Le diable mythe ou réalité

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MissIam
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Le diable mythe ou réalité

Message non lu par MissIam » jeu. 02 févr. 2023, 13:35

Bonjour,
Depuis peu, il y a une question que je me pose. Le diable est-ce un mythe ou une réalité ?
Car, en lisant, il m'est venu l'idée que cet "être " est une part de nous même, celle qui tend vers le mal et qui désobéit à Dieu. Car, lors de sa chute, on peut assimiler les paroles pour lui mais aussi pour nous.
C'est une idée théologique sur laquelle je réfléchis en ce moment, sachant que l'enfer serait un état d'être à la mort physique et non un lieu?
Qu'en pensez-vous ?

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Xavi
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Re: Le diable mythe ou réalité

Message non lu par Xavi » jeu. 02 févr. 2023, 19:36

Oui, le diable est bien une réalité, mais, attention, nous sommes ici en présence d’une réalité spirituelle que nous ne pouvons comprendre qu’avec notre cerveau terrestre qui perçoit tout dans l’espace et le temps, à un endroit ou dans un lieu, dans une durée.

Or, ce qui est spirituel échappe au temps et à l’espace, transcende le temps et l’espace, même si cela n’empêche pas les êtres spirituels d’être présents dans le temps et l’espace de notre réalité terrestre.

Lorsque Dieu a créé les cieux (le monde spirituel) et la terre (le monde physique), il a, notamment, créé des esprits, dans les cieux, que nous nommons les anges. Ils sont bien réels et vivants.

Comme les humains, les anges ont été d’emblée confrontés au choix originel de vivre ou non en communion d’amour avec Dieu.

L’être humain vit ce choix originel dans la réalité terrestre du temps et de l’espace en même temps que dans la réalité spirituelle, ce qui lui fait vivre ce choix dans ce double contexte du fait de sa nature humaine qui est indissociablement terrestre et spirituelle.

La situation des anges est différente car ils sont seulement spirituels de sorte qu’ils ont été créés d’emblée avec une vision directe et claire des réalités spirituelles et ne doivent, dès lors, pas vivre ce choix originel avec la simultanéité d’une vie corporelle, alors que l’humain doit faire ce même choix, vécu d’abord par Adam et Ève, par, avec et dans un corps.

Avec cette vision directe et claire hors du temps et de l’espace dès leur création, les anges choisissent « immédiatement » (rien d’autre ne convient lorsqu’il n’y a pas de temps) la communion avec Dieu ou la séparation de leur créateur. Ceux qui se sont séparés de Dieu sont traditionnellement nommés des démons. Dans les « eaux » spirituelles des cieux, ils sont devenus comme ces monstres marins évoqués le cinquième jour de la création.

Selon le récit biblique, lors du choix originel d’Adam et Ève, l’un de ces démons, qualifié de serpent, est désigné comme la plus intelligente des créatures. C’est ce démon qui est considéré comme le diable, le « chef » des démons en considération de son intelligence maximale. Le langage ici est certes imagé et mythique, mais les êtres et les faits montrés sont bien réels au commencement de l’histoire des humains créés à l’image de Dieu.

Dans le jardin spirituel planté par Dieu dans l’Eden, ce diable s’est trouvé en face à face spirituel avec le cerveau correspondant de l’humain, la plus intelligente des créatures terrestres. Avant d’avoir choisi de vivre en harmonie avec Dieu avec sa nature corporelle autant que spirituelle, l’humain ne pouvait atteindre la pleine intelligence dont disposait le diable avec son corps et donc son cerveau, tant que l’harmonie parfaite de sa nature terrestre n’était pas réalisée en communion avec Dieu. La connaissance devait passer par l'amour. L'humain avait le choix, libre et éclairé, entre la rébellion du diable ou la communion d’amour avec Dieu.

Les anges, comme tout dans les cieux comme sur la terre, ont été créés pour servir l'humanité et, par elle, le Christ fait homme, le roi de la Création toute entière. Chaque ange existe pour assister l’humain dans tous ses besoins, y compris ses besoins spirituels les plus profonds.

Le plus intelligent des anges a été créé pour le besoin le plus essentiel de la plus intelligente des créatures terrestres : l’humain. Le diable est créé « sur mesure » pour être présent dans le choix originel libre le plus essentiel de l’humain. Par l’alternative qu’il propose à l’humain par rapport à la Parole de Dieu, il contribue à la liberté parfaite de l’humain qui ne serait pas parfaite sans l’alternative « diabolique » à la vie d’amour que Dieu propose.

