis des affranchis soit tous ceux que le mal ne peut plus atteindre. Celui qui meurt ayant repoussé la prescription, désavoué le médecin, rien voulu savoir d'être libéré du péché en tant que tel : il meurt condamné et abouti en enfer. Il est définitivement esclave du mal. Ce dernier n'a pas «choisi» d'aboutir en enfer. Il était esclave avant et n'a fait que demeuré dans l'esclavage. Il s'est résigné au mal, au péché, a fait de la mort sa bonne amie, n'avait pas d'espérance et a refusé d'en avoir.
Pourquoi faut-il absolument adopter une vision binaire avec d'un côté le paradis, de l'autre l'enfer ? Le salut, la damnation ? Le bonheur, la souffrance ? Avec Dieu éternellement, coupé de Dieu définitivement ?

Pourquoi ne pourrait-on pas envisager un lieu unique où vont et viennent les âmes, indépendamment de ce que fut leur existence, dans une proximité plus ou moins grande de Dieu selon son désir ? C'est une question que je me pose occasionnellement. Et je n'ai pas la réponse.

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Message non lu par anachorète moderne » jeu. 26 août 2021, 18:48

Je me permettrai de faire la critique de vos écrits et votre "attitude" face à nos opinions divergentes.
Vous dites " je ne juge pas " mais je vous trouve jugeant quand même.
Pour vous, comme pour l'initiateur de ce sujet, les bonnes œuvres ne sont pas la conséquence naturelle d'une conversion réussie, elles sont au contraire motivées par l'aspiration à une récompense. Elles sont donc calculées.
Sous-entendre que notre conversion est ratée et que pour cela nous allons nous retrouver au rang des boucs... tels des mauvais pharisiens, c'est bien un jugement... Je ne sais si votre conversion est ratée ou réussie... ça c'est à Dieu de le dire si vous voulez mon avis.
Les jugements de valeurs sur une personne, décider si elle doit aller au paradis, au purgatoire ou en enfer sont bien dangereuses et c'est Dieu qui aura le dernier mot. Vous allez peut-être me dire que ce n'était qu'une mise en garde, mais je n'ai pas ressenti ça comme ça.

Prétendre que nos bonnes actions ne sont motivées que par l'aspiration à une récompense est faux. 'Fut un temps où je ne me posais même pas la question. Mais j'ai changé de vision des choses en constatant le gouffre qu'il y a entre le concept de justice et la réalité.

Je peux vous assurer que je ne me posais pas la question avant. J'ai essayé d'être correct et on me l'a rendu en m'écrasant.
Je constate qu'il ne s'agit pas que de moi. Jean-Baptiste était très estimé par Jésus. Eh bien ! Il a fini décapité.

Non, ici-bas, en essayant de pratiquer la justice ou "pire" encore, de dire la vérité, on se fait abattre par la foule.
Aujourd'hui, je vois les choses d'un autre oeil. Non ce n'est pas celui qui dit vrai qui est écouté. Non ce n'est pas le meilleur qui est récompensé.
Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui se soit laissé piétiner sans rien ressentir. En général ça génère beaucoup de souffrances.

L'idée d'une justice où les bons soient récompensés pour leur bonté me plait. Tant pis si je dois être jugé moyen. Je préfère ça à un paradis où j'ai l'impression que l'on gomme les différences.

Je l'avais précisé dès le départ : je ne sais pas ce que je vaux, j'espère que vous ne ferez aucune présomption ouverte sur ma personne car je déteste ça. En bien comme en mal. C'est Dieu, le vrai juge. Ni moi, Ni vous.

En revanche, je déplore votre fermeture absolue à une vision différente de la vôtre, en nous comparant à des mauvais pharisiens.

En conclusion, j'accepte votre vision mais vous prie de ne pas tenir de propos vexants. Je vous ai dis que je n'avais aucune certitude. Peut-être que l'idée que je me fais de la justice est erronée. Mais encore une fois je veux discuter et pas toujours qu'on en revienne à ce genre de propos qui touchent respectivement nos narcisses, si le sujet devient trop "belliqueux", j'espère que la modération le verrouillera ou le supprimera

Et n'oubliez pas ceci : "Je vous le dis: au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront proférée."


