Que se passe-t-il lors de la mort ?

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Perlum Pimpum
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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » sam. 02 sept. 2023, 0:27

Bonsoir,

Ainsi, l'Evangile est traversé d'un appel permanent à la conversion, et plus largement toute l'Ecriture. Or, il est constant que nul ne peut se convertir si ce n'est sous l'effet de la grâce divine. Si cet appel est permanent, il s'ensuit donc que la grâce permettant cette conversion est en permanence offerte, de telle sorte que s'il n'y a pas conversion, ce n'est pas parce que l'appel cesserait, mais parce que l'homme y résiste.

Vous oubliez une chose : à abuser des grâces, elles se tarissent.

« L'Eternel me dit : Quand Moïse et Samuel se présenteraient devant moi, Je ne serais pas favorable à ce peuple. Chasse-le loin de ma face, qu'il s'en aille ! Et s'ils te disent : Où irons-nous ? Tu leur répondras : Ainsi parle l'Eternel : à la mort ceux qui sont pour la mort, à l'épée ceux qui sont pour l'épée, à la famine ceux qui sont pour la famine, à la captivité ceux qui sont pour la captivité ! J'enverrai contre eux quatre espèces de fléaux, dit l'Eternel. L'épée pour les tuer, les chiens pour les traîner, les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre pour les dévorer et les détruire. Je les rendrai un objet d'effroi pour tous les royaumes de la terre, à cause de Manassé, fils d'Ezéchias, roi de Juda, et de tout ce qu'il a fait dans Jérusalem. Qui aura pitié de toi, Jérusalem ? Qui te plaindra ? Qui ira s'informer de ton état ? Tu m'as abandonné, dit l'Eternel, tu es allée en arrière ; mais j'étends ma main sur toi, et je te détruis, Je suis las d'avoir compassion. » Jr. XV, 1-6

« Et toi, n'intercède pas en faveur de ce peuple, n'élève pour eux ni supplications ni prières; car je ne les écouterai pas, quand ils m'invoqueront à cause de leur malheur. » Jr.. XI, 14

« Ils crient, et personne pour les sauver ! Ils crient à l'Eternel, et il ne leur répond pas. » Ps. XVIII, 41

« Mon Dieu les rejettera, parce qu'ils ne l'ont pas écouté, et ils seront errants parmi les nations. » Os. IX, 17

« Mais si tu n'obéis point à la voix de l'Eternel, ton Dieu, si tu n'observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd'hui, voici:.. Tu seras maudit à ton arrivée, et tu seras maudit à ton départ. L'Eternel enverra contre toi la malédiction, le trouble et la menace, au milieu de toutes les entreprises que tu feras, jusqu'à ce que tu sois détruit, jusqu'à ce que tu périsses promptement, à cause de la méchanceté de tes actions, qui t'aura porté à m'abandonner. » Dt. XXVIII, 15-20

« Prenez-y donc garde, vous qui oubliez Dieu, de peur que je ne déchire, sans que personne délivre. » Ps. L, 22


Penser qu’à tout instant on puisse se convertir, parce qu’à tout instant la grâce de conversion serait donnée, c’est oublier les nombreux passages affirmant la grâce n’être plus donnée en châtiment de son abus. Cette soustraction définitive de la grâce du vivant même de l’homme, c’est précisément ce que l’Ecriture nomme l’endurcissement.

« L'Eternel endurcit le coeur de Pharaon » Ex. X, 20

« car l'Eternel, ton Dieu, rendit son esprit inflexible et endurcit son cœur » Dt. II, 30

« Le Seigneur avait décidé d’endurcies leur cœur » Jos. XI, 20

« Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu'Esaïe a dit encore : Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur coeur, de peur qu'ils ne voient des yeux, qu’ils ne comprennent du coeur, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. » Jn. XII, 39-40

« Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. » Rm. IX, 18


De jure la grâce de conversion est un don gratuit procédant de la souveraine liberté de Dieu et, en ce sens, elle pourrait fort bien ne pas être accordée. Cela n'exclut pas de tenir, sans attenter aucunement à cette souveraine liberté, que de facto cette grâce est toujours offerte et disponible à qui veut bien ne pas y résister, et qu'il y a une parfaite convenance que ce soit le cas, notamment au regard de la volonté salvifique universelle.
Ce qui précède suffit à réfuter votre assertion.


Cordialement
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par cmoi » sam. 02 sept. 2023, 9:11

Olivier JC a écrit :
jeu. 31 août 2023, 8:42
La S. Vierge promet ici à ceux qui accompliront cet exercice de piété qu'elle sera également présente (ce qui doit d'ailleurs être relativement fréquent puisque c'est l'objet de la dernière demande de l'Ave Maria). Je ne vois donc aucune contradiction.
Il n’y a certes pas de contradiction (je n’ne suis pas certain concernant la thèse d’Arnaud Dumouch) mais cela atténue et relativise malgré tout l’importance de la grâce promise à Fatima.
Olivier JC a écrit :
ven. 01 sept. 2023, 9:03
Cette perspective s'oppose à celle qui considère que Dieu peut cesser, pour des motifs qui Lui appartiennent, de proposer sa grâce actuelle à telle personne. Il me semble cependant que, prise dans son sens étroit, cette dernière perspective dont le but est de préserver la liberté divine est particulièrement discutable. En effet, le gouvernement divin est ordonné à la fin de la Création, à savoir Dieu Lui-même. Dieu ne cesse donc d'attirer tous les hommes à Lui, et c'est en ce sens qu'il me plaît de comprendre la parole de Notre Seigneur selon laquelle une fois élevé de terre, il attirera tous les hommes à Lui, ce dont il s'évince, à mon sens, que la grâce actuelle suffisante est offerte sans discontinuer par Dieu de la même manière que le Soleil dispense toujours sa lumière sans que cela n'empêche (nonobstant l'incidence de la rotation terrestre) de se mettre à l'ombre.
Il me semble que vous avez fait un lapsus : là où vous écrivez "il s’évince" il me semble que votre pensée serait plutôt qu’il "se déduit".
Olivier JC a écrit :
ven. 01 sept. 2023, 9:03
Il me semble d'ailleurs que cette approche est la seule permettant d'une part de préserver le libre arbitre de l'homme, et avec lui sa responsabilité devant Dieu, et d'autre part l'innocence de Dieu dans l'existence du mal. Car, en effet, si l'on dit que l'homme qui reste vautré dans le péché y reste parce que Dieu ne lui offre plus sa grâce, alors il n'est plus responsable. Il faut que la grâce soit offerte continuellement pour que l'homme soit responsable d'y résister continuellement.
Je partage l’avis de PP comme quoi là vous poussez trop loin le bouchon.
Si Dieu est éternel et que ce que vous dites est vrai dans l’éternité, il ne l’est plus dans le temps où Dieu a le droit de réagir comme nous tous et de se sentir offensé, donc de provoquer l’endurcissement du cœur.
Ce qui souvent suppose récidive et forte gravité dans le mal.
Il s’agit d’un jugement immédiat et qui semble être de valeur définitive, pour « obliger » le pécheur à réagir quand Dieu ne peut plus faire autrement que s’opposer. C’est une forme de grâce que d’anticiper ainsi ce que sera le jugement définitif, de « ne pas plaisanter ».
Le refus de la grâce a pour objet de provoquer une « réaction » quand sinon toute autre attitude serait insuffisante. Mais ce n’est là qu’une interprétation humaine…
Dieu a aussi des obligations de justice au regard des autres qui sont en contact ou pas et des effets collatéraux.
La question subsiste de savoir « combien de temps » et si cela durera toujours, ce qui peut provoquer un changement éventuel ou un éventuel changement, mais cette attitude Divine est fort compréhensible car il a lui aussi son libre-arbitre et sa responsabilité devant l’homme.

C’est une façon en somme d’affirmer Son existence : une grâce donc qu’il n’en donne plus. Vision humaine, encore une fois.
Mais qui rejoint quand même une doctrine dite de la prédestination et qui, si l’enfer ne sera pas vide, ce qui reste éminemment probable, apporte au sujet un dernier mot qui reste mystérieux et dépassant ce qu’il y aurait potentiellement d’excessif dans ce que vous cherchez à établir.
Le point d'équilibre est difficile à conserver.
L'homme reste le responsable de ce que Dieu ne lui offre plus sa grâce : à lui désormais de faire le premier pas vu qu'il a refusé ceux de Dieu. Cela pourrait aussi correspondre au péché contre l'Esprit.

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par AdVitamh » dim. 03 sept. 2023, 12:11

Je lisais un peu ce sujet, et je voudrais apporter une autre ouverture plus de l'ordre de la métaphysique.

J'ai pu lire le petit livre "Tant qu'il fait jour" de Dom Pius Mary Noonan qui est un petit résumé accessible d'une de sa thèse "l'option finale de la mort" et il indique clairement qu'une des erreurs fondamentales d'une théologie comme celle que vous proposez Olivier (si c'est le cas) a un problème en terme de "métaphysique" puisque cela rejette ce qui fait la composante de l'être de l'Homme qui est corps-esprit, or, on ne peut pas faire un acte pour notre choix définitif sans que tout notre être soit engagé dans ce choix. Sans cela , l'homme pourrait faire son choix en esprit comme un ange (c'est donc une sorte d'angélisme).

Donc si le corps n'est plus en capacité de nous permettre de faire cet acte pour le choix définitif envers Dieu, il n'y a pas lieu d'avoir une telle théologie.

Je passe aussi les détails sur la destruction des sacrements qu'une telle théologie peut provoquer qui est dans le livre.

