Nouveauté immuable ?!

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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Didyme
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Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Didyme » ven. 04 nov. 2022, 1:07

En réfléchissant aux émotions, à la sensibilité en ce qui concerne Dieu suite à des questionnements d'Ombiace, je me suis retrouvé confronté à une sorte de paradoxe dans ma compréhension.

Cela concerne le rapport entre immuabilité et nouveauté.

Si Dieu est immuable alors il n'y a aucun changement en lui. Une nouveauté semblerait amener un changement.
Or, d'un autre côté s'il n'y a pas de nouveauté en Dieu, ne serait-ce pas comme poser des limites ? En effet, l'infini suppose comme une nouveauté perpétuelle.

Please help ! :exclamation:
L'autre est un semblable.

cmoi
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par cmoi » ven. 04 nov. 2022, 9:19

Didyme a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 1:07
Please help ! :exclamation:
Pas besoin.... C'est précisément cet état de nouveauté perpétuelle qui le rend immuable : il ne dépend que de lui-même dans l'immutabilité de son être libre

Marie2964
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Marie2964 » ven. 04 nov. 2022, 9:48

cmoi a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 9:19
Didyme a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 1:07
Please help ! :exclamation:
Pas besoin.... C'est précisément cet état de nouveauté perpétuelle qui le rend immuable : il ne dépend que de lui-même dans l'immutabilité de son être libre
Bonjour Cmoi,

Je n'aurais pas dit mieux! :D ;)

Marie.

Perplexe
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Perplexe » ven. 04 nov. 2022, 22:43

Confucius a dit " il n'y a qu'une seule chose dans la vie qui ne change pas, c'est le changement".

Ombiace
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Ombiace » ven. 04 nov. 2022, 22:56

Bonjour Didyme,
Bonjour cmoi, bonjour Marie
Didyme a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 1:07
En réfléchissant aux émotions, à la sensibilité en ce qui concerne Dieu suite à des questionnements d'Ombiace, je me suis retrouvé confronté à une sorte de paradoxe dans ma compréhension.

Cela concerne le rapport entre immuabilité et nouveauté.

Si Dieu est immuable alors il n'y a aucun changement en lui. Une nouveauté semblerait amener un changement.
Or, d'un autre côté s'il n'y a pas de nouveauté en Dieu, ne serait-ce pas comme poser des limites ? En effet, l'infini suppose comme une nouveauté perpétuelle.

Please help ! :exclamation:
Un peu comme dit cmoi, si je l'ai bien compris, je serais tenté de pointer que :
cmoi a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 9:19
il ne dépend que de lui-même dans l'immutabilité de son être libre
En cela, le Nom qu'il donna à Moïse pour l'adresser à Pharaon me semble illustratif.
Ce Nom permet de le situer à la source et aux confins de ce qui est existentiel. Il est comme le repère absolu dans lequel tout autre repère (relatif, donc) a des coordonnées.

J'émettrais l'hypothèse d'un Dieu qui exerce une attraction dans l'être. Il y a donc cette partie de Dieu, qui se sert de Lui-même comme repère. Il y a aussi son attractivité (son influence), cette partie de Lui qui sert de repère autour de Lui.

Songez aux phares, aux lumières dont ils sont les pivots, à leur portée dans la nuit

Ombiace
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Ombiace » ven. 04 nov. 2022, 22:59

Perplexe a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 22:43
Confucius a dit " il n'y a qu'une seule chose dans la vie qui ne change pas, c'est le changement".
Merci Perplexe

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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par marss135 » sam. 05 nov. 2022, 11:21

Bonjour

Perso, je dirai que « physiquement » Dieu le Père est immuable, de Celui qui est la source de la Lumière qu’est l’Amour, irradiant tout ce qu’il veut sur son passage, vivifiant le monde visible et invisible, sondant par la même nos cœurs et nos reins, nos pensées, transfigurant son Fils Jésus Christ avant sa mort, et après sa résurrection pour l’éternité, pour notre propre résurrection en lui.

Comme il nous est dit par St-Jacques : Tout don bon et tout don parfait vient d'en haut, descendant du Père des lumières, chez qui il n'y a ni changement ni ombre projetée par le détour, … car en lui pas de ténèbres.