J'assume mes paroles et Dieu m'en est témoin. Si elles ont été mauvaises, Dieu me jugera là-dessus. Mais c'est valable pour vous aussi.

Si Dieu juge qu'il n'y a pas de différences au paradis je l'accepterai sans broncher. Mais je n'en suis pas sûr et me pose la question...

j'espère que ça ne me vaudra pas l'enfer. ;)

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Re: Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

Message non lu par Invité » jeu. 26 août 2021, 21:02

Vous vous sentez jugé,
alors que je me contente de constater, à partir de vos écrits. Cessez d'être sur la défensive pour rien !

La conversion telle que Jésus la conçoit me semble difficilement compatible avec nos vies agitées et avec notre cœur mauvais. Je suis moi-même un non converti, ainsi que je l'ai exprimé précédemment : je ne parviens pas à accueillir la bonne nouvelle du Royaume de Dieu comme je le devrais. Ma vie n'en n'est pas transformée, je ne suis pas non plus meilleur...

Je comprends votre souhait d'une récompense proportionnelle à ses actes. Ou d'un châtiment pour les crapules qui sèment le mal. C'est une aspiration très humaine, j'ai pour ma part les plus grandes difficultés à me figurer que la justice divine fonctionne sur ce mode. L'amour et la miséricorde de Dieu sont sans commune mesure avec la nôtre...

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Re: Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

Message non lu par Arthur19 » jeu. 26 août 2021, 21:45

Je ne suis pas certain qu’être bon et aimer ses ennemis quitte à se faire écraser rende malheureux si la foi est forte, comme elle l’a été pour les martyrs et la plupart des apôtres convaincus après la résurrection. Je n’en suis pas sûr… s’il s’agit d’un amour des ennemis, d’un vrai amour et non de l’application d’une résistance stoïque comme on applique une loi, et derrière laquelle se cachent des sentiments lointains de l’amour, une sorte de tolérance qui prend sur soi. L’amour des ennemis ce n’est pas la tolérance qui prend sur soi.

Si la foi est grande, si l’on connaît la vie de Jesus, qu’on a entendu Jesus parler, et qu’on l’a vu guérir, que l’on sait que Jésus est ressuscité (il était mort, vraiment mort et enterré et trois jours plus tard il est sorti de sa tombe en pleine forme), que l’on a compris ce qu’est le Royaume, si le cœur est pur je ne suis pas sûr que cela rende malheureux. En réalité je pense que c’est exactement l’inverse! Et je pense aussi que c’est le cœur du cœur de l’Evangile!

A mon humble avis le malheur vient de l’exact opposé et c’est là le message de Jésus : l’amour de soi. C’est l’amour de soi qui crée la haine, la jalousie, le ressentiment, la peur et toutes les guerres. Tout l’Evangile est là justement. Dans cette direction ne se trouve pas le malheur mais l’Amour, le Royaume. Dans l’autre direction se trouve, au mieux la loi et l’amour de soi, au pire l’enfer de la violence et de la bestialité.

« Heureux ceux qui pleurent ».

L’Eglise a, en effet, une grande responsabilité.

Pour ma part, j’espère que ce sujet ne sera pas fermé, bien au contraire : j’espère qu’il sera riche et fructueux, et qu’il sera plus ouvert que jamais. Jésus n’a jamais dit « Faites comme si vous aimiez vos ennemis ». Si l’on comprend ça, l’amour de soi finit un jour ou l’autre par prendre le dessus et la peur émerge et on finit par fuir de peur que cela devienne trop belliqueux 😉

Et si cela est comme vous le pensez, il se pourrait fort bien que l’on soit désavantagé, parfois de très loin, par rapport à ceux que l’on voit comme mauvais!

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Message non lu par anachorète moderne » ven. 27 août 2021, 2:56

Bonjour " invité ",

Oui car vous faites trop de suppositions. Et puis, le sujet n'est pas " Qu'est ce que l'humilité ? " mais bien Le salut et
une certaine conception de la justice.

Mea culpa, si j'ai été un peu trop direct, néanmoins, faire attention à ne pas heurter la sensibilité de son interlocuteur, c'est pas mal aussi.
Donc non, ce n'est pas " pour rien ". On peut couper la poire en 2 et dire que nous avons tous 2 été peu avenants ? Enfin soit.