Je peux me tromper si ce n'est pas votre pensée et je m'en excuse par avance si c'est le cas Olivier.

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » lun. 04 sept. 2023, 10:46

@AdVitam,

Si vous aviez véritablement lu ce fil de discussion, vous auriez compris qu’Olivier ne professe pas la théorie que vous lui attribuez.

Cordialement.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Olivier JC
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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Olivier JC » lun. 04 sept. 2023, 11:20

Bonjour,
Perlum Pimpum a écrit :
sam. 02 sept. 2023, 0:27
Penser qu’à tout instant on puisse se convertir, parce qu’à tout instant la grâce de conversion serait donnée, c’est oublier les nombreux passages affirmant la grâce n’être plus donnée en châtiment de son abus. Cette soustraction définitive de la grâce du vivant même de l’homme, c’est précisément ce que l’Ecriture nomme l’endurcissement.
Je vois ce que vous voulez dire, et il me semble que votre objection peut être aisément résolue dès lors que l'on considère qu'une grâce de conversion n'intervient pas ex abrupto mais après la dispensation de grâces prévenantes. Laisser l'homme mariner dans son péché pour le préparer à recevoir en temps voulu une grâce de conversion peut légitimement être regardée comme une grâce prévenante. Ainsi, lorsque Dieu abandonne l'homme à son péché comme le dit S. Paul, c'est à la fois une manifestation de sa Justice, puisque tout péché mérite châtiment, et une manifestation de sa Miséricorde puisque le châtiment lui-même est une grâce prévenante, de telle sorte que d'un mal Dieu fait surgir un bien.

Cela me semble important : une grâce prévenante n'est pas nécessairement quelque chose de "positif". Selon le Psalmiste, ce qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé et humilié. C'est ainsi que Dieu se sert du péché des hommes pour les briser et leur apprendre l'humilité, laquelle est indispensable pour que la créature se reconnaisse créature et que le pécheur se reconnaisse pécheur.

En ce sens donc, je vous rejoint pour dire que la grâce de conversion, comprise au sens strict, n'est pas offerte continuellement puisqu'elle présuppose une préparation. Disons donc, pour être plus précis, que Notre Seigneur, désormais élevé de terre, attire à Lui tous les hommes premièrement par l'octroi de grâces prévenantes et deuxièmement, pour autant que celles-ci n'aient pas été rejetées, l'octroi de la grâce de conversion.

Peut-être serait-il en outre opportun de distinguer plus finement selon que l'homme est nanti de la grâce habituelle, selon qu'il l'a perdu par suite d'un péché mortel ou selon qu'il ne l'a jamais eu.
AdVitamh a écrit :
dim. 03 sept. 2023, 12:11
J'ai pu lire le petit livre "Tant qu'il fait jour" de Dom Pius Mary Noonan qui est un petit résumé accessible d'une de sa thèse "l'option finale de la mort" et il indique clairement qu'une des erreurs fondamentales d'une théologie comme celle que vous proposez Olivier (si c'est le cas) a un problème en terme de "métaphysique" puisque cela rejette ce qui fait la composante de l'être de l'Homme qui est corps-esprit, or, on ne peut pas faire un acte pour notre choix définitif sans que tout notre être soit engagé dans ce choix. Sans cela , l'homme pourrait faire son choix en esprit comme un ange (c'est donc une sorte d'angélisme).
Dès lors que la grâce de conversion ultime est offerte avant la mort proprement dite, à savoir la séparation de l'âme et du corps, l'objection tombe d'elle-même. C'est bien l'homme, lesté de toute son expérience terrestre, qui se trouve face au choix ultime. La seule spécificité, qui me semble nécessaire, de cette grâce de conversion est qu'elle se présente sous une espèce telle que le choix posé puisse l'être de manière définitive (c'est-à-dire, puisque c'est là l'enjeu, que le rejet de Dieu que caractérise la résistance à cette grâce ultime est suffisamment éclairé pour que l'homme s'y fixe volontairement de manière définitive).

Le problème de l'option finale de la mort vient de ce que l'option dont s'agit est censée être faite par une âme complètement débarrassée du poids de l'existence terrestre, des vertus et des vices acquis, de la souffrance subie, des habitus bons et mauvais, etc. De fait, en pareille hypothèse, on ne peut qu'en venir à conclure que l'enfer est vide car comment une âme délestée de tout cela pourrait-elle faire autre chose que de choisir Dieu auquel elle est naturellement ordonnée comme à sa fin ?

Dans l'optique qui est la mienne, la spécificité se situe au niveau de la grâce de conversion qui est offerte et non au niveau de l'homme, qui se présente bien face à elle tel qu'il est au terme de son existence terrestre et non dans un état plus ou moins angélique qui n'aurait plus rien d'humain, à ceci près que les limitations purement physiques qui empêcheraient l'âme de s'exprimer pleinement existant au moment le mort pourraient être sans incidence (j'ai notamment à l'esprit, par exemple, une personne âgée mourant frappée de la maladie d'Alzheimer ou une personne mourant après un AVC massif détruisant complètement le cerveau, ou encore un enfant mourant avant d'avoir atteint biologiquement l'âge de raison).

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » lun. 04 sept. 2023, 15:40

Bonjour Olivier,
Olivier JC a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 11:20
il me semble que votre objection peut être aisément résolue dès lors que l'on considère qu'une grâce de conversion n'intervient pas ex abrupto mais après la dispensation de grâces prévenantes. Laisser l'homme mariner dans son péché pour le préparer à recevoir en temps voulu une grâce de conversion peut légitimement être regardée comme une grâce prévenante. Ainsi, lorsque Dieu abandonne l'homme à son péché comme le dit S. Paul, c'est à la fois une manifestation de sa Justice, puisque tout péché mérite châtiment, et une manifestation de sa Miséricorde puisque le châtiment lui-même est une grâce prévenante, de telle sorte que d'un mal Dieu fait surgir un bien.
C’est oublier qu’à strictement parler la grâce actuelle est une motion exerçant (grâce efficace) ou incitant (grâce suffisante) l’homme à agir ; motion (influx transitif) qui fait précisément défaut en cas de délaissement par Dieu. Ceci dit, par manière impropre de parler, on peut appeler ce délaissement une grâce, mais dans la mesure seulement où, le délaissement n’étant que provisoire, Dieu donne ensuite, une fois l’homme convaincu de son néant, la grâce actuelle (stricto sensu) de se convertir à laquelle l’homme coopérera . Tout à l’inverse, si le délaissement est tel que désormais Dieu ne lui offre plus aucune grâce actuelle (stricto sensu) de conversion, le délaissement ne peut aucunement être nommé une grâce, même par manière impropre de parler : c’est un pur châtiment temporel, préalable au châtiment éternel. Votre précision n’apporte donc rien au débat qu’on ne sache déjà, savoir que vous excluez par pétition de principe que Dieu puisse librement si totalement délaisser qui s’est antécédemment soustrait à ses appels réitérés qu’aucune grâce de conversion ne lui sera désormais donnée. Bref, on en revient toujours au même constat : vous présumez indûment des libres-choix de Dieu.

Cordialement.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Olivier JC » lun. 04 sept. 2023, 16:29

Bonjour,
Perlum Pimpum a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 15:40
Bref, on en revient toujours au même constat : vous présumez indûment des libres-choix de Dieu.
Votre position me semble difficilement tenable, cependant.

En effet, soit le délaissement définitif vient de ce que Dieu sait que toute nouvelle grâce sera de toute façon refusée, de sorte qu'en d'autres termes, Dieu n'accorderait sa grâce qu'en fonction de l'accueil qu'Il sait, par sa prescience, lui être réservé. On connaît les difficultés de cette manière d'aborder le problème, où le raisonnement porté à son extrémité conduirait à soutenir que ceux qui se damnent ne se voient jamais accorder la moindre grâce puisque, précisément, Dieu savait dans sa prescience qu'ils damneraient, de telle sorte que la personne ainsi considérée n'aura en réalité jamais résisté à la grâce puisque, de fait, elle ne lui aura jamais été proposée.

Soit le délaissement définitif intervient uniquement au regard de l'attitude antérieure de la personne à l'égard des grâces qui lui ont été accordées, à titre donc de pur châtiment constituant les prémisses du châtiment éternel, auquel cas il aurait pu se faire qu'une grâce accordée postérieurement à ce décret de délaissement soit favorablement accueillie, de telle sorte que la damnation ne serait pas la conséquence exclusive du comportement de celui qui se damne, mais la conséquence conjointe dudit comportement et du délaissement consécutif privant l'homme de la possibilité, de jure réelle, de corriger son comportement. Certes, nul ne saura jamais si une grâce accordée postérieurement au décret de délaissement aurait été acceptée ou non, mais c'est précisément ce qui, me semble-t-il, pose problème.

Soit enfin le délaissement définitif est la conséquence du fait que l'homme s'est détourné de Dieu avec une conscience telle que ce détournement doit être considéré comme définitif (c'est-à-dire, finalement, qu'a été effectué au cours de l'existence terrestre le choix que je place pour ma part à l'extrême terme de celle-ci), et auquel cas je veux bien vous rejoindre. Mais je vois mal comment un tel choix pourrait être posé au cours de l'existence terrestre, sinon de manière exceptionnelle.

Il y aurait alors à distinguer trois cas :
1. Le cas de celui qui arrive au terme de son existence terrestre en état de grâce habituelle, pour lequel la question de la grâce de conversion ne se pose naturellement pas.
2. Le cas de celui qui arrive au terme de son existence terrestre dans un état de refus de facto définitif de Dieu (et nonobstant mes réserves sur la possibilité d'un tel choix, il ne fait aucun doute que Dieu connaît les cœurs), auquel cas la question de la grâce de conversion ne se pose également pas puisque le choix est d'ores et déjà fait.
3. Tous les autres, dans lesquels une ultime grâce de conversion est accordée.