… Mais pour « ses pensées », je dirai qu’il peut changer d’avis, modéré ses actions ou pas, en Le priant pour une cause raisonnable ou justifiable, puisque nous le voyons par exemple pour Abraham, lorsque celui-ci Lui demandait la clémence pour Sodome …






17 les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d'en haut, ils descendent tous d'auprès du Père de toutes les lumières, lui qui n'est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses passagères.(Jacques Apôtre 1-17)



05 Voici le message que Jésus Christ nous a fait entendre et que nous vous annonçons : Dieu est lumière, il n'y a pas de ténèbres en lui.(1 St-Jean 1-05)


07 Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour vient de Dieu.Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. (St-Jean 1-05)


… et toutes les Églises sauront que moi, je scrute les reins et les coeurs, et je vous donnerai à chacun selon votre conduite. (Apocalypse 2-23)

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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Didyme » sam. 05 nov. 2022, 19:29

cmoi a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 9:19
Didyme a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 1:07
Please help ! :exclamation:
Pas besoin.... C'est précisément cet état de nouveauté perpétuelle qui le rend immuable : il ne dépend que de lui-même dans l'immutabilité de son être libre
Pourriez-vous développer ?
L'autre est un semblable.

cmoi
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par cmoi » dim. 06 nov. 2022, 4:33

Didyme a écrit :
sam. 05 nov. 2022, 19:29
Pourriez-vous développer ?
Soit ! Je vais m’efforcer de vous donner satisfaction.
Toutefois il convient d’être conscient que nous sommes au bord du mystère, et que la meilleure façon de l’aborder et d’y entrer serait de recourir à la théologie apophatique.

Dieu pénètre dans tout l’existant sans s’y mêler, c’est ainsi qu’il est omniprésent. Ce n’est pas à la façon dont un gaz remplit une pièce. Ce serait avoir une très mauvaise idée de ce que veut dire pour lui, quand il s'agit de lui, l'infini. Comme il est partout, il n'a pas besoin de se déplacer ni de vitesse, c'est cela aussi l'immuabilité.
A l’inverse, rien ne pénètre en Lui. Il n’est pas non plus composé de plusieurs parties, mais Il est entièrement présent dans chaque partie de l’espace.
Dieu est donc infiniment proche de tout l’existant par l’espace et infiniment loin de tout l’existant par Sa nature.

Or nous avons tendance à considérer cette propriété d’immutabilité au regard de ce que nous connaissons de l’univers. Mais il en est extérieur.

Pour prendre l’exemple cette fois du temps, si Dieu connaît le passé, le présent et le futur de la même manière et comme un présent, c’est parce que son éternité lui permet d’entrer dans le temps par n’importe quelle porte ! Et sans se tromper quant à la façon dont il convient de la « situer ». C’est nous qui à cet égard n’en savons rien !

C’est en cela qu’il est toujours nouveau, et immuable, c’est parce qu’il ne dépend pas de ce dont nous dépendons. D'où la fin de ma phrase.

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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par marss135 » dim. 06 nov. 2022, 13:47

cmoi a écrit :
dim. 06 nov. 2022, 4:33
Didyme a écrit :
sam. 05 nov. 2022, 19:29
Pourriez-vous développer ?
Soit ! Je vais m’efforcer de vous donner satisfaction.
Toutefois il convient d’être conscient que nous sommes au bord du mystère, et que la meilleure façon de l’aborder et d’y entrer serait de recourir à la théologie apophatique.

Dieu pénètre dans tout l’existant sans s’y mêler, c’est ainsi qu’il est omniprésent. Ce n’est pas à la façon dont un gaz remplit une pièce. Ce serait avoir une très mauvaise idée de ce que veut dire pour lui, quand il s'agit de lui, l'infini. Comme il est partout, il n'a pas besoin de se déplacer ni de vitesse, c'est cela aussi l'immuabilité.
A l’inverse, rien ne pénètre en Lui. Il n’est pas non plus composé de plusieurs parties, mais Il est entièrement présent dans chaque partie de l’espace.
Dieu est donc infiniment proche de tout l’existant par l’espace et infiniment loin de tout l’existant par Sa nature.