Mais, celui qui parle pour mettre en doute la Parole de Dieu le plus intelligemment possible, c’est en même temps le diable, le plus intelligent des anges devenus démons, et le cerveau libre d’Ève qui envisage par lui-même l’alternative possible à la Parole de Dieu selon sa propre liberté. Dans ce cerveau d’une nature humaine indissociablement terrestre et spirituelle, la parole intérieure, qui présente l’alternative à la vie d’amour que Dieu propose, est, en même temps, une « voix » intérieure de son propre cerveau et une « voix » spirituelle du diable. Pour que le choix humain soit vraiment libre avec la plus haute intelligence possible.

Mais, le terrestre (le corporel, y compris le cerveau) et le spirituel ne sont pas deux parts de nous-mêmes. Notre nature humaine est unique et indissociablement terrestre « et » spirituelle. En ce sens, le diable, qui est uniquement spirituel, n’est pas et ne peut pas être une « part » séparable de nous-même. Mais, par contre, il peut être actif en nous-même de manière indissociable dans nos propres pensées. Heureusement que l’Esprit Saint peut y être tout autant avec, en outre, une toute-puissance supérieure à tout autre esprit.

Il me semble que nous pouvons penser que, dans toute tentation, c’est, en même temps, une part de nous-même et un esprit extérieur qui nous tentent.

De même, notre esprit humain, créé par le souffle créateur de Dieu, nous permet, en même temps, d’entendre Dieu dans notre cœur et avec notre cerveau terrestre.

Qu’advient-il alors de nous lorsque notre corps meurt pour ne laisser subsister qu’une âme spirituelle dans l’attente d’une résurrection de son corps ?

Ici encore, le paradis et l’enfer ne sont pas deux parts d’une même « éternité », dissociables dans l’espace ou le temps. L’éternité ce n’est pas un temps qui durerait infiniment longtemps, ni dans un endroit divisible qui s’étendrait infiniment loin, ce qui représenterait l’éternité d’une manière exclusivement terrestre, selon un point de vue terrestre.

Le feu de l’enfer brûle éternellement en ce sens qu’il ne s’éteindra jamais et consumera sans cesse et infiniment tout mal, sans aucune limite ni de temps ni d’espace. Tout le temps et en tout lieu, au-delà de toute représentation terrestre par ces mesures.

En ce sens, je comprends que vous puissiez, dès lors, parler de l’enfer (qui est aussi une réalité spirituelle au-delà du temps et de l’espace terrestres) comme d’un « état d’être » (ce qui est plus adéquat pour une réalité spirituelle hors du temps et de l’espace) plutôt que d’un « lieu » (qui renvoie à l’espace et au temps terrestres, ce qui est mal adapté pour exprimer une réalité spirituelle).

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Re: Le diable mythe ou réalité

Message non lu par ChristianK » sam. 04 mars 2023, 0:47

Le diable fait partie du dogme. Sa négation ou sa censure qui vient des facs de théologie sont un danger mortel pour la foi

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Message non lu par LaCaverneduPelerin » ven. 24 mars 2023, 12:07

el Padrecito a écrit :
mar. 02 janv. 2007, 17:37
L'enseignement du CEC est lui aussi intéressant:

n° 391
(4) Derrière le choix désobéissant de nos premiers parents il y a une voix séductrice, opposée à Dieu (cf. Gn 3,4-5) qui, par envie, les fait tomber dans la mort (cf. Sg 2,24). L'Ecriture et la Tradition de l'Eglise voient en cet être un ange déchu, appelé Satan ou diable (cf. Jn 8,44 Ap 12,9). L'Eglise enseigne qu'il a été d'abord un ange bon, fait par Dieu. "Diabolus enim et alii dæmones a Deo quidem natura creati sunt boni, sed ipsi per se facti sunt mali" (Cc. Latran IV en 1215: DS 800).


n° 392
(7) L'Ecriture parle d'un péché de ces anges (cf. 2P 2,4). Cette "chute" consiste dans le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne. Nous trouvons un reflet de cette rebellion dans les paroles du tentateur à nos premiers parents: "Vous deviendrez comme Dieu" (Gn 3,5). Le diable est "pécheur dès l'origine" (1Jn 3,8), "père du mensonge" (Jn 8,44).


n° 393
(10) C'est le caractère irrévocable de leur choix, et non un défaut de l'infinie misericorde divine, qui fait que le péché des anges ne peut être pardonné. "Il n'y a pas de repentir pour eux après la chute, comme il n'y a pas de repentir pour les hommes après la mort" (S. Damascène, f. o. 2,4: PG 94,877C).


n° 394
(13) L'Ecriture atteste l'influence néfaste de celui que Jésus appelle "l'homicide dès l'origine" (Jn 8,44), et qui a même tenté de détourner Jésus de la mission reçue du Père (cf. Mt 4,1-11). "C'est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu" (1Jn 3,8). La plus grave en conséquences de ces oeuvres a été la séduction mensongère qui a induit l'homme à désobéir à Dieu.