J'ajoute que les textes bibliques que vous citez ne font manifestement pas état d'un délaissement individuel usque ad mortem, l'existence de tels décrets restant à prouver.

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » lun. 04 sept. 2023, 23:31

Bonsoir Olivier,
Olivier JC a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 16:29

Votre position me semble difficilement tenable, cependant.

En effet, soit le délaissement définitif vient de ce que Dieu sait que toute nouvelle grâce sera de toute façon refusée, de sorte qu'en d'autres termes, Dieu n'accorderait sa grâce qu'en fonction de l'accueil qu'Il sait, par sa prescience, lui être réservé. On connaît les difficultés de cette manière d'aborder le problème, où le raisonnement porté à son extrémité conduirait à soutenir que ceux qui se damnent ne se voient jamais accorder la moindre grâce puisque, précisément, Dieu savait dans sa prescience qu'ils damneraient, de telle sorte que la personne ainsi considérée n'aura en réalité jamais résisté à la grâce puisque, de fait, elle ne lui aura jamais été proposée.
Dans la perspective des doctrinaires de la science moyenne, qui présuppose un ordre d’intentionnalité intra-divine, la grâce suffisante (au sens jésuite du terme) est accordée en sachant de science moyenne si la volonté y coopérera ou s’y soustraira.

Les congruistes soutiennent que, si Dieu donne à quelqu’un une grâce suffisante de persévérance finale qu’il sait de science moyenne devoir être rendue efficace par la coopération de la liberté créé, c’est à raison d’un décret antécédent d’élection, par lequel Dieu a décidé que celui-ci sera sauvé. Dans cette perspective, somme toute fort proche de celle des dominicains (malgré les très fortes divergences des ordres dominicain et jésuite sur la nature de l’efficace et de la suffisance de grâce actuelle), le décret d’élection est antécédent à la prévision des mérites : c’est parce que Dieu décide d’élire ses élus élus que, voulant cette fin, il donne le moyen de cette fin (une grâce suffisante de persévérance finale préconnue de science moyenne être rendue efficace). Le pendant négatif au décret d’élection antécédent à la prévision du mérite de persévérance finale n’est pas le décret de réprobation positive, postérieur à la prévision du démérite final, mais un décret de non-élection (version douce) sinon d’exclusion à la gloire (version dure) antécédent à la prévision du démérite final, décret en conséquence duquel ceux qui n’ont pas été élus (choisis) par Dieu ne recevront, à supposer qu’ils la reçoivent, qu’une grâce suffisante de persévérance préconnue de science moyenne être rendue inefficace par le refus de la volonté créée d’y coopérer.

Les molinistes prétendent tout au contraire, en un discours manifestement absurde, que Dieu accorde des grâces suffisantes en sachant si elles seront rendues efficaces ou inefficaces, mais en faisant abstraction de la libre-réponse qu’il sait de science moyenne. Dans cette perspective, Dieu veut les moyens avant la fin. Moyennant quoi les molinistes écartent l’idée d’un décret d’élection antécédent à la prévision des mérites (et son corollaire négatif). L’absurdité d’un tel discours est que, la science moyenne supposant un ordre d’intentionnalité en lequel elle s’insère, est affirmé un ordre d’intention où le moyen n’est pas voulu à raison de la fin visée, mais la fin en conséquence du moyen, ce qui est confondre l’ordre d’intention (ou la fin est première) avec l’ordre d’exécution (ou la fin est dernière).

En tout état de cause, on ne voit pas que la science moyenne obligerait « à soutenir que ceux qui se damnent ne se voient jamais accorder la moindre grâce ».

Olivier JC a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 16:29

Soit le délaissement définitif intervient uniquement au regard de l'attitude antérieure de la personne à l'égard des grâces qui lui ont été accordées, à titre donc de pur châtiment constituant les prémisses du châtiment éternel, auquel cas il aurait pu se faire qu'une grâce accordée postérieurement à ce décret de délaissement soit favorablement accueillie, de telle sorte que la damnation ne serait pas la conséquence exclusive du comportement de celui qui se damne, mais la conséquence conjointe dudit comportement et du délaissement consécutif privant l'homme de la possibilité, de jure réelle, de corriger son comportement. Certes, nul ne saura jamais si une grâce accordée postérieurement au décret de délaissement aurait été acceptée ou non, mais c'est précisément ce qui, me semble-t-il, pose problème.
Une précision préalable. Le décret de délaissement définitif peut intervenir conséquemment à la précision du seul péché originel contracté par le bambin préconnu mourir sans avoir été baptisé. Car s’il est vrai qu’à abuser des grâces, elles se tarissent, est encore vrai qu’elle peuvent être taries sans qu’on en ait abusé, la miséricorde de Dieu relevant de sa seule liberté. La position de l’Église est très claire sur ce point : sans aucunement nier la possibilité d’une justification extra-sacramentelle des bambins morts sans baptême, l’Église se garde bien de dire que leur salut est assuré. « Ainsi, par sa doctrine et sa pratique, l'Église a montré qu'elle ne connaît pas d'autre moyen que le baptême pour assurer aux petits enfants l'entrée dans la béatitude éternelle; c'est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu'elle a reçue du Seigneur de faire " renaître de l'eau et de l'Esprit " tous ceux qui peuvent être baptisés. Quant aux petits enfants décédés sans avoir reçu le baptême, l'Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des funérailles qu'elle a créé pour eux. » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Pastoralis actio, 13).

De même donc quant aux infidèles négatifs adultes. La grâce n’est pas un dû, mais un don gratuit. Gratuit, donc librement donné, ou librement refusé. On ne peut écarter qu’en certains cas les infidèles négatifs puissent n’avoir reçu aucune grâce les disposant à la justification. Ne voulant pas présumer des libres-choix divins, je ne me prononce que sur la possibilité du fait, non sur le fait qu’il en serait parfois ainsi.

Sur la conciliation de ces deux points à la possibilité offerte à tous d’être associés au mystère pascal, voyez déjà ce que j’écrivais ici.

Reste enfin, quant aux adultes, le cas que j’envisageais comme probablement le plus fréquent à raison de la miséricorde de Dieu (sans pourtant qu’on puisse en avoir de certitude, dans l’ignorance où nous sommes de ceux des libres-choix divins qui ne nous sont pas révélés), celui où l’endurcissement est en châtiment d’un refus réitéré de coopérer aux grâces reçues. Dans cette perspective, je souscris à vos conclusions, mais je ne vois pas en quoi elles poseraient problème : il y a péché, puis châtiment, et le châtiment est terrible. Dieu nous a averti que les châtiments nous punissant dès ici-bas peuvent être terribles. L’Écriture, ainsi Jérémie et Lamentations, est-on ne peut plus explicite sur ce point. Relisez ces deux livres, et expliquez-moi ensuite votre problème…


Olivier JC a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 16:29

Soit enfin le délaissement définitif est la conséquence du fait que l'homme s'est détourné de Dieu avec une conscience telle que ce détournement doit être considéré comme définitif (c'est-à-dire, finalement, qu'a été effectué au cours de l'existence terrestre le choix que je place pour ma part à l'extrême terme de celle-ci), et auquel cas je veux bien vous rejoindre. Mais je vois mal comment un tel choix pourrait être posé au cours de l'existence terrestre, sinon de manière exceptionnelle.
Vous postulez donc pour le pécheur impénitent une grâce d’illumination finale extrêmement puissante. Mais vous ne pouvez ignorer que quelque soit l’intensité de cette grâce, elle sera efficace par soi (au sens dominicain) ou seulement par la coopération de la volonté (au sens jésuite). De sorte que quant à ceux qui ne coopéreront pas à cette grâce, soit parce qu’elle n’était que suffisante au sens dominicain (une grâce donnant de pouvoir agir mais non d’agir), soit parce que cette grâce suffisante (au sens jésuite) était préconnue ne pas devoir être rendue efficace par la liberté créée. De sorte qu’en tout état de cause il vous faudra ici conclure comme au paragraphe précédent : « la damnation ne serait pas la conséquence exclusive du comportement de celui qui se damne, mais la conséquence conjointe dudit comportement et du délaissement », n’ayant qu’à remplacer « délaissement » par « refus d’une grâce faite efficace ou sue devoir être rendue efficace ».


Olivier JC a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 16:29

Il y aurait alors à distinguer trois cas :
1. Le cas de celui qui arrive au terme de son existence terrestre en état de grâce habituelle, pour lequel la question de la grâce de conversion ne se pose naturellement pas.
2. Le cas de celui qui arrive au terme de son existence terrestre dans un état de refus de facto définitif de Dieu (et nonobstant mes réserves sur la possibilité d'un tel choix, il ne fait aucun doute que Dieu connaît les cœurs), auquel cas la question de la grâce de conversion ne se pose également pas puisque le choix est d'ores et déjà fait.
3. Tous les autres, dans lesquels une ultime grâce de conversion est accordée.

J'ajoute que les textes bibliques que vous citez ne font manifestement pas état d'un délaissement individuel usque ad mortem, l'existence de tels décrets restant à prouver.

+
Il suffit de montrer que le délaissement définitif jusqu’à la mort n’a rien d’impossible, pour ruiner votre thèse d’une grâce ut quod d’illumination finale accordée à tous les pécheurs à l’article de leur mort : pour démontrer que vous présumez sans droit ni titre des libres choix divins.