Or nous avons tendance à considérer cette propriété d’immutabilité au regard de ce que nous connaissons de l’univers. Mais il en est extérieur.

Pour prendre l’exemple cette fois du temps, si Dieu connaît le passé, le présent et le futur de la même manière et comme un présent, c’est parce que son éternité lui permet d’entrer dans le temps par n’importe quelle porte ! Et sans se tromper quant à la façon dont il convient de la « situer ». C’est nous qui à cet égard n’en savons rien !

C’est en cela qu’il est toujours nouveau, et immuable, c’est parce qu’il ne dépend pas de ce dont nous dépendons. D'où la fin de ma phrase.
Bonjour,

c'est très bien expliqué,

mais même si nous ne savons encore rien de la plénitude Dieu, comme en Jésus Christ, où notre Père l’amour (l’Esprit Saint) est présent dans sa plénitude. De la révélation de Jésus Christ, nous pouvons connaître quelque peu son Père en se tenant dans l’amour, sa joie, pour percevoir l’amour du Fils (l’amour de Dieu, sa joie) de façon concrète en nos cœurs, lui qui nous été donné pour que nous vivions de lui. Et comme nous a dit St-Paul : ... le Dieu qui a dit : La lumière brillera au milieu des ténèbres, a lui-même brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. ( 2 Corinthiens 4-6).

Ce que nous rappelle aussi St-Paul en nous disant : 13 Que la grâce du Seigneur Jésus Christ (l’Eucharistie), l'amour de Dieu (Le Père) et la communion de l'Esprit Saint (sa Vérité) soient avec vous tous. ( 2 Corinthiens 15-13)


Je pense aussi que la révélation du Fils de Dieu sur son Père, dont il est le reflet, nous donne l’image exacte de ce que Dieu est : l’Amour. Comme Jésus nous avait dit : que … rien n'est caché, sinon pour être manifesté ; rien n'a été gardé secret, sinon pour venir au grand jour. (St-Marc 4-22)


Et je pense que si nous penchons sur les écritures, que tout est écrit pour notre compréhension, ex. comme ces quelques textes :



17 Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l'amour, établis dans l'amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur... Vous connaîtrez l'amour du Christ qui surpasse tout ce qu'on peut connaître. Alors vous serez comblés jusqu'à entrer dans la plénitude de Dieu. (Éphésiens 3-16)


10 Et celui qui était descendu est le même qui est monté au plus haut des cieux pour combler tout l'univers. (Éphésiens 4-10)


24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu'il contient, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas les temples construits par l'homme, et ne se fait pas servir par la main des hommes. Il n'a besoin de rien, lui qui donne à tous la vie, le souffle et tout le reste.

A partir d'un seul homme, il a fait tous les peuples pour qu'ils habitent sur toute la surface de la terre, fixant la durée de leur histoire et les limites de leur habitat ; il les a faits pour qu'ils cherchent Dieu et qu'ils essayent d'entrer en contact avec lui et de le trouver, lui qui, en vérité, n'est pas loin de chacun de nous.

En effet, c'est en lui qu'il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d'exister ; c'est bien ce que disent certains de vos poètes : Oui, nous sommes de sa race. Si donc nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité ressemble à l'or, l'argent ou à la pierre travaillés par l'art et l'imagination de l'homme.

Et voici que Dieu, sans tenir compte des temps où les hommes l'ont ignoré, leur annonce maintenant qu'ils ont tous, partout, à se convertir. En effet, il a fixé le jour où il va juger l'univers avec justice, par un homme qu'il a désigné ; il en a donné la garantie à tous en ressuscitant cet homme d'entre les morts. » (Actes 17-24)



23 car celui qui refuse le Fils se sépare du Père, et celui qui reconnaît le Fils trouve en même temps le Père. Pour vous, gardez en vous-mêmes ce que vous avez entendu depuis le commencement. Si ce que vous avez entendu depuis le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le Fils et dans le Père. (1 St-Jean 2-23)



Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact ; ami du bien, vif, irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, pénétrant tous les esprits, même les plus intelligents, les plus purs, les plus subtils.