Très humain la justice ? Alors pourquoi Dieu lui même en parle... Et surtout : Dieu ne mérite-t-il pas d'être le premier, celui à qui l'on rendra plus justice ? Il me semble que lui-même disait qu'il fallait préférer Dieu à tout. Ce qui est ironique, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, c'est que très peu sont aussi sensibles que moi au concept de justice. On préfère me lancer des poncifs : "La justice, c'est très humain." " Vouloir être récompensé, c'est très humain." " Tout le monde est égal au paradis, plus de différences "

En réalité, j'ai le sentiment que vous ne percevez tout simplement pas la dureté du monde dans lequel on vit.

C'est la modération, pas moi et ma " sensiblerie " qui décidera ce qu'il adviendra de ce sujet. Mais faites attention à ce que " vous constatez ".
Pas sûr que le Christ serait tout à fait d'accord avec vous.

Bonjour Arthur19,
« Heureux ceux qui pleurent »
L'église a une grande responsabilité ? Mais c'est bien le Christ qui a prononcé cette béatitude.

Moi, je pense au contraire qu'on tombe dans les clichés du malheureux égoïste/égocentrique.

Pas sûr que le malheur vienne de l'amour de soi ; vous avez certainement des gens qui s'aiment beaucoup et qui sont très heureux.
Je précise que je ne diabolise pas le bonheur, mais j'attends toujours d'en avoir un peu. J'ai juste cessé d'y croire.
Vous qui aimez dire que tout n'est pas blanc ou noir ; ici il conviendrait de nuancer un peu.
Le bonheur n'est pas réservé aux altruistes ou aux égoïstes. Ce n'est pas aussi peu nuancé. Néanmoins, les injustices sont bien réelles.
Et mon sentiment semble être confirmé ; vous ne les voyez pas ou au moins, on ne perçoit pas les choses d'une façon similaire.
Et si cela est comme vous le pensez, il se pourrait fort bien que l’on soit désantagé, parfois de très loin, par rapport à ceux qui nous écrasent et que l’on voit comme mauvais!
Je n'ai aucun mal à dire que mon jugement peut être erroné. Si quelqu'un m'écrase, au sens de la condescendance ( je parlais surtout de malveillance, de mettre des bâtons dans les roues), l'acte lui-même sera très probablement désapprouvé par Dieu... Néanmoins, si une personne a agi de la sorte avec moi et qu'elle s'avère être très bien, je n'ai aucun mal à concevoir qu'elle puisse avoir une meilleure place. Là accord, on présume un peu.

Je ne perçois pas le monde de la même façon. Je le trouve triste, injuste, et plein de mensonges. Je suis triste du monde dans lequel on vit et ne parviens pas à être sincèrement heureux. Cela n'y est pas pour rien dans mon mal-être, sinon, si j'étais parfaitement insensible, croyez-moi je ne serai pas dans le pétrin dans lequel je suis.

Prétendre que les personnes déprimées/malheureuses le sont à cause d'un plus grand amour-propre me semble assez faux. Bien qu'il ne s'agisse que d'une tendance et que l'on peut probablement être quelqu'un de très bien et de très heureux. Mais je ne pense pas du tout que ce soit absolu ni la majorité ! Je n'aime pas trop le jargon des psys, mais certains appelleraient ça " le biais d'un monde juste ".

Enfin, et encore une fois, je reconnais avoir été un peu trop irritable. Néanmoins, j'ai seulement l'impression que la discussion tourne plus autour de " l'humilité/orgueil " et beaucoup moins sur le sujet initial.

En fait, ce qui m'a le plus agacé, c'est peut-être le ( faux ou vrai ? ) sentiment qu'on ne pouvait même pas en parler sans être perçu comme " prosaïque " ou peu élevé spirituellement. Le discours se veut théologique. Rien de plus. Sinon on est bien dans le jugement paradoxalement !

J'aimerais donc, svp, que l'on se concentre sur ma question et que l'on ne donne pas de théories douteuses sur les gens malheureux.

Car si on en revient sempiternellement à la notion d'humilité/orgueil sans argumenter pourquoi, je crois que le sujet sera assez stérile en effet.

Si vous pensez autrement, défendez votre point de vue mieux que cela, en partageant les écrits de théologiens allant dans votre sens par exemple ! Mais pitié stop, ne niez pas non plus que vos prétendues suppositions se rapprochent d'un jugement.