Si maintenant vous en êtes à réduire la voilure, de sorte que votre point 3. soit tenu conjointement au point 2., je n’ai plus d’objection. Mais ce n’était pas là votre thèse initiale.

:)


Cordialement.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Olivier JC » mar. 05 sept. 2023, 8:43

Bonjour Perlum Pimpum,

Je n'épiloguerai pas sur la première hypothèse dès lors que, tout comme vous, l'existence d'un ordre d'intentionnalité intra-divine me semble plus que discutable et poser plus de difficultés qu'elle ne parvient à en résoudre, sans pouvoir s'autoriser d'un donné révélé.
Perlum Pimpum a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 23:31
Reste enfin, quant aux adultes, le cas que j’envisageais comme probablement le plus fréquent à raison de la miséricorde de Dieu (sans pourtant qu’on puisse en avoir de certitude, dans l’ignorance où nous sommes de ceux des libres-choix divins qui ne nous sont pas révélés), celui où l’endurcissement est en châtiment d’un refus réitéré de coopérer aux grâces reçues. Dans cette perspective, je souscris à vos conclusions, mais je ne vois pas en quoi elles poseraient problème : il y a péché, puis châtiment, et le châtiment est terrible. Dieu nous a averti que les châtiments nous punissant dès ici-bas peuvent être terribles. L’Écriture, ainsi Jérémie et Lamentations, est-on ne peut plus explicite sur ce point. Relisez ces deux livres, et expliquez-moi ensuite votre problème…
Ce que dit GS sur la possibilité offerte à tous d'être associé au mystère pascal ne peut, dans le contexte, qu'être compris comme une possibilité effective et non uniquement une puissance passive. Cela ne me semble contrarier aucun enseignement infaillible ou authentique. Sans doute cela va-t-il au-delà de certaines écoles théologiques, mais ce n'est pas contraire à Tradition. Si l'Eglise, bien que de manière non magistérielle, a pendant longtemps proposé la doctrine des Limbes, la position actuelle ne peut être regardée comme définitive, mais uniquement comme un pis-aller destiné à "boucher le trou" laissé vide par le rejet implicite de la doctrine des Limbes.

La même observation vaut sur les infidèles négatifs adultes. Même de jure, il ne me semble pas possible de soutenir qu'il pourrait en exister un qui ne se serait jamais vu accorder de grâces prévenantes. Si Notre Seigneur a donné sa Vie pour tous, alors je ne vois pas comment certains pourraient être exclu du Salut si ce n'est par leur seule faute.

Par ailleurs, l'existence d'un châtiment temporel ne me pose aucune difficulté, et je ne méconnais pas combien il peut être terrible. Ce qui me semble plus difficile, c'est que ce châtiment soit, lors de son infliction, déterminé par Dieu comme étant définitif et qu'il se présente donc comme les prémisses du châtiment éternel sans aucune solution de continuité entre l'un et l'autre. La possibilité d'un tel châtiment définitif ne ressort pas des livres bibliques que vous visez.
Perlum Pimpum a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 23:31
Vous postulez donc pour le pécheur impénitent une grâce d’illumination finale extrêmement puissante. Mais vous ne pouvez ignorer que quelque soit l’intensité de cette grâce, elle sera efficace par soi (au sens dominicain) ou seulement par la coopération de la volonté (au sens jésuite). De sorte que quant à ceux qui ne coopéreront pas à cette grâce, soit parce qu’elle n’était que suffisante au sens dominicain (une grâce donnant de pouvoir agir mais non d’agir), soit parce que cette grâce suffisante (au sens jésuite) était préconnue ne pas devoir être rendue efficace par la liberté créée. De sorte qu’en tout état de cause il vous faudra ici conclure comme au paragraphe précédent : « la damnation ne serait pas la conséquence exclusive du comportement de celui qui se damne, mais la conséquence conjointe dudit comportement et du délaissement », n’ayant qu’à remplacer « délaissement » par « refus d’une grâce faite efficace ou sue devoir être rendue efficace ».
Il ne me semble pas qu'une grâce de conversion puisse être ab initio une grâce efficace, sauf à méconnaitre la liberté humaine. Il ne peut s'agit que d'une grâce suffisante suivi, s'il n'y est pas résisté, d'une grâce efficace. Et, dès lors qu'une grâce suffisante est offerte, le rejet de cette grâce relève bien du seul exercice de libre arbitre de la créature de telle sorte que la damnation s'ensuivant résulte bien exclusivement de la décision de celle-ci. Votre notion de "refus d’une grâce faite efficace ou sue devoir être rendue efficace" me semble une contradiction dans les termes puisque le propre, si l'on peut dire, d'une grâce efficace est précisément d'être efficace et donc de ne pouvoir être refusée.

La grâce de conversion ultime est parfaitement proportionné à la créature à laquelle elle est destinée, ce en quoi elle est suffisante, à savoir ni insuffisante afin qu'il ne puisse être dit que l'homme n'était pas en capacité de l'accepter, ni excessive afin qu'il ne puisse être dit que l'homme aurait été forcé de l'accepter.
Perlum Pimpum a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 23:31
Il suffit de montrer que le délaissement définitif jusqu’à la mort n’a rien d’impossible, pour ruiner votre thèse d’une grâce ut quod d’illumination finale accordée à tous les pécheurs à l’article de leur mort : pour démontrer que vous présumez sans droit ni titre des libres choix divins.
Ce que, précisément, vous ne démontrez pas autrement que d'un point de vue théorique, sans pouvoir l'appuyer d'une illustration concrète issue du donné révélé.
Perlum Pimpum a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 23:31
Si maintenant vous en êtes à réduire la voilure, de sorte que votre point 3. soit tenu conjointement au point 2., je n’ai plus d’objection. Mais ce n’était pas là votre thèse initiale.
Vous aurez compris que, de mont point de vue, le point 2 est plus que résiduel puisqu'il implique que Dieu sait que la décision prise par la personne contre Lui présente toutes les caractéristiques d'un décision définitive, à savoir que Dieu sait qu'aucune grâce suffisante qu'il accorderait à cette personne ne serait susceptible d'être accueillie (et ce non par prescience divine, mais par connaissance de l'âme de la personne en question à l'instant T, laquelle connaissance est nécessairement parfaite).

Il me semble cependant qu'en pareille hypothèse, ce n'est pas un délaissement définitif qui ferait suite à la fixation définitive de la liberté humaine, mais une assignation à comparaître séance tenante devant Notre Seigneur afin que l'homme n'aggrave pas plus encore son cas ici-bas et qu'ainsi soit manifestée la persistance de la Miséricorde divine à son endroit.

+
Dernière modification par Olivier JC le mar. 05 sept. 2023, 13:03, modifié 1 fois.
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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » mar. 05 sept. 2023, 11:59

Bonjour Olivier,

Je vous répondrais en soirée, une fois reposé.

Cordialement.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Olivier JC » mar. 05 sept. 2023, 12:42

Perlum Pimpum a écrit :
mar. 05 sept. 2023, 11:59
Je vous répondrais en soirée, une fois reposé.
C'est noté, je vois (avec beaucoup d'intérêt) que vous donnez tout sur l'inerrance de la Bible :) .

+
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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Didyme » mar. 05 sept. 2023, 15:03

Perlum Pimpum a écrit :
sam. 02 sept. 2023, 0:27
Penser qu’à tout instant on puisse se convertir, parce qu’à tout instant la grâce de conversion serait donnée, c’est oublier les nombreux passages affirmant la grâce n’être plus donnée en châtiment de son abus. Cette soustraction définitive de la grâce du vivant même de l’homme, c’est précisément ce que l’Ecriture nomme l’endurcissement.

« L'Eternel endurcit le coeur de Pharaon » Ex. X, 20

« car l'Eternel, ton Dieu, rendit son esprit inflexible et endurcit son cœur » Dt. II, 30

« Le Seigneur avait décidé d’endurcies leur cœur » Jos. XI, 20

« Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu'Esaïe a dit encore : Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur coeur, de peur qu'ils ne voient des yeux, qu’ils ne comprennent du coeur, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. » Jn. XII, 39-40

« Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. » Rm. IX, 18
Bonjour,

J'aimerais juste partager un passage du Traité des principes d'Origène concernant des passages comme ceux que vous citez ici, et qui en expose une compréhension différente mais plutôt intéressante :