n° 395
(16) La puissance de Satan n'est cependant pas infinie. Il n'est qu'une créature, puissante du fait qu'il est pur esprit, mais toujours une créature: il ne peut empêcher l'édification du Règne de Dieu. Quoique Satan agisse dans le monde par haine contre Dieu et son Royaume en Jésus-Christ, et quoique son action cause de graves dommages - de nature spirituelle et indirectement même de nature physique - pour chaque homme et pour la société, cette action est permise par la divine Providence qui avec force et douceur dirige l'histoire de l'homme et du monde. La permission divine de l'activité diabolique est un grand mystère mais "nous savons que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l'aiment" (Rm 8,28).

n° 2851
(7) Dans cette demande, le Mal n'est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l'ange qui s'oppose à Dieu. Le "diable" ("dia-bolos") est celui qui "se jette en travers" du Dessein de Dieu et de son "oeuvre de salut" accomplie dans le Christ.
:top: toujours garder ce réflexe de se référer au Catéchisme de l'Église.
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Re: Le diable mythe ou réalité

Message non lu par Kerygme » lun. 27 mars 2023, 6:39

MissIam a écrit :
jeu. 02 févr. 2023, 13:35
C'est une idée théologique sur laquelle je réfléchis en ce moment, sachant que l'enfer serait un état d'être à la mort physique et non un lieu?
Qu'en pensez-vous ?
Bonjour,

Alors l'éternel débat de cette hypothèse théologique sur l'enfer : « lieu ou état ? » a été redéfini magistériellement dans le catéchisme de 1989.
A défaut de se prononcer si c'est un lieu, et sous l'éclairage des travaux des membres de la CTI (Commission Théologique Internationale), l'Église le caractérise - avant tout - comme un état d'auto-exclusion dans son paragraphe 1033 :
Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot " enfer ".
Source : https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P2J.HTM
Voici la précision apportée par le glossaire de l'Eglise catholique :
Enfer
du latin : infernus, ce qui est en dessous

Pour beaucoup de peuples et de religions antiques, c’est le lieu du séjour des défunts après leur mort. Pour les chrétiens, c’est la privation éternelle du bonheur qu’il y a à partager la vie de Dieu (peine du dam, d’où le mot damnation). Le Nouveau testament n’a pas de mot pour désigner l’enfer en tant que sort réservé aux pécheurs. C’est en recourant aux images en usage dans le judaïsme de son temps, que le Christ en évoque la réalité. Cet enseignement ne précise rien, tant sur la nature de ces souffrances que sur l’idée d’un lieu où elles seraient subies; il met en garde chacun contre la possibilité effective d’un échec, à dimension éternelle, de sa vie. L’homme étant libre de refuser la plénitude de vie et de bonheur offerte par Dieu pour l’éternité.
Source : https://eglise.catholique.fr/glossaire/enfer/

Le dogme, lui, fixe définitivement l'enfer comme une réalité de foi, d'ailleurs Jésus nous met plus souvent en garde contre l'enfer qu'il ne nous parle du Royaume des Cieux, par contre si c'est un lieu ou un état n'est pas dogmatique et reste une hypothèse théologique ouverte.

Autre dogme : l'existence du diable, l'adversaire antique qui tire l'homme vers le mal est une réalité de foi.
La Tradition de l’Église, qui inclue donc les Écritures et le Magistère, présente le diable comme un être spirituel, personnel, immortel, doté d’intelligence et de volonté.
Mais des voix discordantes se plaisent à dire que c'est une figure symbolique qui sert pour exprimer le mal, et que « le diable existe en tant que réalité symbolique et non en tant que réalité personnelle » (père Arturo Sosa, supérieur des Jésuites, propos tenu en 2017 et en 2019). Ce propos s'oppose à ce qu'enseigne l'Église depuis toujours, il s'oppose aussi à un autre Jésuite célèbre : le pape François.
Mais cela ne date pas d'hier, depuis le XIXe siècle on veut se débarrasser de Dieu et de ses anges (et donc le diable, ange déchu) perçus comme incompatibles avec le triomphe de divinités de substitution : la raison et le progrès.

Mythe ou réalité ? La foi est confiance, la question pourrait donc devenir « en qui est-ce que je place ma confiance ? ». Dans l'enseignement de l'Eglise qui est garante du dépôt de la foi, et dont le Christ est la tête ? Ou dans une opinion personnelle ?

Je laisse la conclusion à Charles Baudelaire : « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. »


Belle entrée prochaine en semaine Sainte, à toutes et à tous.
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Re: Re:

Message non lu par Kerygme » lun. 27 mars 2023, 6:40

LaCaverneduPelerin a écrit :
ven. 24 mars 2023, 12:07
:top: toujours garder ce réflexe de se référer au Catéchisme de l'Église.
+1

En effet on a tendance à le réduire à un enseignement pour les enfants alors qu'il est si mal connu par les adultes.
« N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » (1Jean 3,18)

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