La Sagesse, en effet, se meut d’un mouvement qui surpasse tous les autres ; elle traverse et pénètre toute chose à cause de sa pureté. Car elle est la respiration de la puissance de Dieu, l’émanation toute pure de la gloire du Souverain de l’univers ; aussi rien de souillé ne peut l’atteindre. Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté.

Comme elle est unique, elle peut tout ; et sans sortir d’elle-même, elle renouvelle l’univers. D’âge en âge, elle se transmet à des âmes saintes, pour en faire des prophètes et des amis de Dieu. Car Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse. Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations ; si on la compare à la lumière du jour, on la trouve bien supérieure, car le jour s’efface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien. Elle déploie sa vigueur d’un bout du monde à l’autre, elle gouverne l’univers avec bonté. (Sagesse 7, 22 – 8, 1)

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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Didyme » dim. 06 nov. 2022, 14:43

Cmoi,

En fait, je crois comprendre que ce que vous voulez dire c'est qu'il est perpétuellement nouveau, mais pour nous, de notre position, de ce qu'il nous dépasse infiniment en toute chose. Ça d'accord.

Mais je me demande s'il peut y avoir une nouveauté en Dieu pour Lui-même ?
L'idée me paraît aberrante. D'un côté, comme vous le disiez ce n'est pas comme si quelque chose pouvait lui être apporté de l'extérieur, par nous par exemple. Quoique assez étrangement beaucoup de ceux qui tendent vers la conception d'une liberté humaine excessivement absolutisée en arrivent à une telle idée...
D'un autre côté, je peux le concevoir selon sa qualité créatrice. Mais alors nouveauté procédant de Lui-même, comme jaillissant de Lui-même, de sa dynamique, de son éternelle fécondité créatrice. Nouveau tout en étant en Lui car procédant de Lui, participant à son Tout et inclus dans son immuabilité.
Par ailleurs, la vie, l'amour sont sans cesse nouveaux, renouvelés, vivants. Sans quoi ils se scléroseraient.
Donc oui, assez mystérieusement il semblerait que Dieu soit nouveauté perpétuelle et immuable, car nouveauté procédant de Lui, non de l'extérieur. Et si cela vient de Lui alors c'est bien nouveau tout en étant inhérent à son immuabilité.

Et au final, comme vous disiez au début "il ne dépend que de lui-même dans l'immutabilité de son être libre".
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Riou » dim. 06 nov. 2022, 16:17

Didyme a écrit :
dim. 06 nov. 2022, 14:43


Mais je me demande s'il peut y avoir une nouveauté en Dieu pour Lui-même ?
Ce qui est délicat dans le lien entre nouveauté et immuabilité, c'est que cela implique la tension entre des catégories apparemment contradictoires : le Même et l'Autre, le Mouvement et le Repos.
Dire de quelque chose qu'il est "nouveau", c'est dire qu'il y a quelque chose de plus qu'auparavant, qu'une forme "d'inédit" est advenue. C'est donc dire que, d'une certaine manière, il y a eu altération (Autre), changement, c'est-à-dire mouvement venant troubler le repos.
Or, la notion d'altération, à propos d'un être Absolu et éternel, pose problème, puisque cela revient à introduire en lui du changement, voire de la corruption, perdant ainsi le caractère éternel de l'être en question. Pour autant, envisager un Repos qui serait inerte et comme mort serait tout aussi problématique et limité, pour ne pas dire insatisfaisant.
Il faudrait donc que Dieu intègre l'Autre tout en restant le Même, qu'il soit Mouvement vivant et Repos éternel en même temps. Nous sommes donc à la limite du langage et de la théologie, car nous pensons ces catégories à partir de nos conditions de représentations empiriques des choses, ces mêmes représentations étant plongées dans le relatif. C'est en ce sens que parler de Dieu est toujours équivoque, et qu'il faut toujours s'empresser de nier ce qui a été posé à l'instant.
Mais il me semble que la Vie (Zoé) permet de penser la contradiction de manière féconde. Il s'agit de la Vie vivante qui caractérise, dans la Bible, la vie même de Dieu, et pas de la bios, la vie biologique et éthique de l'être humain.