"...
1, 10. Mais, puisqu'ils disent qu'ils le considèrent comme juste, et nous comme juste et bon à la fois, examinons comment celui qui est juste et bon endurcirait le cœur de Pharaon. Voyons si nous pouvons montrer à partir d'un exemple que l'Apôtre a utilisé dans son Épître aux Hébreux, comment par la même action Dieu a miséricorde de l'un et endurcit l'autre, non dans le but d'endurcir, mais dans une intention bonne qui a pour effet d'endurcir à cause du substrat de malice que constitue le mal qui est en eux, et c'est pourquoi on dit qu'il a endurcit celui qui est endurci. La terre, dit-il, qui a bu la pluie qui est tombée sur elle et produit une herbe utile à ceux pour qui elle a été cultivée, reçoit de Dieu la bénédiction ; si elle porte des épines et chardons, elle est réprouvée et proche de la malédiction, destinée à être brûlée. Il y a donc une unique action, celle de la pluie ; à partir de cette unique action, celle de la pluie, la terre cultivée produit des fruits, celle qui est négligée et dure produit des épines. Il paraîtrait injurieux de prêter à celui qui fait pleuvoir les paroles suivantes : c'est moi qui ai produit les fruits et les épines qui sont sur la terre. Mais si c'est injurieux, c'est cependant vrai : car s'il n'y avait pas eu de pluie, il n'y aurait pas eu de fruits ni d'épines, mais si elle tombe en temps voulu et avec mesure, les uns et les autres sont produits. En effet quand elle produit des épines et des chardons, la terre qui a bu la pluie qui est tombée sur elle est réprouvée et proche de la malédiction. Le bienfait de la pluie est donc tombé aussi sur la terre la plus mauvaise, et comme le substrat était négligé et inculte, il a produit des épines et des chardons. Ainsi donc les prodiges accomplis par Dieu sont comme la pluie, les volontés diverses comme la terre cultivée ou la négligée, les deux étant une même terre par leur unique nature.
1, 11. C'est comme si le soleil prenait la parole et disait : Je liquéfie et je dessèche, alors qu'être liquéfié et être desséché sont des états contraires. Cependant il ne mentirait pas à cause du substrat, car la même chaleur liquéfie la cire et sèche la boue : ainsi la même action qui s'est produite par l'intermédiaire de Moïse a révélé l'endurcissement de Pharaon à cause de sa malice et la docilité des Égyptiens qui s'étaient mêlés aux Hébreux et partaient avec eux. Et ce qui est écrit, que peu à peu le cœur de Pharaon s'est assoupli jusqu'à dire : Mais vous n'irez pas loin, vous marcherez trois jours et vous laisserez vos femmes, et toutes les autres paroles qu'il a dites en s'abandonnant peu à peu aux prodiges, montrent que les miracles agissaient bien un peu sur lui, sans l'amener cependant à tout exécuter. Cela ne se serait pas produit si la phrase J'endurcirai le cœur de Pharaon était accomplie par lui, c'est-à-dire par Dieu, dans le sens que veulent la plupart.
Il n'est pas déplacé d'expliquer de telles paroles à partir des habitudes du langage. Souvent de bons maîtres disent à des serviteurs, gâtés par leur bonté et leur patience : C'est moi qui t'ai rendu mauvais. Et : C'est moi qui suis la cause de telles fautes. Il faut d'abord comprendre la forme habituelle et le sens de ce qui est dit et ne pas calomnier par une mauvaise compréhension de ce que veut dire cette parole. En effet Paul, qui a examiné tout cela clairement, dit au pécheur : Méprises-tu la richesse de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ignorant que la bonté de Dieu te mène à la pénitence ? Selon la dureté et l'impénitence de ton cœur, tu thésaurises pour toi-même la colère au jour de la colère et de la révélation et du juste jugement de Dieu. Ce que dit l'Apôtre au pécheur, que cela soit dit à Pharaon : on peut penser que cela se rapporte à lui d'une manière tout à fait adaptée, car selon sa dureté et l'impénitence de son cœur il thésaurise pour lui-même la colère. Cette dureté n'aurait pas été révélée à ce point ni ne serait devenue aussi manifeste, si des miracles ne s'étaient pas produits, ou même, dans le cas où ils se seraient produits, s'ils n'avaient pas été si nombreux et si grands.

....

1, 16. Il y avait ensuite cette parole de l'Évangile, quand le Seigneur expliquait pourquoi il parlait en paraboles aux gens du dehors, pour que voyant ils ne voient pas et entendant ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné. Et l'opposant dira : Puisque de toutes façons ceux-ci se convertissent lorsqu'ils ont entendu l'enseignement le plus clair, et de telle manière qu'ils deviennent dignes de recevoir la rémission des péchés, puisque, en outre, il n'est pas en leur pouvoir d'entendre les paroles plus claires, mais au pouvoir du Maître -- et c'est pourquoi le Maître ne les leur annonce pas plus clairement, de peur qu'ils ne voient et qu'ils ne comprennent --, il n'est pas en leur pouvoir d'être sauvés. S'il en est ainsi, nous n'avons pas de libre arbitre en ce qui concerne le salut ou la perdition. On aurait pu justifier ce passage d'une façon convaincante, si le Christ n'avait pas ajouté : de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné : dans ce cas le Seigneur ne voulait pas que ceux qui ne devaient pas être des hommes honnêtes pussent comprendre les réalités plus mystiques, et c'est pourquoi il leur parlait en paraboles. Mais maintenant, puisque ces paroles : de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné, sont écrites, la justification est plus difficile.
Il nous faut d'abord signaler ce passage aux hétérodoxes qui pourchassent de telles paroles dans l'Ancien Testament pour montrer par elles, comme ils ont l'audace de le dire, la cruauté du Créateur, sa volonté de se défendre et de rendre le mal pour le mal, quel que soit le nom qu'ils donnent à un tel comportement, dans le seul but de dire qu'il n'y a pas de bonté en celui qui a créé. Mais ils n'examinent pas le Nouveau Testament de la même façon et avec honnêteté, car ils ne remarquent pas des passages semblables à ceux qu'ils jugent blâmables dans l'Ancien. Car l'Évangile montre avec évidence, comme ils le disent eux-mêmes au sujet du texte précédemment cité, que le Sauveur ne s'exprime pas clairement de peur que les hommes ne se convertissent et qu'ils ne méritent de recevoir alors la rémission des péchés : cette affirmation prise en elle-même n'est pas moins grave que celles qu'ils accusent dans l'Ancien Testament. S'ils cherchent à justifier ce qui est dans l'Évangile, il faut leur dire qu'en ne le considérant pas comme répréhensible ils se comportent de façon dissemblable devant des problèmes semblables : en ce qui concerne le Nouveau Testament ils ne se scandalisent pas, mais ils cherchent une justification ; en ce qui concerne les affirmations analogues trouvées dans l'Ancien, alors qu'il faudrait les justifier comme celles du Nouveau, ils les accusent, tandis que nous leur démontrons, à cause de ces ressemblances, la nécessité de penser que toutes les Écritures sont l'œuvre d'un seul Dieu. Mais maintenant essayons, dans la mesure du possible, de justifier le texte proposé.
1, 17. Nous disions, quand nous examinions le cas de Pharaon, que parfois il n'est pas bon pour ceux qui sont soignés de l'être trop rapidement, si, étant tombés par eux-mêmes dans des difficultés, ils étaient ainsi éloignés plus aisément de ce en quoi ils étaient tombés : car ils méprisent alors le mal, le considérant comme facile à guérir, et une autre fois, ne prenant pas garde à l'éviter, ils y resteront. C'est pourquoi dans des cas semblables, le Dieu éternel qui connaît les secrets, lui qui sait toute chose avant qu'elle ne se produise, diffère dans sa bonté de leur apporter un secours qui serait autrement trop rapide et, pour ainsi dire, il les secourt en ne les secourant pas, car cela leur est utile. Vraisemblablement ceux du dehors, à qui s'appliquait cette parole, le Sauveur voyait, selon le texte proposé, qu'ils ne seraient pas solides dans leur conversion, s'ils entendaient distinctement ce qui leur était dit, et c'est pourquoi le Seigneur a fait en sorte qu'ils n'entendent pas plus clairement les paroles plus profondes, de peur que, trop vite convertis et guéris en obtenant la rémission, méprisant comme bénignes et faciles à guérir les blessures de la malice, ils n'y retombent bien vite. Peut-être, subissant alors la peine des péchés qu'ils ont commis autrefois contre la vertu en l'abandonnant, n'ont-ils pas encore atteint le temps convenable où, après avoir été privés des visites divines et rassasiés par les maux qu'ils ont eux-mêmes semés, ils seront appelés plus tard à une pénitence plus solide, et ne retomberont pas si vite dans les maux où auparavant ils sont tombés, quand ils insultaient la dignité du bien et qu'ils se livraient au pire.
(Origène, Traité des principes, Livre III (Le libre arbitre))
L'autre est un semblable.

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » mar. 05 sept. 2023, 18:19

Bonjour,

Plutôt qu’Origène, qui n’est pas un père de l’Église, et qui fut censuré par l’autorité ecclésiastique, saint Augustin.


« Un orgueilleux s'élevant contre son frère pourrait lui dire : Ce qui me discerne de vous, c'est ma foi, ma justice ou tout autre chose. C'est contre de telles prétentions que le saint docteur proteste en ces termes : « Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu ? » Si quelqu'un vous a discerné de votre frère, n'est-ce pas Celui qui vous a donné ce qu'il n'a pas donné à votre frère ? « Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme si vous ne l'aviez pas reçu ? » N'est-ce pas nous dire clairement que celui qui se glorifie ne doit se glorifier qu'en Dieu ? Or, ce devoir est directement violé par celui qui s'attribue à lui-même ses propres mérites, comme s'il ne les tenait que de lui-même et non pas de la grâce de Dieu. D'un autre côté, la grâce qui discerne les bons d'avec les méchants, ne saurait être commune aux bons,et aux méchants. Distinguons, si nous le voulons, la grâce attribuée à la nature, nous constituant des êtres raisonnables et nous séparant des animaux ; distinguons aussi la grâce attribuée à cette même nature, et qui parmi les hommes discernerait ceux qui sont beaux de ceux qui sont laids, ceux qui ont du talent et ceux qui n'en ont pas, et autres catégories semblables ; mais il est évident que si tel fidèle de Corinthe s'attirait les reproches de l'Apôtre, ce n'est pas précisément parce qu'il se mettait au-dessus des animaux, ou qu'il se prévalait contre son frère de tel ou tel don naturel qui pourrait fort bien se rencontrer dans l'homme le plus scélérat. Son orgueil avait pour objet tel ou tel bien de l'ordre surnaturel et qu'il s'attribuait à lui-même, et non pas à Dieu, quand il mérita ce reproche : « Qui donc vous a discerné ? Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu ? » Que la nature puisse avoir la foi, j'en conviens ; mais l'a-t-elle par elle-même ? « La foi n'est point commune à tous », dit l'Apôtre, et pourtant tous peuvent avoir la foi. Saint Paul ne dit pas : Que pouvez-vous avoir sans que ce pouvoir même vous ait été donné ? mais : « Qu'avez-vous donc que vous a ne l'ayez reçu ? » Le pouvoir d'avoir la foi, comme celui d'avoir la charité, appartient à la nature de tous les hommes; mais avoir la foi, comme aussi avoir la charité, c'est là une grâce réservée aux fidèles. Par conséquent, ce qui distingue l'Homme de son frère, ce n'est point cette nature dans laquelle nous a été donnée la possibilité d'avoir la foi ; mais c'est la foi elle-même qui discerne le fidèle de l'infidèle. En présence de ces paroles : « Qui vous a discerné ? Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu ? » tout homme qui ose dire : J'ai la foi par moi-même et sans l'avoir reçue, se met en opposition manifeste avec l'évidence de la vérité ; non pas en ce sens que la volonté humaine ne soit pas libre de croire ou de ne pas croire, mais parce que c'est Dieu lui-même qui prépare la volonté dans les élus. Ainsi donc, à cette foi elle-même qui est dans la volonté s'applique directement cette parole : « Qui vous a discerné ? et qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu ? » Saint Augustin, De la prédestination des saints, V, 10.