J'espère ne pas être considéré comme un mauvais pharisien comme j'ai pu en avoir le sentiment, car oui, cela m'a vexé.
Et que vous y verrez l'amour que j'essaie de défendre depuis le départ, la bonté qui est très importante pour moi.

Et au passage, Jésus a promis des tourments à ses disciples. Au moins à l'extérieur, penser qu'on aura une vie lisse parce que on a choisi de suivre le Christ n'est objectivement pas vrai. On choisi le chemin qui mène à la vie, étroit dans la porte est resserrée, ce n'est pas la facilité que l'on choisi. Sachez le.

Dans l'espoir d'échanges plus enrichissants,

Simon

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Re: Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

Message non lu par anachorète moderne » ven. 27 août 2021, 3:47

Pour défendre mon point de vue : https://fr.wikipedia.org/wiki/Croyance_ ... onde_juste

La psychologie est à mon sens, loin d'être une science exacte mais parfois certaines théories sont intéressantes.

Ici encore tout n'est pas blanc ou noir. Néanmoins, on a constaté une attitude négative qui consiste à dénigrer la personne souffrante, la victime.

On peut notamment lire :
La théorie de Lerner est que la croyance en un monde juste est d'une importance cruciale pour le maintien du bien-être d'un individu. Étant cependant confronté tous les jours à un monde apparemment injuste, à des gens souffrant sans raison apparente, l'individu utilise des stratégies pour éliminer cette menace envers sa croyance en un monde juste. Ces stratégies peuvent être rationnelles ou irrationnelles. Parmi les stratégies rationnelles, il y a l'acceptation de la réalité de l'injustice, la prévention de l'injustice ou sa correction, l'acceptation de ses propres limites ; parmi les stratégies irrationnelles, il y a le déni, l'isolement, la réinterprétation des événements.
Dans le cas où il observe la souffrance injuste de personnes innocentes, une façon majeure de corriger sa connaissance de l'événement est de considérer que la victime mérite sa souffrance
Il y a plusieurs attitudes possibles quand on est conscient du monde dans lequel on vit. Le déni, c'est de loin la stratégie la plus utilisée.
être conscient que certaines injustices profondes ne seront jamais réparées ici-bas peut amener à la dureté parfois, comme il peut amener à être plus compréhensif.

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Re: Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

Message non lu par anachorète moderne » ven. 27 août 2021, 4:39

Je me permets un troisième message.

On pourrait penser que je dis " tout ce qui m'arrive est de la faute des autres et uniquement eux "
Non.

Je reconnais une partie de responsabilité dans ma souffrance. je ne saurais dire si elle est grande ou faible.
Cependant, résumer mon mal-être - ou même le mal de vivre de toutes personnes dépressives - à de l'amour propre me
parait être une généralisation rassurante.

Par exemple, je serais moins malheureux si je n'avais pas fait certaines erreurs.

Néanmoins, j'ai vécu énormément d'injustices. Ce qui contribue fortement à ma souffrance.

Penser que les bons sont heureux est une pensée rassurante. Vous pensez inconsciemment que l'on a ce qu'on mérite, d'une certaine
façon.

De mon ressenti : un très bon peut être heureux, mais c'est rarement le cas.

Le monde n'est pas complètement injuste mais il est toutefois très injuste. ;)

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Re: Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

Message non lu par gerardh » ven. 27 août 2021, 7:57

__

Bonjour,

Je me permets de soumettre à votre réflexion ce passage de 1 Thessaloniciens 1 : 9-10 : "vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir [c'est à dire littéralement : être esclave] le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient".

__

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Re: Sur le salut et les éventuelles récompenses dans le ciel

Message non lu par aldebaran » ven. 27 août 2021, 8:36

Arthur19 a écrit :Je ne suis pas certain qu’être bon et aimer ses ennemis quitte à se faire écraser rende malheureux si la foi est forte, comme elle l’a été pour les martyrs et la plupart des apôtres convaincus après la résurrection. Je n’en suis pas sûr… s’il s’agit d’un amour des ennemis, d’un vrai amour et non de l’application d’une résistance stoïque comme on applique une loi, et derrière laquelle se cachent des sentiments lointains de l’amour, une sorte de tolérance qui prend sur soi. L’amour des ennemis ce n’est pas la tolérance qui prend sur soi.