Deux choses peuvent exprimer cette Vie qui dépasse cette tension contradictoire entre le Même et l'Autre, le Mouvement et le Repos :
- La Trinité, qui intègre la Vie de Dieu dans la circulation d'amour au cœur des trois Personnes.
- Le cercle : les grecs, pour se figurer une éternité vivante qui ne soit pas la négation de la vie et du mouvement utilisaient la géométrie : un cercle en mouvement sur lui-même dépasserait la contradiction. Car bien qu'en mouvement et en changement, le cercle qui tourne sur lui-même demeure le Même que lui-même. La figure du cercle s'oppose à la ligne droite indéfinie, souvent utilisée pour figurer la ligne temporelle ou des idéologies comme le progrès (quand la ligne monte vers le haut du plan), la décadence (quand elle va vers le bas), ou les allers et retours incessants (quand elle forme des montagnes).

La catégorie de "nouveauté" me paraît fragile pour exprimer ce dont il est question ici.

Ombiace
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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Ombiace » dim. 06 nov. 2022, 16:41

Bonjour à tous,

J'avoue avoir quelques difficultés avec notre Dieu, tel que la plupart se le représente :
Didyme a écrit :
ven. 04 nov. 2022, 1:07
Si Dieu est immuable alors il n'y a aucun changement en lui. Une nouveauté semblerait amener un changement.
En effet quelle utilité ont les offrandes, si elles ne touchent pas leur destinataire ? Le Psaume 50 ne dit il pas par ailleurs :
19 Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.
Nous avons aussi dans notre liturgie ".., comme il T'a plu d'accepter les présents d'Abel le juste".
On ne dit pas, en effet : ".., comme Tu as daigné accepter les présents d'Abel le juste". Il y a une nuance.. Comment expliquez vous cela, svp, qui pourrait donner à croire que Dieu est sensible, aux offrandes par exemple, et donc susceptible d'accueillir le changement en agréant un présent pour Lui-même ?

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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Didyme » dim. 06 nov. 2022, 17:16

Cela me fait penser à un autre aspect, à savoir ce que nous créatures nous produisons, voir créons.
Si nous étions la cause première de nos actions, créations, cela semblerait signifier que l'on apporte quelque chose de nouveau, de l'extérieur, à Dieu.
Or, ici son immuabilité serait mise à mal, dependrait d'un autre que de lui-même.

Mais, me vient deux affirmations sur ce point :

Une du Nouveau Testament,
"car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir." (Philippiens 2:13)