« Pourquoi donc le Seigneur n'enseigne-t-il pas tous les hommes, pour les amener à Jésus-Christ ? N'est-ce point parce que ceux qu'il enseigne, il les enseigne dans sa miséricorde ; et ceux qu'il n'enseigne pas, c'est dans sa justice qu'il leur refuse cet enseignement ? Car « il fait miséricorde à qui il lui plaît, et il a endurcit qui il lui plaît » ; or, il fait miséricorde en prodiguant ses bienfaits ; et il en endurcit en traitant les coupables selon leurs oeuvres… L'Apôtre nous en donne une raison qui doit nous suffire : « Qui peut se plaindre », dit-il, « si Dieu voulant montrer sa colère, et faire connaître sa puissance, souffre avec une patience extrême les vases de colère préparés pour la perdition, afin de faire paraître les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde qu'il a préparés pour la glorification ? » Voilà ce qui nous explique pourquoi la prédication de la croix est une folie pour ceux qui se perdent, tandis que pour ceux qui se sauvent elle est la vertu et la puissance de Dieu ». A tous ces derniers le Seigneur apprend à venir à Jésus-Christ ; car il veut que tous soient sauvés, et qu'ils arrivent à la connaissance de la vérité. Quant à ceux pour qui la prédication de la croix est une folie, n'est-il pas certain que si Dieu eût voulu leur apprendre à venir à Jésus-Christ, ils y seraient infailliblement venus ? » Saint Augustin, De la prédestination des saints, VIII, 14.

« Ainsi donc, devant la même prédication de l'Evangile, les uns croient et les autres ne croient pas ; en croyant à la parole extérieure de l'Apôtre, les croyants n'écoutent en réalité que le Père et n'apprennent que de lui ; quant à ceux qui ne croient pas, ils entendent la parole extérieure, mais intérieurement ils n'entendent et n'apprennent quoi que ce soit. En d'autres termes, aux uns il est donné de croire, tandis que ce même bienfait n'est pas accordé aux autres. Car, dit le Sauveur, « personne ne vient à moi s'il n'y a été attiré par mon Père, qui m'a envoyé ». Ce qui suit rend encore cette vérité plus manifeste. En effet, presque aussitôt Jésus-Christ proclame la nécessité de manger sa chair et de boire son sang; et plusieurs de ses disciples de s'écrier à l'instant : « Cette parole est dure, qui donc peut l'entendre ? Jésus sachant en lui-même que sa doctrine soulevait les murmures de ses disciples, leur dit : Ceci vous scandalise ? Les paroles que j'ai prononcées sont esprit et vie, mais il en est parmi vous qui ne croient pas ». L'Evangéliste ajoute aussitôt : « Jésus connaissait depuis le commencement ceux qui croiraient et celui qui devait le trahir, et il disait : Voilà pourquoi j'ai affirmé que personne ne peut venir à moi, si mon Père ne lui en a fait la grâce ». Par conséquent, être attiré à Jésus-Christ par le Père, entendre et apprendre du Père pour venir à Jésus-Christ, ce n'est rien autre chose que recevoir du Père le don de croire en Jésus-Christ. « Personne », disait-il, « ne vient à moi, s'il n'en a reçu le don de mon Père » ; telles sont les paroles sur lesquelles se fonde la distinction à établir, non pas entre ceux qui entendent et ceux qui n'entendent pas l'Évangile, mais entre ceux qui embrassent la foi et ceux qui la rejettent. » Saint Augustin, De la prédestination des saints, VIII, 15.

« La foi, aussi bien celle qui n'est que commencée que celle qui est parfaite, est donc nécessairement un don de Dieu ; don accordé aux uns et refusé aux autres, comme il est impossible d'en douter, à moins de se mettre en contradiction manifeste avec les saintes Ecritures. D'un autre côté, si ce don n'est point fait à tous, le fidèle ne doit point s'en scandaliser, car il sait que le crime du premier homme a fait peser sur tous ses descendants une condamnation tellement méritée, qu'elle resterait parfaitement juste, lors même qu'aucun homme ne devrait y échapper. Si donc plusieurs sont sauvés (et, dans le sort de ceux qui ne le sont pas, ils peuvent comprendre ce qui leur était dû) qu'ils n'en proclament qu'avec plus de reconnaissance la grandeur du bienfait qui leur a été départi. De cette manière, celui qui se glorifie se glorifiera dans le Seigneur et non pas dans ses propres mérites, qui ne sont pas différents de ceux des réprouvés. Maintenant, pourquoi Dieu sauve-t-il plutôt celui-ci que celui-là ? N'oublions pas que les jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies impénétrables. Le parti le plus sage pour nous, c'est d'entendre et de dire : « O homme, qui êtes-vous donc pour oser répondre à Dieu ? » De quel droit oserions-nous affirmer, comme si nous le connaissions, ce que Dieu a voulu nous cache r? Ne nous suffit-il pas de savoir que Dieu ne saurait vouloir l'injustice ? » Saint Augustin, De la prédestination des saints, VIII, 16.

« Faisons-nous donc une juste idée de cette vocation qui fait les élus; non pas les élus parce qu'ils ont cru, mais les élus afin qu'ils croient. Le Seigneur nous la fait suffisamment entrevoir; quand il dit : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis ». Si donc ils étaient élus parce qu'ils avaient cru, n'est-ce pas eux d'abord qui l'avaient choisi en croyant en lui, afin de mériter d'être. choisis à leur tour ? Or, cette interprétation n'est pas possible en présente de ces paroles : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis » . » Saint Augustin, De la prédestination des saints, XVII, 34.

« Mais, dira-t-on, pourquoi la grâce de Dieu n'est-elle point donnée suivant les mérites des hommes ? Je réponds : parce que Dieu est miséricordieux. On ajoutera : Pourquoi donc n'est-elle pas donnée à tous ? Et ici je réponds : parce que Dieu est juge. Voilà comment, d'une part, la grâce est donnée par lui gratuitement, tandis que, d'autre part, son juste jugement à l'égard des autres fait voir le prix du bienfait que la grâce confère à ceux à qui. elle est donnée. Ne trouvons donc pas mauvais que, suivant le bon plaisir de sa volonté, et pour rendre plus éclatante la gloire de sa grâce, Dieu par sa miséricorde délivre un si grand nombre d'hommes d'une perdition trop méritée et dont il pourrait, sans injustice, ne délivrer personne. Car, par le fait d'un seul, tous ont été condamnés à subir un châtiment qui, loin d'être injuste, est parfaitement conforme à la justice. C'est pourquoi celui qui est délivré doit bénir la grâce avec amour; celui qui n'est pas délivré doit reconnaître ce qu'il mérite. Si la bonté se révèle dans la remise, et l'équité dans le paiement exigé d'une dette, il est donc impossible de découvrir en Dieu aucune injustice. » Saint Augustin, Du don de la persévérance (finale), VIII, 16.


Cordialement.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Perlum Pimpum » mer. 06 sept. 2023, 2:11

Bonsoir Olivier,


Ce que dit GS sur la possibilité offerte à tous d'être associé au mystère pascal ne peut, dans le contexte, qu'être compris comme une possibilité effective et non uniquement une puissance passive. Cela ne me semble contrarier aucun enseignement infaillible ou authentique. Sans doute cela va-t-il au-delà de certaines écoles théologiques, mais ce n'est pas contraire à Tradition.
D’abord l’affirmation conciliaire d’une possibilité offerte à tous d’être associés au mystère pascal ne relève pas d’un enseignement infaillible mais faillible, potentiellement erroné. Ensuite, quelques aient pu être les intentions des pères conciliaires sur ce point - il faudrait aller les vérifier dans les Actes du Concile, le magistère ne peut présumer des libres-choix divins. De sorte qu’à supposer votre lecture conforme aux intentions des pères conciliaires, n’en demeurera pas moins qu’elle ne préserve pas assez la liberté de Dieu, si fortement surlignée par saint Augustin (cf. supra).


Si l'Eglise, bien que de manière non magistérielle, a pendant longtemps proposé la doctrine des Limbes, la position actuelle ne peut être regardée comme définitive, mais uniquement comme un pis-aller destiné à "boucher le trou" laissé vide par le rejet implicite de la doctrine des Limbes.
D’abord, si la grâce est un don gratuit (ce qui est un dogme de foi), où est la nécessité à ce que Dieu justifie extra-sacramentellement tous les enfants morts sans baptême ? Et s’il n’y est pas nécessité, d’où vient cette présomption à affirmer assuré qu’il les sauverait librement tous ? Mais si ce n’est pas assuré, c’est qu’il est à tout le moins possible que certains soient damnés.