Si la foi est grande, si l’on connaît la vie de Jesus, qu’on a entendu Jesus parler, et qu’on l’a vu guérir, que l’on sait que Jésus est ressuscité (il était mort, vraiment mort et enterré et trois jours plus tard il est sorti de sa tombe en pleine forme), que l’on a compris ce qu’est le Royaume, si le cœur est pur je ne suis pas sûr que cela rende malheureux. En réalité je pense que c’est exactement l’inverse! Et je pense aussi que c’est le cœur du cœur de l’Evangile!

A mon humble avis le malheur vient de l’exact opposé et c’est là le message de Jésus : l’amour de soi. C’est l’amour de soi qui crée la haine, la jalousie, le ressentiment, la peur et toutes les guerres. Tout l’Evangile est là justement. Dans cette direction ne se trouve pas le malheur mais l’Amour, le Royaume. Dans l’autre direction se trouve, au mieux la loi et l’amour de soi, au pire l’enfer de la violence et de la bestialité.

« Heureux ceux qui pleurent ».

L’Eglise a, en effet, une grande responsabilité.

Pour ma part, j’espère que ce sujet ne sera pas fermé, bien au contraire : j’espère qu’il sera riche et fructueux, et qu’il sera plus ouvert que jamais. Jésus n’a jamais dit « Faites comme si vous aimiez vos ennemis ». Si l’on comprend ça, l’amour de soi finit un jour ou l’autre par prendre le dessus et la peur émerge et on finit par fuir de peur que cela devienne trop belliqueux 😉
C'est bien dit, et je partage entièrement. L'amour de soi est l'écran maléfique qu'attise le malin pour nous couper de Dieu.
Il me semble que sainte Thérèse de Lisieux (proclamée Docteur) peut nous servir de guide et nous aider à retrouver une vision saine et sainte dans son exhortation à l'humilité, dans la droite ligne des évangiles. Extrait des souvenirs d'une novice recueillis par Soeur Geneviève de la Sainte Face:
Aimer qu'on vous commande et vous blâme

Il faudrait surtout, me disait-elle, être humble de coeur et vous ne l'êtes point, tant que vous ne voulez pas que tout le monde vous commande. Vous êtes de bonne humeur tant que les choses vous réussissent, mais aussitôt qu'elles ne vont plus à votre idée, votre figure se rembrunit. Et cela n'est pas la vertu. La vertu c'est de se soumettre humblement sous la main de tous, c'est de vous réjouir de ce qu'on vous blâme - Imit.L.III ch.49 -
Au commencement de vos efforts, la même contrariété paraîtra à l'extérieur et les créatures vous jugeront aussi imparfaite, mais c'est là le plus beau de l'affaire, car vous pratiquerez l'humilité, qui consiste non pas à penser et à dire que vous êtes remplie de défauts, mais à être heureuse que les autres le pensent et même le disent.
Nous devrions être très contentes que le prochain nous dénigre quelquefois car si personne ne faisait ce métier-là que deviendrions-nous ? C'est notre petit profit...
Au cours d'une fête de Communauté où l'on avait représenté une récréation pieuse de sa composition, elle fut reprise sur sa longueur et on la fit interrompre. - C’était le cantique de « l’Ange du désert », dans la pièce de la « Fuite en Egypte », 21 janvier 1896 - Je la surpris, dans la coulisse, essuyant furtivement quelques larmes; puis, s'étant ressaisie, elle resta paisible et douce sous l'humiliation.

C'est avec une joie céleste que Soeur Thérèse acceptait tout reproche, non seulement des Supérieures, mais des inférieures. Ainsi, elle se laissait dire des choses désagréables par les novices, sans jamais les gronder à ce moment-là.

Je veux bien accepter les remarques quand elles sont justes, lui disais-je; dès que j'ai tort, j'en conviens, mais je ne puis supporter les réprimandes si je ne suis pas en faute.
- Pour moi, reprit-elle, c'est tout le contraire, je préfère être accusée injustement, parce que je n'ai rien à me reprocher et j'offre cela au bon Dieu avec joie; ensuite je m'humilie à la pensée que je serais bien capable de faire ce dont on m'accuse.
https://www.archives-carmel-lisieux.fr/ ... de-therese

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