Et une de Julienne de Norwich (mon mentor 😍 :-D ),
[+] Texte masqué
"Sur quoi, je vis Dieu dans un point. Je le vis ainsi dans mon entendement. Par cette vision, je perçus qu'il est en toutes choses. J'observai avec grande attention. Je vis et compris qu'il est celui qui fait tout. Je m'émerveillai avec un doux effroi et pensai : "Mais le péché ! Qu'est-il donc ?" Car, je le vis en vérité, Dieu fait toute chose, si petite soit-elle. Rien n'arrive par hasard ou d'aventure, mais tout est ordonné par la sagesse prévoyante de Dieu. L'homme juge-t-il différemment ? C'est par aveuglement ou vue courte. Car ces choses que Dieu, en sa sagesse, a prévues de toute éternité et qu'il conduit sans cesse parfaitement et glorieusement jusqu'à leur fin la meilleure, si elles surviennent à l'improviste, nous disons dans notre aveuglement ou avec notre vue courte qu'il y a là hasard ou accident. Je compris par cette révélation qu'il n'en est pas ainsi aux yeux de Notre-Seigneur. Nous devons donc reconnaître que tout ce qui est fait est bien fait, puisque c'est Dieu qui fait tout.
En ce temps-là, je n'eus pas la moindre révélation sur le mode de faire des créatures. Je vis seulement l'opération de Dieu dans ses créatures. Il est le point-centre de tout. Il fait tout. Or, j'en étais sûre, il n'est pas l'auteur du péché. Je vis en vérité que le péché n'est nullement une œuvre. En tout cet agir, il ne me fut pas montré. Dès lors, je ne me posais plus de questions. Je me tournai vers Notre-Seigneur pour voir ce qu'il allait me découvrir. Voici comment, selon mes possibilités et compréhensions dans le temps, la perfection des opérations divines fut révélée à mon âme. Elle a deux belles propriétés : la rectitude ; la plénitude. Ainsi en est-il de toutes les oeuvres de Notre-Seigneur. Elles ne requièrent aucune opération de miséricorde et de grâce. Elles sont parfaites. Rien ne leur manque. Plus tard, Dieu me montra le péché dans sa nudité, ainsi que de la façon dont il use alors de miséricorde et de grâce. J'en parlerai plus loin.
Pareille vision fut manifestée à mon entendement, parce que Notre-Seigneur veut que l'âme soit vraiment tournée vers la contemplation de Dieu et de ses œuvres. Car elles sont pleinement bonnes. Tous ses jugements se font avec aisance et suavité et mettent l'âme fort à l'aise, la conduisant à regarder, non plus les jugements aveugles de l'homme, mais le bel et suave jugement de notre Seigneur Dieu. L'homme juge certaines œuvres bien faites, certaines mal faites. Tel n'est pas le regard de Dieu. Tout ce qui dans la nature a l'être est de création divine. Aussi toute chose créée a-t-elle les propriétés de l'agir divin car, il est aisé de le comprendre, entre toutes les œuvres c'est non seulement la meilleure qui est bien faite, mais la moindre l'est également, selon les propriétés et l'ordre établis par Dieu de toute éternité, car le seul qui fait, c'est lui.
Je vis en parfaite vérité qu'il n'a jamais changé ses desseins en quoi que ce soit et qu'il ne les changera jamais durant toute l'éternité. Il n'est rien que, dans sa parfaite ordonnance des choses, il ne connaisse de toute éternité. Tout a été établi, tout a été créé selon l'ordre qui lui convient à jamais. Rien ne faillira à cet égard. Car c'est dans la plénitude de sa bonté qu'il a créé toutes choses.
C'est pourquoi la très sainte Trinité est à jamais satisfaite de ses œuvres. Il me le montra avec grande béatitude : "Vois ! Je suis Dieu. Vois ! Je suis en toute chose. Vois ! Je fais toute chose ! Vois ! Je ne retire jamais ma main de mes œuvres, et jamais je ne la retirerai dans les siècles des siècles. Vois ! Je conduis toute chose à la fin que je lui ai assignée de toute éternité, avec la même puissance, la même sagesse, le même amour que lorsque je l'ai créée. Comment pourrait-il se faire qu'aucune soit mauvaise ?" C'est avec puissance, sagesse et amour que mon âme fut sondée lors de cette vision. Je vis en vérité que je devais acquiescer avec profonde révérence et me réjouir en Dieu."
(Le livre des révélations, chapitre 11)

C'est donc Dieu qui insuffle en nous la vie, l'élan créateur, le vouloir et l'agir.
Sans quoi, il ne serait plus cause première. Sans quoi la créature sortirait d'une certaine façon de l'espace trinitaire, ayant sa propre autonomie, indépendance. Sans quoi la créature apporterait de l'extérieur une nouveauté en Dieu, un ajout, un changement, mettant en défaut l'immuabilité.


Maintenant, si on part bien du principe que Dieu est bien l'alpha et l'oméga (et non pas juste l'alpha...), alors si on considère que Dieu est notre origine, que c'est Dieu qui nous fait don à chaque instant de l'être et de toutes nos potentialités, que c'est Dieu qui produit en nous le vouloir et faire, qu'il opère dans les créatures, que c'est Dieu qui fait tout et que ses œuvres sont toutes revêtues de rectitude et de plénitude, que la moindre comme la meilleure sont bien faite, alors comment expliquer le péché ?!

L'idée qui me viendrait est qu'il en est bien comme dit ci-dessus mais que l'agir divin "traversant" la créature est comme obstrué, obstrué par le manque de celle-ci. La disposition donnée est bonne, l'agir donné est bon, l'œuvre en soi est bonne mais ils sont comme dégradés, déformés dans la créature, par ses manques quand celle-ci n'est pas en communion avec Dieu, dans sa contemplation. Il en sort le péché qui est l'expression d'une bonne œuvre déformée. Mais comme il n'y a pas d'égalité entre ce qui est de Dieu et du péché, même là ce qui est fait est bien fait car dans sa prévoyance Dieu peut faire par sa miséricorde et sa grâce que ce péché serve un bien, sortir un bien du mal. "Tout est ordonné par la sagesse prévoyante de Dieu".
Il peut par connaissance et prévoyance de la condition et des manques de sa créatures prévoir une œuvre qui même déformé par le péché sera fructifiante.
L'autre est un semblable.