Ensuite, il est de foi que la peine du seul péché originel est la peine de damn. Comment donc le seul péché originel pourrait valoir damnation, si nul n’est damné pour le seul péché originel = si la justification extra-sacramentelle est assurée pour tous les enfants morts sans baptême ? Conséquemment, quant à la possibilité de justification extra-sacramentelle des enfants morts sans baptême, et sans aucunement présumer des libres-choix divins, il semble qu’il faille seulement dire qu’il est possible que certains de ces enfants soient justifiés extra-sacramentellement, non qu’il serait possible qu’ils le soient tous, car comment pourraient-ils tous l’être, de sorte que nul ne soit damné pour le seul péché originel, s’il est de foi que la peine du seul péché originel est la seule peine de damn ?

Enfin Pastoralis actio 13 : « Ainsi, par sa doctrine et sa pratique, l'Église a montré qu'elle ne connaît pas d'autre moyen que le baptême pour assurer aux petits enfants l'entrée dans la béatitude éternelle; c'est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu'elle a reçue du Seigneur de faire " renaître de l'eau et de l'Esprit " tous ceux qui peuvent être baptisés. Quant aux petits enfants décédés sans avoir reçu le baptême, l'Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des funérailles qu'elle a créé pour eux. » Si la doctrine des Limbes était abandonnée, la CDF aurait dû dire, tout au contraire de ce qu’elle dit, qu’elle connaît que le salut des enfants mort sans baptême est assuré, de sorte qu’elle puisse négliger sa mission baptismale relativement à ces derniers.

Bref, la doctrine catholique est que les enfants morts sans baptême sont damnés, sauf à être justifiés extra-sacramentellement, sans qu’il paraisse possible qu’ils le soient tous (pour la raison ci-avant exposée). Les Limbes s’imposent donc relativement à ceux des enfants morts sans baptême et non-justifiés extra-sacramentellement.
[+] Texte masqué

Quant à la CTI, qui n’est aucunement un organe du magistère, je suis assez enclin à la considérer comme une sentine d’impiété doctrinale.

La même observation vaut sur les infidèles négatifs adultes. Même de jure, il ne me semble pas possible de soutenir qu'il pourrait en exister un qui ne se serait jamais vu accorder de grâces prévenantes. Si Notre Seigneur a donné sa Vie pour tous, alors je ne vois pas comment certains pourraient être exclu du Salut si ce n'est par leur seule faute.
Trente, Décret sur la justification, chapitre 3 : « Mais, bien que lui soit " mort pour tous " (II Cor. V, 15), tous cependant ne reçoivent pas le bienfait de sa mort. mais ceux-là seulement auxquels le mérite de sa Passion est communiqué. »

De sorte que savoir si la non-application a pour principe un refus divin d’octroyer la moindre grâce ou de n’octroyer qu’une grâce sue ou faite inefficace n’a que peu d’importance relativement à ce qui nous occupe ici : la pleine compatibilité du refus au fait que la mort du Christ a de soi, de sa nature même, une valeur salvifique universelle, ce indépendamment de l’application du mérite de la Passion à ceux là seuls qui seront sauvés.

Dans l’hypothèse - qui n’est pour moi qu’une hypothèse, qu’il me semble nécessaire de poser pour sauvegarder la souveraine liberté de Dieu - où Dieu n’offrirait aucune grâce actuelle de conversion à quelque infidèle négatif, il sera damné pour sa seule faute. Soit celle de ses nombreux péchés actuels (que l’infidélité négative ne soit que matérielle n’obstacle pas que de nombreux péchés formels et mortels puissent être commis par cet infidèle), soit même seulement celle du seul péché originel. « En effet, de même qu'en toute vérité les hommes ne naîtraient pas injustes s'ils ne naissaient de la descendance issue corporellement d'Adam, puisque, quand ils sont conçus, ils contractent une injustice personnelle par le fait qu'ils descendent corporellement de lui » (Trente, Décret sur la justification, chapitre 3).

Remarquez bien que si, sur le plan des principes, je suis hostile à toute assertion qui présumerait indûment de la liberté divine, je me garde bien de sombrer dans un crypto-prédestinatianisme. Les citations de saint Augustin précédemment données, qui ont l’admirable avantage de rappeler à tous la souveraine liberté de Dieu sur le créé, ne peuvent être le prétexte aux errements prédestinatiens (c’est à dire à cette fausse conception de la prédestination, commune aux augustiniens, aux dominicains, et aux congruistes, selon laquelle le décret de réprobation positive post prævisa demerita résulte inéluctablement d’un décret de réprobation négative pris ante prævisa). Les révélations privés du Sacré-Coeur nous incitent à l’optimisme, c’est à dire à la confiance, et c’est heureux. Comme par ailleurs je considère l’acte surnaturellement bon comme relevant conjointement d’une double causalité réciproque et simultanée, je suis plus qu’enclin à penser qu’en de nombreux cas la conversion des adultes reste possible jusqu’à l’article de la mort. Ce que je ne peux aucunement concéder, c’est qu’il en serait toujours ainsi, une telle assertion attentant à la souveraine liberté de Dieu. Pire encore dans la présomption des libres-choix divins, l’assertion que Dieu donnerait à tous les pêcheurs des grâces ut quod à l’article de la mort.


Par ailleurs, l'existence d'un châtiment temporel ne me pose aucune difficulté, et je ne méconnais pas combien il peut être terrible. Ce qui me semble plus difficile, c'est que ce châtiment soit, lors de son infliction, déterminé par Dieu comme étant définitif et qu'il se présente donc comme les prémisses du châtiment éternel sans aucune solution de continuité entre l'un et l'autre. La possibilité d'un tel châtiment définitif ne ressort pas des livres bibliques que vous visez.
Que les châtiments temporels décrits par Jérémie soient principalement les affres terribles de la guerre, du massacre, du viol, du saccage, de la désolation, de la famine qui frappèrent Jérusalem, ne peut faire oublier que Jérémie a aussi prophétisé Dieu endurcir les israélites. Or théologiquement, l’endurcissement stricto sensu est la privation définitive des grâces de conversion dès ici-bas. De sorte qu’à supposer, comme vous le pensez, que le sens littéral des citations relatives à l’endurcissement par Dieu ne viserait qu’un endurcissement provisoire, ce qui reste à démontrer, je vous répondrais qu’en passant du sens présumé littéral au sens plénier, on ne voit pas ce qui pourrait exclure ce que vous niez.


Il ne me semble pas qu'une grâce de conversion puisse être ab initio une grâce efficace, sauf à méconnaitre la liberté humaine. Il ne peut s'agit que d'une grâce suffisante suivi, s'il n'y est pas résisté, d'une grâce efficace.
Détrompez-vous. La doctrine dominicaine de la grâce efficace n’attente pas à la liberté de l’homme. Dans la perspective dominicaine, la grâce efficace est une motion physique exerçant infailliblement la volonté à s’exercer librement à l’acte bon auquel la grâce la meut. Et parce que cette motion exerçant infailliblement la volonté-libre à s’exercer, loin d’attenter à la liberté du vouloir, à la liberté de choix de la volonté, lui donne de s’exercer, la conclusion que cette motion physique est infaillible (puisqu’efficace de soi) mais non-nécessitante (puisque condition d’exercice de l’acte de volonté-libre, qui comme libre ne peut être nécessaire).
Et, dès lors qu'une grâce suffisante est offerte, le rejet de cette grâce relève bien du seul exercice de libre arbitre de la créature de telle sorte que la damnation s'ensuivant résulte bien exclusivement de la décision de celle-ci.
Le rejet d’une telle grâce relève du seul refus de la volonté créée, mais nonobstant ce rejet est préconnu de science moyenne (variante : de science d’anticipation relevant d’un ordre d’intentionnalité extra-divin), de sorte que vous devez appliquez à votre doctrine votre reproche (qui pour moi n’en est pas un) « que la damnation ne serait pas la conséquence exclusive du comportement de celui qui se damne, mais la conséquence conjointe dudit comportement et du délaissement consécutif privant l'homme de la possibilité, de jure réelle, de corriger son comportement ».
Votre notion de "refus d’une grâce faite efficace ou sue devoir être rendue efficace" me semble une contradiction dans les termes puisque le propre, si l'on peut dire, d'une grâce efficace est précisément d'être efficace et donc de ne pouvoir être refusée.
L’assertion visait à conjoindre en une formule brève les deux modes d’efficacité de la grâce. Le mode dominicain, où l’efficacité de la grâce résulte de ce que la grâce est efficace de soi ; le mode jésuite, où l’efficacité de la grâce résulte de la libre coopération de la volonté à une grâce suffisante, coopération par laquelle la grâce est rendue efficace (puisqúelle atteint l’effet pour lequel elle fut influée).
Perlum Pimpum a écrit :
lun. 04 sept. 2023, 23:31
Il suffit de montrer que le délaissement définitif jusqu’à la mort n’a rien d’impossible, pour ruiner votre thèse d’une grâce ut quod d’illumination finale accordée à tous les pécheurs à l’article de leur mort : pour démontrer que vous présumez sans droit ni titre des libres choix divins.
Ce que, précisément, vous ne démontrez pas autrement que d'un point de vue théorique, sans pouvoir l'appuyer d'une illustration concrète issue du donné révélé.
Peu importe, puisqu’ayant montré que le délaissement définitif n’a rien d’impossible, est du fait même montré que sa négation relève de la pure pétition de principe relativement aux libres-décrets de Dieu.


Cordialement
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Que se passe-t-il lors de la mort ?

Message non lu par Olivier JC » mer. 06 sept. 2023, 9:12

Bonjour Perlum Pimpum,
Perlum Pimpum a écrit :
mer. 06 sept. 2023, 2:11
D’abord l’affirmation conciliaire d’une possibilité offerte à tous d’être associés au mystère pascal ne relève pas d’un enseignement infaillible mais faillible, potentiellement erroné. Ensuite, quelques aient pu être les intentions des pères conciliaires sur ce point - il faudrait aller les vérifier dans les Actes du Concile, le magistère ne peut présumer des libres-choix divins. De sorte qu’à supposer votre lecture conforme aux intentions des pères conciliaires, n’en demeurera pas moins qu’elle ne préserve pas assez la liberté de Dieu, si fortement surlignée par saint Augustin (cf. supra).
Il faudrait sans doute une étude plus approfondie, mais je vous concède qu'en première analyse, l'affirmation de GS ne relève pas du magistère infaillible faute d'être formellement présentée comme révélée ou liée à la révélation. Elle relève du magistère authentique et, étant présentée avec une insistance indéniable ("tenere debemus"), doit être regardée comme une doctrine catholique.

Par ailleurs, toute révérence gardée pour S. Augustin, il convient de garder à l'esprit que le Docteur d'Hippone a parfois fait preuve dans son enseignement, sur ce point, d'un zèle excessif.
Perlum Pimpum a écrit :
mer. 06 sept. 2023, 2:11
D’abord, si la grâce est un don gratuit (ce qui est un dogme de foi), où est la nécessité à ce que Dieu justifie extra-sacramentellement tous les enfants morts sans baptême ? Et s’il n’y est pas nécessité, d’où vient cette présomption à affirmer assuré qu’il les sauverait librement tous ? Mais si ce n’est pas assuré, c’est qu’il est à tout le moins possible que certains soient damnés.

Ensuite, il est de foi que la peine du seul péché originel est la peine de damn. Comment donc le seul péché originel pourrait valoir damnation, si nul n’est damné pour le seul péché originel = si la justification extra-sacramentelle est assurée pour tous les enfants morts sans baptême ? Conséquemment, quant à la possibilité de justification extra-sacramentelle des enfants morts sans baptême, et sans aucunement présumer des libres-choix divins, il semble qu’il faille seulement dire qu’il est possible que certains de ces enfants soient justifiés extra-sacramentellement, non qu’il serait possible qu’ils le soient tous, car comment pourraient-ils tous l’être, de sorte que nul ne soit damné pour le seul péché originel, s’il est de foi que la peine du seul péché originel est la seule peine de damn ?
Vous évoquez, pour la rejeter, l'hypothèse d'une justification systématique de tout les enfants morts sans baptême. Je vous invite cependant à relire l'ensemble de ce fil, relecture au terme de laquelle vous constaterez que je ne soutiens nullement cette thèse. Soutenir que Dieu propose à tous, au terme de l'existence terrestre avant la séparation définitive de l'âme et du corps, une grâce suffisante suivie, s'il n'est pas résisté à celle-ci, de l'octroi d'une grâce efficace de conversion ne revient pas à présumer qu'il ne serait jamais résisté à cette grâce suffisante, y compris dans l'hypothèse d'un enfant mort sans baptême.

De mon point de vue, un enfant mort sans baptême peut fort bien résister à cette grâce suffisante, dès lors qu'en pareille situation et contrairement à ce qu'il pourrait semble en première analyse, l'âme n'est pas une âme "vierge" si l'on peut s'exprimer ainsi. Premièrement, comme vous le soulignez, parce qu'elle est marquée par le péché originel et que ce n'est déjà pas une mince affaire comme le manifeste assez l'insistance de l'Eglise quant à la nécessité du baptême précoce. Deuxièmement, parce que l'âme ne se trouve pas, de l'instant de sa conception jusqu'à l'heure de sa mort à un âge plus ou moins avancé, préservée de toute influence extérieure ou de toute souffrance. Même un enfant mort-né à une histoire, les études actuelles en la matière montrent suffisamment l'influence de la vie utérine sur la personnalité. Pour forcer le trait jusqu'à un certain degré de caricature, celui qui aura tous les dimanches assisté à la Sainte Messe dans le ventre de sa mère et dont la mort lors de l'accouchement sera suivie de prières nombreuses et insistantes sera mieux disposé que celui qui aura, pendant la gestation, assisté à moults rituels sataniques jusqu'à en devenir la matière.

Ainsi donc, prétendre que la thèse que je défends impliquerait nécessairement que Dieu justifie tous les enfants morts sans baptême n'est que votre interprétation. Dieu leur propose, comme à tous, une grâce suffisante à laquelle ils peuvent résister ou ne pas résister.
Perlum Pimpum a écrit :
mer. 06 sept. 2023, 2:11
Que les châtiments temporels décrits par Jérémie soient principalement les affres terribles de la guerre, du massacre, du viol, du saccage, de la désolation, de la famine qui frappèrent Jérusalem, ne peut faire oublier que Jérémie a aussi prophétisé Dieu endurcir les israélites. Or théologiquement, l’endurcissement stricto sensu est la privation définitive des grâces de conversion dès ici-bas. De sorte qu’à supposer, comme vous le pensez, que le sens littéral des citations relatives à l’endurcissement par Dieu ne viserait qu’un endurcissement provisoire, ce qui reste à démontrer, je vous répondrais qu’en passant du sens présumé littéral au sens plénier, on ne voit pas ce qui pourrait exclure ce que vous niez.
Si l'on prends le cas de Pharaon face à Moïse, on voit bien que l'endurcissement n'est que provisoire, pour ne prendre que cet exemple. Quant à l'endurcissement d'Israël, l'Ecriture elle-même enseigne qu'il n'est pas définitif (cf. S. Paul dans l'épître aux Romains), si tant est que l'exemple soit pertinent puisqu'il est question d'un peuple et non d'une personne, et que l'endurcissement d'un peuple ne saurait permettre de conclure que tous les membres de ce peuple le soient. Prenez, par exemple, le cas de la France aujourd'hui : il est évident que Dieu a endurci la fille aînée de l'Eglise, il ne s'en évince cependant pas que tous les français le soient.

L'impossibilité d'un délaissement définitif ne peut certes pas d'autoriser d'un donné révélé, mais sa possibilité non plus. Aucune de ces deux hypothèses ne peut donc a priori être exclue.

Ainsi que je l'indiquais précédemment, un délaissement définitif ne me semble concevable qu'en conséquence de la fixation définitive et irrévocable de l'âme dans le rejet de Dieu, telle que discernée par Lui.

Par ailleurs, il me vient à l'esprit que nous nous faisons de la grâce une représentation peut-être extrêmement différente susceptible d'expliquer notre divergence. La distinction à laquelle conduit nécessairement l'analyse n'empêche pas que je suis particulièrement marqué par la parole de Notre Seigneur disant qu'une fois élevé de terre, Il attirerait tous les hommes à Lui. Egalement, l'Ecriture use d'images telles que la lumière ou l'eau. Pour employer une comparaison physicienne, je me représente la grâce non pas comme une réalité corpusculaire, mais comme une réalité ondulatoire. Le soleil ne cesse jamais d'éclairer, tout comme la source ne cesse jamais de couler.
Perlum Pimpum a écrit :
mer. 06 sept. 2023, 2:11
Détrompez-vous. La doctrine dominicaine de la grâce efficace n’attente pas à la liberté de l’homme. Dans la perspective dominicaine, la grâce efficace est une motion physique exerçant infailliblement la volonté à s’exercer librement à l’acte bon auquel la grâce la meut. Et parce que cette motion exerçant infailliblement la volonté-libre à s’exercer, loin d’attenter à la liberté du vouloir, à la liberté de choix de la volonté, lui donne de s’exercer, la conclusion que cette motion physique est infaillible (puis qu’efficace de soi) mais non-nécessitante (puisque condition d’exercice de l’acte de volonté-libre, qui comme libre ne peut être nécessaire).
Qu'une grâce de conversion soit efficace en ce sens que la volonté soit infailliblement conduite à poser un acte, je n'y vois pas d'objection, et c'est en réalité en sens là que j'entends la grâce suffisante offerte au terme de l'existence terrestre puisqu'il faut bien, à cet instant, qu'un choix soit définitivement posé. Qu'elle le soit quant à la spécification de cet acte ne me semble pas acceptable, sinon d'une manière générale, du moins s'agissant de la conversion puisqu'il est nécessaire que la spécification de l'acte soit libre.
Perlum Pimpum a écrit :
mer. 06 sept. 2023, 2:11
Le rejet d’une telle grâce relève du seul refus de la volonté créée, mais nonobstant ce rejet est préconnu de science moyenne (variante de science d’anticipation relevant d’un ordre d’intentionnalité extra-divin), de sorte que vous devez appliquez à votre doctrine votre reproche (qui pour moi n’en est pas un) « que la damnation ne serait pas la conséquence exclusive du comportement de celui qui se damne, mais la conséquence conjointe dudit comportement et du délaissement consécutif privant l'homme de la possibilité, de jure réelle, de corriger son comportement ».
S'engager sur ces questions excéderait l'objet de ce fil. Je dirai simplement qu'en pareil cadre d'analyse, que je ne partage pas, le délaissement trouve sa cause dans le rejet préconnu de science moyenne, de telle sorte que c'est bien ce rejet qui est seule cause de la damnation.

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