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Re: Nouveauté immuable ?!

Message non lu par Ombiace » dim. 06 nov. 2022, 22:32

Riou a écrit :
dim. 06 nov. 2022, 16:17
Didyme a écrit :
dim. 06 nov. 2022, 14:43


Mais je me demande s'il peut y avoir une nouveauté en Dieu pour Lui-même ?
Ce qui est délicat dans le lien entre nouveauté et immuabilité, c'est que cela implique la tension entre des catégories apparemment contradictoires : le Même et l'Autre, le Mouvement et le Repos.
Dire de quelque chose qu'il est "nouveau", c'est dire qu'il y a quelque chose de plus qu'auparavant, qu'une forme "d'inédit" est advenue. C'est donc dire que, d'une certaine manière, il y a eu altération (Autre), changement, c'est-à-dire mouvement venant troubler le repos.
Or, la notion d'altération, à propos d'un être Absolu et éternel, pose problème, puisque cela revient à introduire en lui du changement, voire de la corruption, perdant ainsi le caractère éternel de l'être en question. Pour autant, envisager un Repos qui serait inerte et comme mort serait tout aussi problématique et limité, pour ne pas dire insatisfaisant.
Il faudrait donc que Dieu intègre l'Autre tout en restant le Même, qu'il soit Mouvement vivant et Repos éternel en même temps. Nous sommes donc à la limite du langage et de la théologie, car nous pensons ces catégories à partir de nos conditions de représentations empiriques des choses, ces mêmes représentations étant plongées dans le relatif. C'est en ce sens que parler de Dieu est toujours équivoque, et qu'il faut toujours s'empresser de nier ce qui a été posé à l'instant.
Mais il me semble que la Vie (Zoé) permet de penser la contradiction de manière féconde. Il s'agit de la Vie vivante qui caractérise, dans la Bible, la vie même de Dieu, et pas de la bios, la vie biologique et éthique de l'être humain.

Deux choses peuvent exprimer cette Vie qui dépasse cette tension contradictoire entre le Même et l'Autre, le Mouvement et le Repos :
- La Trinité, qui intègre la Vie de Dieu dans la circulation d'amour au cœur des trois Personnes.
- Le cercle : les grecs, pour se figurer une éternité vivante qui ne soit pas la négation de la vie et du mouvement utilisaient la géométrie : un cercle en mouvement sur lui-même dépasserait la contradiction. Car bien qu'en mouvement et en changement, le cercle qui tourne sur lui-même demeure le Même que lui-même. La figure du cercle s'oppose à la ligne droite indéfinie, souvent utilisée pour figurer la ligne temporelle ou des idéologies comme le progrès (quand la ligne monte vers le haut du plan), la décadence (quand elle va vers le bas), ou les allers et retours incessants (quand elle forme des montagnes).

La catégorie de "nouveauté" me paraît fragile pour exprimer ce dont il est question ici.
Merci, Riou, le recul que vous apportez sur notre réflexion est précieux. Je suis d'accord en particulier avec la partie que j'ai pris la liberté de mettre en gras.

C'est de cela, voyez-vous, Didyme, dont je parlais quand vous me faisiez penser à un Dieu figé, comme s'Il faisait partie du mobilier.. Tiré de l'autre fil :
Je ne sais pas pourquoi ce que je dis vous donne l'impression d'un Dieu figé.
J'ai dit "J'imagine une sensibilité qui soit l'expression de l'amour et non d'un manque".
En effet, la joie ou la compassion sont des expressions de l'amour.
Cependant, je ne pense pas que de retrouver la brebis égarée par exemple apporte une joie à Dieu telle qu'il lui aurait manqué quelque chose, telle qu'elle augmenterait sa joie. Rien que le terme "apporter" semble faire défaut.
Il y a aussi la vie végétale qui pourrait exprimer une immobilité physique, mais une certaine dynamique interne

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